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Amélie Antoine fait partie de ces auteurs qui parviennent à se glisser dans un quotidien qui pourrait être le vôtre, avec une aisance incroyable. Puis, une fois à l'intérieur, de sa plume incisive, elle gratte là où ça fait mal, sondant l'âme des occupants, libérant des sentiments cachés au plus profond, dévoilant leur face cachée, elle vous piétine le coeur avant de vous délivrer un uppercut final qui vous met définitivement à terre.

Si, du coup, je n'hésite jamais à me ruer sur ses romans, il y a cependant une chose que je déteste chez elle : le fait de ne quasi pas pouvoir vous parler du roman afin de ne pas gâcher votre plaisir de lecture. Vu qu'un simple « Lisez-le ! » serait un peu trop sommaire, je vais tout de même faire une tentative de vous parler de « Pourquoi tu pleures ? » sans rien dévoiler de l'intrigue.

La petite famille qui a cette fois la mauvaise idée d'ouvrir sa porte à Amélie Antoine est composée de Lilas Colombel, une jeune maman, Maxime, l'homme de sa vie, et Zélie, leur petite fille de quatre mois qui vient parachever ce véritable conte de fées. En ce 18 juin 2022, Lilas étant un peu sur les rotules à cause de la petite qui fait ses dents, son mari, on ne peut plus bienveillant, lui propose de souffler un peu : Il se rendra seul avec Zélie à la pendaison de crémaillère de son collègue pendant que Lilas profitera d'une petite soirée en solitaire bien méritée, faite d'un bon bain relaxant, d'une assiette de sushis et de beaucoup de repos. Sauf qu'au petit matin, totalement paniquée, elle téléphone à la police car Maxime et Zélie ne sont jamais rentrés…

Passant constamment de ce présent qui démarre par un événement pour le moins flippant au passé de Lilas livré sous forme de carnets intimes, Amélie Antoine livre progressivement tous les éléments qui permettront de lever le voile sur cette mystérieuse disparition. Au fil des pages, elle nous invite à partager le quotidien du couple, à remonter dans leur passé, retirant un peu de vernis à gauche, dévoilant quelques taches de moisissure à droite, quelques manquements ici et là. le lecteur se balade, constatant en effet que la maison s'avère déjà moins belle vue de l'intérieur, aperçoit un mur arriver droit devant et se le prend en pleine face, se dit qu'il évitera cette marche défaillante qu'il vient de remarquer, mais les dévale finalement toutes la tête la première. Se dit merde, il faisait tellement lumineux en entrant, mais là ça devient vachement sombre, termine à peine sa pensée et se prend une nouvelle porte en plein dans la tronche, puis trébuche une nouvelle fois sans être certain de pouvoir se relever… Amélie Antoine, le regarde alors totalement hébétée en demandant : « Mais… Pourquoi tu pleures ? »

« Pourquoi tu pleures ? » est un thriller psychologique prenant, que l'on dévore de la première à la dernière page avec l'envie de découvrir toutes les pièces de ce puzzle machiavélique, oppressant, dérangeant et glaçant au possible.

Lisez « Raisons obscures », lisez « Quand on n'a que l'humour », lisez Amélie Antoine !
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Vous avez aimé Raisons obscures de cette auteure ? Foncez lire ce dernier livre ! Il est époustouflant.

La grand-mère d'Amélie préfère quand sa petite-fille écrit des livres gais, des livres qui finissent bien, des livres qui divertissent du marasme ambiant. Et bien moi, chère mamie je vote haut la main pour une Amélie Antoine noire, torturée, bouleversante qui ne craint pas les histoires de tous les jours des plus sordides mais surtout des plus troublantes de réalisme et sans happy end. Je retrouve donc avec une joie non dissimulée l'Amélie de Raisons obscures, l'écrivaine qui a le don de me mettre ko, le coeur littéralement en miettes.

Mieux vaut ici encore en savoir le moins sur cette histoire. Sachez tous que ce livre vous retournera le coeur. Pourquoi ? Parce que c'est vrai, parce que ça existe, parce que la vie n'est pas rose pour tout le monde.

