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sur 1329 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Été 1965. C'est en bordure de la vallée de l'Asse, dans une station-service obsolète, que vit le jeune garçon, âgé de 12 ans. Ça fait déjà quelque temps qu'il ne va plus à l'école. Depuis que le médecin a estimé qu'il était trop différent des autres. Alors, pour s'occuper, et après un temps d'apprentissage conséquent, il a le droit maintenant de remplir les réservoirs des rares voitures qui passent par là. Affublé de son blouson Shell que son père lui a donné, le sourire aux lèvres, il est heureux comme ça. Il n'embête personne et personne ne l'embête. Mais, le jour où il trouve un paquet de cigarettes et décide d'en fumer une, il manque de mettre le feu. Ses vieux parents se fâchent et appellent sa grande soeur, se plaignant de leur âge avancé pour s'occuper correctement de lui, sous-entendant que quelqu'un viendra le chercher bientôt. Pour prouver qu'il est un homme aux yeux de ses parents, il décide de partir faire la guerre...

Sur ce haut plateau perdu de Haute-Provence, celui qui se fera appelé Shell par sa reine va vivre des jours incroyables. Redoutant que ses parents ne le placent dans un institut spécialisé, le jeune garçon, parti pour faire la guerre afin de devenir un homme, un vrai, mais n'ayant croisé ni champ de bataille ni ennemi à abattre, va rencontrer la jolie et fantasque Viviane, une jeune parisienne en vacances. Au coeur de cette Provence magnifique, silencieuse et sauvage, sous un soleil écrasant, les deux jeunes adolescents vont nouer des liens singuliers. Jean-Baptiste Andréa nous plonge dans une ambiance onirique, presque surnaturelle, un peu hors du temps. Il décrit avec justesse et poésie les pensées de Shell, le regard qu'il porte sur lui, le rapport qu'il entretient avec les autres et le monde qui l'entoure. Shell, héros lunaire et doux-rêveur, est terriblement attachant. Une parenthèse enchanteresse et une véritable ode à la liberté et aux rêves. Un roman lumineux et sensible sur la différence.
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1965. Exclu de l'école pour rejoindre bientôt un établissement spécialisé, Shell, douze ans et différent, décide de prouver qu'il n'est plus un enfant en partant faire la guerre. Sa fugue le conduit dans les hauteurs qui surplombent la station-service où il vit avec ses parents, dans les Alpes de Haute-Provence. Il y fait deux rencontres : une fille de son âge, en qui il ne tarde pas à voir la grande amie qu'il n'a jamais eue et pour qui il serait prêt à tout, et un vieux berger solitaire qui a ses raisons de se faire discret dans le maquis.


Comme dans Cent millions d'années et un jour, les protagonistes de Jean-Baptiste Andrea préfèrent quitter leur triste quotidien dans la vallée et le rude monde des hommes ordinaires, pour courir après leurs rêves et chercher la paix dans la solitude de la montagne. Dans les deux livres, le conte s'avère bien cruel et le prix à payer exorbitant.


L'innocence de Shell nous ouvre les portes d'un univers de tendresse et de fraîcheur, où, le temps d'une parenthèse que l'on sait bien devoir se refermer, comme une sorte de moment de grâce fragile et fugace, s'épanouit un amour pur et lumineux, touchant et merveilleux. Comme on aimerait faire durer ces instants et protéger la candeur de Shell de l'inévitable retour à la réalité ! Mais le serrement de coeur prémonitoire du lecteur se terminera bien dans les larmes.


Shell n'est-il pas l'incarnation de l'enfant tué en chacun d'entre nous, forcé de grandir et de perdre son innocence et ses illusions à son entrée dans l'âge adulte ? La mort est-elle le prix qu'il faut être prêt à payer pour préserver ses rêves ?


