AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,2

sur 4753 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans son roman, Les Impatientes, Djaïli Amadou Amal nous fait découvrir son Cameron natal à travers le destin de trois femmes peules musulmanes.

Dans ce roman polyphonique divisé en trois parties, nous vivons tout d'abord, le quotidien de Ramla. Jeune femme de 17 ans, amoureuse et promise à Amidou jusqu'au jour où son père accepte la proposition d'Alhadji Issa, un homme riche et puissant de cinquante ans qui souhaite en faire sa deuxième épouse. Ramla souhaitait poursuivre ses études pour devenir pharmacienne et épouser Amidou. Son destin est alors brisé.
Nous suivons ensuite l'histoire d'Hindou, la demi-soeur de Ramla. Hindou est mariée de force à Moubarak, son cousin alcoolique et extrêmement violent. Hindou va être sans cesse humiliée, battue et violée. C'est cette partie qui m'a le plus bouleversée.
Djaïli Amadou Amal s'est inspirée de son vécu pour écrire ces deux premières histoires, celle de Ramla et de Hindou.
Enfin, nous découvrons la vie de Safira, co-épouse de Ramla, la première épouse d'Alhadji qui va tout faire pour évincer la seconde épouse.

Une narration qui semble être une catharsis pour l'auteure, un roman choral écrit dans un style très simple (trop simple ?) qui se rapproche davantage du témoignage. Un témoignage pour dénoncer cette violence faite aux femmes : mariage forcé, viols, coups, polygamie, humiliations... et pour que la condition féminine au Sahel évolue face à ce patriarcat ancré depuis des générations.

Il a fallu beaucoup de courage à Djaïli Amadou Amal pour écrire ce récit qui a beaucoup de force et qui a remué la femme que je suis. On ne sort pas indemne de cette lecture si poignante.

Ce récit polyphonique m'a rappelé trois autres romans : le magnifique Mille soleils splendides de Khaled Hosseini, La Tresse de Laetitia Colombani et La Fille secrète de Shilpi Somaya Gowda.

Challenge Multi-Défis 2021.
Challenge Plumes Féminines 2021.
Commenter  J’apprécie          180
CAMEROUNAISE, MUSULMANE ET FÉMINISTE.
Livre courageux et choquant : comment de telles violences peuvent elles encore exister au 21è siècle ? le destin de 3 femmes, dans une société arriérée polygame et machiste sous la tutelle du père puis du mari : mariage imposé, quotidien stérilisant, pas d'accès à la culture, cohabitation haineuse au sein du harem. « Munyal » (patience) revient comme un leitmotiv : accepte ton sort, soumets toi et sans te plaindre. Patience pour attendre quoi ? le paradis d'Allah ? Même l'antiquité égypto-greco-romaine n'atteignait pas ce niveau de tyrannie. Ce livre soulève trois sujets intéressants :
-la période de confrontation de la femme musulmane entre tradition et modernité.
-la violence des textes sacrés monothéistes. Même la bible doit être interprétée ; je relève dans Deutéronome : « Lorsqu'il s'agira des cités de ceux des peuples que ton Dieu te donne en héritage, tu n'y laisseras pas subsister âme qui vive. Oui ! Hittites, Amorites, Cananéens, Perizzites, Hiwwites, Jébusites, tous tu les voueras à l'extermination, ainsi que Dieu te l'a ordonné ». L'esprit critique doit nous faire poser la question : à qui s'adressaient ces paroles, et dans quel contexte?
-la pédagogie potentielle de l'ouvrage pour les lectrices musulmanes : dans la mesure où ce sont elles qui élèvent leurs garçons au moins jusqu'à l'âge de 10 ans, c'est à elles de leur apprendre à interpréter le Coran et à respecter la femme.
Une oeuvre salutaire !
Commenter  J’apprécie          182
Il faut lire et faire lire ce livre, surtout aux plus jeunes. Attention le sujet et les thèmes abordés sont difficiles, la soumission totale des femmes aux désirs de leurs maris, pères, frères, est malheureusement d'actualité dans un très grand nombre de pays.
Ce sujet fait écho à tous ces lieux où la religion est omniprésente, et sans doute aussi plus près de nous que l'on ne le pense…
Ces traditions, ces modes de vie sont tellement éloignés du quotidien de beaucoup d'entre nous que nous n'arrivons pas à les comprendre. L'inverse est tout aussi vrai…
Commenter  J’apprécie          171
"Munyal", un mot qui signifie patience, une vertue qu'on répète à toutes les femmes du Sahel, un mot bien pratique pour leur faire accepter leur condition d'objet soumis au bon vouloir de leur père d'abord, puis de leur mari lorsque le premier aura décider le la céder au deuxième. "Manyal", soit patiente si tu es battues, c'est sans doute de ta faute. "Manyal" quand tu te sens blessée par le fait que ton époux prend un deuxième épouse. "Manyal" si ton père décide au dernier moment de t'offrir en mariage à un autre que celui que tu avais choisi. Sois pudique et accepte ton destin. Allah saura te récompenser. Manyal.