Qu'est ce qui te prend, Lilas? Pourquoi tu pleures ? Pourquoi tu pleures, encore ?

Je crois que je me noie
Que je suffoque
Je veux briser le sort
Que tu m'as jeté.

« Le hasard n'existe pas, dans la vie. Il n'y a que l'ironie du destin ».

Lilas Colombel est une jeune femme qui a toujours souffert d'être l'enfant du milieu d'une fratrie de trois enfants. Avec sa mère, c'est compliqué. C'est au près de son père qu'elle se sent bien. Alors elle va lui écrire durant plusieurs années.

Découpé entre le présent de Lilas et le passé sous forme de carnets intimes, on suit le parcours de cette jeune fille près de son grand amour Maxime, cet homme solaire, sensible, charismatique et charmant. Mais qui semble laisser planer une faille mystérieuse, Lilas l'imagine comme un « goéland mazouté », un « être majestueux englué dans un je ne sais quoi ». Maxime, c'est l'homme de sa vie à Lilas, l'homme qu'elle aime plus que tout. « Une partie de moi ne se rappelle même plus comment c'était, avant. Avant lui. C'est comme si j'avais passé mes vingt-trois premières années sur terre à le chercher. »

Le 18 juin 2022, Maxime emmène leur bébé Zélie a une pendaison de crémaillère chez un collègue. Ils ne reviendront jamais. Que s'est-il passé ?

« Lorsque l'obscurité se dissiperait, tout rentrerait dans l'ordre. Parce que tout est toujours pire, la nuit. Tout est toujours plus effrayant, plus sordide, plus insurmontable ».

Lilas contacte la police et c'est l'inspectrice Myriam Solokoff qui va prendre l'affaire en main.

C'est en remontant dans le passé à travers ses carnets intimes que Lilas livre a son père que le puzzle s'emboîte petit à petit. On ne voit rien venir. On est pris au piège. Puis on tremble. de froid, de peur, de pitié.

On se doute. On trébuche encore et encore.

« Est-ce que vous vous entendez bien avec votre mari, Madame Colombel? »

Quelle question ! Maxime est tellement parfait, gentil, bienveillant, drôle, tellement tout…

