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EAN : 9782080231987
252 pages
Flammarion (18/08/2021)
3.55/5   630 notes
Résumé :
« J’ai fait comme s’il ne se passait rien. Je regardais le paysage devant moi. Les essuie-glaces couchés au bas de la vitre. La main allait et venait sur ma cuisse. Elle s’est déplacée vers le haut. J’ai été consciente de sa position à tout moment. Mon attitude était celle de quelqu’un qui n’a rien de particulier à dire. Mon état intérieur, à l’opposé. Il aurait mérité d’être exprimé si je m’en étais sentie capable. Je dissimulais mon incapacité par un comportement ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (107) Voir plus Ajouter une critique
3,55

sur 630 notes
Christine, treize ans, va enfin rencontrer son père Pierre Angot, à Strasbourg, puisqu'il travaille au Conseil de l'Europe, en tant que traducteur de haut vol (il prétend parler trente langues). Malheureusement, cela ne va pas du tout se passer comme elle l'imaginait, puisque son père, en la soumettant à un odieux inceste, continue de la nier en tant que sa fille. Cet inceste va se poursuivre longtemps, Christine, désemparée, étant incapable d'y mettre fin. ● C'est là un livre très fort, qui laisse le lecteur abasourdi. Christine Angot rend compte avec beaucoup de lucidité et de finesse de la nature de l'inceste, qui n'est pas seulement sexuel, mais implique la totalité de la personne de la victime : « Vous ne vous rendez pas compte, de ce que ça fait d'avoir un père qui refuse que vous soyez sa fille. Pour vous, l'inceste, c'est juste un truc sexuel. Vous ne comprenez pas. Vous ne comprenez pas. » Ou encore : « L'inceste est un déni de filiation. » Si le père accepte de rencontrer sa fille après treize ans d'absence, ce n'est pas pour la reconnaître enfin mais pour la réduire à sa merci. Il y a d'après Christine Angot de fortes similitudes entre l'inceste et l'esclavage. ● Ce qu'elle a vécu est indicible et pourtant elle parvient enfin à mettre des mots dessus, de façon beaucoup plus directe et explicite que dans ses précédents livres. Je ne parle pas ici des actes sexuels qui sont racontés mais de la nature de la relation qu'elle a eue avec cet homme d'un égoïsme incroyable, qui va jusqu'à lui dire qu'elle a eu de la chance de vivre ça avec lui et que, si elle est parvenue à écrire, c'est grâce à lui. ● C'est un livre passionnant, qui se lit d'une traite et provoque la sidération du lecteur. Pour autant, même si Christine Angot déteste qu'on la ramène à cela, je trouve qu'il s'agit plus d'un livre de témoignage que d'un livre de littérature.
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Alors que la société française discute régulièrement de la notion de consentement, et de l'âge minimum pour que ce consentement soit possible, Christine Angot raconte l'emprise d'un père sur sa fille et dénonce les mécanismes de la domination qui lui ont fait attendre d'avoir plus de 26 ans pour enfin décider de ne plus jamais le rencontrer.

Dès le début on a l'impression de « Déjà-lu ». L'inceste, un drame qui a marqué son adolescence et sa vie entière, Christine Angot en a déjà maintes fois parlé dans ses livres précédents. A nouveau, elle écrit sur l'inceste que lui a fait subir son père, et continue d'explorer les traumatismes dont elle a été victime de 13 à 26 ans. Adulte, toujours en recherche de reconnaissance, elle peinera encore à sortir de l'emprise de son père car elle rêvera toujours d'une relation normale père-fille. La perversion du père, qui trouve inlassablement une justification à son comportement dévastateur, est assez bien rendue. Un père charismatique qu'elle rencontre pour la première fois à 13 ans et qui va la dominer. L'inceste se retrouve au coeur de l'oeuvre littéraire d'Angot mais il faut certes du courage pour s'obstiner à revenir publiquement encore et encore sur ce qui a détruit sa vie et ruiné ses illusions. Ainsi, Angot retourne une fois de plus sur sa blessure au risque de sans cesse se répéter, mais son style a changé, s'est amélioré. Elle a mieux su discipliner sa phrase pour décortiquer les mécanismes de l'inceste, effectuer une « reconstitution » de faits destructeurs et en évoquer les douloureuses conséquences. On reste cependant très loin d'un semblant de littérature pouvant justifier l'attribution d'un prix littéraire…
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Il y a bien le terme « roman » inscrit sous le titre du dernier opus de Christine Angot, un roman qui ressemble beaucoup à une autofiction, mot que récuse l'autrice qui affirme « le terme autofiction ressemble trop à “autobiographie”. » Alors, c'est comme une boisson sans alcool qui ressemble à s'y méprendre à une boisson alcoolisée ? Elle dit aussi que « le roman, ce n'est pas du témoignage » Pourtant, dans ce roman qui n'en est pas vraiment un sans être une autofiction et où il ne faut pas chercher un témoignage (difficile de s'y retrouver pour le lecteur lambda que je suis !) on retrouve toujours le même thème récurrent de l'inceste.
