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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
".....ce que mon père nous achetait était dû à la faveur de la mort, et ce que nous mangions aussi, c'était la mort qui nous l'assurait ",
Propriétaire de la seule salle de lavage pour chiites de Bagdad, où travaillèrent plusieurs générations de la famille et dont l'histoire remonte à plus de dix décennies, le père lave et prépare les morts à l'enterrement. le narrateur est son fils cadet Jawad.
Dans son jardin un grenadier fleurissant, buvant les eaux de la mort, et près de celle-ci un banc de bois prévu pour les proches du défunt qui veulent assister au rituel de lavage.......Le père souhaite que le fils prenne sa suite, mais ce dernier qui l'aide déjà pendant les vacances scolaires, n'en a ni la force ni l'envie....et il en a honte.
Jawad aime dessiner. Un professeur de "pratique artistique" au lycée l'y encourage. Et contre le gré de son père, il fera des études de Beaux-Arts.
Mais l'invasion américaine en 2003 va changer le cours des choses......
La guerre avec l'Iran, le régime d'oppression de Saddam Hussein, la guerre du golf après l'invasion irakienne du Koweit en 1990 et finalement les Américains qui donnent le coup de grâce en 2003 au pays, soi-disant pour le libérer .....Jawad va tout y perdre ( "En descendant du monticule de gravats, j'ai senti les ruines que je portais en moi se dresser de plus en plus haut, pour étouffer mon coeur" ). Noyée dans ses cauchemars récurrents, son âme d'artiste et de poète y survivra quand même.
Une atmosphère lourde de calcinés, de cadavres, de disparitions et de scènes révoltantes, comme celle où le narrateur en route pour Najaf pour enterrer son père croise un régiment américain. Des soldats américains qui maltraitent et humilient trois irakiens dans leur propre pays, pourquoi ? Juste parce qu'un connard à la solde des lobbys d'armes,, qui ne savait même pas où se trouvait l'Irak sur la carte, a décidé de l'envahir, pour tuer sa propre création ( "L'élève a déguerpi, le maître est arrivé ! " ), le reste vous connaissez...."l'éradication d'un pays", comme le remarque le tonton du narrateur, à un retour d'exil.
Un récit poignant, jonglant entre passé et présent, histoire personnelle et celle de l'Irak, le tout adoucie par une trés belle prose tout en sensibilité et finesse. Malgré le froid de la violence continue dont la mort en est le principal protagoniste ("un jour, je me suis rendu compte que mis à part Mahdi et ma mère, je vivais mes journées avec les morts" ), la chaleur de la Vie est présente, à travers des visages trés humains de Jawad, d'Ammouri le frère aîné, de tonton Sabri l'oncle communiste exilé et d'autres personnages de passage, l'amour et l'art y contribuant.
Un livre sur l'histoire de la folie humaine qui carbure à l'avidité sans fin de pouvoir et d'argent et où la vie humaine n'a aucune valeur. Un livre plus que jamais d'actualité.

"Ma petite histoire, que j'ai voulue différente, a été engloutie par la grande histoire, il n'en reste plus rien."