Roman coup de poing, coup de coeur qui va de surprise en surprise. Qui nous prend à la gorge, nous prive d'oxygène. Ça tambourine au son de cris aigus, et rien ne se voit, personne n'entend. Gros coup de coeur.
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.Ce livre est une bombe atomique, au summum de la réussite , l'auteure s'est surpassée, elle a mis une nouvelle fois la barre très haute, qui sera dure à franchir pour un prochain roman. J'ai vraiment galéré pour faire une chronique sans spolier l'histoire .Que dire quand un livre est parfait, excellent, magistral. Je viens de le terminer je suis littéralement, scotchée, je reste bouche bée, des frissons dans le dos, un livre qui restera marquer longtemps au plus profond de mon coeur, une histoire qui nous prend aux tripes, un claque, un uppercut. Nous ne pouvons sortir indemne d'une telle lecture, une envie de le lire et le relire absolument .Cette histoire commence comme un compte de fée, la vie de Lilas et de Maxime, un amour passionnel, un mariage et la naissance de Zélis, le plus beau des cadeaux. Ne jamais se fier au paraitre., une vie qui part en vrille ,devient un véritable cauchemar. 2h07, Lilas se réveille, ne trouve pas Maxime à coté d'elle, l'absence de la fille. Une panique, multiples questions pour savoir ce qui se passe. La police, les journalistes, les internautes l'aideront ., mettrons tout en place pour résoudre cette disparition. Je m'arrête là , en espérant , ne pas avoir trop spoilé. l'histoire UN récit hors norme, une maitrise totale de la thématique. Nous évoluons, dans un monde d'une noirceur extrême, un univers malsain, dérangeant, déroutant, nous entrainant dans les méandres de la folie, proche des portes de l'enfer. L'auteure dépeint , la psychologie de Lilas, en profondeur, nous faisant passer de l'empathie, à l'aphatie, pour ce personnage. Elle tient en haleine ,ses lecteurs, du début jusqu'au dénouement final., une fin époustouflante à la hauteur de ce roman. L'amour, la passion, devenir parent , la folie, forment un mélange toxique et détonnant. Un thriller psychologique, qui nous met dans le questionnement. Je retrouve la plume percutante, subtile de l'auteure. Une lecture malsaine, et addictive. Une fois commencée, il est impossible de lâcher ce livre, qui se lit d'une traite. Amelie Antoine signe un roman psychologique, sans fausses notes, un livre au delà de mes espérances. Un véritable chef d'oeuvre, une pépite, un coup de coeur. Un roman à lire de toute urgence Bravo Amelie Antoine.
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J'avais découvert Amélie Antoine grâce à certains babélamis "adeptes", et mon premier roman fut une révélation : "Raisons obscures" qui réunit tout ce que j'aime dans le thriller psychologique. Des personnages à la personnalité élaborée (et bien tordue !), une situation au départ tout-à-fait banale que nous pourrions tous avoir déjà connue, et une lente montée vers l'indicible, le terrible, l'inimaginable.
Et j'ai retrouvé ces ingrédients magiques dans "Pourquoi tu pleures", qui m'aura tenue en haleine jusqu'à la dernière page et une conclusion...je ne vous dit que ça !
Voilà typiquement le genre de roman dont il est quasiment impossible de dévoiler le synopsis, sous peine de gâcher le plaisir de la découverte au lecteur. Contentez-vous de savoir que Lilas est l'heureuse, mais fatiguée maman d'une petite Zélie de quatre mois, dont le papa est son grand amour Maxime. Ils se sont connus il y a sept ans, alors que Lilas était une simple petite stagiaire timide dans l'agence de pub dirigée par Maxime. Vous avez quand même aussi le droit de savoir qu'elle a craqué pour sa façon de poser ses pieds l'un sur l'autre en réunion, et de trier ses smarties par couleur.
Bon, je vois bien que ce n'est pas le genre de détails qui vous donnera envie de lire le livre...Comme c'est mon soir de bonté, je vous en dévoile un tout petit chouïa de plus.
Ce jour-là, le samedi 18 juin 2022, Lilas est vraiment épuisée, elle a très mal dormi ces dernières nuits. Normal, avec un bébé de quatre mois qui commence à avoir mal aux dents et qui ne fait pas encore systématiquement ses nuits, toute mère serait claquée, je m'en souviens encore avec ma petite deuxième, il y a 31 ans ! Et elle n'a nulle envie d'aller à cette pendaison de crémaillère chez un collègue de son mari. En époux attentionné qu'il est, Maxime propose donc de se rendre seul avec la petite Zélie à l'invitation, ce qui permettra à Lilas de passer enfin une soirée réparatrice. Lilas lui en est très reconnaissante, d'ailleurs c'est pour ce genre de petits gestes qu'elle l'aime tant.
Mais voilà, au petit matin, Maxime et Zélie ne sont pas rentrés...et vous n'en saurez pas plus !

Alors pourquoi pleure-t-elle ? Mais qui pleure, d'ailleurs ? Lilas, de joie, d'épuisement, de détresse ? Ou Zélie, de faim, de souffrance, de détresse ? Les deux ?
Amélie Antoine a choisi de faire monter la pression par le jeu de la double narration, entrecoupant l'histoire actuelle (la disparition de Maxime et Zélie) avec des extraits d'un journal intime que Lilas adresse à son défunt père, faute d'avoir eu l'occasion de lui parler de son vivant. On y découvre sa propre histoire familiale, le dénigrement infligé par sa mère, son envie de fuir la maison et son bonheur quand elle trouve le prince charmant en la personne de Maxime. le roman s'écrit donc en parallèle sur les sept ans de sa vie de couple, et les quelques semaines qui suivent le fameux 18 juin. Et je suis allée de surprise en effarement ravi. C'est noir, c'est terrible, on se dit "non, c'est pas possible", mais on est dans l'univers d'Amélie Antoine, donc si, c'est possible. Et c'est ce que j'aime, cette progression graduelle qui nous amène de la douceur du début vers l'indicible. Bien sûr, je ne peux pas vous dévoiler quels ont été mes sentiments envers chacun des personnages (à ,part la mère de Lilas, qu'on ne peut que détester !). de toute façon, impossible de ne pas être ambivalent, lisez, vous comprendrez.

