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Critique de Antyryia



Et voilà, nous y sommes.
Le retour du messie, de l'auteure prodigue, de l'écrivain la plus douée de sa génération : La sensible et talentueuse Amélie Antoine dont chaque écrit me marque au fer rouge publie aujourd'hui Maudite Poupée.
Les mains tremblantes d'émotion, moi qui attendais depuis plus d'un an de retrouver sa plume sans nulle autre pareille, je me suis précipité sur cette nouvelle offrande. Et je me suis même levé à 05h30 ce matin pour terminer les quarante pages restantes.

Changement de registre cette fois pour la Lilloise qui nous propose un roman d'horreur.
Grand amateur de thrillers fantastiques dans les années 1990, j'ai connu les collections Terreur, Epouvante, Gore, Frayeur, Angoisse, Angoisses avec un "S", L'ombre, Chair de poule ( bon ok je n'en n'ai jamais lus dans cette série ) qui faisaient mon quotidien.
Et les éditions Casterman ont lancé en mars 2020 la collection Hanté, en digne successeur de ces romans effroyables.
"Pire que vos pires cauchemars."
"Pour ceux qui n'ont pas peur d'avoir peur."
Des slogans qui aiment se répéter dans la répétition.

Amélie Antoine a eu la chance de pouvoir lire Stephen King avant d'avoir dix ans. Personnellement j'ai du attendre les vacances entre le collège et le lycée, et le modique âge de quatorze ans, pour faire mes premiers pas dans cette littérature adulte avec John Saul et James Herbert. Stephen King arrivera un peu plus tard.
Maintenant que j'y pense, elle n'en n'est pas non plus à son coup d'essai et dans chacun de ses romans il y a toujours eu une touche de sadisme. Un humoriste transformé en bouillie quand il se jette par la fenêtre, un jeune homme décapité dans un accident de manège, deux adolescentes réduites en cendres en s'immolant dans un feu purificateur, des personnes piétinées lors d'un mouvement de panique, un tueur de sang froid dépourvu du moindre remord ... Et j'en passe !

La progression est donc logique et Amélie Antoine nous livre ici son roman le plus glauque, condensé entre Chucky, L'exorciste et la saison 3 d'American Horror Story qui mettait en scène la reine du vaudou Marie Laveau, ayant réellement existé.
Il y a aussi une référence non dissimulée au célèbre chanteur Claude François, qui chantait sous sa douche A la claire fontaine et qui est mort dans sa baignoire. En effet l'auteure de Fidèle au poste tuait Chloé dans ledit roman par noyade. Et cette fois-ci c'est Clélie qui subira le même sort.
Autrement dit, si vous avez la malchance d'avoir un prénom qui commence par le son CL et que vous figurez dans un livre d'Amélie, fuyez avant d'avoir la tête coincée dans le lavabo ou dans la cuvette des WC !
Clotilde, Claire, Clarisse : Je vous aurais prévenues !

Alors Maudite poupée de quoi ça parle ?
Les inséparables soeurs Thaïs et Margot, leur petit frère Sacha, passent leurs vacances d'été en Bretagne avec leurs parents.
Un jour les deux soeurs ont l'autorisation d'aller à la fête foraine seules. Pendant une seconde, Margot va se baisser pour défaire son lacet et quand Thaïs va se retourner ... Ah pardon je me mélange les pinceaux.
Après il se produira un évènement qui me laisse encore perplexe. Elles vont se rendre à un vide-grenier et elles ne vont même pas s'arrêter devant les livres d'occasion. Personnellement quand je me promenais dans les brocantes je ne m'arrêtais qu'aux stands proposant des tranches de romans aux couvertures chatoyantes, parfois aussi devant de vieux cartons où tout au fond se trouvait peut-être la perle rare vendue à 0.50 € par des vendeurs inconscients. Hélas souvent en vain, mettant souvent la main sur des vieux SAS et jamais sur Conscience Animale de Franck Thilliez.
Peut-être qu'il était justement là, à portée de ces deux gamines ?
Mais elles ont continué leur route et le dévolu de la cadette s'est porté sur une ancienne poupée de porcelaine "aux longs cheveux acajou bouclés, tirant sur le roux."
A partir de là, je pense que vous vous doutez de la tournure que vont prendre les évènements.
Un esprit vaudou va s'emparer de la petite Margot qui va totalement disjoncter. Sa soeur ne la reconnaîtra plus.
"De toute façon, on n'a pas besoin d'être toujours collées ensemble."
La cadette se lancera dans de sombres incantations maléfiques et plantera des aiguilles dans la poupée de porcelaine qu'elle a appelée Rosemonde.
"Je veux que Clément devienne aveugle !" et elle transpercera les yeux de la poupée.
"Je veux que Clotaire soit constipé !" et elle plante des agrafes dans le ventre de la poupée.
"Je veux que Cléopâtre attrape le coronavirus !" et elle arrache le masque de la poupée, s'en prenant ainsi un à un à tous ses anciens camarades de classe, devenant sous l'influence de Rosemonde de plus en plus vicieuse et méchante.