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Seul le grenadier, de l'irakien Sinan Antoon, porte le titre de le laveur de cadavres, dans sa traduction anglaise. Il donne effectivement une idée assez explicite de ce qu'est le roman avec un narrateur qui a pris malgré lui la succession de son père et des générations précédentes dans cet office qui est loin de son rêve de devenir sculpteur. Des dernières années de la guerre du Golfe à aujourd'hui, le livre raconte la violence ininterrompue à Bagdad, devenue encore plus sanglante avec le conflit confessionnel. S'il y a déjà eu d'excellents romans d'auteurs irakiens, ces derniers temps, notamment Frankenstein à Bagdad, Seul le grenadier est sans aucun doute le plus poignant, ne serait-ce que dans ses aspects documentaires pour comprendre véritablement ce que signifie la vie et la mort, inextricablement liés, en Irak. Ce thème est l'un de ceux traités par Sinan Antoon notamment à travers ce métier de laveur de cadavres qui donne lieu à plusieurs scènes d'une force incroyable. Au-delà de son réalisme saisissant, le livre est aussi une fiction remarquable autour de son personnage principal, de ses rêves et cauchemars, de ses amours impossibles,de son apprentissage de l'âge adulte, et de son enlisement progressif dans ce qui pourrait ressembler à une dépression si le mot n'était pas aussi dérisoire dans une vie cernée au plus près par la mort. Ce requiem de Bagdad est rendu vibrant par un style délié, une plume qui recourt à la poésie à chaque fois que le linceul de la tragédie semble recouvrir cette ville dont l'âme ne fait qu'errer entre vivants et défunts.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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J'ai aimé le ton poétique du livre, son symbolisme et le fait que l'histoire s'inscrive dans l'Histoire dramatique récente de l'Irak (on comprend toujours mieux les faits à travers des témoignages individuels qu'à travers les reportages factuels). J'ai aimé aussi sentir « de l'intérieur » les doutes du protagoniste qui peine à trouver le sens de sa vie entre désirs et culpabilité, toucher du doigt sa souffrance et ses errances. J'ai pu aussi, à travers ce livre, comprendre un peu de ce qu'est l'antagonisme latent entre chiites et sunnites qui se révèle surtout dans les situations de crise. Par contre, j'ai été déçue par le tour que prenait le roman. Autrement dit, je suis entrée avec facilité dans la vie de Jawad, j'ai mûri avec lui au fur et à mesure de ses deuils mais je n'ai pas réussi à faire mien son détachement qui s'installe progressivement et le roman s'est poursuivi sur ce ton un peu neutre qui m'a donné jusqu'à la fin une impression de non-aboutissement tant dans la vie de Jawad que dans le roman. J'en sors avec le goût amer d'un certain pessimisme que n'avait pas laissé présager le début.
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Bagdad. Irak.

Ici, la vie et la mort sont deux meilleures ennemies, elles se côtoient, se frôlent, empiètent l'une sur l'autre, inséparables, prennent le dessus, s'avalent, rivalisent. Mais aucune ne l'emporte jamais vraiment.

Tout et rien. Rien et tout.
Tout n'est rien ; rien du tout.

Une question jaillit presque inévitablement : que serait la vie sans la mort ?

Dans « Seul le grenadier », Sinan Antoon évoque ainsi l'histoire de son pays et sa déchéance à travers la famille de Jawad. Très vite, Jawad découvre qu'il est différent. Depuis des décennies, les hommes de la famille héritent de la même profession, du même « art » ; ils sont laveurs. Or Jawad n'aspire pas à ce destin tout tracé, à ce chemin qui s'offre à lui, telle une évidence.
Jawad aime l'Art, il veut étudier la peinture, la sculpture, l'Art sous toutes ses formes, l'Art comme moyen de révolte, de protestation, comme échappatoire, exutoire, l'Art comme une voie de traverse. Il veut célébrer l'espoir et la Vie, et non pas assister à la déchéance et la Mort.

En s'échappant de cette trajectoire pourtant inévitable, Jawad s'éloigne de son père, le déçoit, c'est toute une coutume qu'il rejette, c'est l'histoire de ses ancêtres, de sa famille, c'est son héritage qu'il balaie d'un revers de main. Mais pour autant, Jawad n'abandonne pas ses rêves, il entre à l'université d'Arts, côtoie les plus éminents professeurs, les artistes les plus talentueux, il en découvre d'insoupçonnés et surtout, il rencontre l'Amour. le vrai, le véritable, le profond, celui qui chamboule, promesse d'un avenir radieux et merveilleux dans sa ville écrasée par les bombes, par les basculements politiques, ravagée par les Américains et son propre gouvernement.

Je lis rarement de romans historiques, dans lesquels la fiction se mélange à l'histoire, je les appréhende, allez savoir pourquoi. En entamant la lecture de Seul le grenadier, je craignais d'être perdue dans cet aspect de l'Irak que je ne connais pas, ces guerres dont j'ignore les profondes raisons, ce conflit conscient mais pourtant inconnu, méconnu, qui m'est en somme étranger.

Et pourtant, il n'en est rien.
Sinan Antoon a réussi le pari fou de me tenir en haleine, avec un récit incroyable, des personnages forts, attachants, dont le destin tragique est effroyable. Seul le Grenadier pourrait être une fable du XXIè siècle, il représente la Vie à travers ce qu'elle puise dans la Mort, sa force de subsistance, sa victoire malgré tout.

La vie de Jawad suit la course d'un cycle infernal ; elle donne, elle reprend, elle offre, elle arrache, elle concède, elle punit, elle plie, elle saccage. La vie est double, elle est ambivalente, elle est oxymore, elle crée à la fois l'amour et la souffrance.