Ce premier roman court et poétique, beau et cruel, porte déjà les germes d'une thématique qui semble chère à l'auteur, explorée ici à l'émouvante hauteur d'un enfant plus vulnérable que les autres. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Je ne cesse de me dire qu'aimer lire est une grande chance. Bien qu'étant en Bretagne et aujourd'hui sous la pluie, j'ai pu passer mon après-midi dans la montagne sous un soleil de plomb ! J'ai en plus pu faire connaissance d'un jeune garçon surnommé Shell et de sa reine Viviane ainsi que de Matti, un berger d'une grande et belle humanité. Pendant quelques heures je n'ai vu ni la pluie ni été polluée par la morosité ambiante. J'ai été emportée par la poésie de Shell, par son innocence, sa naïveté mais aussi et surtout par son amour. La différence de Shell m'a émue et m'a confirmée, ô combien la soi-disant normalité peut nous éloigner de l' essentiel.
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C'est l'histoire d'un petit garçon pas comme les autres, un inadapté pour reprendre le qualificatif utilisé par l'auteure Clara Dupont-Monod, dans son très beau livre.
« Foudre de guerre. Génie. Lumière. C'était tout ce que je n'étais pas, on n'arrêtait pas de me le répéter. Maintenant, il faut que je le dise, je suis bizarre. Moi je ne trouve pas, mais les autres oui. »
Il n'a même pas de prénom, il est Shell comme écrit sur le blouson qu'il porte si fièrement quand il sert l'essence dans la station de ses parents perdue au fond d'une vallée en Provence. C'est l'été, il fait si chaud, qu'un rien suffit à déclencher un incendie. Alors quand il lâche la cigarette qu'il essayait de fumer, il a failli provoquer la catastrophe. Ses parents se résignent alors à l'envoyer ailleurs.
Ailleurs, il ne veut pas y aller. Alors il part. A la guerre comme les images qu'il voit de temps en temps à la télévision. Pour devenir un Héros. Mais la guerre c'est loin : il s'arrêtera sur le plateau qui surplombe la vallée. C'est là qu'il rencontre Viviane, Viviane dont il n'est même pas sûr qu'elle existe vraiment, Viviane qui va jouer avec lui, qui va se jouer de lui, qui deviendra sa Reine, mais qui aussi lui donnera l'impression d'être un autre, différent de « l'âne » avec qui personne ne voulait jouer.
« Elle était très mince, tellement qu'elle avait l'air de pouvoir se glisser entre deux rafales de vent sans déranger personne »
L'auteur par la voix de ce petit garçon qui voudrait devenir un homme raconte ces deux mois d'été.
Deux mois hors du temps, hors de la compagnie des hommes si ce n'est celle de Matti, le berger, lui aussi rejeté parce que différent : il n'est pas d'ici. Deux mois entre le ciel et la terre, deux mois pendant lesquels Shell connaitra l'amour, la dévotion pour sa Reine, le désespoir quand elle est partie, l'incompréhension quand elle revient et ne veut plus jouer. Deux mois d'un été à l'ambiance particulière. On ne sait plus si on est dans la réalité ou dans un songe.
Un livre comme une ode à la liberté, au droit à la différence, aux enfants qui parfois ne savent pas grandir. Un conte à l'écriture lumineuse et poétique. C'était le premier livre de l'auteur, Il a largement confirmé son talent depuis.
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Parce qu'il ne pense pas aussi vite que ses camarades, ses parents l'ont déscolarisé. Depuis il les aide à faire le plein des rares voitures qui s'échouent dans leur petite station essence, sur le plateau surplombant la vallée de l'Asse.
Cet été là, il va s'enfuir pour aller faire la guerre, pour devenir un homme. Cet été là, il rencontrera Viviane « sa reine », puis Matti, le berger et ce sera la paix qu'il trouvera.
Très belle histoire de Jean-Baptiste Andrea, tout en fraicheur et en innocence.
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Je suis entrée vite et facilement dans l'univers singulier, fantasque et abrupt à la fois, de ce livre. Mais je comprends tres bien que certains lecteurs soient restés sur le seuil...

Le récit est celui d'un garçon de douze ans, qui se sait différent, vu comme un attardé par les autres. Été 1965, l'été du bouleversement.

Parce qu'il ne veut pas qu'on l'emmène dans un institut spécialisé, et suite à une énième bêtise, il décide de quitter ses parents, de partir. Il s'imagine comme soldat dans une armée et il monte sur le plateau, dans les près, tout là-haut. Et ce sera la rencontre avec Viviane, la fille-fée, sa reine...