Une fois imprégnée de la vitalité de Margot et de toutes ses victimes, Rosemonde reprendra vie.
Très inquiète, Thaïs entendra le parquet grincer la nuit mais ne distinguera que des traces de pieds ensanglantés sur le sol.
Elle tapera à la porte de son petit frère Sacha et faute de réponse, rentrera pour vérifier que tout va bien. Mais il y a de l'hémoglobine partout. de toute évidence quelqu'un ( ou quelque chose ? ) lui a tranché la gorge.
Tout en hurlant, elle courra avertir ses parents mais dans leur chambre le spectacle qui s'offre à elle est encore plus macabre. Sa mère a été écorchée vive et découpée en petits morceaux. Quant à son père il a été écartelé et il ne tient plus que par quelques morceaux d'intestins pendus au lustre du plafond.

Heu ... Oui d'accord, je me suis peut-être un peu laissé emporter.
Disons que c'est ça mais dans une version plus soft.
En réalité Maudite poupée s'adresse à un tout jeune public, comme les cinq autres livres de la collection "Hanté."
Comme l'ont fait entre autres avant elle Serge Brussolo ( Peggy Sue ), Ingrid Desjours ( Kaleb sous le pseudonyme de Myra Eljundir ), Harlan Coben ( A découvert avec les aventures de Mickey Bolitar ), Graham Masterton ( Magie indienne, où il n'a rien changé à sa façon d'écrire mais n'a inclus aucune scène de sexe ), Amélie Antoine fait une incursion dans la littérature jeunesse.
Ce n'est d'ailleurs pas son premier essai puisqu'il y a eu auparavant Ernest et moi ( à partie de cinq ans, je l'ai ! ) et Ce que j'ai fait avec papa / Ce que j'ai fait avec maman ( à partir de trois ans, là j'ai fait l'impasse ).
( Oui je sais, honte à moi mais j'avoue ici publiquement que non, je n'ai pas l'intégralité des livres d'Amélie Antoine.
Faute avouée est à moitié pardonnée ? )

Soyons clairs, je suis totalement dans l'incapacité d'émettre un jugement sur ce nouveau livre destiné aux dix ans et plus, peut-être parce que ça fait trente-cinq ans que ma première décennie est révolue et que j'ai quelque peu perdu mon âme d'enfant.
Désormais je suis même un grand ado.
Je le prêterai probablement à ma nièce qui a soufflé sa dixième bougie en décembre mais au vu de ses lectures actuelles, déjà axées "young adult", je ne pense pas qu'elle ressente beaucoup de frissons.
Cela dit, pour un enfant qui lit peu ou qui serait un tout petit peu plus jeune alors oui, je pense que c'est tout à fait le genre de court roman qui inquiète, qui donne envie de connaître la suite, parce qu'à cet âge on aime bien se faire un peu peur sans sombrer dans le malsain ou se réveiller la nuit en sueur. le petit côté surnaturel est un facteur de mystère qui produira forcément son petit effet.
Et même si non, on ne retrouve pas la plume d'Amélie Antoine et les émotions habituelles qu'elle parvient à nous communiquer, c'est un roman jeunesse qui peut parfaitement accomplir son rôle principal et qui est, à mon sens, non pas d'effrayer mais de donner le goût de lire.
Et je peux très bien comprendre l'importance pour l'auteure de pouvoir faire lire ses livres à ses propres enfants.
Enfin, soyons honnête, même si ce roman n'était pas écrit pour moi, je l'ai lu quand même en toute connaissance de cause, et je ne me suis pas ennuyé du tout non plus !

Cependant, j'attends davantage "Le bonheur l'emportera", à paraître chez XO le 20 mai.
L'impatience devient de plus en plus grandissante.
Et je retrouverai un peu de mon sérieux au moment d'en rédiger la chronique.
Sauf, peut-être, si les héros se prénomment Clytemnestre et Klaus.
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