Est-il utile de résumer l'intrigue, tant Christine Angot se répète d'un livre à l'autre ? Car il s'agit toujours d'explorer cette période de sa vie où elle a été victime d'inceste de la part de son père. Tout commence lorsque son père Pierre Angot, la reconnait enfin à l'âge de13ans. Tout débute par un baiser sur la bouche qui pourrait sembler anodin. A force de séduction, le père obtiendra d'elle des relations sexuelles. Christine, éblouie d'être reconnue par ce père brillant, cultivé, à l'adolescence, âge où tout se joue, accepte ses exigences qui font d'elle une victime consentante.
Alors oui, il est intéressant de voir comment s'échafaude une relation incestueuse, quels sont ces puissants rouages qui empêchent la victime de parler et de se révolter contre son bourreau. Mais l'autrice ne veut pas que ses écrits soient lus comme le témoignage d'une victime d'inceste. Non, ce qu'elle veut (mais le sait-elle vraiment, ce qu'elle veut la radicale et tant médiatisée Christine Angot ?) c'est reprendre toute cette histoire depuis le début, lorsqu'elle fait la connaissance de ce père absent si longtemps de sa vie, et nous raconter par le détail la chronologie de l'histoire de toute sa vie.
Angot est la spécialiste des emprunts littéraires : Hervé Guibert, Yann Andrea pour n'en citer que quelques- uns, et aussi des emprunts à Angot (on n'est jamais mieux servi que par soi-même !) et pour qui connait un peu son oeuvre, ce ne sont que scènes ressassées, les mêmes plats resservis avec une nouvelle sauce pour nous faire croire à quelque chose de neuf et d'inédit.
J'avais lu qu'elle nous offrait une version quelque peu différente de ces précédents romans, mais je n'ai trouvé qu'une chronologie des faits sans rien nous épargner de détails bien assommants entre des scènes crues. Je n'ai pas dégoté là une miette de nouveauté. de plus, l'écriture est froide et terne et je me suis vite ennuyée.
Oui, il est important de mettre des mots sur toute forme de violence sexuelle, mais, plutôt d'Angot, lisez, Vanessa Springora, Camille Kouchner, Christiane Rochefort, Isabelle Aubry, Elsa Fottorino et tant d'autres au talent indéniable.


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Christine Angot dans un style journalistique, informatif, cherchant la succession des évènements, s'attachant aux détails du premier diner avec son père qui n'a pas voulu la reconnaitre, de sa première rencontre remplie de fierté, finit par lâcher :
« Il m'a embrassée sur la bouche ».
Inceste, c'est le mot qu'elle met, bien que n'ayant que treize ans.
Il lui écrit qu'il l'adore, elle répond, portée par le fait qu'elle l'admire infiniment (il parle entre vingt et trente langues, il travaille au Conseil de l'Europe).
Et qu'il l'a reconnue.
