AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4

sur 88 notes
5
3 avis
4
8 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
C'est l'histoire d'un laveur de morts qui aurait préféré être sculpteur.

En Irak, depuis la guerre du golfe jusqu'à l'invasion des américains qui cherchaient des armes de destruction massive, les habitants ont subi violences sur violences. Ce roman retrace cette période à la lumière de l'histoire d'une famille, laveur de morts de père en fils.

Le sujet est passionnant, instructif et relate d'une manière intéressante la vie des irakiens et leur rapport à la mort. On a tous entendu parler de ce qui se passait là-bas, je me souviens parfaitement bien de toutes les informations concernant ces événements majeurs pour l'Irak, mais ce roman permet d'avoir une vision poignante de ce que ces hommes et ces femmes ont réellement vécu.

Je n'ai pas été ébouriffée par le style, en revanche, j'ai été captivée par l'histoire. C'est un livre qui nous aide, nous occidentaux, à comprendre, à saisir ce que les médias relaient d'une manière factuelle. « Aujourd'hui, un attentat a eu lieu dans les rues de Bagdad… » un de plus, un parmi tant d'autres, bah oui, sauf que derrière tous ces morts, ces corps déchiquetés, il y avait des maris, des frères, des mères, des soeurs, des fils, des filles…

Le narrateur n'en peut plus de cette vie-là, il n'en peut plus d'ensevelir d'une main qui caressera plus tard le corps de son aimée, il n'en peut plus et son coeur se meurt…

Seul le grenadier est un livre utile pour qui veut ouvrir son coeur aux autres.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
Commenter  J’apprécie          80
J'ai aimé le ton poétique du livre, son symbolisme et le fait que l'histoire s'inscrive dans l'Histoire dramatique récente de l'Irak (on comprend toujours mieux les faits à travers des témoignages individuels qu'à travers les reportages factuels). J'ai aimé aussi sentir « de l'intérieur » les doutes du protagoniste qui peine à trouver le sens de sa vie entre désirs et culpabilité, toucher du doigt sa souffrance et ses errances. J'ai pu aussi, à travers ce livre, comprendre un peu de ce qu'est l'antagonisme latent entre chiites et sunnites qui se révèle surtout dans les situations de crise. Par contre, j'ai été déçue par le tour que prenait le roman. Autrement dit, je suis entrée avec facilité dans la vie de Jawad, j'ai mûri avec lui au fur et à mesure de ses deuils mais je n'ai pas réussi à faire mien son détachement qui s'installe progressivement et le roman s'est poursuivi sur ce ton un peu neutre qui m'a donné jusqu'à la fin une impression de non-aboutissement tant dans la vie de Jawad que dans le roman. J'en sors avec le goût amer d'un certain pessimisme que n'avait pas laissé présager le début.
Commenter  J’apprécie          172
un très beau roman, où la violence de la guerre transpire subtilement mais toute en force. Beaucoup de pudeur dans ce récit! On prend conscience de l'horreur de ce conflit si proche dans le temps comme dans l'espace qui brise toute une génération.
On suit peu a peu la destruction des êtres.
Un prix bien mérité!
Commenter  J’apprécie          20
A Bagdad, le père de Jawad est laveur de corps, il prépare les défunts pour leur dernière demeure. Dans cette famille chiite, ce métier s'exerce depuis des décennies de père en fils et le père de Jawad aimerait que son fils prenne la relève. Mais Jawad est attiré par la sculpture et il entame des études d'arts plastiques. Alors que l'Irak subit les différents conflits et leurs violences inhérentes, Jawad voit ses souhaits s'éloigner.

De l'adolescence à l‘âge adulte, on suit Jawad avec en toile de fond Bagdad meurtrie et violentée par des années de conflits. Entre des drames comme la mort de son père qui l'oblige à le remplacer bien loin de l'avenir qu'il s'imaginait et des déceptions, la voix de Jawad nous plonge dans Bagdad, dans la vie des habitants au quotidien avec un réalisme frappant (les coupures d'électricité, l'embargo).
Ses émotions et ses sentiments comme la résignation "Mais nous attendions les guerres comme d'autant attendent un invité qu'ils connaissent parfaitement; ils préparent tout ce qu'il faut pour rendre son séjour agréable" sont parfaitement rendus tout comme son cheminement personnel.

