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sur 277 notes
Qu'il est bon de redécouvrir la vie à hauteur d'yeux d'enfant, même si ce sont ceux d'un petit gamin algérien né en France, de père inconnu et abandonné très tôt par sa mère aux doux services de l'ASE.

Skander, c'est lui le gamin, le narrateur donc.

Collégien, il nous fait partager son quotidien singulier avec son langage, ses mots à lui, précieux parfois, populaire toujours.
Son vécu nous est donné à vivre, avec ses certitudes naïves de bambin crédule et ses candides découvertes agrémentées de commentaires spontanés.

Un certaine virginité.

Une espèce de Petit Nicolas, en moins bien gâté par la vie quand même, dont les amis s'appellent Ramos ou Mohammed plutôt que Clotaire ou Eudes, un petit Skander donc, qui devra comprendre rapidement qu'une famille d'accueil se disloque quand la mère de substitution meurt précipitamment.

La vie n'est pas un long fleuve tranquille.

Avec un humour subtil qui se veut symptomatique de âge et de son inexpérience il nous raconte ses premières fois :
-          Sa première rencontre avec celle qui veillera sur lui désormais
-          Sa découverte du Maroc lors de son premier voyage initiatique en terre étrangère
-          Son premier coup de coeur vite douché finalement.
-          Ses premiers accès de violence dans la colo d'une station de ski en Suisse
-          Sa première implication collective en tant que délégué de sa classe de lycée
-          Sa première approche de la religion musulmane
-          Sa première prise de conscience de la déshérence psychologique et physique dans laquelle se perd sa mère biologique
-          Sa première baston funeste
-          Sa première garde à vue aussi...

Des premières fois restituées sous la forme de pastilles successives écrites dans un style à part, mélangeant le langage naïf de l'enfance et le verbiage populo du peut-être caïd en devenir.

Au fil des pages, nous glissons progressivement du doux récit du gentil gamin naïf découvrant la vie à celui, plus acide, de la petite teigne en construction que le droit chemin n'intéresse plus que de très loin.

Reconnaissons cependant que certaines tournures de phrases plus alambiquées ou certains vocabulaires plus léchés s'avèrent trop précieux ou trop riches pour intégrer parfaitement le style adopté par le récit. Sûrement un clin d'oeil entendu de l'auteur pour établir une complicité avec son lectorat qui n'est pas dupe, nous lisons là le roman fraîchement écrit par un homme et non pas le journal intime d'un gamin démarré il y a longtemps.

Le gamin est sensé, conscient des difficultés qui seront les siennes s'il veut finalement sortir des ornières que sa condition initiale a déjà tracées devant lui, d'autant qu'il veut devenir avocat.
Il est intelligent et son potentiel est reconnu sauf par un encadrement scolaire prompt à casser tout trublion susceptible de faire école autour de lui.
Lui est devenu trafiquant de drogue !

Un parcours individuel en guise d'état des lieux sur une difficile jeunesse de banlieue à qui rien n'est promis si ce n'est une délinquance systémique installée de longue date par un destin mangé par la poisse et l'absence de perspective. La faute à pas de chance surtout pas celle d'être né du bon côté de la Seine, celui qui offre un autre avenir que de systématiquement finir en prison.

Une tranche de vie qui va de la cour d'école au banc du bac dans un quartier où s'en sortir c'est faire preuve d'une force de caractère hors du commun.

Une bonne lecture malgré quelques passages en demi-teinte et un parti pris stylistique un peu redondant.

Les confessions d'un enfant du siècle !
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BOULEVERSANT !

Mothkar Amoudi nous offre ici son premier roman, fortement autobiographique, inspiré de son enfance passée en famille d'accueil.

Un roman initiatique qui retrace l'itinéraire de Skander, un ado qui ne grandit pas dans les "conditions idéales". Placé à l'aide sociale à l'enfance, le jeune garçon se laisse entraîner dans la délinquance et la violence, suivant les "mauvais garçons du quartier". La littérature reste sa bouffée d'oxygène...

