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« Aurélien » est un roman d'amour mais il est surtout un roman sur l'amour et les difficultés d'aimer. Sur l'amour impossible.
Dans le Paris des années vingt, encore meurtri par la première guerre mondiale, baigné dans une ambiance artistique (Montmartre, des peintres comme Picasso, Monet, des écrivains, des musiciens et le jazz), autour de la relation principale entre Aurélien et Bérénice, d'autres personnages vont se croiser, s'aimer, se désaimer.
C'est pour Aragon l'occasion dans ce roman de nous faire nous interroger sur ce que c'est qu'« aimer », sur ce qui fait qu'on est et/ou qu'on tombe amoureux.
Qu'est ce qui nous fait nous éprendre de quelqu'un plutôt que d'un autre ? Avec cette conscience des défauts (beauté, caractères, différence sociale) de cet autre qui ne nous auraient pas attirés normalement, de manière rationnelle ? Mais l'amour, bien sûr, n'est pas rationnel car ''l'amour a ses raisons que la raison ignore''.
Se laisse-t-on croire qu'on aime l'autre alors que ce n'est peut-être que le besoin de ressentir une émotion, l'envie d'aimer ? Aime-t-on l'autre juste parce qu'on a envie d'être aimé(e) en retour ? Aime-t-on l'image que l'on se fait de l'autre, ce qu'il représente à nos yeux et non pas ce qu'il est véritablement ? (la cristallisation De Stendhal : ''en un mot, il suffit de penser à une perfection pour la voir dans ce qu'on aime''.)
Par l'entremise de la relation entre Aurélien et Bérénice, Louis Aragon nous expose tout le cheminement amoureux, décortiquant les étapes, les paliers, et analyse avec justesse tous les sentiments et actes qui peuvent en découler. de la naissance de l'amour, de ces moments de bien-être, de félicité aux pires souffrances.
La première fois qu'Aurélien voit Bérénice, il n'y prête presque pas garde, la trouvant mal apprêtée, provinciale, peu jolie. La construction de cet amour n'est donc pas ici « telle une évidence », induite par une attirance physique classique. Plus complexe ou retors, c'est son entourage qui sera le déclencheur de son attention pour elle : son ami, Edmond, avec qui il a fait la guerre, lui parle de Bérénice -sa cousine- et lui fait maintes fois sous-entendre (pour servir ses propres intérêts) que celle-ci est attirée par lui, et fait germer ainsi son intérêt pour elle, telle une chrysalide qui, peu à peu, va se transformer en véritable passion. Sans parler peut-être aussi d'une sorte de défi personnel de se faire aimer d'une femme mariée.
Tout l'amour avec un grand A et ses variantes sont présents, interprétés par les différents personnages du roman : la femme qui n'est plus dans la fleur de l'âge et qui cherche encore à séduire. La femme fatale. le mari infidèle qui reste avec sa femme pour son argent ou le statut social. Celle qui aime l'autre parce que celui-ci la repousse ou ne l'aime pas (''Fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis''). le désir physique avec les filles de joie. L'asservissement ou l'acceptation des infidélités du conjoint, jusqu'à s'en faire mépriser (le mari médecin de Rose Melrose ou encore le mari pharmacien de Bérénice). L'amour interdit (avec Bérénice).
Ce roman n'est pas un roman à l'eau de rose, les deux personnages principaux ne sont pas forcément ni beaux ni sans défauts. Et ils ne se marièrent pas et n'eurent pas beaucoup d'enfants.
Parce que, si Aragon nous montre les instants de bonheur : les étincelles dans les yeux, le sourire aux lèvres toute la journée, les petits papillons dans le ventre (Ahhh, ''vertige de l'amour'')…, il sait tout autant nous rappeler, si besoin est, qu'il y a tous les autres moments plus douloureux, toutes les affres quasi obligatoires autour de l'amour.