Avec sensibilité, l'auteur nous livre des belles réflexions sur le désir d'affranchissement de Jawad qui pour autant ne veut pas renier les traditions, sur la vie et la mort intimement liées.
L'écriture de Sinan Antoon adoucit les scènes très dures et confère une beauté à la solennité des gestes, des rituels des laveurs de corps.
Les dernières pages sont tout simplement superbes et émouvantes. Une lecture saisissante par bien des aspects !
Lien : https://claraetlesmots.blogs..
Commenter  J’apprécie          10
Immense livre. Tolstoy du 21è siècle au pays de Gilgamesh et de Saddam.
Commenter  J’apprécie          00
".....ce que mon père nous achetait était dû à la faveur de la mort, et ce que nous mangions aussi, c'était la mort qui nous l'assurait ",
Propriétaire de la seule salle de lavage pour chiites de Bagdad, où travaillèrent plusieurs générations de la famille et dont l'histoire remonte à plus de dix décennies, le père lave et prépare les morts à l'enterrement. le narrateur est son fils cadet Jawad.
Dans son jardin un grenadier fleurissant, buvant les eaux de la mort, et près de celle-ci un banc de bois prévu pour les proches du défunt qui veulent assister au rituel de lavage.......Le père souhaite que le fils prenne sa suite, mais ce dernier qui l'aide déjà pendant les vacances scolaires, n'en a ni la force ni l'envie....et il en a honte.
Jawad aime dessiner. Un professeur de "pratique artistique" au lycée l'y encourage. Et contre le gré de son père, il fera des études de Beaux-Arts.
Mais l'invasion américaine en 2003 va changer le cours des choses......
La guerre avec l'Iran, le régime d'oppression de Saddam Hussein, la guerre du golf après l'invasion irakienne du Koweit en 1990 et finalement les Américains qui donnent le coup de grâce en 2003 au pays, soi-disant pour le libérer .....Jawad va tout y perdre ( "En descendant du monticule de gravats, j'ai senti les ruines que je portais en moi se dresser de plus en plus haut, pour étouffer mon coeur" ). Noyée dans ses cauchemars récurrents, son âme d'artiste et de poète y survivra quand même.
Une atmosphère lourde de calcinés, de cadavres, de disparitions et de scènes révoltantes, comme celle où le narrateur en route pour Najaf pour enterrer son père croise un régiment américain. Des soldats américains qui maltraitent et humilient trois irakiens dans leur propre pays, pourquoi ? Juste parce qu'un connard à la solde des lobbys d'armes,, qui ne savait même pas où se trouvait l'Irak sur la carte, a décidé de l'envahir, pour tuer sa propre création ( "L'élève a déguerpi, le maître est arrivé ! " ), le reste vous connaissez...."l'éradication d'un pays", comme le remarque le tonton du narrateur, à un retour d'exil.
Un récit poignant, jonglant entre passé et présent, histoire personnelle et celle de l'Irak, le tout adoucie par une trés belle prose tout en sensibilité et finesse. Malgré le froid de la violence continue dont la mort en est le principal protagoniste ("un jour, je me suis rendu compte que mis à part Mahdi et ma mère, je vivais mes journées avec les morts" ), la chaleur de la Vie est présente, à travers des visages trés humains de Jawad, d'Ammouri le frère aîné, de tonton Sabri l'oncle communiste exilé et d'autres personnages de passage, l'amour et l'art y contribuant.
Un livre sur l'histoire de la folie humaine qui carbure à l'avidité sans fin de pouvoir et d'argent et où la vie humaine n'a aucune valeur. Un livre plus que jamais d'actualité.

"Ma petite histoire, que j'ai voulue différente, a été engloutie par la grande histoire, il n'en reste plus rien."

Commenter  J’apprécie          530
Seul le grenadier, de l'irakien Sinan Antoon, porte le titre de le laveur de cadavres, dans sa traduction anglaise. Il donne effectivement une idée assez explicite de ce qu'est le roman avec un narrateur qui a pris malgré lui la succession de son père et des générations précédentes dans cet office qui est loin de son rêve de devenir sculpteur. Des dernières années de la guerre du Golfe à aujourd'hui, le livre raconte la violence ininterrompue à Bagdad, devenue encore plus sanglante avec le conflit confessionnel. S'il y a déjà eu d'excellents romans d'auteurs irakiens, ces derniers temps, notamment Frankenstein à Bagdad, Seul le grenadier est sans aucun doute le plus poignant, ne serait-ce que dans ses aspects documentaires pour comprendre véritablement ce que signifie la vie et la mort, inextricablement liés, en Irak. Ce thème est l'un de ceux traités par Sinan Antoon notamment à travers ce métier de laveur de cadavres qui donne lieu à plusieurs scènes d'une force incroyable. Au-delà de son réalisme saisissant, le livre est aussi une fiction remarquable autour de son personnage principal, de ses rêves et cauchemars, de ses amours impossibles,de son apprentissage de l'âge adulte, et de son enlisement progressif dans ce qui pourrait ressembler à une dépression si le mot n'était pas aussi dérisoire dans une vie cernée au plus près par la mort. Ce requiem de Bagdad est rendu vibrant par un style délié, une plume qui recourt à la poésie à chaque fois que le linceul de la tragédie semble recouvrir cette ville dont l'âme ne fait qu'errer entre vivants et défunts.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
Commenter  J’apprécie          194



Autres livres de Sinan Antoon (1) Voir plus

Lecteurs (224) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3236 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}