Pour un premier roman c'est une réussite totale. J'ai été emportée autant par l'écriture maîtrisée que par les personnages très attachants aux destins d'un réalisme touchant. Et si les livres, et l'amitié, pouvaient changer les vies ?

Un coup de ❤
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Chaque matin, ma fille aînée va travailler à la prison de la Santé.
Presque chaque matin.
Onze grilles avant d'arriver à la bibliothèque, à son bureau.
Onze verrous.
Tous les matins elle se bat pour la réinsertion par les livres, grâce aux livres.
Elle est courageuse, et audacieuse.
Elle croit en la littérature et aux deuxièmes chances.
Elle croit aux vertus de la littérature sur les détenus.
Tous les matins, elle anime, organise, réfléchit, avance.
Après les onze verrous.


Le prix Goncourt des détenus, c'est un prix particulier, celui de lecteurs singuliers.
L'année dernière, ils avaient choisi le livre de Sarah Jollien-Fardel « Sa préférée ». Nous aussi, on avait adoré.
Cette année, ils ont lu et élu :
« Les conditions idéales » de Mokhtar Amoudi.
Alors, ma fille aînée l'a acheté et me l'a donné. Emballé dans un joli papier.
En quelques jours, quelques heures, à peine le temps d'une garde à vue, je l'ai commencé et terminé.
C'est un premier roman inspiré de la vie de son auteur.
De la veine des grands romans initiatiques.
Quelque chose de « La vie devant soi » dans le Val de Marne si Madame Rosa s'appelait Khadija, si Momo s'appelait Skander - qui est un enfant de l'ASE, l'aide sociale à l'enfance.

Un enfant placé, un enfant des cités, un enfant du trafic de drogue mais pour acheter des chaussures américaines et une veste en cuir.
Un enfant brillant qui vise le bac, les études de droit, la finance.
Parce qu'il désire plus que jamais ces chaussures américaines et plus jamais un jogging troué pour sortir.
Qui fait de mauvaises rencontres et des rencontres qui sauvent.
Qui découvre une prison, qui raconte :
On arriva enfin, la prison apparut. C'était donc ça, Fleury, du gris et du marron, moins de couleurs que l'enfer. le mot prison, c'est pas assez fort pour la décrire. Ces murs épais comme des frontières contenaient cinq mille délinquants, femmes et mineurs compris. On pourrait pourtant mieux la remplir.

La langue de Mokhtar Amoudi est celle du réel entre Courseine et Créteil.
C'est la voix de l'enfance mais pas celle de l'innocence.
Un langage précis, fleuri.
De l'émotion et du rire, tout est réuni. Les conditions idéales.

Ce soir, je prêterai ce livre à ma fille aînée.
Elle le lira, en sortant de la Santé.
Après les onze verrous.
Je sais qu'elle va l'aimer.


instagram : @mesmotsdanslesleurs
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« Il arrive que l'on marche à côté d'un autre monde sans le savoir ».
Ce monde parallèle, Skander, placé tout petit à l'Aide sociale à l'enfance, va y être confronté brutalement, par l'un de ces mauvais tours que la vie peut vous jouer. le voilà soudain plongé au coeur d'une cité de la banlieue parisienne ; l'enfant modèle, curieux de tout et qui excellait à l'école, découvre alors un milieu qui lui est étranger et à mille lieues de la bienveillance que l'on pourrait lui souhaiter. À Courseine, c'est la loi de la jungle. En grandissant, les ennuis s'accumulent et Skander est très vite entraîné par les jeunes du quartier. Fini l'innocence.

