Personne ne peut comprendre sans juger, jamais. On croit pouvoir écouter les autres de façon impartiale, mais c’est faux. On juge, toujours. Même si on voudrait ne pas le faire, on n’y parvient pas. On approuve ou on désapprouve, on félicite ou on condamne, on absout ou on lynche, ceux qui prétendent le contraire sont des menteurs ou des naïfs.
Peut-être que cette légende que maman nous racontait parfois, le soir, quand on était petits, est vraie. Cette histoire un peu folle d’un temps où nous formions une seule et même créature avec notre âme sœur, une créature à deux visages, quatre bras et quatre jambes. Jusqu’à ce qu’un dieu en colère sépare toutes les âmes sœurs et que nous nous retrouvions sur terre, malheureux comme les pierres, a tenter de retrouver celui ou celle qui jadis était notre moitié.
('la mère à sa fille)
Ce garçon me semble très bien, Lilas. Il est charmant, même. La seule question que je me pose, c'est: qu'est-ce qu'il peut bien te trouver ?
Ce n'est pas parce que vous n'avez rien vu venir qu'il n'y avait rien à voir.
Maxime veut un enfant, comme n'importe quel être normalement constitué. Moi pas. Les rares fois où j'avais avoué à ma sœur ou à une amie que je n'avais aucune envie de devenir mère, on m'avait dévisagée avec des yeux ronds, comme si je venais de proférer une énormité. « Pourquoi ? », m'avait-on aussitôt demandé sur un ton abasourdi. Je n'avais pas de réponse à ça.
Pourquoi devrait-il forcément y avoir une raison de ne pas vouloir devenir parent ? Quand quelqu'un déclare qu'il rêve d'un enfant, ça ne vient à l'idée de personne de demander pourquoi. Quand quelqu'un déclare vouloir fonder une famille, personne ne demande la moindre justification...
Le hasard n'existe pas, dans la vie. Il n'y a que l'ironie du destin.
« Personne ne comprend personne, quoi qu'on pense, quoi qu'on dise, quoi qu'on tente. »
Guy de Maupassant, Solitude
Si l’amour et l’attachement étaient quelque chose de rationnel, il n’y aurait plus aucun problème de violence conjugale dans le monde…
J’ai vu tellement de choses dans ce métier que, franchement, je peux vous affirmer qu’on ne connaît jamais vraiment personne. Encore moins les personnes qui partagent notre vie et à qui on a accordé toute notre confiance.
Un jour, une de mes collègues m'a dit qu'une fois qu'on avait des enfants, notre sommeil n'était plus jamais le même. Qu'on était toujours dans une sorte de vigilance, même endormie. Toujours sur le qui-vive, même épuisée. Qu'être mère, c'était ça. Qu'être mère, c'était ne plus jamais dormir comme avant. Ne plus jamais dormir profondément.