Ce court roman ne se raconte pas, il se sent, il se vit, de l'intérieur. A travers les pensées de Shell ( surnom donné par Viviane car les parents du garçon tiennent une pompe à essence) , le lecteur est en osmose...ou pas. Je l'ai été.

Des forces antinomiques agitent cette histoire, qui donnent à l'écriture un charme magique et beaucoup d'originalité.

Entre naïveté désarmante et lucidité poignante envers lui -même et les autres, entre violence, cruauté de l'entourage et vision poétique , réinventée du monde , Shell nous fait voguer dans son espace intérieur, fait de solitude et de manque affectif, de créativité et d'enthousiasme aussi.

La fin est à l'image du livre, surprenante et émouvante. Shell rejoindra dans ses rêves la reine de son coeur...
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Jean-Baptiste Andrea vient de remporter le prestigieux Prix Goncourt 2023 avec son livre : « Veiller sur elle ». Avant de lire cet ouvrage, j'ai voulu découvrir l'auteur par son premier roman.

C'est l'été 1965 en Provence. Shell vit avec ses parents dans une station-service. Il a été exclu de l'école parce qu'il est différent. Après une grosse bêtise, ses parents décident de le placer dans un établissement spécialisé. Ayant entendu la conversation, il décide de partir à la guerre et de revenir auréolé de gloire, « comme un homme ».
Il part la nuit et se retrouve isolé sur le plateau après une chute. Au réveil, il rencontre une jeune fille de son âge : Viviane. Elle lui dit qu'elle est sa reine et qu'il doit lui obéir sans discuter au risque de rompre le charme. Ils se promettent de ne jamais se quitter.
Malheureusement, Viviane ne vient pas au rendez-vous. Désemparé, Shell attend, attend, attend … Il s'évanouit suite à une insolation mais il est secouru par un berger un peu bourru qui ne lui pose pas de question et le laisse vivre chez lui.
Tout va bien jusqu'à ce que Viviane réapparaisse …

Dans ce texte de lecture très facile, on découvre des portraits de personnages attachants et très forts.
Shell, enfant autiste sans doute, nous parle, au travers de ses réflexions, de sa différence, du rejet qu'il subit de la part des autres enfants, de l'admiration et de l'amour qu'il porte à Viviane.
Viviane, petite parisienne qui, à treize ans, vit aussi dans un monde imaginaire et qui, sans se rendre compte de la grande influence qu'elle a sur Shell, va peut-être l'amener à l'irrémédiable.
Matty, le berger bourru, qui a lui aussi ses secrets et accepte Shell tel qu'il est.

