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sur 265 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Née d'une prostituée algérienne, Skander est placé par les services sociaux dans une famille d'accueil où « tante Nicole » lui donne une éducation d'autant plus fructueuse qu'il est doué et lit le dictionnaire, entouré de l'affection de Jessica.
Mais un cancer achève « tante Nicole » en quelques semaines et Skander tombe alors de Charybde en Scylla : à la demande de sa mère, une « racaille judiciaire », il subit une circoncision et un tatouage au henné, puis est placé (contre son gré) chez la cupide et délétère Madame Khadija pour favoriser son « acculturation », et non dans la famille Hubert, et il se voit imposé les programmes télévisés arabes et des vacances dans le bled marocain.
Ces « conditions idéales », cautionnées par la justice et l'assistante sociale, le marginalisent et le condamnent à la déchéance. Dès son entrée au collège il devient délinquant et participe à des pillages de boutiques, des escroqueries au chéquier volé, à l'agression d'un diplomate dans le Valais, au trafic de stupéfiants et aux guerres des tribus Séquano-Dionysiennes où il poignarde un adolescent.
La mort d'un dealer le fait réfléchir et l'obtention du baccalauréat lui permet de prendre ses distances, de s'installer dans un foyer parisien du quartier Pereire et d'entrer à l'université.
Ce roman, sans doute partiellement autobiographique, inscrit Mokhtar Amoudi dans la lignée de Charles Dickens avec « Les grandes espérances » et Hector Malot avec « Romain Kalbris ». Son pathos touche au coeur le lecteur.
Elu « Goncourt des détenus » 2023, ce récit est écrit dans une langue qui n'est certes pas celle des deux frères mais respecte leurs convictions affirmées dans « La fille Elisa » et j'espère que Skander devenu adulte, mènera une vie respectable, conforme aux rêves éducatifs des Goncourt.
Mais ce témoignage doit nous alerter sur les dérives de l'ASE (Aide Sociale aux Enfants) et les dérapages de « l'acculturation » qui éteint les lumières de la civilisation et freine, voire interdit toute intégration, en enfermant dans l'obscurantisme.
Quelle aurait été l'adolescence de Skander si « Tante Nicole » avait survécu ou s'il avait été placé chez les Hubert, dans un environnement autoritaire, éducatif et laborieux … c'est-à-dire dans des « conditions idéales » ?
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Dès les premières phrases, le décor est dessiné. le héros n'en sera pas un, ou alors il aura fort à faire pour sortir de l'image qu'il renvoie à son entourage. Il est au collège, plutôt doué et intéressé par des sujets qu'il ne partagera certainement pas avec sa mère, sous tutelle, ou sa famille d'accueil, la énième depuis des années.

Pas seul dans ce combat, ses intérêts sont-ils vraiment bien pris en compte par les équipes bienveillantes de l'Aide sociale à l'enfance, qui ne souhaitent qu'une chose, faire de lui une exception, le sortir de ce milieu mortifère, où le besoin d'argent conduit inexorablement les jeunes au trafic de drogue. Parce que pour obtenir les chaussures de la bonne marque et les fringues qui affichent ton statut, il n'y a qu'une solution : trouver de la tune.

C'est Skander lui-même qui se raconte. A un rythme effréné, les années défilent, les échecs se mêlent aux petites victoires. Que deviendra t-il? Il faudra attendre les dernières pages pour le découvrir.

Chronique de la banlieue défavorisée, identifiée par une cité fictive, archétype de toutes les cités ghetto qui entourent nos grandes villes, ce roman dépeint le parcours d'un ado doué mais oublié des bonnes fées, qui se bat pour se sortir de ce marasme, avec le risque imminent à toutes étapes de son parcours de tomber dans le piège de la facilité et rejoindre la cohorte des petits délinquants.

277 pages Gallimard août 2023
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Qu'il est bon de redécouvrir la vie à hauteur d'yeux d'enfant, même si ce sont ceux d'un petit gamin algérien né en France, de père inconnu et abandonné très tôt par sa mère aux doux services de l'ASE.

Skander, c'est lui le gamin, le narrateur donc.

Collégien, il nous fait partager son quotidien singulier avec son langage, ses mots à lui, précieux parfois, populaire toujours.
Son vécu nous est donné à vivre, avec ses certitudes naïves de bambin crédule et ses candides découvertes agrémentées de commentaires spontanés.

Un certaine virginité.

Une espèce de Petit Nicolas, en moins bien gâté par la vie quand même, dont les amis s'appellent Ramos ou Mohammed plutôt que Clotaire ou Eudes, un petit Skander donc, qui devra comprendre rapidement qu'une famille d'accueil se disloque quand la mère de substitution meurt précipitamment.

La vie n'est pas un long fleuve tranquille.

Avec un humour subtil qui se veut symptomatique de âge et de son inexpérience il nous raconte ses premières fois :
-          Sa première rencontre avec celle qui veillera sur lui désormais
-          Sa découverte du Maroc lors de son premier voyage initiatique en terre étrangère
-          Son premier coup de coeur vite douché finalement.
-          Ses premiers accès de violence dans la colo d'une station de ski en Suisse
-          Sa première implication collective en tant que délégué de sa classe de lycée
-          Sa première approche de la religion musulmane
-          Sa première prise de conscience de la déshérence psychologique et physique dans laquelle se perd sa mère biologique
-          Sa première baston funeste
-          Sa première garde à vue aussi...

