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Un petit roman, des chapitres courts , un rythme costaud, des mots qui frappent. Tsili est une gamine qui suivit le monde sans trop le comprendre ou y participer. Sa famille fuit l'avancée des nazis en la laissant là ...elle va survivre comme elle peut zt grandir comme elle peut. Se cachant dans la forêt, subissant les coups en échange du gîte , mais survivre malgré tout . Ce livre est passionnant, les mentalités les plus atroces y dont dépeintes avec le regard de cette adolescente un peu " simple" ( un drame pour l'époque ) qui va pourtant être assez réactive pour sauver sa peau et s'adapter .
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1942, un petit village quelque part en Europe centrale...Tsili, gamine juive de douze ans, est chargée de garder la maison de sa nombreuse famille partie précipitamment...pour ne jamais revenir. Dès lors elle se met à errer aux lisières des forêts alentours, cherchant sa nourriture dans la nature, en volant, en mendiant ou en rendant de menus services aux habitants du coin. Elle n'est pas très éveillée ni très courageuse. Elle est aussi mal reçue pour être reconnue comme la fille de Maria, que tout le monde traitait de putain. Dans son isolement, elle rencontre Marek, un homme marié et père de famille, fugitif qui s'est échappé d'un camp...Au fil des jours monotones et oisifs, où seule la recherche de nourriture et le sommeil occupent Tsili, Marek buvant et délirant, ces deux êtres perdus vont se réchauffer en vivant quelques moments d'étreinte. Mais Marek n'en peut plus, il part...
Tsili est enceinte...pendant des mois, son isolement reprend...mais bientôt 1945 s'avance, des colonnes de juifs rescapés des camps arrivent...Intégrant le flot de réfugiés, Tsili marchera jusqu'à la côte dalmate, en attente d'embarquement pour la Palestine.

La vie de Tsili est mortifère, d'un vide sidéral. Les journées sont rythmées uniquement par la recherche de nourriture, pour survivre, par le sommeil, un sommeil peuplé de voix, de rêves comme des hallucinations. L'isolement confine presque à la folie, il n'y a plus de but, plus de chemin de vie ni de chemin physique d'ailleurs : la gamine est tétanisée et reste à camper à deux pas du village de ses parents. Le froid, l'humidité, la fatigue, la faim, la saleté...Et même lorsqu'elle intègre, enceinte et à bout de force, le groupe d'exilés, elle est encore longtemps esseulée, possédée par le souvenir de Marek.

J'ai trouvé l'atmosphère oppressante et désespérante, à cause de l'immense isolement de l'héroïne au sein d'une nature presque inquiétante, alors même que cette nature est paradoxalement fort peu décrite...et même lorsque Marek est près d'elle, on n'est pas rassuré : elle parle peu, lui est instable, imprévisible, oscillant entre colères et gentillesse. Tsili n'en est apparemment guère affectée, elle semble fascinée par les hommes bavards qui délirent et parlent comme des prophètes...

Une oeuvre étrange, à l'atmosphère presque onirique, où un destin individuel se fond dans le destin dramatique de tout un peuple, même si la fin redonne une forme d'espoir à ces êtres qui ont tout perdu, espoir de renaissance sur la terre de Palestine...

Un thème qui interpelle singulièrement aujourd'hui, à l'heure de l'exode des migrants.
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Dans ce roman Aharon Appelfeld nous raconte la vie d'une fillette de douze ans, Tsili, petite dernière d'une grande fratrie.
Lorsque les soldats viennent piller leur village, toute sa famille s'empresse de quitter leur foyer sauf Tsili, dont la mère demande de garder la maison jusqu'à leur retour qui, bien évidemment, n'aura jamais lieu.