Je n'en ai certainement pas fini avec cette auteure, d'ailleurs il m'en reste encore un ou deux sous le coude à découvrir, je m'en réjouis d'avance !
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Lilas et Maxime forment un couple on ne peut plus heureux. Ils filent le parfait amour depuis leur rencontre. La naissance de Zélie, il y a 4 mois, est venue parfaire ce bonheur. En apparence seulement car depuis sa naissance, Lilas est très fatiguée, ses nuits entrecoupées des tétées et des pleurs de sa fille l'empêchent de pouvoir véritablement se reposer. Aussi, lorsque Maxime rentre ce jour-là du boulot, la voyant éreintée et à bout des pleurs de leur fille qui fait ses dents, il lui propose de rester à la maison pour se reposer et de profiter d'un peu de calme au lieu de se rendre à la pendaison de crémaillère de l'un de ses collègues, tout en lui suggérant d'emmener Zélie avec lui. Une proposition que Lilas accepte volontiers. Mais alors qu'elle s'est endormie devant un film, elle se réveille en sursaut et se lève brutalement lorsqu'elle se rend compte qu'à plus de 2h, Maxime et Zélie ne sont toujours pas rentrés. Supposant qu'ils ont dû passer la nuit chez le collègue, elle s'inquiète tout de même de voir que son mari ne répond à aucun de ses messages ni ses appels. Ce n'est qu'au petit matin qu'elle appelle la police pour signaler leur disparition...

Lilas est une jeune femme plutôt timide et peu sûre d'elle. Aussi, alors en stage dans son entreprise, Maxime, pour qui la plupart des femmes craquent, la remarque, elle, elle n'ose y croire. Très vite, elle s'installe chez lui, voulant à tout prix fuir l'ambiance délétère qui règne à la maison et les remarques acerbes de sa mère. Puis viennent la demande en mariage, le mariage et le bébé, le tout empaqueté dans un bel écrin d'amour. Tout cela semble idyllique, tout beau tout rose, sauf que... Les apparences sont parfois trompeuses. Au fil des heures, puis des jours, depuis la disparition de Maxime et Zélie, Lilas va peu à peu lever le voile sur ce mariage, sur ce bébé, sur la vie au quotidien mais aussi à travers son journal intime, des pages entières qu'elle écrit pour son père, qui relate une toute autre facette de leur vie. Gentiment, le vernis craquelle, la peinture s'écaille, les couleurs ternissent puis s'assombrissent. Ce thriller, surprenant et parfaitement maîtrisé, se révèle captivant, de par sa trame addictive, ses rebondissements inattendus, son écriture percutante et son ambiance de plus en plus tendue, voire oppressante, glaçante.
Un roman à la fois noir et bouleversant...

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Dans le paysage littéraire actuel, Amélie Antoine fait partie de mes valeurs sûres. Elle sait insuffler, à chacun de ses romans, cet infime supplément d'âme qui, souvent me bouleverse. Elle triture le quotidien et ici, plus que jamais, le lecteur ne peut en ressortir indemne.

Pourquoi tu pleures ?

Maxime et Lilas sont les heureux parents de Zélie, quatre mois. Leur couple, leur quotidien ont tout du happy d'un conte de fées. Oui mais voilà, comme on le sait tous, les contes de fées sont bien souvent des histoires qu'on se raconte pour mieux dormir la nuit et la vie n'épargne personne.

Aussi lorsque Maxime se rend à une soirée, leur bébé sous le bras, Lilas compte en profiter pour souffler un peu. La nuit passe et son mari ne rentre pas. Au petit matin, elle doit se rendre à l'évidence, son mari et sa fille sont portés disparus.