Au travers du destin de trois femmes, de leurs aspirations et de leurs désillusions, Djaïli Amadou Amal nous raconte la vie des femmes du Sahel à qui l'on continue de confisquer leur libre arbitre au nom des traditions. C'est un récit court et nerveux, sans patos mais révoltant pour tous ceux qui défendent la liberté.
Commenter  J’apprécie          170
Petit livre par sa taille mais grand livre par son sujet. Hommage vibrant aux femmes du Sahel qui se battent chaque jour pour trouver leur place dans un monde où toutes les décisions les concernant sont prises par les hommes sans leur demander leur avis.
Femmes aux tristes destins et aux rêves brisées mais femmes fortes chacune à leur manière !

Livre magnifique mais si terrible à lire.
Un livre nécessaire,
un livre qui dénonce,
un livre pour savoir,
un livre pour qu'on en parle plus,
juste un livre mais d'une force incroyable !
A lire, à offrir, à partager ...
Commenter  J’apprécie          170
Une voix, non pas singulière, mais universelle vient nous évoquer la condition des femmes au Sahel, plus particulièrement dans l'extrême-Nord du Cameroun. À Maroua, ville commerçante de 700 000 habitants, il y a des écoles et des universités, des antennes paraboliques captant les telenovelas, des voitures de luxe, de l'alcool, du Tramadol et du Viagra. Sous cette image de modernité, se dissimule une réalité plus sombre, abritée par les concessions, ces vastes enclos d'habitation où vivent les familles polygames de l'ethnie peule.
Du jour au lendemain, trois femmes voient leur existence bouleversée par la décision prise par les hommes de leur famille de leur imposer un mariage ou une coépouse. Ramla et Hindou, demi-soeurs, sont mariées de force, l'une pour renforcer le prestige familial, l'autre pour canaliser les errances d'un cousin à la dérive. Quant à Safira, elle se voit contrainte d'accepter une coépouse pour satisfaire le désir de nouveauté de son riche mari. Chacune va alors connaître l'humiliation, la soumission la plus brutale aux diktats familiaux, la violence des hommes et – épreuve la plus cruelle – l'indifférence résignée des femmes du clan au nom du munyal, la patience invoquée à grand renfort de tradition et de religion.
Le roman-témoignage de Djaïli Amadou Amal s'inspire de sa propre expérience. Avec force et précision, elle décortique les rouages de la société patriarcale peule qui condamne les femmes à une obéissance absolue, sous peine de répudiation, de maltraitance, ou de meurtre. L'intérêt du livre est aussi de montrer que la violence à l'oeuvre isole les femmes entre elles en les privant de solidarité et de compassion dans la compétition féroce inhérente à la polygynie.
Comme Aissa Doumara Ngatansou, sa compatriote et première récipiendaire du prix Simone Veil de la République française en 2019, Djaïli Amadou Amal porte haut et fort la cause de ces femmes bafouées par les pratiques archaïques d'une société et l'omnipotence des hommes la dirigeant.
Commenter  J’apprécie          170
Destin entrecroisé de 3 femmes, à qui l𠆞ntourage répète inlassablement « Munyals », « Patience » en peule.

3 femmes arrachées très tôt à leur famille pour être mariées, sous couvert d𠆚lliance d’intérêt plus que d𠆚mour. « Munyals ».

3 femmes muselées, battues pour la plupart, voire violées. « Munyals ».

3 femmes qui aimeraient être aimées, être libres, être respectées. « Munyals ».

« Munyals »: un discours bien difficile à entendre dans pareilles conditions.

