Lorsque l'avenir se penchera sur les Nationaux-Socialistes, il les trouvera aussi exotiques et improbables que les carnivores de la Préhistoire (ont-ils vraiment pu exister, le vélociraptor, le tyrannosaure?). Ni humains ni mammifères.
Un convoi de 1000 ? Voyons, ils n'étaient pas plus de 100 ! Quant à la Selektion : seule une poignée d'entre eux avait plus de 10 ans et moins de 60 ; et même les jeunes adultes étaient déjà, façon de parler, sélectionnés. Tenez, par exemple. Cet homme a la trentaine et un torse de taureau, certes, mais il a aussi un pied bot. Et cette demoiselle, plutôt musclée, est en parfaite santé, assurément, mais elle est enceinte. Tous les autres : minerves et cannes blanches.
Pardon, [...] mais impossible n'est pas SS. Ce mot ne figure pas dans notre lexique.
"Oh, nous remporterons la victoire, Kommandant, déclara-t-il à l'heure du déjeuner, au Mess des officiers. Le soldat allemand n'a que mépris pour les conditions objectives.
- Certes, mais quelles sont-elles ?
- Eh bien, l'ennemi nous surpasse en nombre. Sur le papier. Ach, mais 1 soldat allemand vaut 5 soldats russes. Nous avons le fanatisme et la volonté. Ils ne nous arrivent pas à la cheville en matière d'implacable brutalité.
- En êtes-vous sûr, Prufer ? Une résistance obstinée...
- Ce n'est pas comme en France ou aux Pays-Bas, Sturmbannfuhrer. Des nations civilisées. Le cran et la décence de s'incliner devant une puissance supérieure. Les Russes sont des Tartares et des Mongols. Ils se battent jusqu'à la mort." Prufer se gratta le cuir chevelu. "Ils sortent des égouts la nuit, un couteau entre les dents.
- Des asiatiques. Des bêtes. Alors que nous sommes encore bridés par notre mentalité chrétienne. Qu'est-ce que ça signifie pour la IVe armée, Hauptsturmfuhrer, et pour l'Opération Blue ?
- Avec notre zèle ? La victoire sans l'ombre d'un doute. Elle mettra un peu plus de temps à venir, voilà tout.
- J'entends dire que nous manquons de ravitaillement. La pénurie...
- C'est vrai. Il n'y a presque plus de carburant. Ou de nourriture. Ils mangent les chevaux.
- Et les chats, m'a-t-on rapporté.
- Non, ils ont terminés les chats. Cette situation est temporaire. Tout ce qu'ils ont à faire, c'est reprendre la base aérienne de Gumrak. D'ailleurs les privations ne posent aucun problème aux hommes de la Wehrmacht.
- On raconte aussi que la maladie sévit. Et ils n'ont pas beaucoup de médicaments, j'imagine.
- Il fait -30° mais ils ont des tas de vêtements chauds. Dommage qu'il y ait les poux. Et ils doivent être vigilants. Il y a peu, Irmfried s'est réveillé en pleine nuit : une énorme souris avait rongé ses chaussettes et s'attaquait à ses orteils. Il ne s'en était pas aperçu à cause des engelures. Oh, et les munitions. Ils manquent de munitions.
- Aïe, bon Dieu, comment allons-nous vaincre sans munitions ?
- Pour un soldat allemand, ces difficultés sont immatérielles.
- Ne risquent-ils pas d'être encerclés ?
- Les lignes allemande sont imprenables." Après une pause gênée, prufer déclara : "Cela dit, à la place de Joukov, je foncerais sur les Roumains.
- Ach, Joukov est un moujik. Il est bien trop stupide pour y penser. Il n'arrive pas à la cheville d'un stratège allemand. Dites-moi, comment se porte Paulus ?
- Sa dysenterie ? Il est encore alité, Sturmbannfuhrer. Mais écoutez-moi monsieur. Même s'il était techniquement possible de nous encercler, Joukov est incapable d'arrêter Manstein. Le Generalfeldmarschall Manstein percera ses lignes sans mal. Et ses 6 divisions renverseront la vapeur.
- Comme vous l'avez dit vous-même, euh, Wolfram, la défaite est une impossibilité biologique. Comment pourrions-nous être défaits par ce ramassis de Juifs et de péquenauds ? A d'autres !"
(P240)
Il était une fois un roi qui demanda à son magicien préféré de confectionner un miroir magique. Dans ce miroir, on ne voyait pas son reflet. On y voyait son âme : il montrait qui l’on était vraiment.
Le magicien ne pouvait pas le regarder sans détourner les yeux. Le roi ne pouvait pas le regarder. Les courtisans ne pouvaient pas le regarder. On promit une récompense, une malle pleine de joyaux, à tout citoyen de cette paisible contrée qui pourrait le regarder pendant soixante secondes sans détourner les yeux. Pas un seul n’y parvint.
Pour moi, le KZ* est ce miroir. Le KZ* est ce miroir, avec une différence : ici, on ne peut pas détourner les yeux.
(KZ = Konzentrationslager, camp de concentration)
Si ce que nous faisons est bien, pourquoi une telle puanteur ?
(P282)
Que disait la souris ? Elle disait : « Tout ce que je peux offrir, comme atténuation, en guise d’apaisement, c’est l’entièreté, la perfection de mon impuissance. »
Que disait le chat ? Il ne disait rien, bien sûr. Le regard froid, scintillant, impérial, d’un autre ordre, d’un autre monde.
Lorsque je suis rentré dans mon meublé, Max était étiré de tout son long sur le tapis du bureau. La souris avait disparu, dévorée sans laisser de trace, queue y compris.
Ce soir-là, au-dessus du noir infini de la plaine eurasienne, le ciel s’est accroché jusqu’à tard à son indigo, à son violet – à ces teintes pareilles à une contusion sous un ongle.
C’était en août 1942.
Comment, tu es juif et tu envoies ces chers enfants à la chambre à gaz... rien que pour pouvoir vivre, toi ? Est-ce que ta vie dans un repaire d'assassin t'est plus chère que les vies de tant de victimes juives ?
Tes lèvres; tu serres toujours les lèvres. Toujours; Même quand tu manges ... Tu veux tuer quelqu'un, n'est-ce pas, Sonder ? Tu as l'intention de tuer quelqu'un avant de "tirer ta révérence". Moi, par exemple ?
Si ce que nous faisons est bien, pourquoi une telle puanteur ? Sur la rampe, le soir, pourquoi ressent-on le besoin irrésistible de s’assommer d’alcool ? pourquoi avons-nous contraint la prairie à bouillonner et à crachoter de cette façon ? (…) Pourquoi les déments, et seulement les déments, semblent-ils se plaire ici ? (…) Pourquoi brunissons-nous la neige ? Pourquoi faisons-nous ça ? Pourquoi faisons-nous ressembler la neige à la merde des anges ?