Voilà le point de départ de ce roman bouleversant, portrait d'une mère, d'une épouse de notre époque. Je ne dévoilerai rien de plus de l'intrigue si ce n'est que, sis vous avez déjà lu, un roman d'Amélie Antoine, vous savez qu'elle est capable de tout …

Véritable page turner, au fur et à mesure des révélations, le génie d'Amélie réside dans cette façon d'ancrer dans le quotidien une histoire terrible. On s'identifie forcément à cette femme, à ce couple. Et on s'interroge, au fil des pages. On se révolte et autant vous dire la vérité, certains passages sont insoutenables. J'ai refermé ce roman, le souffle coupé, les tripes en vrac, presque effaré.

Vous l'aurez compris, vous êtes face à une lecture loin d'être anodine, véritable plongée dans ce que l'âme humaine a de plus sombre. Un roman presque courageux tant il se détourne des chemins balisés. Un roman effroyable auquel je risque de repenser encore longtemps.

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Lilas et Maxime sont mariés. Ils ont une petit fille Zélie et Lilas se sent très fatiguée. Pour cette raison, Maxime part à une pendaison de crémaillère chez un ami, avec la petite pour laisser Lilas se reposer.
Au milieu de la nuit, Lilas se réveille, ils ne sont pas rentrés.
Un cauchemar commence. Pas de trace de Maxime ni de Zélie. La police n'est pas très à l'écoute au début.
Le récit est entrecoupé par les périodes depuis que Lilas et Maxime se sont connus sous la forme de billets que Lilas envoie à son père disparu. On découvre que tout ce qui brille n'est pas or dans ce couple.
La scène où Lilas présente Maxime à sa famille est très choquante au moment où sa mère lui déclare :
Il est très bien ce garçon, je me demande ce qu'il te trouve.
Réflexion horrible.
Arrive ensuite une révélation terrible, inimaginable et c'est à ce moment que je ne peux plus en dire plus.
Amélie Antoine entre à merveille dans la peau des personnages qu'elle crée.
J'ai ressenti une totale empathie envers Lilas.
J'ai ressenti une réelle frayeur, un désir incroyable que l'auteure me dise que ce n'était pas vrai.
Le pire, c'est que j'ai refermé le livre en espérant qu'un de mes proches ne vive pas le même genre de situation où on croit que tout va bien et que, derrière le décor, un drame se joue.
Un roman très bien construit mais terrible à lire et tellement plausible à la fois.

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Au risque de blesser des babeliotes dont j'aime toujours les chroniques, cette fois ma lecture ne va pas à l'unisson des leurs.
Pourtant, tout paraissait correspondre : choisir Amazon, parce que les éditeurs sont de trop difficile accès, avoir 250 000 lecteurs, un rêve, et finir par se faire éditer, voilà de quoi séduire.
Moi, en premier.
Le titre, d'abord : Lilas, notre héroïne, pleure de bonheur lorsqu'elle voit la tête éblouie de son mari qui l'aperçoit dans sa robe de mariée.
Explication préliminaire, un peu « nous deux » des années cinquante : elle est stagiaire, il est le boss, il la remarque, histoire d'amour.
Sauf que l'héroïne des années cinquante est fatiguée, heureuse, comblée, mais fatiguée. Alors, il est préférable qu'elle aille se coucher, pendant que le mari se rende à une pendaison de crémaillère d'un ami, avec leur petite un peu brailleuse de quatre mois.
Au matin, ils ne sont pas rentrés. Elle appelle, naturellement, la police : rien d'autre qu'un accident de parcours, non ?

