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Critique de Spy_ke


Premier roman de Louis Aragon pour moi et finalement premier roman d'amour avec pour nom celui d'un homme : Aurélien.
Je retrouve dans ce livre la justesse des mots de Louis Aragon et sa mélodie de l'amour et de la vie qu'il décrit comme il l'a si bien fait dans ses oeuvres poétiques et amoureuses à travers son amour pour Elsa, sa femme.

J'ai aimé, que dis-je, j'ai adoré son style et sa façon de jouer avec les mots, avec les phrases, tout en perçant le secret de la naissance de l'amour et de ses effets. Ses envolées lyriques m'ont amené à relire ses phrases si bien agencées et pensées, et prendre un instant pour les absorber et les digérer.

L'auteur nous parle d'Amour, mais finalement sans relation amoureuse intense. À mon sens, les personnages sont davantage en quête de quelque chose, de quelqu'un, pour (re)trouver un sens à leur vie. Car ils sont très autocentrés sur leur propre condition et leur histoire. À peu de moments, ils vont se mettre à la place de l'autre et se projeter avec cette personne pour diverses raisons (oisiveté, vie de famille, affaires, célébrité...). Et lorsque c'est moments semblent arrivent, les circonstances font qu'ils n'arrivent pas.

Le contexte sur fond de guerre et ses conséquences sur le soldat revenu dans le civil, m'a profondément rappelé celui de Ferdinand Bardamu dans Voyage au bout de la nuit et le style d'écriture 'parlé' de Louis Aragon m'a souvent rappelé celui de Louis Ferdinand Céline. Ah cela s'arrête les comparaisons. Oui, la guerre est en arrière-plan sur des dizaines pages, nécessaires certes, mais que je ne cherchais pas en commençant ce livre. J'ai donc trouvé des longueurs, mais nécessaires pourtant pour apprécier la beauté de ce (grand/gros) livre. L'oisiveté du personnage principal ne lui permet guère de se projeter dans l'avenir et d'arrêter de penser à tout et à rien. Il n'assume pas non plus les conséquences qu'a eues la guerre pour lui, et qui sont pourtant au coeur de son histoire. Cela se ressent.

J'ai trouvé quelque chose de nouveau aussi sur l'Amour, car on le sait, et ce dès le début, qu'Aurélien n'a pas de coup de foudre pour Bérénice, qu'il ne la trouve même pas belle, et pourtant. Et pourtant. de là n'est toute cette romance. Aragon aborde l'ambiguïté du sentiment amoureux, l'idéalisation de l'autre et la recherche d'un absolu pour celui qui semble perdu.

J'ai aussi pris un plaisir à découvrir la bourgeoisie (mais aussi quelques lignes sur la classe ouvrière) parisienne et artistique du début du XXe siècle avec les autres personnages du roman : Edmond Barbentane et sa femme, Zamora, Paul Denis, l'oncle Blaise, Adrien Arnaud à Decoeur et Rose Melrose en passant par les personnages plus secondaires, mais importants.
J'ai aussi repensé au très beau livre de David Lelait-Helo, Sur l'épaule de la nuit, concernant ces brefs instants volés à l'amour, sur fond de guerre, et qui resteront dans la mémoire et feront travailler l'imaginaire des personnages.

À travers cette histoire entre les deux personnages, se jouent d'autres histoires secondaires et tout aussi intéressantes, et l'on peut observer ainsi une dichotomie intéressante dans la pensée des personnages entre la bourgeoisie parisienne et la campagne ou encore à l'intérieur même de Paris, entre la bourgeoisie et la classe ouvrière.

Finalement, je vous le conseille vivement. Ne vous arrêter pas à son épaisseur, il reste accessible et si bien écrit. Ce livre est un chef d'oeuvre.

Cependant j'espère qu'il pourra être réédité, car le format de l'écriture, qui ne correspond aux nouvelles normes, fait très mal aux yeux, car il est écrit trop petit !!

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