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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tiré d'une émission de radio, ce livre est un bijou de réflexion sur le souvenir, son ancrage, son altération. A travers des études très sérieuses, des citations bien senties, Jean-Claude AMEISEN nous entraîne dans notre hypocampe et tente d'expliquer le fonctionnement si complexe du cerveau enfin d'une des fonctions du cerveau.
C'est très bien écrit, très documenté et vraiment passionnant.

+Challenge MultiDefi 2018 : 28. Un livre construit autour de souvenirs ou de la mémoire
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Au mois de juin 2015, je finissaist la lecture de ce livre de Jean-Claude Ameisen...

Comment appeler cela ?... Voyons, après l'ingestion de tout ce contenu qui nous fait à la fois voyager dans le temps et dans l'espace du grand Entendement universel, il faut maintenant digérer cela et donner un nom à une impression générale pouvant justement résumer ce livre.

Sciences et Poésie, tiens ça colle pas mal à tout ce voyage qui nous entraîne depuis l'origine des temps jusqu'à nos jours où chercheurs, observateurs, penseurs, philosophes, laborantins, cliniciens, historiens, zoologues, anthropologues, ethnologues, psychologues, écrivains et artistes, se croisent sur le grand terrain de Jeu de la Vie, à travers ses innombrables déclinaisons et métamorphoses. Un parcours d'une durée quasi éternelle ponctué de ces étapes qui, de pas en pas, nous conduisent de la cellule vivante la plus archaïque et primordiale jusqu'à l'homme.

Il s'agit du grand ordonnancement du monde vu à partir d'exemples qui, de prime abord, nous semblent bien familiers mais dont on ignore, le plus souvent, les aspects les plus singuliers.

La statistique prend une grande part dans la classification et l'interprétation des données, dans l'élaboration des réflexions conduisant à la mise à jour des connaissances fondamentales et de ce fait, participe à la remise en cause de certains postulats. Il y a le considéré, l'avéré et le reconsidéré...



L'écriture a aussi son importance, tantôt nous baignons dans la rigueur des observations les plus affinées, dans la profondeur des déductions et jugements les plus pointus, tantôt nous émergeons à la surface d'un univers romanesque et poétique pouvant paraître onirique, l'auteur tenant à montrer que ce qui est scientifique est avant tout « existences ». Il y a le prévisible géré par des lois universelles auquel se superpose et se mêle l'impondérable lié au vivant.

L'évolution ce n'est pas qu'une grande marche en avant qui, de façon régulière et rythmique, passe par des paliers successifs, marquant chaque envolée du progrès, pour rompre avec l'immuabilité d'états antérieurs. Tous les êtres étant, en conséquence, soumis à la confrontation entre inné et acquis...



Alors, suivant le fil de la pensée féconde et très mouvante de l'auteur, on se prend au jeu du savoir où l'acquisition de nouvelles connaissances importe moins que l'ouverture de notre esprit à une compréhension à géométrie variable des révélations qui se font jour à travers un panel d'exemples simples, très accessibles à la représentation mentale, et de références aux plus exaltantes sentences des penseurs et chercheurs chevronnés de tous les temps.





Il en résulte une sagesse de l'Univers qui, en se déversant dans notre monde terrestre, embrasse aussi tous les êtres et créatures l'habitant et l'ayant habité, puis leur confère cette somme d'intelligences que chacun s'approprie alors pour entrer dans ce domaine du vivant, y séjourner et, de génération en génération, de pas en pas, progresser, évoluer, se transformer jusqu'à parvenir à la soi-conscience, à celle de ses facultés intellectuelles toujours extensibles et de la maîtrise de tous les savoirs, eux aussi, extensibles, cette conscience supérieure qui caractérise le maillon ultime, sans aucun doute le plus abouti de cette évolution, l'être humain.



Quelques passages merveilleux...



« Et là où tu es, est là où tu n'est pas... » La mémoire à placer dans le temps...

« Il n'y a pas de temps sans mouvement – sans changement, écrit Aristote »

« le présent, s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité, complète saint Augustin »

Il en découle des constatations comme celle-ci : « Et parce-que les ondes sonores se déplacent dans l'atmosphère à une vitesse près d'un million de fois plus lente que la lumière, ce que nous entendons est plus ancien que ce que nous voyons»… Époustouflant !...