Les jours passent, les peurs, les conjectures, bref.
Parallèlement, et là nous sommes bien dans notre siècle, Lilas écrit ou parle à son père disparu, nous ne savons où, mais parti, oui, et bien sûr elle lui révèle longuement la chance inespérée de s'être fait épouser.
La famille, ah, la famille, la soeur qui réussit tout (c'est un peu cliché, mais bon), le frère, le petit dernier à qui on pardonne tout, théâtreux, rien à dire, la mère, ah, la mère, que Lilas serait prête à toutes les avanies pour partir de chez elle.
Bref, quelque soit son enfance, racontée à son père (?), elle perd en un seul jour mari adoré et plein de fric et la petite qui pleure constamment.
Une policière lui pose une question complètement incongrue, voire choquante : vous entendiez- vous avec votre mari ?
Incongrue, la question.
Ils s'aiment, non ?
La policière, Myriam Solokof et la journaliste  Nadia Trabelski.
Et les levées de bouclier des féministes, pour… pour le bébé, enlevé à sa mère.
Puis l'aveu, aussi incongru que rapide et sans suspense : « j'ai tué mon mari »
Ceci au premier tiers du livre.
J'avoue avoir été manipulée par cet aveu précoce auquel Lilas elle-même ne semble pas donner d'importance.
Elle n'y est pas forcée, elle déballe sans raison, elle donne juste une information.
Je l'ai tué, bon, pas de quoi en faire un fromage.
Car si ce fut son enfer personnel, il lui est impossible de l'expliquer.
Donc, n'expliquons pas, sauf que ce livre me parait ou bien être destiné à des ados (et, et, leur expliquer ce que Lilas ne peut faire, expliquer ?) ou vraiment nous prendre pour des quiches.

La seule phase que je voudrais copier, en vue des futurs levées de bouclier, et la seule phrase que j'ai soulignée : « Je déteste les conflits, je déteste faire des vagues, je déteste les cris, les pleurs »
Moi aussi.



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Après avoir lu il y a quelques jours mon premier livre d'Amélie Antoine qui est en fait son dernier "Un enfant sans histoire (s)", j'ai eu envie de remonter le temps et de lire son avant-dernier à savoir "Pourquoi tu pleures ?"
Lila et Maxime sont un couple avec une petite fille Zélie de 3 mois au moment où le livre commence. Lila est fatiguée et ne souhaite pas sortir, Maxime, propose donc de se rendre seul avec Zélie à la pendaison de la crémaillère d'un de ses amis permettant ainsi à Lila de se reposer. Celle-ci se réveille en pleine nuit et découvre que son mari et sa fille ne sont pas rentrés. le lendemain matin toujours seul elle décide d'appeler la police.
Même construction, même procédé que pour son dernier livre, Amélie Antoine alterne les chapitres entre présent et passé.
C'est un roman noir où la psychologie des personnages est travaillée avec finesse mais déroute le lecteur.
Cela devient un peu banal et la tarte à la crème de dire que l'on ne peut pas lâcher le livre tellement il est urgent de connaître la vérité mais c'est pourtant une fois encore ce qui se passe.
On oscille, qu'est-ce qui est vrai ? qu'est-ce qui est faux ? Les rebondissements donnent des indices mais qui nous mettent finalement sur de fausses pistes.
À chaque découverte on en reste bouche bée et sans jugement on avance, on essaie de comprendre, on comprend, ce qui n'empêche pas l'effroi,les frissons dans le dos...
Roman noir/thriller perturbant, qui met mal à l'aise mais qui se lit pourtant avec plaisir.
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- Madame Antoine ? Veuillez me suivre en salle d'interrogatoire s'il vous plaît.
Avocat commis d'office, j'accompagne ma cliente, qui se demande de quoi elle peut bien être accusée.
Un malentendu, assurément.

C'est Jack Malone, de l'équipe de FBI portés disparus, qui a réveillé Amélie en pleine nuit en l'appelant pour une affaire des plus urgentes. Hélas, pas de jolie Samantha Spade à ses côtés, mais une dénommée Myriam Solokoff, dont la sympathie évoque celle d'une porte de prison.