C'est un livre qui traite avec beaucoup de sensibilité la différence, l'amitié, la fidélité.
L'auteur m'a conquis. J'ai hâte de lire « Veiller sur elle ».
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Il a douze ans, mais les médecins ont prévenu ses parents quelques années plus tôt qu'il ne grandirait plus dans sa tête. Evidemment, il est la cible de moqueries, et se livre à des expériences dangereuses dont il ne mesure pas les conséquences... Je ne sais pas quel sort lui serait réservé aujourd'hui, mais en ce milieu des années 60, il doit quitter le circuit scolaire classique pour un établissement spécialisé. Pas question pour lui d'abandonner la station service et le foyer parental pour "ça". Il préfère "partir à la guerre". Quelle guerre ? Celle qu'il a vue à la télé, qui fera de lui un homme...
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Excellente surprise en découvrant cet auteur (encensé sur ce site) et cet ouvrage en particulier.
Je rentre assez difficilement dans les textes où un écrivain adulte se met à hauteur d'enfant et/ou d'handicapé. Parmi mes "échecs" : 'Des fleurs pour Algernon' (D. Keyes), 'La Vie devant soi' (Ajar/Gary), 'Autobiographie d'une courgette' (G. Paris). Parmi mes coups de coeur, en revanche : 'Du vent dans mes mollets' (R. Corenblit) et les Petit Nicolas (Goscinny).
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J'ai admiré le ton juste, ici. Les mots et idées de Shell sont surprenants, amusants, à côté de la plaque, mais logiques et poétiques, imagés.
J'ai aimé évidemment les échanges avec "la Reine", l'univers que la jeune fille crée pour les faire rêver, les soustraire à un quotidien rude. On peut penser au film 'Le Grand Chemin' (JL. Hubert, 1987), pour l'aplomb de la gamine et l'ascendant qu'elle prend sur le garçon, grâce à ses 'connaissances' - sans véritable sadisme, même si, dans les deux cas, les naïfs morflent un peu, beaucoup...
Le second rôle masculin est parfaitement assorti à cette ambiance - dénuement, aventure, débrouille, tristesse & petits bonheurs, vie en marge, solidarité & tendresse rude.
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J'ai déjà commencé à faire circuler cette pépite ♥ et à lorgner sur les autres titres de l'auteur.
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Années soixante, un petit garçon vit avec ses parents qui tiennent une station service. Les gens pensent que, parce qu'il est différent, il devrait être dans une école spécialisée. Il n'a pas bien compris le problème lui. Mais son père lui a expliqué qu'il était beau comme une Alfa Roméo mais avec un moteur de 2CV. Même s'il aime bien les missions qu'on lui confie à la station. Comme celle de remettre du papier toilette dans les C. (Oui, le W est tombé de la porte et sert à présent de dessous de plat, alors il ne dit plus WC mais C, c'est plus simple. )Il décide un jour de devenir un homme, et cela signifie de partir à la guerre. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Et c'est là qu'il rencontre Viviane. Elle apparait et disparait, comme par enchantement, normal pour quelqu'un qui s'appelle Viviane me direz-vous. Entre moments réflexifs, courses contre les vents et explorations de lieux cachés, il nous fait découvrir le monde au delà de l'horizon. Sa naïveté transforme tout en vérité, donnant un nouveau sens aux éléments, aux petits et grands moments de la vie. Shell, (on l'appelle ainsi parce qu'il porte un blouson estampillé de la marque, oui, souvenez, vous, ses parents ont une station service!) , ne pouvait être mieux nommé. Tel le coquillage, il parvient à nous faire entendre la mer alors qu'elle n'est même pas présente....à moins qu'il suffisse d'y croire pour que cela soit réel.
Un excellent moment de lecture parsemé de mille phrases douces et sucrées qu'on voudrait ne jamais oublier tant elles sont délicieuses et éclairantes . Coup de coeur assurément!
SP
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Le village est à plus de dix kilomètres, une station-service dans un coin pareil ce n’est pas un endroit pour un gamin de douze ans. Shell ne va plus à l’école, il n’a pas d’amis. Physiquement il est normal, mais c’est dans sa tête qu’il n’est pas comme tout le monde, comme si elle avait arrêté de grandir, à croire qu’on a jeté un sort à sa mère. Shell décide de partir à la guerre, pour gagner des médailles et prouver qu’il est un adulte ou tout comme. Le problème c’est qu’il ne sait pas où on fait la guerre. Alors il monte au sommet du plateau et là il va rencontrer Viviane sa Reine. Avec elle, tout va devenir possible puisque c’est une Reine.

Difficile de parler de ce roman magnifique, car ce livre ne peut pas se raconter, il se vit, il pénètre en nous, on le ressent. Une écriture d’une poésie rare, l’auteur met toute la beauté et la naïveté dans les yeux d’une enfant de douze ans différent et innocent, rempli d’imagination, un gosse qui subit les moqueries et les brimades, mais qui sait regarder la télévision éteinte et la remplir de ses images.

Une parenthèse enchantée, un moment de grâce. Jean-Baptiste Andrea utilise avec justesse la langue de l’enfance, faite de rêves, d’espoir, de tendresse. Un roman sur la différence, sur ceux qui voient et ressentent ce que les autres ne savent plus voir et ressentir, un roman sur la difficulté de devenir adulte, mais est-ce que cela vaut vraiment la peine de le devenir ?

Jusqu’à la dernière page, l’émotion et la poésie triomphent de la bêtise et de la méchanceté. Un roman qui est plus qu’un coup de cœur !
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