Un peu plus loin, nous lisons ceci : « Ce que nous appelons conscience du présent, de l'instant présent, est une oscillation permanente entre mémoire et anticipation, entre souvenirs et désirs, entre nostalgie et attente. En fonction de nos souvenirs, de nos émotions, de nos espoirs et de nos craintes, en fonction de ce que nous avons déchiffré et compris du passé, et de ce que nous imaginons de l'avenir ».

Un présent fugace que nous réimprimons à chaque fois que nous faisons appel à nos souvenirs, eux-mêmes inscrits dans notre mémoire.

Citant TS Eliot : « Temps passé et temps futur, ce qui aurait pu être et a été, se projettent vers une fin qui est toujours présente ... »



Hors du temps, l'espace... « L Univers visible n'est que l'apparence passagère d'un état de l'Univers invisible » dit Camille Flammarion

A ce propos, il est question de traces du passé et d'ADN fossile … Ceci me fait poser ces questions : Traces subtiles et si lointaines de ce passé sont-elles, seules, significatives de cette invisibilité de l'Univers ? Est-ce que l'invisibilité ne tient pas aussi à d'autres aptitudes ou qualité de perception ne s'appuyant dès lors plus sur des organes physiques sensibles de la perception ordinaire, mais sur ceux édifiés au niveau de l'esprit ?...



Et maintenant l'hippocampe ! Il a fallu la perspicacité et l'obstination d'Eric Kandel neurobiologiste pour mettre en évidence la localisation des événements et acquisitions les plus persistants dans l'hippocampe qui sert temporairement de relais entre les zones cérébrales liées à la mémoire et autres fonctions cognitives correspondant aux deux formes de cette mémoire : celle, dite sémantique, et la mémoire épisodique. A partir de ces considérations, Jean-Claude Ameisen nous entraîne jusqu'aux origines de la conscience se dégageant des traités de Darwin et de ce qui l'interroge à propos de son premier souvenir (Vie).



On en vient à Proust et ses incontournables madeleines … première dégustation et première métamorphose intérieure... Voilà comment chasser l'ordinaire et passer à extraordinaire, à la félicité interne qui arrête le temps où, l'objet de cette félicité, cette félicité elle-même et soi-même, ne font qu'un rapporte Proust ... A chaque fois que l'expérience, ici liée au goût d'abord nouveau, est renouvelée, elle perd de son intensité... « Il est temps que je m'arrête la vertu du breuvage semble diminuer. Il est est clair que la vérité que je cherche n'est pas en lui mais en moi. Il l'y a éveillée mais ne la connaît pas. […] Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C'est à lui de trouver la vérité. […] Chercher ? Pas seulement : créer. »

Partant de cette référence aux écrits de Proust, Ameisen revient à la méthode clinique et sur les résultats d'expériences faites sur l'hippocampe de souris avec l'étude comparative de leurs comportements résultant de situations où elles doivent réactiver leur mémoire à long terme, pour en arriver graduellement à cette conclusion : « Les traces de souvenirs anciens seraient en partie conservées dans l'hippocampe et en partie dans les régions du cortex cérébral, où elles ont progressivement migré ».

Revenant à Proust, il explique que cette sensation si intime qui remonte en nous et dont on ne sait pas encore que l'on est entrain de la vivre, s'inscrit comme un récit qui devient, non seulement la trace de ce que nous avons vécu, mais est aussi une partie de nous, un récit, dont le narrateur, lui-même, est indissociable.



Dans le chapitre intitulé : « Détisser les mailles de l'univers... » Jean-Claude Ameisen nous fait entrer dans cette alternance entre veille et sommeil et part d'abord d'une expérience consécutive d'un rêve d'un des fondateurs du taoïsme Zhuang ZI, dans la Chine du IVe siècle avant notre ère. Il en ressort, plus loin, que nous sommes plus riches de ce qui s'est inscrit en nous pendant que nous nous sommes retirés du monde. Durant les phases d'hallucination de nos rêves. Mais aussi durant cette période où il nous semble que notre conscience s'est éteinte que nous nous sommes absentés de nous-même.

L'accent est mis sur cette toute puissance de l'oubli qui, à chaque réveil, nous permet de reconstruire et de poursuivre, dans ce monde, l'édifice intérieur de notre représentation du monde.

Et si se souvenir, c'était d'abord oublier ?...