Des premières fois restituées sous la forme de pastilles successives écrites dans un style à part, mélangeant le langage naïf de l'enfance et le verbiage populo du peut-être caïd en devenir.

Au fil des pages, nous glissons progressivement du doux récit du gentil gamin naïf découvrant la vie à celui, plus acide, de la petite teigne en construction que le droit chemin n'intéresse plus que de très loin.

Reconnaissons cependant que certaines tournures de phrases plus alambiquées ou certains vocabulaires plus léchés s'avèrent trop précieux ou trop riches pour intégrer parfaitement le style adopté par le récit. Sûrement un clin d'oeil entendu de l'auteur pour établir une complicité avec son lectorat qui n'est pas dupe, nous lisons là le roman fraîchement écrit par un homme et non pas le journal intime d'un gamin démarré il y a longtemps.

Le gamin est sensé, conscient des difficultés qui seront les siennes s'il veut finalement sortir des ornières que sa condition initiale a déjà tracées devant lui, d'autant qu'il veut devenir avocat.
Il est intelligent et son potentiel est reconnu sauf par un encadrement scolaire prompt à casser tout trublion susceptible de faire école autour de lui.
Lui est devenu trafiquant de drogue !

Un parcours individuel en guise d'état des lieux sur une difficile jeunesse de banlieue à qui rien n'est promis si ce n'est une délinquance systémique installée de longue date par un destin mangé par la poisse et l'absence de perspective. La faute à pas de chance surtout pas celle d'être né du bon côté de la Seine, celui qui offre un autre avenir que de systématiquement finir en prison.

Une tranche de vie qui va de la cour d'école au banc du bac dans un quartier où s'en sortir c'est faire preuve d'une force de caractère hors du commun.

Une bonne lecture malgré quelques passages en demi-teinte et un parti pris stylistique un peu redondant.

Les confessions d'un enfant du siècle !
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Pris en charge par l'ASE (Aide sociale à l'enfance) depuis l'âge d'un ou deux ans, Skander vit dans une famille d'accueil chez "Tatie Nicole" et sa fille Delphine avec Jessica, sa « soeur d'abandon », placée elle aussi. C'est un garçon studieux et curieux qui passe son temps à lire le dictionnaire. Sa mère est réapparue depuis peu et il la voit de temps en temps dans son modeste logement où elle héberge fréquemment des personnes à la vie bohème ou sans abri.

Mais cette vie sereine est chamboulée le jour où un cancer emporte Nicole. Skander doit être placé dans une nouvelle famille. Malgré qu'elle ne s'est jamais beaucoup préoccupée de son fils, sa mère choisit Mme Khadija à Courseine en banlieue parisienne, un endroit moins loin de chez elle que les autres propositions de l'ASE.

La violence, les bandes, le trafic, … la délinquance est partout. Pas facile de trouver sa place
« Les conditions idéales » est le premier roman, d'inspiration autobiographique, de Mokhtar Amoudi qui a lui aussi grandi en banlieue parisienne.

Un roman d'apprentissage raconté par une jeune garçon dont la naïveté arrive à nous faire sourire parfois dans des moments critiques. Une naïveté qui peut exaspérer de temps en temps mais qui est compensée par un optimisme et une volonté à toute épreuve et par une confiance en l'autre, en la vie, en l'avenir surtout.

J'ai beaucoup apprécié ce roman en lice pour le prix Goncourt 2023 malgré une légère sensation de longueur vers milieu due à une sobriété peut-être un peu trop présente qui a contenu mes émotions pourtant bien présentes dans les premières et dernières pages.
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Les conditions idéales
Mokhtar Amoudi
roman (premier)
Gallimard, 2023, 246p


