AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le voyage dans l'Est (57)

— La semaine dernière, il y avait une émission à la télévision, je ne sais pas si vous l’avez regardée…
— De Jean-Luc Delarue. Oui, en partie.
— Plusieurs victimes reconnaissaient avoir éprouvé du plaisir…
— Ah ben… il faut bien participer un peu au bla bla, et à la vulgarité ordinaire, de la plupart des conversations sexuelles, surtout à la télé, sur le mode « on va pas se mentir », « il faut dire ce qui est », et compagnie. Ces victimes, alors qu’elles sont vues comme des pestiférées, vous croyez qu’elles avaient envie d’ajouter cette honte-là à leur palmarès ? Elles pouvaient faire autrement, vous pensez, dans leur situation, que d’essayer d’avoir l’air cool, avec la sexualité, comme tout le monde, comme celui qui les interrogeait, les gens qui regardent, etc. Pour se sentir un peu intégrées. C’est la question qui est obscène. Ça m’a révoltée. L’inceste est une mise en esclavage. Ça détricote les rapports sociaux, le langage, la pensée… vous ne savez plus qui vous êtes, lui, c’est qui, c’est votre père, votre compagnon, votre amant, celui de votre mère, le père de votre sœur ? L’inceste s’attaque aux premiers mots du bébé qui apprend à se situer, papa, maman, et détruit toute la vérité du vocabulaire dans la foulée.
Commenter  J’apprécie          252
C’est le pouvoir ultime du patriarcat. C’est le sceptre. L’accessoire par excellence. Le signe, absolu, d’un pouvoir privé qui s’exerce sur le cercle, et qui est respecté au-delà du cercle, par tous ceux qui s’inclinent devant le rapport d’autorité.
Commenter  J’apprécie          181
La surveillance ne changeait rien. Les gestes avaient lieu. Surveillance. Barrages. Contrôles. Quand ils arrivaient, il fallait faire semblant que ce n’était pas grave. Faire semblant est devenu une attitude générale. Un automatisme. Applicable à tout. Qui imprégnait toutes mes relations. L’attitude que je devais adopter avec lui déterminait ma façon de parler de lui aux autres.
Commenter  J’apprécie          180
Je me sentais bannie du groupe des femmes quand l'une d'elles faisait allusion à la sexualité. J'avais l'impression d'être une petite fille. Je pensais que je n'avais rien à offrir sexuellement. Qu'une partie essentielle de ma vie m'avait été retirée. Il y avait le vague espoir, au fond de moi, que ce ne soit pas définitif.
Commenter  J’apprécie          150
J’avais deux méthodes de survie, avec deux objectifs opposés. J’étais partagée entre les deux.
Parler. Briser le silence. Pour ça, il fallait voir les choses. Les savoir. Les faire exister dans sa tête. Se les représenter mentalement. Supporter les images. Vivre avec elles. Trouver les mots qui leur correspondaient. Les exprimer.
Se taire. Ça permettait de ne pas avoir d'images dans la tête, de continuer à faire semblant. De ne pas savoir vraiment, de ne pas avoir peur, de ne pas donner corps à l'inquiétude, de ne pas donner de réalité à l'impression d'avoir une vie gâchée.
Commenter  J’apprécie          142
L'inceste est une mise en esclavage. Ça détricote les rapports sociaux, le langage, la pensée...vous ne savez plus qui vous êtes, lui, c'est qui, c'est votre père, votre compagnon, votre amant, celui de ôtée mère, le père de votre sœur ? L'inceste s'attaque aux premiers mots du bébé qui apprend à se situer, papa, maman, et détruit toute la vérité du vocabulaire dans la foulée.
Commenter  J’apprécie          80
-" Est-ce qu'on demande à un enfant battu s'il a eu mal? Pourquoi demande-t-on à un enfant violé s'il a eu du plaisir ? Un enfant battu est humilié par les coups, un enfant violé par les caresses. Ce sont des stratégies d'humiliation dans les deux cas. L'inceste est un déni de filiation, qui passe par l'asservissement de l'enfant à la satisfaction sexuelle du père. Où du personnage puissant de la famille. Savoir qu'il est asservi, humilié, déclassé, que sa vie est foutue, et son avenir en danger, quel plaisir un enfant peut éprouver à ça ?
Commenter  J’apprécie          70
J'ai rencontré mon père dans un hôtel à Strasbourg, que je ne saurais pas situer. L'immeuble faisait environ quatre étages. Devant, il y avait quelques places de parking. On entrait par une porte vitrée. La réception se trouvait sur la gauche. Il y avait un ascenseur au fond. Un escalier en bois avec un tapis qui parcourait les marches, et assourdissait les pas. La façade était plutôt moderne. La pierre, blanche. Il y avait des bas-reliefs de forme géométrique. Je crois. C'était pendant les vacances d'été. J'avais treize ans. Je venais de finir ma cinquième. Ma mère avait eu l'idée d'un voyage dans l'est de la France. On a quitté Châteauroux au début du mois d'août. On s'est arrêtées à Reims, à Nancy et à Toul. On est arrivées à Strasbourg un jour de semaine, en fin de matinée.
Ma chambre se trouvait au deuxième étage, et donnait sur la rue. Celle de ma mère à l'étage du dessus, dans la partie latérale. La mienne devait être à l'est ou au sud-est. Car il y avait une très forte lumière. Le papier peint était jaune. J'avais ma salle de bains, mes toilettes. Ma mère et moi partagions habituellement la même chambre. Mon père avait fait la réservation et téléphoné. Elle me l'avait passé. J'avais éclaté en sanglots en entendant la voix.
J'étais assise sur le lit, anxieuse. On a frappé à la porte. Ma mère est entrée.
Commenter  J’apprécie          60
Le sentiment qui dominait chez moi était la honte. J'avais une impression de déchéance, de perdition, de fin de vie. Plus aucun espoir. Une sensation d'échec total. De la peur.
Commenter  J’apprécie          60
Vous ne vous rendez pas compte, de ce que ça fait d'avoir un père qui refuse que vous soyez sa fille. Pour vous, l'inceste, c'est juste un truc sexuel. Vous ne comprenez pas. Vous ne comprenez pas.
Commenter  J’apprécie          50






    Lecteurs (1248) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les écrivains et le suicide

    En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

    Virginia Woolf
    Marguerite Duras
    Sylvia Plath
    Victoria Ocampo

    8 questions
    1725 lecteurs ont répondu
    Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}