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Citations sur Tsili (20)

Un homme s'approcha de Tsili pour lui demander : "D'où es-tu ?" Ce n'était pas lui, mais quelque chose en lui qui posait la question, comme dans un cauchemar.
Les yeux de Tsili semblaient s'ouvrir. Des mots qu'elle n'avait pas entendus depuis des années résonnaient à ses oreilles et les caressaient dans un murmure. "Si je rencontre maman, que lui dirai-je ?" Elle ignorait ce que tout le monde savait déjà : sauf cette poignée de survivants, il n'y avait plus de juifs.
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Le soir, il ralluma le feu. Ils mangèrent et burent une infusion d'herbes. Marek avait trouvé quelques bûches sèches qui brûlèrent bien en diffusant une agréable chaleur. Le vent aussi était doux et il apportait avec lui par hasard des ombres légères qui venaient d'au-delà de toute cette végétation, ce qui, semblait-il, avait une influence secrète sur Marek. Il se mit à pleurer de façon inattendue.
- Que se passe-t-il ?
- Je me souviens.
- De quoi ?
- De tout ce qui m'est arrivé l'année dernière.
Tsili se leva. Elle voulait dire quelque chose, mais les mots lui échappaient. Enfin elle parla.
- Je t'apporterai encore du tabac.
- Merci ! Je suis assis ici, je mange, je fume et ils sont tous là-bas. Qui sait où ?
Son visage gris s'assombrit, et une tache jaune s'épanouit comme un oeil sur son front.
- Ils reviendront tous, répondit Tsili sans savoir ce qu'elle racontait.
Ces paroles le calmèrent d'un seul coup. Il lui posa des questions sur sa randonnée et sur le village, sur la façon dont elle avait réussi à acheter les provisions ainsi que le tabac, et sur ce que disaient les paysans.
Ils sont calmes, dit Tsili d'une voix tranquille.
- Ils n'ont pas parlé des juifs ?
- Non.
Il resta quelques instants recroquevillé sans bouger. Ses yeux ternes que le manque de sommeil avait rougis se fermaient. Tout à coup, il s'écroula et s'endormit.
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Son bain lui avait fait du bien, mais il n'en fut pas de même pour les fruits. A cette époque, elle ne savait pas encore choisir entre tous les rouges et tous les noirs. Elle cueillait ce qui lui tombait sous la main : des myrtilles, des cerises, des framboises, des fraises. Le soir, elle fut prise de violents maux de ventre. Elle eut la diarrhée. Ses jambes maigres ne la portaient plus. "Mon Dieu, mon Dieu !". Les mots jaillissaient, mais ses cris étaient engloutis dans les hautes herbes. Si elle en avait eu la force, elle se serait traînée jusqu'au village et ses serait livrée.
Un paysan la surprit.
- Que fais-tu ici ?
- Je suis malade !
- Qui est ta mère ?
- Maria.
L'homme lui jeta un coup d'oeil dégoûté, grimaça et, sans plus la regarder, s'éloigna.
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Marek ne revint pas le lendemain non plus.
.../...
Les jours passaient lentement, pesamment. Tsili ne s'éloignait pas. Une fois un cri jaillit du fond d'elle-même : Marek ! Sa voix résonna tout au long du versant. Personne ne répondit.
En un jour, les vents changèrent, ceux de l'hiver survinrent, ténus comme des couteaux aiguisés. Le feu brillait, mais ne réchauffait pas.
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Quand la haine se déchaîna, ils s'enfuirent touts en laissant la gare de la maison à Tsili. Ils se disaient qu'il n'arriverait aucun mal une petite fille débile et qu'elle veillerait sur leurs biens jusqu'à ce que la colère fût passée. Tsili obéit sans implorer. L'affolement était considérable et on n'avait pas le temps de penser.
Nous viendrons te chercher, déclarèrent les frères en chargeant leur père sur un brancard.
cette même nuit, les soldats envahirent les maisons et les pillèrent. Ce fut un hurlement énorme, les cris montèrent jusqu'au ciel.
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L'automne maussade se prolongeait, dans ces plaines lassantes tout semblait n'être que boue et brouillard. Même les gens paraissaient en être formés : rudes, silencieux, ils n'avaient d'autre langue que la fourche et l'aiguillon.
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-Où étais-tu pendant la guerre ? demanda Tsili ? 
-Pourquoi cette question ? Avec tout le monde, bien entendu. Tu ne le vois pas ? dit-il en tendant le bras (Son matricule, bleu sombre, était tatoué sur la peau.) Mais je ne veux pas parler de ça. Si je commence, je n'en sortirai pas. (p115)
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Peut-être ne faut-il pas raconter la vie de Tsili Kraus, dont le destin fut cruel et sans éclat.
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L'été les surprit, chaud, généreux, insufflant le désir de vivre. Les sentiers convergeaient vers les gorges verdoyantes, bordées de grands arbres. Les réfugiés affluaient de toutes parts et le spectacle évoquait des vacances d'été, des mouvements de jeunesse, un repos saisonnier, toutes sortes de plaisirs de jeunesse oubliés. Aussitôt, des mots de l'ancien vocabulaire refirent surface. Seuls, les vêtements continuaient à dégager de la vapeur, comme un opprobre éternel.
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Pour la première fois, elle se trouvait plongée dans la nuit. Quand elle était bébé, on fermait les volets très tôt ; plus grande, elle n'avait pas la permission de sortir dans l'obscurité. C'étaient les premières ténèbres que palpaient ses mains.
Elle sortit de la cabane et tourna à droite, vers les champs. Le ciel s'éleva au-dessus d'elle d'un seul coup. Les tiges de maïs la dominaient. Elle marcha longtemps sans tourner la tête. Puis elle fit des pauses pour écouter le bruissement des feuilles. Le vent était léger et la fraîche obscurité atténuait sa soif.
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