Seule rescapée du massacre des villageois, la fillette va devoir se battre pour survivre. de ferme en ferme, elle tente de se nourrir tant bien que mal, mendiant une miche de pain par ci, par là pour apaiser son ventre affamé.
Souvent chassée pour être la fille de Maria, sa mère, connue pour être une " putain ", Tsili, rejetée de toutes parts, va vivre des aventures sordides, trop souvent battue, souffre-douleur des rencontres qui jalonnent sa vie de désolation jusqu'à sa rencontre avec Marek, un déserteur plus âgé qu'elle. Unis dans la même galère, l'amour doucement s'installe entre eux. Pour Marek, elle prendra des risques considérables en descendant dans un village voisin afin de lui apporter tantôt des vivres, tantôt de l'alcool et du tabac, jusqu'au jour où Marek décide d'aller lui-même se ravitailler, la laissant seule des jours durant au grand désespoir de Tsili qui sent la vie s'installer en elle. Hélas ! Marek ne reviendra pas et l'enfant qu'elle porte lui donnera la force de suivre les hommes, les femmes et les enfants fuyants un pays en guerre, perdus dans les affres de la Shoah, l'horreur dans toute sa noirceur et la mort qui n'en fini pas de roder à chaque instant.

Un récit déchirant, austère, dans lequel on ne peut qu'admirer la force qui habite la jeune Tsili mue par un incroyable instinct survie pour rejoindre la Palestine, une exode de tout un peuple, l'espoir pour tous les survivants d'un avenir sous de meilleurs auspices.
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Le 12 août dernier est sorti sur nos écrans le nouveau film du grand cinéaste israélien 'Amos Gitai, "Tsili" adapté du livre éponyme livre d'Aharon Applefeld.

Hélas, alors que le livre Aharon Appelfeld, évocation indirecte mais puissante et terrifiante de l'enfer de la Shoah est une belle réussite, le film de Gitai se perd dans un minimalisme et une conceptualisation rédhibitoire, rendant les personnage et les situations trop désincarnées.

Si je ne conseille malheureusement pas d'aller voir le film de Gitai (qui s'est un peu perdu après d'immenses films dans les années 90), il faut absolument lire le roman d'Aharon Appelfeld écrit en 1982, soit 20 ans avant l'obtention du prix Médicis Étranger qu'il a obtenu en 2004 pour ."Histoire d'une vie" , la suite logique et défictionnalisée de Tsili dans laquelle il dépeint ses propres années de guerre passées à se cacher de ferme en ferme, à vivre de rapines et d'expédients, en Robinson échoué dans une Europe entièrement asservie à l'objectif d'exterminer son peuple.

Grace à son ton dénué d'effet et de pathos, mais terriblement puissance, ce livre, qui nous interroge indirectement mais habilement sur notre place dans cette société de surconsommation, constitue assurément une des grandes oeuvres l'écrivain israélien le plus traduit dans le monde.... des livres à gagner chez moi en cliquant sur l'article!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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1942 : quelque part en Europe Centrale.

On entre dans cette histoire comme dans un rêve ou plutôt un cauchemar.
L'auteur nous raconte la barbarie a travers la petite Tsili, enfant de douze ans, l'innocente, celle qui a la tête "ailleurs", celle que l'on ne remarque pas.
Une manière singulière d'évoquer ces heures sombres, mais en même temps tout est dit ou suggéré. Parfois il n'est pas nécessaire de longue phrases pour se faire comprendre.
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Incipit :
"Peut-être ne faut-il pas raconter la vie de Tsili Kraus, dont le destin fut cruel et sans éclat. Il est douteux que nous aurions su en retracer l'histoire si elle n'avait été réelle. mais c'est arrivé, on ne peut cacher ces faits. (p7)"

1942 - Europe Centrale, nous n'en saurons pas plus mais il est très facile d'imaginer le contexte, de quelle guerre il est question. Elle s'appelle Tsili Kraus mais pourrait porter bien d'autres noms, elle a 12 ans, juive, presque muette et "simple d'esprit". Elle va être abandonnée par ses parents et ses frères et soeurs qui doivent fuirent à l'approche de la guerre. Elle va devoir trouver, dans la mesure de ses moyens, de ce que son âge et son esprit peuvent lui permettre, de quoi survivre en territoire hostile. Elle ne sait et ne comprend pas ce qui l'entoure et va faire son apprentissage de la vie, de la survie au fur et à mesure des rencontres :