Dans la dernière partie de cet ouvrage, il est beaucoup question des oiseaux autant par leur aspect symbolique d'êtres ailés, aériens et éthérés alors parfaits représentants de ce qui est la mouvance des pensées, des idées, et des souvenirs imagés, mais aussi comme sujets bien physiques de notre observation la plus attentive.

Et, de ce point de vue, Ameisen s'attarde alors sur la description des oiseaux jardiniers d'Australie qui, pour séduire leurs oiselles, réalisent de surprenants espaces dans le but de les y attirer. Ils y édifient des tonnelles à l'architecture surprenante, jouant avec la perspective en trompe-l'oeil grâce au concours de toutes sortes d'objets colorés qu'ils disposent harmonieusement sur le seuil, où ils viennent se pavaner. Bâtisseurs d'Éden de charme, c'est pendant une bonne partie de l'année, que ces oiseaux jardiniers, paysagistes, acteurs et chanteurs y oeuvrent avec autant de soin que d'originalité créatrice.

Se pose alors la question de la séduction, à savoir si la beauté existe seulement dans l'esprit qui la contemple, ce qui nous amène à cette autre double question : « Y-a-t-il de la culture dans la nature « ? et « Y-a-t-il de la nature dans la culture ? » Frans de Waal nous éclaire à ce sujet : « Nous ne pouvons pas répondre à cela sans réfléchir à notre place dans la nature – une place qui est définie par notre culture ».



On en arrive alors à l'Apprendre puis au Partage des émotions et des Intentions des Autres qui ne peuvent être que faits sociaux s'intégrant aussi à la mémoire, individuelle et collective...



Pour conclure, aura-t-on à constater, dans quelques mois ou années, que c'est aussi avec le temps que toute cette cascade d'idées et d'images sublimes, trouvera, en écho, son bénéfique écoulement dans notre espace intérieur pour éveiller notre esprit aux Raisons du Monde à la fois physique et métaphysique ? Il revient maintenant à chaque lecteur d'en faire volontairement l'expérience.

Lien : http://www.mirebalais.net/20..
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Tout comme son émission de radio, Jean-Claude Ameisen mélange ici habilement science, littérature et poésie. Il ponctue son discours d'extraits de grands auteurs et des résultats d'expériences scientifiques réelles, mettant les deux en résonance.
Les sujets abordés sont notamment : la reconstruction du passé à partir de traces, les mécanismes de la mémoire, l'exploration de l'espace, beauté et séduction chez les animaux, etc.
Pas toujours très facile à lire, mais cela reste très agréable.
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Vous voulez comprendre comment votre mémoire fonctionne, remonter dans le temps à la découverte des premières forêts, découvrir les artifices multiples et variés utilisés par les oiseaux pour séduire et l'ingéniosité des mésanges alors ce livre vous offrira dans un langage poétique un merveilleux voyage dans l'extraordinaire diversité de l'univers.
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Il est difficile de résumer ce livre: Les Battements du Temps regroupe une quinzaine de sujets abordés dans l'émission de Jean Claude Ameisen sur France Inter et aborde diverses disciplines scientifiques: archéologie, paléontologie, neurobiologie, etc. Les théories scientifiques sont souvent mises en parallèle avec des exemples littéraires ou artistiques et les disciplines se mêlent et se complètent au fil des thèmes abordés.

Beaucoup de choses passionnantes dans ce livre qui m'a beaucoup appris et qui a éveillé mon intérêt pour de nombreux sujets sur lesquels je ne m'étais jamais posé de questions. J'ai beaucoup apprécié de découvrir certaines quêtes scientifiques et voir comment on pouvait les appréhender par rapport à notre quotidien. On se sent replacé dans un contexte plus vaste et c'est une mise en perspective assez fascinante.

Cependant je n'ai pas totalement adhéré à cette lecture pour une raison pratique: le découpage du livre en plusieurs petites incursions dans des domaines si variés ne m'a pas permis de bien assimiler ce que je lisais. Il y a trop de thèmes abordés en un seul ouvrage et ils ne sont donc pas assez développés à mon goût. J'aurais aimé moins de sujets différents et plus d'approfondissement.

