Le sujet de ce livre ne manquait pourtant pas d'intérêt : Skander, enfant curieux et intelligent, est placé à l'Aide sociale à l'enfance en raison d'un père absent et d'une mère marginale, prostituée et droguée, qui ne sait pas s'occuper de lui. Au fil du récit largement autobiographique, au gré de mauvaises décisions de placement et d'un environnement toxique, on voit cet enfant brillant s'enfoncer dans la délinquance. Nous assistons, à hauteur d'enfant, à tout ce qu'il a enduré.
Je me suis tout d'abord intéressée à ce récit qui m'a fait penser aux "Ritals" de Cavanna. le personnage de Skander m'a touchée par le fait que décidément, il ne puisse rien choisir, comme s'il était un passager clandestin de sa propre vie. En cela, le recours à l'écriture est pour
Mokhtar Amoudi un moyen de redevenir le sujet de son existence, en plus d'être une victoire admirable pour quelqu'un dont la scolarité a été si abîmée, ce dont on ne peut que se réjouir. Elle prouve, mais ce n'est malheureusement pas une nouveauté, que certains enfants naissent avec bien peu de chances de devenir heureux. À cet égard, "
Les Conditions idéales" nous force à regarder cette injustice sociale en pleine face.
Pourtant si je ne juge que le livre en soi et non l'intérêt du témoignage, mon bilan de lecture est négatif. J'ai peiné à le lire, j'ai trouvé l'écriture enfantine, parfois à la limite du compréhensible (que signifie "elle avait la fibre d'aider les pires"?). Les scènes sont traitées avec vulgarité et sans profondeur (que dire du récit de ce conseil de classe grotesque, page 96, qui n'a rien de réaliste mais qui n'offre rien de plus ?). Il est difficile de transformer la boue en or, n'est pas
Genet qui veut...
Je ne comprends pas trop l'enthousiasme autour de ce livre ni le choix d'un éditeur aussi prestigieux que Gallimard.
J'ai refermé ce livre en ressentant un fort sentiment de malaise.
Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle 2024.