Des siecles avant Napoléon, la grande offensive mongole de Batou Khan, petit-fils de Gengis Khan, pour conquérir les principautés russes et les royaumes européens ne fut probablement jamais racontée d'aussi flamboyante maniere que dans la trilogie de
Patrice Amarger, dont c'est ici le deuxieme tome. Cette grande offensive mongole a notamment anéanti en 1241 la royauté de Hongrie qui était alors l'une des trois puissances dominantes européennes avec celle de France et le "Saint Empire Romain Germanique". La description de la grande bataille de Muhi qui vit l'anéantissement de l'armée royale hongroise - aussi nombreuse et bien équipée que persuadée de sa supériorité militaire, mal commandée et plutot indisciplinée - est un morceau d'anthologie digne de
Shakespeare. Selon les estimations contemporaines, environ la moitié de la population hongroise de l'époque, estimée a trois millions, périt par le feu et le fer sous l'occupation mongole de quelques mois qui s'ensuivit. A la fidélité historique du roman s'ajoute un talent de conteur exceptionnel a l'égal d'un
Maurice Druon dans "
Les Rois Maudits".
A mesure que l'on avance dans la lecture de la trilogie, on se rend compte que c'est bien plus que l'histoire romancée de la grande offensive mongole contre le monde chrétien. Cette oeuvre magistrale est aussi et surtout l'aboutissement d'une profonde réflexion sur l'humanitude, sur ce qui divise et ce qui rassemble l'humanité. Ce qui divise: l'ignorance de soi et donc des autres. Ce qui rassemble: la connaissance de soi et donc des autres. Cette trilogie, a la maniere du "
Le Seigneur des Anneaux" de
Tolkien, est la saga de l'éternel combat entre lumiere et ténebres. Que l'on ne s'y trompe pas, les ténebres ne sont pas forcément du coté de Genghis Khan... On peut lire cette trilogie comme un magnifique récit d'histoire et d'aventures, mais aussi comme un roman initiatique.
Patrice Amarger est un écrivain hors-norme puisqu'il ne vit pas de sa plume et que de plus, il ne parait pas aspirer a la célebrité. Ainsi, a la différence de la plupart des écrivains contemporains, il ne s'est pas concocté une page Wikipédia et il faut bien chercher pour trouver de lui une trace dans le cyber espace. Il reste donc a ce jour aussi peu connu que talentueux, ce qui convient du reste probablement aux intérets éditoriaux de romanciers historiques moins talentueux mais plus connus tout en privant beaucoup d'amateurs de romans historiques d'un grand bonheur de lecture. Avis aux ames romantiques: l'amour-passion est aussi en bonne place dans le récit.