Attention, ce livre n'est pas un réquisitoire contre les institutions ni un pamphlet misérabiliste. C'est beaucoup plus malin, sincère et touchant, à l'image de son personnage principal qui en est le narrateur. Skander pose un regard « gravement » intelligent et doux-amer, sur le monde qui l'entoure ce qui rend ce roman d'apprentissage souvent drôle alors que les circonstances ne le sont pas.
C'est également une réflexion sur le système de l'ASE avec ses réussites et ses faillites mais aussi sur la résilience et les choix contraints ou assumés, les rencontres bonnes ou mauvaises, qui déterminent un parcours individuel.
L'écriture est formidable, enlevée, parfois très drôle (le premier voyage au Maroc ou la visite à la mosquée notamment), les personnages finement décrits.
Une très bonne lecture, à conseiller notamment à ceux qui pourraient penser que la réussite a tout à voir avec la génétique et rien avec l'environnement…
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C'est l'histoire de Skander, placé dès l'enfance à l'aide sociale. Si tout démarre bien, il arrive chez Khadija et là, son destin bascule.
Livre bien écrit mais un peu longuet. Je me suis ennuyée. Heureusement, Skander, le jeune héros, est drôle et attachant. Il est curieux, et cela lui permet de s'en sortir. Ou du moins, on y croit. La fin est optimiste.
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Pas convaincue.

Skander est placé à l'Aide sociale à l'enfance depuis toujours, intelligent et passionné par la lecture, sa vie prend un mauvais tournant lorsqu'il est placé chez Madame Khadija.

C'est l'histoire de Skander un enfant qui pourrait être comme tous les autres. Mais Skander n'est pas comme tous les autres. Placé à l'Aide sociale à l'enfance depuis la petite enfance, sa vie semble déjà avoir pris un mauvais départ. Néanmoins sa grande intelligence le fait se démarquer des autres enfants de l'ASE.

Initialement placé dans une famille aimante, Skander va voir sa vie basculer au décès de sa tutrice. Sur la demande de sa mère qui souhaite le voir souvent, ce dernier va être placé chez Madame Khadija en banlieue parisienne. Celle-ci est assistante maternelle pour l'argent.

Et c'est le début de la chute. de bon élève Skander se transforme en petit délinquant. L'histoire est supposée être racontée avec humour, je l'ai surtout trouvée poussive et répétitive. Si enfant Skander est touchant avec sa naïveté, il devient tête à claque à l'adolescence. le voir abandonner son travail à l'école juste pour suivre la masse, et essayer de vaguement plaire à quelques petits caïds, donne une sensation d'immense gâchis.

Toutefois, les passages concernant la religion sont très drôles et justes. le passage dans la mosquée salafiste est excellent. Sous couvert d'humour, il montre la main mise des extrémistes religieux sur certains quartiers. Enfin, la fin montre une lueur d'espoir pour la suite. Skander parvient à se reprendre in-extremis et va faire des études. Je regrette malgré tout qu'il n'y ait pas un épilogue plusieurs années après pour voir son évolution.

Bref, un premier roman qui ne m'a pas convaincue.

Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE 2024
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On ne peut pas dire que les fées se soient penchées sur le berceau de Skander, jeune adolescent :

Abandonné et placé en familles d'accueil, le voilà qui atterrit dans le 93, chez Madame Khadija, à Courseine, bien occupée à joindre les deux bouts avec l'argent que lui rapportent les enfants de l'Aide Sociale à l'Enfance. Lui, le bon élève rêvant d'études supérieures, se retrouve au beau milieu des caids de banlieue, des bagarres et de la délinquance, à deux doigts des filets tendus, d'un côté par l'idéologie salafiste, de l'autre, par l'argent facile de la drogue.

Habitué à s'accommoder d'un environnement affectif défaillant, Skander doit maintenant résister à la pente, où, pour avoir la paix, il lui serait facile de suivre les autres jeunes.

De petits trafics en actes de délinquance de plus en plus lourds, l'engrenage et la dérive de plus en plus franche. Sans pour autant de complaisance ni lui chercher d'excuse, la narration observe les tiraillements de l'adolescent, entretenant la tension née de la certitude de le voir vaciller sur une ligne de crête décisive.