"-Où étais-tu pendant la guerre ? demanda Tsili
-Pourquoi cette question ? Avec tout le monde, bien entendu. Tu ne le vois pas ? dit-il en tendant le bras (Son matricule, bleu sombre, était tatoué sur la peau.) Mais je ne veux pas parler de ça. Si je commence, je n'en sortirai pas. (p115)"

Je n'ai pas voulu mettre une autre photo que celle de la couverture de ce roman tellement on lit dans le regard et le sourire de cette enfant la misère mais aussi l'espoir. Tsili va souffrir de la faim, du froid, de l'isolement mais ne renoncera jamais, malgré les rebuffades, malgré l'exclusion, malgré les quiproquos elle va apprendre ce qu'est la guerre, l'isolement mais aussi l'amitié voire plus, grâce à Marek, un compagnon de voyages, enfuit d'un camp où sont restés femme et enfants. Entre eux va se nouer un lien qui va permettre à Tsili de grandir, trop vite peut-être.

Une écriture simple, l'énumération des faits, tels qu'ils sont pour garder de la distance et rendre le texte intemporel et universel. Il y met tout ce qui divise : les réputations, les origines, les peurs mais aussi l'inconnu, le différent, celui, même quand il s'agit d'un enfant, qu'on refuse d'écouter, de voir, d'aider parce qu'il fait peur.

Pendant plusieurs mois Tsili apprend la méfiance, la résignation, de ses précédentes rencontres, vit dans les souvenirs de ceux qui lui ont témoigné un peu d'amour, imagine ce qu'ils auraient fait et finit par ne  compter que sur elle-même car abandonnée de tous elle doit continuer sa route et celle-ci va la conduire, au bord de la mer, vers une terre promise mais cela elle ne le sait pas mais le devine, l'espère.

C'est un récit universel de tous ces enfants jetés sur les routes, déracinés, loin de leurs familles, une sorte de conte noir et monstrueux dans lequel Aharon Appelfeld a mis ses propres souvenirs d'orphelin évadé d'un camp, qui traversera une partie de l'Europe vivant de ce qu'il trouvait et rejoindra la Palestine en 1946 avec d'autres jetés sur les routes. J'ai rapproché ma lecture à plusieurs moments à La plus précieuse des marchandises de Jean-Claude Grumberg, conte réaliste sur le même thème avec ce que les mots peuvent évoquer de souffrances mais avec ici plus de distance.

Tsili, comme sur cette photo, reste une enfant, encore moins prête que les autres mais  peut-être parce qu'elle ne comprend pas l'horreur de ce qui l'entoure ou lui arrive, elle ne souffre pas ou ne le dit pas, elle n'a pas le choix, elle doit avancer et quelque chose en elle, sa simplicité peut-être, masquera l'horreur comme l'auteur utilise cette forme d'écriture épurée, distanciée pour raconter sans pathos, sans implication personnelle même si cela transpire à travers les lignes, ce qu'il a vécu enfant.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Dans le Garçon qui voulait dormir, les Partisans,et... Appelfeld puise dans son expérience personnelle, sa vie errante dans les forêts de Bucovine ou d'Ukraine au cours de la Seconde Guerre mondiale. Pas plus que dans ces romans , il n'écrit d'autobiographie. Il s'agit de fiction. le témoignage est celui d'un romancier qui met en scène des personnages romanesques complexes avec leur histoire propre. Depuis que je suis cet auteur je n'ai aucune impression de répétition ou de redite. Bien sûr, le décor change peu : forêt, marais et montagne mais l'histoire est différente. Richesse de l'âme humaine et de cette humanité juive, finesse de l'observateur qui ne se limite pas aux archétypes et fait surgir des personnalités.