Ainsi triomphe ce grenadier, dont les racines se nourrissent de l'eau qui s'écoule de la petite maison, dans laquelle on lave les morts pour les purifier une dernière fois, et de l'horreur naît la beauté. Et de la Mort jaillit la Vie.


“Just remember that death is not the end
Oh, the tree of life is growing
Where the spirit never dies
And the bright light of salvation shines
In dark and empty skies”

(Death is not the end – Bob Dylan)
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De Zeruya Shalev à Sinan Antoon , de « Stupeur » à « Seul le Grenadier », deux belles voix de la littérature israélo-arabe.

Vraiment, je n'avais pas prévu l'horreur du massacre du 7 Octobre. Qui l'aurait pu? Il y avait déjà tant d'insoutenables problèmes à résoudre, tant de tragédies que l'on se forçait à fuir, tant d'intifadas rebondissant sur des colonisations permanentes lâchement acceptées par l'Occident depuis
2007 et les accords d'Oslo sabotés par les extrémistes des deux bords, tant de mépris pour le Mouvement de la Paix.
Non, je voulais mettre à l'honneur, en parallèle , sur une même estrade, une des grandes voix de la littérature Israélienne, il y'en a tant, et l'une des plus brillantes écritures d'un grand auteur Arabe. Dire simplement, qu'entre les deux je ne voulais, pouvais pas choisir, tant ils s'unissent dans une splendide et indispensable littérature.
Les grandes plumes Israéliennes sont connues, de David Grossman ( “une femme fuyant l'annonce”) à Amos OZ, de la nouvelle génération Etgar Keret à la tradition parentale d'Abraham Yehoshua , et tant d'autres.

La situation est un peu différente pour la littérature arabe. Riche elle aussi, mais un peu brouillée par le fait que beaucoup de grand auteurs, maghrébins, libanais, égyptiens , sont de culture française, écrivent en Français et font partie du paysage culturel français. Leila Slimani, Amin Maalouf, Yasmina Khadra, Albert Cossery en sont les têtes d'affiche pendant que la Syrienne Dima Wannous ou
l'égyptien Najib Mahfouz peinent encore à occuper leurs premiers plateaux de télévision Français. Je voulais mettre à l'honneur l'écrivain Irakien Sinan Antoon pour son très beau et très dur “Seul le Grenadier “.

Zeruya Shalev, à 64 ans, est une écrivaine israélienne moins connue en France, même si elle a une riche bibliographie derrière elle honorée du Prix Femina en 2014 pour son livre le plus plébiscité chez nous “ Ce qui reste de nos vies”.

« Stupeur » est une Splendeur. Il fait partie de ces livres, rares, qui vont rejoindre, ce qui était au départ, une galéjade , ma désormais PARL , ma pile à relire !
Ce livre est tellement beau, d'une profondeur à ce point insondable, d'une humanité tellement religieuse, au sens où il nous relie à notre propre humanité, à nos différences, à nos interrogations subversives sur nos couples. Il parle du couple, de la famille et de ses secrets, des enfants dont on n'a pa su deviner le changement intime tant il était profond, de l'amitié, du passé douloureux et parfois regretté, du présent remis en question et en évidence , du futur qui va se construire sur d'improbables et inattendues perspectives. C'est aussi le livre le plus politique de l'auteur, rythmé par des allers retours permanents entre l'Israel de 1948, et celui d'aujourd'hui à Haïfa, peinture qui ne sert que de toile de fond à l'histoire.
« Stupeur »c'est Rachel, cette vieille femme juive de 90 ans, aux portes de sa fin, ancienne combattante du groupe extrémiste Lehi qui a lutté en 1948 pour expulser les Britanniques de cette Palestine qu'ils avaient pour mandature, rêvant d'une vie d'entente avec les Arabes dont on voit ce qu'il en a été, « Stupeur » c'est Atara, architecte brillante et imaginative dans son travail et son art qu'elle utilise pour reconstruire des bâtiments anciens avec des matériaux d'époque, femme libre et moderne mais pleutre et pauvre dans le chipotage permanent de sa vie de couple qui va foncer dans le décor avec la disparition tragique de son second mari Alex, regrets et culpabilité éternelle.
« Stupeur » c'est la rencontre inattendue de Rachel porteuse d'un secret qui l'étouffe et qu'il va lui falloir dévoiler à Atara,
« Stupeur » c'est le basculement spirituel et mystique d' Éden son fils commun avec Alex, enfin « Stupeur » c'est le lecteur bousculé sur les barricades de ses certitudes littéraires et va se retrouver confronté à la beauté de l'écriture de Zeruya Shalev, à sa psychologie, à l'interminable introspection sur ses erreurs, ses errements, ses ambiguïtés. L'écriture est d'une finesse et d'une élégance, émouvante à force d'être belle.
Je suis abasourdi par la beauté de ce livre à nul autre pareille. Pourquoi ? Peux-être par l'actualité qui nous renvoie à la lâcheté, non pas des peuples, mais des hommes qui s'en improvisent, les lea(lai)deurs et les maîtres, mais aussi les voleurs et les traîtres.
S'il y avait une supplication que j'aimerais vous faire, ce serait de plonger dans ce livre de vies brisées et d'espérances en berne, et qui s'abreuve aux abysses de l'âme humaine. C'est une gifle littéraire.