Pour lutter contre les forces de gravité qui menacent de l'enfermer lui aussi dans le vase clos de ce milieu, il dépendra de sa propre capacité de resilience.

Dès les premières pages, je me suis attachée à ce jeune homme, qui n'a pas tiré les bonnes cartes à la naissance, c'est peu dire.
Ce roman est drôle, tendre et empreint de gravité à la fois et montre l'importance des rencontres décisives et de leur influence pour la construction d'un parcours de vie.

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La mère de Skander n'étant pas capable de l'élever, il est placé dans différentes familles d'accueil.
La première est stable et il s'épanouit. Il adore lire le dictionnaire.
La seconde famille est différente et il se retrouve en contact avec la banlieue et ses bandes.
Après d'excellents résultats en primaire,le collège verra baisser ses notes et le lycée plus encore.
Heureusement, quelques adultes qui lui font confiance lui permettront peut-être de s'en sortir.
Le sort des enfants placés n'est pas toujours évident.
La vie des banlieues et l'influence des bandes ne sont pas toujours favorables.
Les chances de s'en sortir sont minces.
Quand, sur le chemin de ces enfants, des adultes bienveillants ouvrent une porte attentive ; tout peut alors changer.
C'est un roman assez dur, qui donne le sentiment d'une part d'autobiographie, je ne sais pas si c'est le cas.
Mais il dénonce une réalité bien dure.
Heureusement, certains parviennent à s'en sortir, mais pas assez hélas.

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Les conditions idéales ici pas réunies pour Skander et ses débuts dans la vie.

Enfant de l'ASE (ex DDASS), placé chez Khadidja en banlieue parisienne, à Courseine (la fictive), Skander évolue sur le fil, entre désir d'apprendre et délinquance, entraîné par les jeunes du Grand Quartier.

L'auteur a mis beaucoup de lui en Skander.
Avec un ton naïf et drôle, il le fait parler d' enfance malheureuse, gâchée, de drogue, de violence, de repères moraux en totale perdition.
Et cette écriture décalée donne une couleur singulière au récit où l'ultra réalité côtoie le 2ème degré.

Lecture à la fois sombre et fraîche, mais oui mais oui les deux à la fois..

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Skander est doué et voue une passion pour le dictionnaire, son livre de chevet. Placé dans une famille d'accueil et entouré de l'affection de Jessica, le jeune garçon ne fait pas de vague. Mais voilà qu'un jour, il atterrit chez Madame Khadija, ombre au tableau que de se retrouver dans le « 9-3 ». Les nouvelles conditions sont-elles idéales pour Skander qui ne rêve que de grandes études ?
« Quand on a été abandonné une fois, on se dit que ça ne pourra plus arriver, que jamais on ne se permettra de vous la refaire. Mais un adulte, c'est capable de tout. »

Vous allez me dire que ce roman est un énième texte sur les cités et ses caïds et vous n'auriez pas tout à fait tort mais ce qu'écrit Mokhtar Amoudi va bien plus loin que ça. En sortant des clichés, l'auteur rend le personnage de Skander plus attachant, plus à sa place, plus lui. le gosse, balloté par l'Aide Sociale à l'Enfance, m'a émue, fâchée et même parfois donnée envie de le secouer (mais pas trop fort).

Porté par une voix sincère, sans faire dans le misérabilisme, ce premier roman percutant, drôle parfois, donne à garder sa bonne humeur dans l'adversité. Séduite.
« En guise de famille sanguine, j'étais donc cerné par des repris de justice, des abrutis, ou des inconnus, éparpillés entre la France et l'Algérie. Sans compter les fausses familles issues de l'assistance, celles qu'on subit ou qui abandonnent. Tout ça pour moi. J'aurais donné beaucoup pour naître ailleurs. »

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2024/02/19/40211130.html
Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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