Même si la logique temporelle est parfois brouillée, les sentiments de Christine, entre l'admiration et la peur, peuvent essayer de discerner : «  Gérardmer, la bouche. le Touquet, le vagin. L'Isère, l'anus. La fellation, c'est venu tôt. »
Et être à distance d'elle-même, ne plus penser, se surveiller en permanence, franchir, ou plutôt se voir franchir les limites en niant chaque fois les gestes, se forger « une forteresse à l'intérieur de laquelle ce qui existait n'existait pas. »
Est-ce une relation père-fille normale ? Christine essaie de se persuader que si, mais elle sait bien que non, qu'elle se ment à elle-même, or le déni l'aide à survivre, à continuer à vouloir se faire reconnaitre par son père.
Sa mère, qui était tombée raide dingue de lui, et qui pourtant avait dû affronter le fait d'accoucher seule, se sent à l'écart, à juste titre : elle est moins intéressante que le père, ils vont aller diner au restaurant sans elle qui a préparé le diner.
Voilà, il a gagné, même si c'est une pauvre victoire : ce duo mère -fille fusionnel connait des turbulences, d'autant plus graves qu'elles ne peuvent en parler, elle des gestes qui lui plombent la tête, la mère de son complexe de classe sur lequel il joue allègrement.
Comment faire pour contourner la réalité, la distordre ?
Comment faire le tri entre la manipulation, évidente, et les sentiments ?
Après la lecture de Triste Tigre, pour laquelle je n'avais pas vraiment énoncé tous mes doutes, le Voyage dans l'Est me semble finalement plus près de ce que c'est pour une petite fille de se faire inclure, pas à pas, dans un inceste.
Émouvant, par sa sincérité, par sa manière de ne pas charger unilatéralement le père, puisqu'elle repart vers l'Est pour le retrouver, des années après, Christine Angot nous livre ses errances, sa perdition, sa honte, son anorexie, ses insomnies, perd confiance en elle, se méprise, ne termine aucune étude, se sent morte, anesthésiée, fait une psychanalyse, pour comprendre pourquoi elle recherche des rapports normaux avec son père, qui , lui, veut au contraire enfreindre les lois, sauf celle du plus fort.
Le pouvoir ultime du patriarcat.
Le pouvoir de celui qui viole le tabou universel de l'inceste, celui qui fonde toutes les civilisations, en les faisant émerger de la sauvagerie.
Cela, en foulant aux pieds la filiation.
Autant le personnage médiatique de Christine Angot, provoquant scandale sur scandale, m'a toujours paru détestable, autant j'ai aimé la sincérité de ce voyage, et sa conclusion : peut-on faire tellement de mal à l'être aimé ?
Comment survivre, et surtout comment comprendre ce qu'est d'avoir été asservie, mise en esclavage, chosifiée par celui en qui elle avait placé toute sa confiance ?
Notons aussi que Christine Angot n'a pas porté plainte contre son père, qui pousse la perversité jusqu'à lui intimer d'écrire «  sur ça », car « c'est une expérience que tout le monde ne vit pas. »
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Christine

Je viens de terminer votre livre lu d'une traite.
C'est admirable de courage et d'introspection.
Ça dû être très difficile de replonger dans ce passé honni et poisseux.
Votre mémoire traumatique justement vous a sans doute refait vivre tout "ça".
Beaucoup de choses à dire.
Tout d'abord, cette rencontre avec votre père, qui doit vous reconnaître, ne l'ayant pas fait à votre naissance. Vous portiez le nom de votre mère, ce géniteur ayant quitté votre mère avant votre naissance. Ce nom "Angot" vient du père, Pierre Angot, grand traducteur, brillant intellectuel.
C'est à cette période que commencent les attouchements, les fellations, les caresses et tout le reste. Comme si, de par sa reconnaissance à votre égard vous deviez le "remercier"pour ce nom qu'il vous donnait, qu'il vous offrait.
L'addition était salée.
C'est en "Angot" que le crime débutera.
À partir de là, vous avez clivé, coupée en deux, le corps est présent, sans aucun doute, mais la pensée s'envole, s'efface, se mutile pour que le trauma soit moins atroce, le réel moins coupant, moins mortifère. Car c'est une sorte de mort que vous avez vécu.