Je suis conscient de marcher sur des oeufs en mettant sur le même plan ces deux auteurs de confession et de culture différente.
Sinan Antoon est un poète et renommé traducteur Irakien de 56 ans. « Seul le Grenadier » est son troisième livre.
Jawad est un jeune adulte qui vit avec ses parents à Bagdad pendant la période de l'invasion américaine en Irak. Il a aussi un frère futur médecin et une soeur mariée. le papa est “laveur de cadavres “, il prépare les morts avant l'inhumation, qu'ils soient anonymes ou amenés par les familles. Les rites funéraires sont codifiés et très réglementés. C'est un travail qui est repris de père en fils depuis plusieurs générations.
Et le Grenadier, c'est l'arbre du jardin dont les racines se nourrissent de l'eau qui a servi au Père de Jawad pour laver les corps.

Sauf que Jawad a d'autres projets dans la vie, celui de se tourner vers les arts plastiques et le dessin, dans lesquels il excelle. Il s'y fait remarquer par son professeur et il va tout faire pour accomplir sa passion malgré la déception de son père de ne pas le voir reprendre l'activité familiale. La guerre va en décider autrement.
J'entends souvent dans les commentaires et les résolutions des hommes politiques et des organismes internationaux dire que tel ou tel état ne respecte pas les droits et les règles de la guerre, ne pas attenter aux civils, ne pas affamer et assoiffer les innocents des populations civiles. Mais depuis quand y a t'il des droits, une charte, à respecter dans une guerre, un curseur à positionner sur des actes licites à commettre et d'autres qui ne le seraient pas, y a t'il une légitimité à faire la guerre? Ce livre pose immanquablement ces questions. Deux mille ans de soi disant civilisation ne nous ont donc conduit qu'à des massacres organisés, prémédités, légalisés. Qu'est ce que que c'est que ce monde où l'humain ne sait plus que torturer, décapiter, massacrer.
C'est aussi cela que nous montre le livre, où Joudi avance dans le brouillard de la Mort, essayant à son niveau, avec pour lui infiniment d'humanité, d'apporter au mieux, un semblant de respect et d'ordre par des rites , des soins, des prières, attention aux corps qu'il lave , embaume, traite comme un médecin le ferait, avec empathie pour chacun. Quelle atrocité encore dans ce conflit, où les Américains , gendarme du monde dit libre, envahissent un pays à la recherche perdue d'avance, d'hypothétiques parce que imaginaires, armes de destruction massive qu'ils ne pourront pas découvrir parce qu'elles n'ont jamais existé, la destruction massive ce sont eux qui l'amènent dans l'ordre et la rigueur politique qu'ils se sont inventés.
Attentats suicides , explosions de kamikazes et de voitures piégées, rythment cette histoire trop brièvement éclairée de rencontres amoureuses et sensuelles qui permettent à Jawad, poisson prisonnier dans un bocal, de venir absorber un tout petit peu d'oxygène pour vivre.
Malgré ces horreurs, Jawad continue, sans prendre parti, en dépit de ses cauchemars, de réciter , prières et lamentations , de faire appel à Dieu , à un cadre religieux qui continue de le structurer et de le maintenir debout. Les sourates diffusées sur des haut parleurs demeurent psalmodiées . de façon imperturbable. Comme si rien ne se passait.