Les Battements du Temps reste néanmoins une lecture intéressante, qui m'a donné envie d'en savoir plus sur de nombreux sujets.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Je ne répèterais pas ce qui a été dit des qualités stylistiques de l ouvrage. Les connaissances de l auteur sont indéniables et le tout est aussi plaisant à lire qu instructif. Toutefois, il est de très mauvais goût à mes yeux de mélanger le ton prophétique et philosophique. l'auteur est trop idéologue, puisque les références utilisées sont essentiellement scientistes : il n y a absolument aucun recul critique à l égard des références. Or, comme toujours il y a des faits, et les interprétations de l autre. Mais pour Ameisen, la science à toujours raison car à part elle, il n existe aucune autre méthode valable. l'archéologie sonore ou la paléo génomique ne semblent à l auteur intéressantes que pour autant qu elles confortent le darwinisme et son lexique idéologique : utilité, fonction, survie. En outre, l auteur a une attitude anti philosophique : plus il cite des références récentes (2014) et plus on approche d apres lui de la vérité. Par conséquent, l auteur cite et lit sans jamais méditer les ouvrages du passé, et en faisant l impasse sur de nombreuses lectures et hypothèses alternatives. C est très regrettable. Mais le lecteur qui veut s instruire en réussissant à maintenir à distance la lecture idéologique et trop biologisante de l histoire humaine y trouvera son compte. Il est dommage qu Ameisen ne nuance pas ses affirmations sur les neurones miroirs, sur le conditionnement cérébral, sur l empathie, sur les hypothèses de la vision chez un auteur comme Sacks qui n est certainement pas un spécialiste sur le sujet. de même, les nuances conceptuelles de l anthropologie sont systématiquement évincées : par exemple, tout le monde parle des cultures animales aujourd'hui : Ameisen parle à son tour des cultures des baleines a bosse. C est oublier que l anthropologie a voulu distinguer coutumes, traditions, institutions, société et histoire ; mais aujourd'hui hui ces nuances sont mises à la trappe. de même pour la philosophie de l esprit : conscience de soi, conscience réflexive, image de soi, tout ceci est indifféremment subsume sous le même mot de conscience. l'homme est à mes yeux trop simplifié ici et j invite tout lecteur à lire Bachelard lorsqu il parle de l homme et de son rapport au monde en modérant les hypothèses naturalistes qui sont considérées comme évidentes aujourd'hui.
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Ceci n'est pas un traité de naturalisme,
Ceci n'est pas un ouvrage consacré à l'astronomie et aux sciences physiques
Ceci n'est pas un ouvrage humaniste,
Ceci n'est pas un livre de poésie,
Ceci est tout à la fois.

L'auteur nous rappelle comme l'univers qui nous entoure est extraordinaire, ingénieux, beau et qu'il se livre aux regards de ceux qui se donnent la peine de le feuilleter : simples curieux, artistes,
ou les deux à la fois.
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Un milk-shake de science, de poésie et de philosophie, c'est bon, c'est frais et c'est fruité. Ça coule de manière savamment orchestrée par Jean-Claude Aimessen, selon son rythme dont lui seul connaît le secret, comme sa profonde voix.
Un livre, que j'ai lu en fax, sur une longue période, mais puisqu'il est question de temporalité, cela n'a pas pour autant taché le plaisir de lecture d'un livre si intéressant. Paradoxalement, ce livre semble léger malgré une richesse d'information.
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Excellentissime !! Pour ceux qui connaissent l'émission et son superbe concept, n'hésitez pas à acheter les livres qui se trouvent actuellement en poche et qui complètent bien les émissions en réactivant la mémoire et en servant de source documentaire. Il y dans ce bouquin et dans les deux autres, une multitudes d'histoires, de références de livres, de textes poétiques, historiques, scientifiques évidemment et tout ça écrit, retranscrit avec simplicité et intelligence. Merci Jean-Claude. Si on veut être "peau de vache", on peut répéter ce que j'ai entendu assez souvent: " Ah, oui, il m'énerve avec sa voix, je coupe le son dès que je l'entends..." inutile de vous dire que ce n'est pas mon cas même si je dois avouer que je trouve que M. Ameisen abuse un peu parfois des effets vocaux et des " et ainsi...". Il se répète souvent mais c'est volontaire, il faut que cela s'imprime...et puis l'explication des dispositifs expérimentaux est parfois difficile à saisir même si on est motivé et attentif. Bref, achetez et lisez les livres car: pas de voix, pas de musique et la possibilité de retrouver tout le contenu, de relire, de mieux comprendre et de réactiver les connaissances. Je m'en sers pas mal en classe (primaire) lorsqu'il s'agit d'aller plus loin, de faire rêver, de créer des liens, de parler du "beau", etc...
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toujours excellent!
A la découverte de nous-mêmes...
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