Citations sur Rhapsodie des oubliés (104)
Je me racontais mon film en un long plan séquence. Le métro qui grondait en rentrant sous terre, blanche et son décor de fête foraine, le rond point de la place de Clichy, les roms qui squattaient devant le Wepler, puis : cut. p183
Sur le boulevard des rêves brisés, la chair des femmes est un trésor. Car avec Clarisse, la dette augmente chaque jour comme les kilos sur son gros cul que tous ont envie de botter. Sur le boulevard des rêves brisés, le putes ne sont pas blanchisseuses et finissent noyées dans la crasse. Sur le boulevard des rêves brisés, les putes, même les plus belles, meurent comme des mouches noyées dans le pot de miel. Sur le boulevard des rêves brisés, j'ai appris que les hommes ne pleurent pas et que la vie est une sacrée pute. Sur le boulevard des rêves brisés,l'amour c'est pour les autres et surtout pas pour nous. Ici la mort infeste le bitume. p145
On n'est pas si différent avec la dame d'ouvrir dedans, au fond. C'est l'histoire de ce pays : on a presque tous, d'où que l'on vienne, d'où qu'on parle, peu importe notre Dieu, une histoire de valises à vivre et à raconter. p123
J'ai levé les yeux avec flemme du livre qu'Odette m'avait forcé à me taper. Le truc de Marcel Machin, sur ses histoires d'amour de puceau qui ne baise jamais. C'est chiant mais bien écrit et ça fait paravent avec le monde.
Les souvenirs traversent la peau des familles.
Je suis triste et en colère, le matin quand je regarde par la fenêtre de ma chambre. Ma rue a des airs de Kaboul avant la tempête. Les sons et les odeurs d'avant ont été remplacés par le genre de silence à rendre fou, comme quand tu mets tes doigts contre tes tympans et que tu presses tellement fort que ton sang arrête d'irriguer ta tête. Je me dis qu'il faut faire quelque chose pour sauver ce qui peut encore l'être dans cette putain de rue.
Alors que dans la vraie vie, celle qui pue la merde, c'est la rue qui nous gouverne et pas l'inverse. C'est la rue qui nous appelle et pas l'inverse. Et pour ceux qui n'ont pas de mère, il n'y a qu'elle pour les comprendre, les aimer, et donner un sens à leur vie. Ceux qui habitent là où ça sent les fleurs peuvent pas piger.
On est pas si différents, avec la dame d’ouvrir dedans, au fond. C’est l’histoire de ce pays : on a presque tous, d’où que l’on vienne, d’où qu’on parle, peu importe notre Dieu, une histoire de valises à vivre et à raconter.
Ma rue a la gueule d’une ville bombardée, une gueule de décharge à ciel ouvert, une rue qui ne dort jamais, où les murs ressemblent à des visages qui pleurent. Des murs qui n’ont jamais été blancs et qui semblent hurler sur toi quand tu passes devant. Je suis arrivé dans ce bordel il y a à peine trois ans et j’ai déjà l’impression d’avoir vieilli de dix piges, rien qu’en me posant sur le banc du square Léon. Juste à regarder les gens. Les enfants ont l’air de centenaires. Des yeux de vieux sur des gueules d’anges.
J’ai levé les yeux avec flemme du livre qu’Odette m’avait forcé à me taper. Le truc de Marcel Machin, sur ses histoires d’amour de puceau qui ne baise jamais. C’est chiant mais bien écrit et ça fait paravent avec le monde.