M. D.

Yann Andrea boit avec M.D., Yann Andrea tangue avec M.D. , Yann Andrea danse avec M. D. , Yann Andrea vit avec M.D. - Marguerite Duras, pour les non initiés.

Yann Andrea écrit comme M.D. Yann Andrea se prend pour M.D.

Mais on ne vampirise pas un grand écrivain dans le seul but de faire de la thune en racontant complaisamment sa déchéance et ses déboires.

Yann Andrea n'est pas M. D.

Ça se saurait.

Juste Y. A. Comme Y A rien à voir.

Automne 1982. Marguerite Duras accepte une cure de désintoxication de la dernière chance. Elle est hospitalisée à Neuilly et va traverser l'épreuve du sevrage de l'alcool.Apparaissent alors le manque physiologique et psychique, les crises d'angoisse, les hallucinations et les idées délirantes, semi comateuse d'abord à cause de la surcharge médicamenteuse nécessaire pour éviter le délirium, puis sevrée de la camisole chimique qui lui permettait de tenir sans l'alcool, sans le soutien de son autre béquille: l'écriture. Et c'est Yann Andrea son compagnon qui va tenir la chronique de ces jours décisifs où se joue la vie et la santé mentale et physique de M.D. Ce livre décrit simplement les gestes et paroles de cette écrivaine et de cette femme aux confins de ce qu'un être humain peut supporter pour revenir parmi les humains. Il s'adresse à elle et au-delà à nous, associant le lecteur à son effroi, à son espoir, à son amour pour cette femme si proche de la déchéance physique et mentale, qui garde cependant une fierté et une posture altière qui lui est propre. Parfois petite fille découvrant que réellement elle ne reverra plus ni sa mère ni le petit frère adorés, parfois déesse sans âge distribuant les jugements positifs ou négatifs mais toujours sans appel. Marguerite Duras, telle qu'elle fut et resta encore quatorze années après être revenue du rivage des morts. Et qui en 1984 écrivit l'Amant, pour lequel elle décrocha le prix Goncourt.

C'est en regardant sur YouTube une émission d'Apostrophes de 1984 consacrée entièrement à Duras que j'ai voulu lire cet ouvrage dans lequel Yann Andréa raconte le sevrage alcoolique de l'autrice, sa compagne. « Cette cure de désintoxication, c'est effrayant », dit Pivot. « Mais c'est aussi très drôle ce livre », répond Duras. « Non… non… non… non », rétorque Pivot.

Le récit prend la forme d'une sorte de journal tenu pendant quelques semaines de l'automne 1982, avant, pendant et après cette cure. Andréa s'adresse directement à Duras, souvent en rapportant ses paroles, comme dans : « Vous dites : Je suis au plus loin de mon état normal. » ou « Vous dites : Au prix de la chambre, ils pourraient faire un effort. Ce n'est pourtant pas difficile de faire une soupe aux légumes. » le procédé aurait pu m'agacer, mais j'ai rapidement été touchée par la relation entretenue par ce couple mythique et captivée par cet épisode de vie déterminant (Duras a pu ensuite écrire L'Amant), émaillé de moult petites choses du quotidien. Histoire à suivre avec Cet amour-là que j'ai maintenant très envie de lire.

Je crois que je vais acheter tous les livres de Yann Andrea car je suis encore bouleversée par l'histoire qu'il raconte, celle qu'il partage avec Marguerite Duras en cure de désintoxication à l'hôpital américain de Neuilly .
Je suis impressionnée par sa capacité à aimer une personne malade, à ce point. Il lui fait la lecture et il y a une anecdote à propos de Savannah (en référence à "Savannah bay" la pièce de théâtre écrite par Marguerite Duras) qui se trouve en Floride et que M.D. découvre toute étonnée sur un atlas en disant "c'est incroyable !" parce qu'elle pensait l'avoir inventé. Ce sont surtout de petits moments qui permettent de supporter la cure douloureuse mais dont la compagne de Yann Andrea avait bien besoin.

Le point de vue de Yann sur la maladie de Duras.

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