Trois témoignages forts et éprouvants sur la condition des femmes au Sahel, trois récits singuliers et violents
Commenter  J’apprécie          170
Ici vous retrouvez trois récits de femmes camerounaises qui ont, comme fil conducteur, la façon dont leur société ne les écoute pas.
Elles se font dire depuis leur naissance que les femmes doivent être patientes, doivent être soumises, doivent être belles, etc.
Elles en ont assez elles deviennent Les impatientes face à tous ceux qui refuse d'entendre leur voix et qui voudraient les réduire à un rôle de figurante derrière tous les hommes de leur entourage.
C'est un livre qui parle fort pour dénoncer ce qui ne fonctionne pas dans la riche société peule et musulmane du Cameroun. Une société qui refuse de voir les droits des femmes comme étant conditionnel pour une société fonctionnelle.
Certains passages sont vraiment crus et la violence que ces femmes vivent autant avec leur mari qu'avec leur père est choquante. J'avais envie de crier par moment en lisant leurs récit. de hurler contre ce monde qui écrase toujours plus de 50% de la population mondiale sous des prétextes tous plus fallacieux, qu'insignifiants.
Un livre essentiel pour dénoncer la violence de la société envers les femmes, mais qui pousse également à réfléchir sur la solidarité féminine.
Les femmes doivent elles tenter de survivre en diminuant les autres femmes de leur entourage?
Ne peut-on pas s'entraider entre femmes devant la violence des hommes? Jusqu'où va la solidarité féminine?
Commenter  J’apprécie          160
Non, cela ne se passe pas au Moyen Age mais bien au 21ème siècle ! Mariages forcés, viol conjugal, esclavage, polygamie… Et l'autrice sait de quoi elle parle. le Cameroun, c'est son pays, son expérience. le maître mot appris aux femmes depuis l'enfance, c'est MUNYAL, "patience" en peul. Patience et soumission. Comment est-ce encore possible ? @Les impatientes, c'est l'histoire de trois jeunes femmes aux destins croisés sommées de subir ces pratiques obscurantistes sans broncher.
Voilà un roman dur, terrible et puissant ; qui nous prend aux tripes.
A lire. Absolument.
Commenter  J’apprécie          160
Les Impatientes prête la voix à plusieurs histoires féminines qui ont comme dénominateurs communs : le mariage arrangé, l'amour non choisi, la polygamie. C'est remarquablement bien écrit avec des dialogues nombreux et percutants, une traversée dans l'âme féminine dans toute sa complexité qui cherche à survivre à l'ultra-domination masculine. L'autrice, Djaïli Amadou Amal, ne nous épargne rien et pourtant n'approche jamais le gore. Elle dévoile toute la violence faite aux femmes : un statut humain de seconde zone, une aliénation au (futur) mari, parfois les coups (pour ne pas dire le pire), souvent l'humiliation -notamment lorsque l'époux prend une autre épouse qui devient à la fois "une soeur", "une fille" et surtout "une rivale" pour la première élue (la daada-saaré). Objets de reproduction et de satisfaction sexuelle, ces femmes cimentent la concession. On leur reproche les coups qu'elles reçoivent, les colères de leur mari, leurs mésententes. On nie leur désir, leur caractère, leur personnalité, leurs envies et d'une certaine façon leur humanité. On leur chante les louages de munyal (la patience) pour aplanir les méfaits de leur compagnon, alors qu'elles ne font qu'exprimer un droit humain à disposer de son intégrité physique, mentale et morale et à la faire respecter. Ce système les rend soit perverses (parce que nuire devient un moyen de sauvegarder une place chère dans le foyer fortuné) soit complètement à côté de leur vie : certaines se perdent, d'autres font face. Les Impatientes est un plongeon dans un abîme ancestral, réservé aux aisés, ceux qui peuvent subvenir aux besoins de plusieurs foyers.
Je n'étais pas complètement motivée à lire ce roman, je l'ai acheté suite à des superbes critiques de blogocopines lues ici et là. La première de couverture que j'aime particulièrement a été aussi un argument de ma lecture, le prix littéraire (Prix Goncourt des Lycéens 2020) qu'a reçu cette oeuvre également.

Je suis ressortie de cette lecture, complètement happée par les histoires, les ambiances, les itinéraires de vie décrits. Je suis ressortie de cette lecture aussi, bouleversée en me disant qu'on en était encore loin d'une condition féminine enfin respectée.

Bref, Les Impatientes mérite réellement le détour pour le chant choral que cette oeuvre propose, pour cette plongée dans une société avec ses rites, son phrasé, ses mots, pour cette ambiance de chaleur et de torpeur, pour son discours politique. Djaïli Amadou Amal est assurément une conteuse à retenir.
Commenter  J’apprécie          162





Lecteurs (8997) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Afrique dans la littérature

Dans quel pays d'Afrique se passe une aventure de Tintin ?

Le Congo
Le Mozambique
Le Kenya
La Mauritanie

10 questions
291 lecteurs ont répondu
Thèmes : afriqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}