Tsili, fillette de 12 ans, peu éveillée, est peu douée alors que ses aînés cherchent à réussir socialement par une bonne éducation et des concours. La famille n'est pas pratiquante, un vieil homme l' initie aux rudiments de la religion puisque l'école est pour elle un échec. Alors que la menace se précise pour les Juifs en 1942, on la laisse garder la maison tandis que le reste de la famille prend la fuite .


Livrée à elle- même Tsili découvrira seule les moyens de survie. Tantôt, elle sera sauvageonne dans la forêt, tantôt, elle sera servante de paysans à qui elle cachera ses origines juives.

Dans la forêt, elle rencontre Marek homme marié qui a fuit les camps. Une vie commune s'organise dans un abri qu'il a creusé. Un jour Marek descend de leur montagne :

"L'homme n'est pas une taupe, cette position couchée est déshonorante"



Il ne remontera plus. Tsili porte un enfant de lui. La guerre prend fin et Tsili rejoint les colonnes de réfugiés qui traversent l'Europe avant d'arriver à la mer où ils embarquent vers la Palestine. La fin du roman conte leur errance. Tsili est devenue une femme.

J'aurais dû lire le livre avant d'aller voir le film d'Amos Gitaï qui n'est pas une adaptation du roman. Plutôt une illustration, une inspiration, comme la chorégraphie qui lui sert de prologue. Oeuvre minimaliste. Tsili est figurée d'abord comme sauvageonne puis comme errante. Amos Gitaï n'a rien retenu de la servante battue par les paysannes, ni de la mendiante, de celle qui troque des vêtements contre la nourriture. La bande sonore raconte plus que les images. Bruits de fusillades. Bruits de la forêt. Il faut également être attentif à la langue, alternance de yiddish et d'Allemand, russe aussi.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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1ère phrase: "Peut-Etre ne faut-il pas raconter la vie de Tsili Kraus, dont le destin fut cruel et sans éclat."

Un livre qui vous prend à la gorge.

Une petite fille juive, présentée comme un peu simplette, transparente dans une famille nombreuse, est laissée par les siens pour garder la maison lorsque sa famille fuit face à la menace des rafles. Seule dans cette Europe de l'Est, qui est secouée, malmenée elle va survivre mais dans quelles conditions ! Elle va rencontrer des gens tout aussi abimés par la vie mais qui vont le plus souvent l'exploiter, la battre. Elle finit par « vivre » avec un homme qui s'est échappé d'un camp de concentration et qui ne supporte pas l'idée d'avoir abandonné les siens. Elle attend un bébé de cet homme qui a disparu, englouti par ses remords. A-t-il été arrêté, l'a-t-il abandonné ? On ne sait. Mais Tsili l'attend, elle ne sait que faire d'autre. Puis pendant sa grossesse, c'est la fin de la guerre. Elle rencontre des rescapés des camps, elle les suit. Je n'ose parler de « libération » car peut il y avoir une libération pour ces gens ? Chacun a une histoire mais peu en parle car que dire devant tant de détresse ?

C'est un livre puissant, dans la lignée de Primo Levi, de Kertesz. C'est court, il n'y pas vraiment de morale, juste un destin comme il y en a eu des millions. Mais quel livre !
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Appelfeld a commencé à écrire en faisant des romans sur la Shoah. Certains lui ont d'ailleurs reproché de romancer l'horreur de ce vécu. Il s'en explique dans son autobiographie "Histoire d'une vie" en écrivant que les enfants qui, comme lui, ont été emprisonnés dans les camps, n'avaient pas les mots pour exprimer cette horreur, et que c'est uniquement par des sensations, et, pour lui, par l'écriture de ces sensations, qu'il sera possible d'en parler.