Le jour où votre mère a été informée des viols, elle fait la nuit suivante une infection des trompes, une salpingite. Quand les mots sont absents, le corps parle.
Quelle lucidité et quel courage ! Ce père qui a tous les droits puisqu'il est le "père", tel un Pharaon de l'Égypte ancienne, vous nie, vous salit et vous vampirise sans l'ombre d'un remord. Pourtant l'inceste est un déni du rôle sexuel paternel puis que c'est un des premier interdit de la Loi. Il minimise, il appauvrit ses actes, et par là, minimise l'inceste.
Pourquoi le revoir ? Parce que vous l'aimiez, vous l'admiriez et surtout vous insistiez pour avoir des relations normales entre père et fille.
Vous étiez morte à l'intérieur, mais vous surveilliez tout, d'une vigilance extrême, tout le temps. Votre capacité d'analyse très jeune vous honore.
Bien sûr, la culpabilité est présente, tout le temps.
Quand vous avez décidé des années après, de porter plainte, l'inspecteur vous dira qu'il y un risque de non-lieu, et cela vous mettra dans une colère noire ; comment ça un non-lieu ? Comme si rien ne s'était passé, comme si cela n'avait jamais existé. Insupportable. Et votre père qui finit Alzheimer, quel pied de nez....
Je voulais vous écrire pour vous faire part de mon admiration pour votre courage, votre lucidité et pour l'écriture de ce livre que j'ai adoré.
J'avoue avoir commencé l'ouvrage mal à l'aise, limite angoissée, et puis c'est passé.
Très beau moment de lecture, abasourdie de souffrance pour vous, empathique à l'extrême.
Ce qui m'a choquée ce sont ces langues qui ne se délient point, ces bouches qui gardent le secret alors qu'elles savent, jusqu'à votre propre mari, Claude, qui entend même le lit grincer au-dessus de lui.
L'inceste, c'est l'Omerta. On n'en parle pas, c'est tabou, c'est comme ça.
Sauf pour Christine Angot qui nous livre là son plus bel ouvrage, le plus réussi, le plus sincère, et le plus authentique.
Merci Christine pour cette lecture si éprouvante (et oui), mais si criante de vérité.
Angot, soit on la déteste, soit on l'adore.
Pour ma part, j'ai choisi.
Un très grand moment de lecture.




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critiques presse (8)
Telerama
04 octobre 2022
Dans Le Voyage dans l’Est, Prix Medicis 2021, elle semble vouloir clore dans l’apaisement une infernale trilogie.
Lire la critique sur le site : Telerama
LesInrocks
09 janvier 2022
Le Voyage dans l’Est est un tour de force. Un texte très important, que chacun·e devrait lire. Avec une maîtrise de la structure, du mot juste qui impressionne.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
LaLibreBelgique
12 octobre 2021
Christine Angot avec Le Voyage dans l'Est signe un fort roman d'une très grande justesse.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeDevoir
23 septembre 2021
Dans un récit sobre et violent, Christine Angot revient sur l’inceste qu’elle a subi et sur la notion de consentement.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Elle
07 septembre 2021
« Le Voyage dans l'est », un roman glaçant et sidérant.
Lire la critique sur le site : Elle
LaTribuneDeGeneve
31 août 2021
Emmaillotée dans un indicible fatras de détails, la quête de vérité la taraude encore, subsiste comme sa colère ou un fonds de commerce. Elle-même n’a même plus l’air si sûre de savoir où le voyage mène. Ce doute fonde l’entreprise et du coup, c’est un grand roman d’Angot.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Bibliobs
20 août 2021
Christine Angot revient sur l’inceste qu’elle a subi et signe son meilleur livre, le plus dur et le plus fort.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LesInrocks
19 août 2021
L’écrivaine reprend le thème de l’inceste pour aller encore plus loin : pourquoi personne n’est intervenu ? Un texte d’une puissance inouïe sur le silence et l’inaction, la collaboration tacite. Un livre important.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
— La semaine dernière, il y avait une émission à la télévision, je ne sais pas si vous l’avez regardée…
— De Jean-Luc Delarue. Oui, en partie.
