Les conditions idéales

Skander est un jeune garçon intelligent et vif dont la première famille d'accueil entretient l'éducation.
Cependant, au décès de “tante Nicole”, il est replacé, cette fois-ci avec Mme Khadija en banlieue parisienne.
Des conditions loin d'être idéales, voire plutôt délétères.
D'abord en totale acculturation, entre vacances au bled et vie en banlieue, il se voit entraîner par les petites frappes du quartier dans la délinquance. Vols à la tire, trafics, guerres de gangs…

J'ai aimé le début de ce livre mais, passé un certain cap — l'entrée de Skander dans la délinquance —, je reconnais avoir peiné pour avancer dans ma lecture. J'ai eu une impression de déjà lu, de voir un sujet déjà maintes fois traité, auquel ce livre n'apporte pas particulièrement de nouveauté.
Ce récit de parcours compliqué est bien écrit et structuré mais ne me marquera pas plus que ça.

Le romancier cite Marot, dont on connaît "l'adolescence clémentine", recueil qui permet d'entendre la voix d'un poète du XVIème siècle, dont on découvre la personnalité. Mais quand on ouvre le roman de Mokhtar Amoudi, on a une impression de déjà lu. Et on a du mal à avancer dans la lecture, parce que le sujet, annoncé par le titre, est rebattu, et que l'auteur qui se raconte peine à en dire quelque chose d'inattendu. le récit est mené d'une plume rapide, mais l'écriture ne réserve pas non plus de surprises ; la langue est souvent orale. Ce qui manque, surtout, c'est l'émotion. Je ne suis pas parvenue à me passionner pour les aventures de Skander.

Les conditions idéales - Moktar Amoudi

C'est l'histoire d'un enfant, Skander, abandonné par sa mère sur le chemin de l'apprentissage à travers la religion, la délinquance, le trafic de drogue, les violences urbaines, les zones de non-droit, l'islamisme.

C'est un enfant placé par l'aide sociale à l'enfance, d'inspiration autobiographique, qui aime lire le Larousse et apprécie l'Histoire.
C'est aussi l'amour pour une mère dont au fond de lui il affectionne les racines familiales. Et Skander va être éloigné davantage de tout cela en raison des mois de prison que sa mère va connaître.

C'est l'histoire d'un enfant en mal d'avenir, dont la fréquentation va le desservir et le déconstruire : un garnement perdu pense-t-on pour la société ; les banlieusards qui le traitent d'apostat auprès de sa famille religieuse.

Les conditions idéales, c'est tout bonnement l'histoire d'une société, d'une démocratie qui n'arrive plus à gérer le quotidien de son peuple sans que l'auteur mette véritablement l'accent sur la politique.

Cette forme complice, désaccordée, de tous ceux qui l'entourent, donne une tendresse à ce livre dans un environnement, un vocabulaire que j'apprécie moyennement. Mais ce sont bien entendu mes conditions idéales qui sont à déplorer.

Pour la deuxième édition, ce premier roman a eu le prix Goncourt des détenus.