Ce roman, c'est l'histoire de ses années à lui, transposée sur une petite fille, mais c'est lui cet enfant dont toute la famille est arrêtée et qui devra errer pendant des mois en se cachant et en mentant sur ses origines juives. le travail dans une maison où elle est nourrie mais maltraitée, la fuite, l'errance dans les bois, la communion avec la nature. La rencontre avec un homme mettra un petit et bref rayon de soleil dans cette fuite, mais on en retient surtout la cueillette de fruits, les refuges dans les granges et sous les arbres, et, toujours, la peur. L'errance prendra fin quand elle rencontrera un groupe de juifs de retour des camps, et avec eux elle va aller jusqu'à Zagreb où des passeurs plus ou moins honnêtes vont les transporter jusqu'en Palestine.


L'émotion en lisant ce récit est sans doute décuplée quand on a lu "Histoire d'une vie" auparavant et que l'on voit à chaque page l'auteur décrire des sensations qu'il revit quarante ans après ! L'écriture, toujours lyrique et imagée, est très belle.
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Ce roman est le deuxième que je lis d'Aharon Appelfeld. Il se trouve que cette brève narration reprend d'une certaine manière sa propre histoire, on pourrait dire qu'elle en constitue une variante. J'ai trouvé "Histoire d'une vie", son autobiographie, beaucoup plus aboutie, il l'a écrite 21 ans plus tard aussi.

Tsili, l'héroïne de ce roman, est mal partie dans la vie : elle a grandi sans aucune attention, un peu comme un objet abandonné dans la cour. Son père est malade et alité, sa mère est épuisée par le travail et les corvées, ses frères et soeurs tentent de réussir leurs études et de passer des examens - Tsili, elle, n'a jamais réussi à apprendre à l'école. Seul un vieux maître de religion lui a appris à domicile des prières, et a lu avec elle. Sa famille est juive, et dès que la guerre éclate, tout le monde fuit, laissant la maison à Tsili, qui reste seule.

La fillette quitte la demeure familiale, emportant peu de souvenirs, et rôde dans la forêt, ne revenant au village que pour troquer de quoi manger, et se faisant passer pour "la fille de Maria", une prostituée.

Elle est recueillie à plusieurs reprises, ce qui lui assure le gîte et le couvert durant les mois les plus difficiles de l'hiver, mais ne lui épargne pas de mauvais traitements, de manière systématique. La vie est rude pour une jeune fille, mais Tsili est forte et résiliente, elle va de l'avant.
Durant quelque temps, elle partagera la vie de Marek, un autre Juif, un homme adulte, évadé d'un camp. Elle apprend auprès de lui à communiquer, sa sauvagerie reflue un peu. La fin de la guerre apportera d'autres aventures, et marquera le retour des rescapés, les départs en bateau pour Israël...

J'ai suivi avec plaisir le parcours de Tsili, baignée dans cette ambiance slave, avec les paysages des forêts du Nord, des villages aux maisons de bois, de la vie reculée de ces paysans. le personnage de Tsili est à la fois fort et déroutant, tant elle paraît résignée, parfois indifférente, et en même temps vibrante d'une force brute, sauvage, libre. La jeune fille est à la fois entravée par des conditions de vie difficiles, un manque d'éducation, et à la fois curieuse, instinctive ; elle est plombée par sa condition de jeune Juive qui doit se cacher, mais elle a aussi de la chance dans ses rencontres, avec des personnes qui veilleront sur elle dans les moments critiques.

Et puis, surtout, l'écriture d'Aharon Appelfeld... Ici, les phrases sont ciselées, épurées jusqu'à la moelle. le lecteur suit les pensées de Tsili, sans avoir beaucoup d'avance sur elle. Ce récit de survie, d'exode, se suit dans un sentiment d'urgence, de vitalité inquiète, et souvent on ressent le bonheur immédiat, sans lendemain, des sensations du corps enfin satisfait, lorsque la faim est pour un temps apaisée, que l'eau fraîche des rivières peut laver ce qui fatigue et salit. Il s'agit d'une oeuvre de jeunesse, qui déjà porte les germes du talent de l'auteur, un écrivain devenu classique.

Tsili a été adapté en film (la couverture en est un photogramme) par Amos Gitai en 2013.
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