Celui qui rend jaloux. Celui qui rend fou (''Aimer à perdre la raison...''). Cette passion vécue qui fait mal, qui nous malmène, nous enferme, nous plonge dans la tristesse et la dépression. Ces lieux où l'on erre dans l'espoir de croiser l'être aimé. Cette envie de mourir pour l'absence de l'autre, du non-amour de l'autre. Cette attente perpétuelle d'un message, d'un appel, d'une entrevue. le silence qui ronge.
L'auteur décrypte aussi tous les effets, les causes et conséquences : les émois, les emballements, les égarements, les actes manqués, les quiproquos, les mensonges qu'on dit même pour plaire à l'autre, les attentes, les bleus à l'âme, les états d'âme, les mille réflexions qu'on se ressasse, les tourments, les accès de rage, les excès de violence, les vengeances, les espoirs, les actions dans lesquelles on se jette pour fuir et oublier l'autre… et quelques retrouvailles.
L'amour dans tous ses états. L'amour et tous ses sortilèges.
Aragon n'est pas toujours tendre avec ses personnages comme l'amour ne l'est pas toujours. Il nous les présente sous un éclairage parfois trop cru tels que nous sommes, quelquefois menteurs, calculateurs, pas forcément désirables ou attirants.
Certes, j'ai trouvé certains passages un peu longs et peut-être inutiles. Mais, Aragon n'est pas seulement un merveilleux poète, c'est aussi un auteur qui nous narre et décrit parfaitement les relations amoureuses et on sait bien, même en ce jour un peu spécial, que ''les histoires d'amour finissent mal, en général''. Même après sa rencontre avec Elsa, considère-t-il toujours qu' ''il n'y a pas d'amour heureux'' ?
Personnellement, Aragon m'a fait revivre certaines de mes relations, par des flashs, pour un simple mot, pour un simple état lié à l'amour.
Mais, plutôt que d'en ressasser encore les imperfections, les erreurs et les peines, parce qu'à force d'avoir répété sans cesse le mot « amour », j'ai envie de finir ce billet par une note plus naïve et inconsciente, par un oubli de la raison et du discernement. Se laisser aller, accepter de lâcher prise, s'ouvrir à l'autre, se laisser emporter, vibrer, ressentir, jusqu'à en oublier tous les risques et souffrances encourus, parce que ''la vie ne vaut d'être vécue sans amour''…
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En fait, l'histoire d'Aurélien se résume en quelques phrases : Aurélien voit Bérénice. Il la trouve laide. Puis, tout à coup, alchimie amoureuse aidant, il l'aime. Bérénice l'aime aussi. Peut-être ! sans doute ! Quoi qu'il en soit, ils ne se trouveront pas et se sépareront. Et se retrouveront brièvement dix-huit ans plus tard, séparés définitivement par la mort.
Et voilà ! Tout est dit.
N'importe quel écrivaillon d'aujourd'hui torchera la chose en cent ou deux cents pages, avec sujet, verbe, complément (pas trop long le complément, hein, car, autrement, cela devient incompréhensible !). J'ai lu par-ci par là que le style d'Aragon a un peu vieilli ! mais quels sont les énergumènes décérébrés qui peuvent s'exprimer ainsi !
Applaudissez cette prose magnifique et prosternez-vous devant ces grands écrivains, capables de vous transporter dans un ailleurs, qui, pendant les quelques heures ou quelques jours que vous passerez en leur compagnie sauront vous embarquer dans une fiction dont vous ne reviendrez pas indemne !
Acceptez de vous jeter, corps et âme , dans les délices enchantées de la belle langue, à la portée de tous, à la portée de tous ceux qui veulent se laisser bercer par la beauté des mots, des images ...
Aurélien .... mais c'est un poème en prose !

Aragon, lui, en a fait son chef d'oeuvre ! 700 ou 800 pages (cela dépend des éditions) d'une somptuosité sans pareille ! une écriture d'une finesse exceptionnelle, une étude brillante des sentiments avec analyse du goût de l'absolu, cet acmé de l'amour !
Et cette immersion dans les années vingt, années de folie, pour oublier l'horreur de la grande guerre, pour inventer un nouvel univers, pour se saouler de nouveautés ! Ah, cette éclosion de fantaisie, de talents, de folie, dans ces années vingt, remarquablement évoquées par Aragon.