- Bon, commençons. Je vais être direct : Connaissez-vous Lilas Colombel ?
D'un signe de tête, j'autorise la romancière à répondre.
- Bien entendu, il s'agit de l'héroïne de mon nouveau roman, Pourquoi tu pleures ?
- Cette jeune femme vous accuse d'être responsable de la disparition de son époux, Maxime, et de sa fille âgée de seulement quatre mois, la petite Zélie.
- Mais, agent spécial Malone, il s'agit de personnages de fiction !
Je fais remarquer à ma cliente que ce héros de série télévisée n'est pas non plus réel, pas plus que ne l'est Myriam Solokoff d'ailleurs.
- Donc vous ne niez pas savoir ce qui leur est arrivé ?
- C'est moi qui ait écrit et réécrit leur histoire, donc oui je sais forcément ce qu'il s'est passé. Cette conversation est absurde. Comment un personnage issu de mon imaginaire pourrait porter plainte contre moi ?
- Vous venez de faire un lapsus très révélateur : Vous venez de dire que vous aviez passé du temps à réécrire l'histoire. Jusqu'à vous créer un alibi parfait ? Que s'est-il réellement passé le samedi 18 juin 2022, à part l'anniversaire de l'appel du général De Gaulle ? Pourriez-vous nous communiquer votre emploi du temps précis à cette date ?
- Ecoutez, je n'ai rien à vous dire de plus. Si vous voulez vous faire une idée vous n'avez qu'à lire mon livre, il est vendu 19,50 €.
- C'est le montant de la rançon que vous réclamez en échange de Maxime et Lilas ? Vous avouez donc les détenir ?
- Mais pas du tout ! C'est le prix du roman fixé par mon éditeur ! Si je vous raconte tout de A à Z l'histoire perdra beaucoup de son intérêt pour les lecteurs potentiels. J'y ai disséminé quelques passages qui devraient retourner bien des cerveaux et les divulguer lors de cet interrogatoire enregistré serait du gâchis.
- Un peu à la façon de Claire Favan, mais avec une psychologie plus aboutie des protagonistes dominant l'aspect purement suspense, argumentais-je tout de même.
- Lilas Colombel s'est réveillée à 2h17 cette nuit-là, inquiète de l'absence de son mari et de sa fille. Epuisée, elle n'avait pas pu les accompagner à la pendaison de crémaillère d'un collègue de son mari. Mais à cette heure-ci ils auraient du être de retour. Maxime est resté injoignable au téléphone. Nous n'avons pas réussi à retrouver sa trace ni celle de Zélie. Alors si vous savez la moindre chose, il faut nous la communiquer d'urgence. Est-ce que le père a pris la fuite avec sa fille ? Ont-ils fait du stop avec un psychopathe ? Ont-ils eu un accident, auquel cas il est encore temps de leur porter secours ? Ou, comme nous le soupçonnons, sont-ils tous les deux enchaînés dans votre cave ? Quel est le poteau ?
- Pardon ?
- Je vous demande de nous dévoiler la vérité, le poteau rose.
- On dit "pot-aux-roses" précisais-je.
- C'est ça. Et bientôt vous allez aussi prétendre qu'on dit Mariage plus vieux, mariage heureux ?
- le Larousse et l'académie française ne sont pas d'accord à ce sujet, nuancais-je afin de recentrer l'interrogatoire.

- Mais vous dites vraiment n'importe quoi ! s'énerve Amélie, coincée dans cette pièce de théâtre digne d'Ionesco.