— Plusieurs victimes reconnaissaient avoir éprouvé du plaisir…
— Ah ben… il faut bien participer un peu au bla bla, et à la vulgarité ordinaire, de la plupart des conversations sexuelles, surtout à la télé, sur le mode « on va pas se mentir », « il faut dire ce qui est », et compagnie. Ces victimes, alors qu’elles sont vues comme des pestiférées, vous croyez qu’elles avaient envie d’ajouter cette honte-là à leur palmarès ? Elles pouvaient faire autrement, vous pensez, dans leur situation, que d’essayer d’avoir l’air cool, avec la sexualité, comme tout le monde, comme celui qui les interrogeait, les gens qui regardent, etc. Pour se sentir un peu intégrées. C’est la question qui est obscène. Ça m’a révoltée. L’inceste est une mise en esclavage. Ça détricote les rapports sociaux, le langage, la pensée… vous ne savez plus qui vous êtes, lui, c’est qui, c’est votre père, votre compagnon, votre amant, celui de votre mère, le père de votre sœur ? L’inceste s’attaque aux premiers mots du bébé qui apprend à se situer, papa, maman, et détruit toute la vérité du vocabulaire dans la foulée.
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J'ai rencontré mon père dans un hôtel à Strasbourg, que je ne saurais pas situer. L'immeuble faisait environ quatre étages. Devant, il y avait quelques places de parking. On entrait par une porte vitrée. La réception se trouvait sur la gauche. Il y avait un ascenseur au fond. Un escalier en bois avec un tapis qui parcourait les marches, et assourdissait les pas. La façade était plutôt moderne. La pierre, blanche. Il y avait des bas-reliefs de forme géométrique. Je crois. C'était pendant les vacances d'été. J'avais treize ans. Je venais de finir ma cinquième. Ma mère avait eu l'idée d'un voyage dans l'est de la France. On a quitté Châteauroux au début du mois d'août. On s'est arrêtées à Reims, à Nancy et à Toul. On est arrivées à Strasbourg un jour de semaine, en fin de matinée.
Ma chambre se trouvait au deuxième étage, et donnait sur la rue. Celle de ma mère à l'étage du dessus, dans la partie latérale. La mienne devait être à l'est ou au sud-est. Car il y avait une très forte lumière. Le papier peint était jaune. J'avais ma salle de bains, mes toilettes. Ma mère et moi partagions habituellement la même chambre. Mon père avait fait la réservation et téléphoné. Elle me l'avait passé. J'avais éclaté en sanglots en entendant la voix.
J'étais assise sur le lit, anxieuse. On a frappé à la porte. Ma mère est entrée.
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J’avais deux méthodes de survie, avec deux objectifs opposés. J’étais partagée entre les deux.
Parler. Briser le silence. Pour ça, il fallait voir les choses. Les savoir. Les faire exister dans sa tête. Se les représenter mentalement. Supporter les images. Vivre avec elles. Trouver les mots qui leur correspondaient. Les exprimer.
Se taire. Ça permettait de ne pas avoir d'images dans la tête, de continuer à faire semblant. De ne pas savoir vraiment, de ne pas avoir peur, de ne pas donner corps à l'inquiétude, de ne pas donner de réalité à l'impression d'avoir une vie gâchée.
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La surveillance ne changeait rien. Les gestes avaient lieu. Surveillance. Barrages. Contrôles. Quand ils arrivaient, il fallait faire semblant que ce n’était pas grave. Faire semblant est devenu une attitude générale. Un automatisme. Applicable à tout. Qui imprégnait toutes mes relations. L’attitude que je devais adopter avec lui déterminait ma façon de parler de lui aux autres.
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Je me sentais bannie du groupe des femmes quand l'une d'elles faisait allusion à la sexualité. J'avais l'impression d'être une petite fille. Je pensais que je n'avais rien à offrir sexuellement. Qu'une partie essentielle de ma vie m'avait été retirée. Il y avait le vague espoir, au fond de moi, que ce ne soit pas définitif.
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