C'est l'histoire d'un gamin, Skander, qui grandit, fils d'une mère droguée et prostituée, et placé dans des maisons d'accueil. Au fil des placements, il change de « frères » et « soeurs ». On ne s'occupe pas de son bien-être. On le place. Il aurait aimé un autre foyer. Sa mère préfère qu'il ne soit pas trop loin de là où elle habite. Sa chance relative est d'être bon élève.
Il arrive à Courseine dans la maison de Khadija qui veut argent et références. Les autres enfants de la maison touchent à la drogue, ils en prennent ou ils en vendent dans le Grand quartier. Des rivalités de bandes sont fréquentes et font mal. Peu à peu, Skander a pour domaine la rue.
Khadija l'entraîne, lui l'Algérien, au Maroc où sa famille exploite celle-ci de façon scandaleuse. Tout va de mal en pis pour Khadija, ruinée puis calomniée. Skander lui donne un peu d'amour.
Il rencontre un avocat, et il a envie de devenir avocat. Cet avocat ne s'embarrasse pas de sentiments. Il ne veut pas entendre parler de drogue. Cependant Skander sait ce qu'il veut. Pris dans une affaire de trafic, et grâce à ses aptitudes scolaires -quelque chose d'inouï dans le monde des enfants placés- il pourra faire des études longues.
Ce roman, qui rappelle pourtant La vie devant soi, ne m'a pas emballée. Il est écrit à la première personne, avec un regard d'enfant puis d'adolescent déjà désabusé, et une langue de banlieue. Skander ne m'est pas sympathique, bien qu'il soit très attentif aux autres, qu'il lutte pour s'en sortir. C'est sûr que de conditions idéales, il n'en a pas, lui qui manque d'amour et d'argent, mais qui a intelligence, recul et lucidité ; les conditions qui lui sont offertes en fin de roman paraissent, elles, venir d'un conte de fées. Je n'étais sans doute pas dans les conditions idéales pour me laisser prendre par ce bouquin, je suis restée au bord de la route.
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Dans cet « itinéraire d'un enfant pas gâté », le lecteur suit le petit Skander placé par l'aide sociale à l'enfance dès son plus jeune âge dans une famille d'accueil. Chez tatie Nicole, il est élevé avec sa soeur d'abandon, Jessica et nourrit un intérêt sans faille pour la lecture.
Mais lorsqu'un cancer terrasse la pauvre Nicole, les plans vont être chamboulés… La mère de Skander décide de réapparaître et choisit pour lui, une vie à Courseine en banlieue parisienne, où il lui sera plus aisé de voir son fils. Désormais installé chez Mme Khadija, les règles sont fixées par le quartier : vols, drogues, bagarres, trafics. Et les quelques passages dans le logement de sa mère où elle invite régulièrement des marginaux ou des sans abris, sont loin de l'aider.

Dans ce roman d'apprentissage, un brin autobiographique, le jeune garçon va tenter de garder le cap au coeur de cette tempête et réaliser ses rêves de gosse. Loin d'être un stéréotype ou cliché habituel des banlieues, la sincérité de Skander va en déstabiliser plus d'un. Il y a un certain charme, presque de la tendresse, pour cet enfant qui va tenter de trouver sa voie malgré les difficultés que la vie lui réserve. En lice, une volonté a toute épreuve, un optimisme inébranlable en l'avenir. Un premier roman intimiste qui bouleverse même la destinée !
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La maman de Skander vivote de prostitution occasionnelle quand le petit garçon est pris en charge par l'ASE et placé chez Khadija. Il apprend ainsi ses origines maghrébines. On suit ensuite le garçon jusqu'au bac : ses notes qui baissent avec les rencontres du quartier de la ville de Courseine où il vit désormais, les petits trafics et les bagarres, ses retrouvailles épisodiques avec sa mère, et ses rencontres régulières avec l'ASE qui ne le lâche pas malgré tout.
De jolies phrases, un doux humour, et un certain optimisme à la première personne. Un peu décevant cependant.
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C'est un bon premier roman ! le texte est sans prétention littéraire mais se lit avec plaisir. La narration est efficace, il y a de l'humour et l'on s'attache au jeune héros. Je ne sais pas bien pourquoi mais cela m'a fait penser à La vie devant soi d'Ajar (toutes proportions gardées...). La voix du jeune héros sonne juste et bien et nous invite à nous pencher sur le sort des enfants placés sans pathos. C'est une distraction plaisante !
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C'est l'histoire de Skander, placé dès l'enfance à l'aide sociale. Si tout démarre bien, il arrive chez Khadija et là, son destin bascule.
Livre bien écrit mais un peu longuet. Je me suis ennuyée. Heureusement, Skander, le jeune héros, est drôle et attachant. Il est curieux, et cela lui permet de s'en sortir. Ou du moins, on y croit. La fin est optimiste.
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[Comme d'habitude, je m'engage à lire 10% du livre et s'il me plait je continue]

Skander n'est pas du tout placé dans les conditions idéales malgré ses capacités, heureusement l'humour, la joie, ce regard décalé, sauve de tout.

J'ai quand même une impression de déjà-lu, certes pas chez Galimard NRF, mais Kiffe kiffe demain, Chroniques de l'asphalte et le gône du Chaba, avaient déjà cette couleur, ce parfum d'enfance dans les cités. C'est agréable à lire, j'aime que ce destin d'enfin de l'aide sociale à l'enfance soit racontée sans pathos. Un passage m'a tout de même dérangée, celui où, voyant une enquête documentaire sur un viol à la télé, il demande au petit garçon de 6 ans qui est gardé avec lui de "le violer" en lui prenant la main pour qu'il glisse le doigt entre ses fesses. Pardon pour dire ça comme ça, mais c'est quasiment raconté tel quel, et on passe à autre chose, si ça vous choque aussi hé bien nous sommes deux (ou plus). Il n'y avait pas vraiment de contexte à cette scène, sauf peut être à prédire des actes violents dans les 90% du livre qu'il me resterait à lire.

Je vais cependant en rester là, peut être qu'un jour j'y reviendrai mais je ne pense pas. Je suis plutôt déçue au final de la plupart des livres NRF Gallimard de cette sélection Goncourt, Un grand feu aurait largement suffi.
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