- Vous savez Amélie, intervient alors l'enquêtrice Solokoff, je me suis pas mal renseigné à votre sujet. Et il semblerait qu'il y ait curieusement de nombreuses disparitions suspectes voire inexpliquées autour de vous. Vous avez notamment déjà été entendue dans le cadre de la disparition de la petite Jessica Simoëns.
- Mais vous évoquez un autre de mes romans, Sans elle ! Je suis quand même l'auteure, la créatrice, la démiurge ! J'ai le droit de décider du sort de mes personnages il me semble, autant que de leur caractère ou de leur histoire !
- Et vous pensez avoir le droit de vie et de mort également ? Vous brisez des couples, vous dissociez des familles, vous malmenez des enfants, vous poussez les gens dans leurs plus infimes retranchements jusqu'à ce qu'ils n'en puissent plus.
- Je me contente d'essayer de comprendre et de restituer au mieux certains dysfonctionnements. Certains de mes romans sont noirs, je ne vais pas le nier, mais je suis convaincue que le message que je cherche à transmettre a beaucoup plus d'impact dans ces cas-là. Rien n'est gratuit.
- Pour revenir à Lilas, vous ne l'avez quand même pas gâtée en la faisant grandir auprès d'une mère aussi ignoble. D'après son témoignage vous lui avez fabriqué une mère capable de lui dire :
"Pourquoi faut-il que tu sois si brouillon, si maladroite, si peu appliquée, quand ta soeur réussit tout du premier coup ?"
Ou encore, quand elle lui présente son grand amour Maxime :
"La seule question que je me pose, c'est : qu'est-ce qu'il peut bien te trouver ?"
Et alors qu'elle vit désormais auprès de l'homme de sa vie, qu'ils ont une maison, une petite fille, qu'elle a enfin droit au bonheur, vous donnez un grand coup de pied dans la fourmilière de son existence heureuse en faisant disparaître les deux personnes auxquelles elle tient le plus ? C'est vraiment vilain, Amélie.
- Mais puisque je m'acharne à vous dire que ce sont des personnages fictifs !
- Absolument sans lien donc avec une réalité sociétale existante, un fait divers quelconque, vous pourriez jurer que tout est inventé de A à Z ?
Quand Amélie, à bout, s'apprête à répondre, je lui conseille de garder le silence.
- Vous savez Amélie, je pense que si Anne, la belle-mère de Lilas, habite Aubagne, c'est parce qu'inconsciemment vous saviez ce qui vous attendait.
La romancière demeure mutique face à autant de mauvaise foi.
Elle sera ensuite placée en garde à vue puis emprisonnée dans l'attente de son procès.

On juge toujours.
"On croit pouvoir écouter les autres de façon impartiale, mais c'est faux."
Sans doute la phrase la plus lancinante de Pourquoi tu pleures ? une fois ma lecture achevée. Tout en sachant que je ne devais pas me positionner, ne pas avoir d'opinion était quasiment impossible. Est-ce que d'autres lecteurs auront un avis différent ? Est-ce que certains pourront réellement ne pas basculer d'un côté ou de l'autre de la balance ? de quel oeil allez-vous regarder Lilas, Maxime, leurs familles respectives ? D'un regard neutre, compréhensif ou plein de jugement ?


Au tribunal, mon long plaidoyer en faveur de la liberté d'expression n'a eu aucun effet. J'ai également tenté d'expliquer que les romans les plus durs procuraient forcément des émotions fortes, les plus vraies, les plus troublantes. En vain.

Quant au jury, il a déclaré sans surprise Amélie Antoine coupable de toutes les charges qui pesaient sur elle.

- Au chef d'inculpation : responsable de la disparition de Maxime et Zélie Colombel, nous déclarons l'accusée coupable.
- Au chef d'inculpation de manipulation et de cruauté envers tous les lecteurs, y compris les plus insensibles et les plus habitués aux romans noirs, Amélie Antoine est également déclarée coupable, sans circonstance atténuante.
- Pour toutes les larmes versées, qu'elles soient de joie, de stress, de fatigue ou de douleur, pour ce titre "Pourquoi tu pleures ?" qui s'adresse autant aux personnages qu'aux nombreux témoins qui auront les yeux humides, la gorge serrée, le coeur broyé durant cette longue narration, l'accusée est considérée responsable de toujours appuyer là où ça fait mal, n'épargnant personne.
- Enfin, pour avoir rédigé un suspense psychologique rappelant parfois quelques incontournables du genre tout en conservant la finesse d'une écriture à fleur de peau qui n'appartient qu'à elle, pour avoir écrit un nouveau roman à la construction impeccable et implacable où la chronologie des évènements s'entremêle avec les extraits d'un journal intime, pour ce chef d'oeuvre d'ingéniosité où chacun devra s'efforcer de lire entre les lignes, pour avoir écrit un livre magistral qui vous laissera KO debout, Amélie Antoine est condamnée à la prison à perpétuité sans possibilité de libération anticipée. Elle aura aussi l'obligation de publier trois nouveaux romans par an.
Les fonds seront intégralement reversés à l'association de ses victimes : Les lecteurs en détresse.
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