Le livre est magnifique, mais dur. Les bombardements, les voitures piégées, les attentats suicide, la présence de l'armée américaine qui fait comme si elle était chez elle, rythment l'histoire et la vie complexe du jeune Jawad, surnommé Joudi. Les premières amours sont aussi décrites avec infiniment de délicatesse et de sensualité. Nous pénétrons dans un monde et une guerre toujours d'actualité, où l'on n'en finit pas de s'interroger sur l'improvisation de l'espèce humaine, bien plus préoccupée par sa destruction que par une ambition de fraternité collective, et où l'on passe allègrement d'une dictature à une autre . le parallèle avec ce qui se passe aujourd'hui à Gaza, comme en Israël , est vite fait comme avec les multiples régions du monde où sévit la guerre. Les populations civiles qui ne demandent qu'à vivre en paix , trinquent. Certaines pages sont angoissantes , et le mieux est de les lire dans la journée plutôt que le soir ! Pourtant, dans cette humanité déchirée par des conflits atroces, dont la pertinence nous échappe, telles les haines entre les communautés Sunnites et Chiites, surnage une espérance et une foi dans un hypothétique avenir meilleur, où l'homme devenu enfin intelligent, accepterait la différence, l'altérité et saurait regarder ses frères d'infortune avec amour et dignité.
On pense tout au long de ces pages écrites sobrement mais avec talent, à la fameuse phrase de Shakespeare “ l' Enfer est vide. Tous les démons sont ici “.
J'ai aimé ces deux livres , que je voulais associer et chroniquer ensemble, convaincu que leurs deux auteurs sauraient en débattre, et parler de littérature et de foi en l'être humain.
On voudrait tous se lever , ensemble, main dans la main, sur tous les champs d'Horreur et dire, Stop, ça a assez duré.
La littérature peut nous y aider.
Humainement recommandés.
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Prix de la littérature arabe en 2017, ce livre n'est pas vraiment un éloge de la politique occidentale des dernières décennies au Moyen-Orient. La fonction sociale traditionnelle de la famille du personnage principal en fait un observateur bien placé pour suivre les soubresauts de son pays. L'Irak, riche d'un capital archéologique immense, comptait encore des universités, des intellectuels, des artistes, des poètes et des sculpteurs sous la sanglante dictature de Saddam Hussein. Les habitants y rêvaient malgré tout d'un avenir meilleur. Saigné par la guerre qui l'opposa à l'Iran, écrasé une première fois par les Occidentaux qui trahirent ceux qui s'étaient rebellés contre le régime au cours de la première guerre d'Irak, le pays fut anéanti par la seconde et ne cesse de se décomposer depuis lors. Même si l'auteur suggère par son récit parfois poétique que la vie se nourrit de la mort, il dénonce la triste conséquence de l'Histoire : une société pulvérisée et sans espoir qui ne laisse d'autre choix que l'exil aux plus habiles, aux plus éduqués ou aux plus chanceux.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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A Bagdad, le père de Jawad est laveur de corps, il prépare les défunts pour leur dernière demeure. Dans cette famille chiite, ce métier s'exerce depuis des décennies de père en fils et le père de Jawad aimerait que son fils prenne la relève. Mais Jawad est attiré par la sculpture et il entame des études d'arts plastiques. Alors que l'Irak subit les différents conflits et leurs violences inhérentes, Jawad voit ses souhaits s'éloigner.

De l'adolescence à l‘âge adulte, on suit Jawad avec en toile de fond Bagdad meurtrie et violentée par des années de conflits. Entre des drames comme la mort de son père qui l'oblige à le remplacer bien loin de l'avenir qu'il s'imaginait et des déceptions, la voix de Jawad nous plonge dans Bagdad, dans la vie des habitants au quotidien avec un réalisme frappant (les coupures d'électricité, l'embargo).
Ses émotions et ses sentiments comme la résignation "Mais nous attendions les guerres comme d'autant attendent un invité qu'ils connaissent parfaitement; ils préparent tout ce qu'il faut pour rendre son séjour agréable" sont parfaitement rendus tout comme son cheminement personnel.

Avec sensibilité, l'auteur nous livre des belles réflexions sur le désir d'affranchissement de Jawad qui pour autant ne veut pas renier les traditions, sur la vie et la mort intimement liées.
L'écriture de Sinan Antoon adoucit les scènes très dures et confère une beauté à la solennité des gestes, des rituels des laveurs de corps.
Les dernières pages sont tout simplement superbes et émouvantes. Une lecture saisissante par bien des aspects !
Lien : https://claraetlesmots.blogs..
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J'ai été emportée par le début du livre et une magnifique écriture, emplie de poésie. La seconde partie du livre, à mon goût, n'était pas à la hauteur. Je l'ai lu en anglais et le titre était "the corpse washer", à mon avis bien moins poétique et pertinent que le titre français.
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