Ce qui m'a fait penser au superbe film de Woody Allen : Minuit à Paris ! A-t-il lu Aurélien ? on pourrait le croire tant l'ambiance imaginée dans le film semble proche de ce que Aragon a si remarquablement retranscrit avec sa plume inspirée !
Et c'est vrai que tout y est ! déraison, fantaisie, passion dévorante, tourments et toutes les affres du désespoir d'amour !
Aurélien ! un chef d'oeuvre intemporel ! A lire hier, aujourd'hui et dans cent ans !
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Je suis de ceux qui sont venus à la rencontre d'Aragon à travers certains de ces poèmes que j'ai tout d'abord découverts par l'intermédiaire d'autres artistes. Brassens façon sobre, Lavilliers façon musclée, mais aussi par le timbre charnel de la voix de Nina Simone. Chacun d'eux a mis en lumière avec son âme, en particulier un poème d'Aragon que j'aime par-dessus tout. Longtemps pour moi, Aragon fut celui qui clamait : « Il n'y a pas d'amour heureux ». Ce fut ainsi que j'ai découvert et aimé sa poésie, ses engagements, ses combats, sa résistance. Je ne connaissais pas la dimension romanesque d'Aragon. Un poète qu'on admire peut nous décevoir en tant que romancier, l'inverse aussi d'ailleurs.
Je vous livre ici l'incipit de ce roman, histoire de vous donner le décor : « La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide ». On ne peut pas rêver meilleure introduction au désir et à l'amour. Quand je lis cela pour la première fois, d'emblée j'adore.
La beauté cachée des laids, des laids...
Aurélien revient de la guerre de 1914-1918, cette guerre horrible sera longtemps encore là tapie dans le bruit des pages, sous sa poitrine aussi. Aurélien a la chance de revenir vivant, entier, son corps est intact, Aurélien n'a aucune blessure, du moins elles ne sont pas apparentes... Comment revenir indemne d'un charnier immonde ?! La guerre vécue de près peut-elle façonner la vision qu'un homme a du sentiment amoureux ?
Aurélien est jeune, rentier, veut s'offrir à l'amour, à la vie. Il habite à Paris, au coeur de Paris, au milieu de la Seine, sur une île. Ah ! Paris ! J'ai déambulé avec un plaisir inouï dans les rues de Paname, ces pages sont emplies de l'âme et de la magie de cette ville décrite avec une infinie mélancolie, quartiers perdus, folles nuits d'ivresse, les quais de la Seine qui deviennent des carrefours entre les rues et les eaux, les remous du fleuve qui charrient l'ombre de la ville, sa boue, sa nostalgie, des morts aussi, ceux qui s'y jettent un soir de désespoir... Les pages de ce roman sont une si belle et douloureuse déambulation...
T'en souviens-tu la Seine ?
Puis vient l'amour, ou plutôt le désir amoureux, ce qui est différent. Cette nuance subtile est justement importante pour comprendre la force du roman, c'est un roman habité par l'amour, le désir, la joie, la jubilation, les désillusions aussi forcément puisqu'on parle d'amour ici. La mort peut-être en filigrane, puisqu'on passe du versant d'une guerre à celui d'une autre... Mais il n'y a pas que les guerres qui enlèvent les vies. La vie amoureuse est dangereuse aussi...
Et c'est la rencontre avec Bérénice, mariée à un pharmacien de province, elle est de passage dans la capitale.
Amateurs des coups de foudre, des coups de grisou et des déflagrations amoureuses, ce livre n'est peut-être pas pour vous. Ici tout est lent, s'étend dans la longueur des pages. Mais ce n'est jamais ennuyeux. C'est un voyage sentimental en eau profonde.
J'ai été un peu déstabilisé par les premières pages car je ne saisissais pas du tout où l'auteur cherchait à m'entraîner, mais j'ai compris plus tard qu'il ne cherchait nullement à m'entraîner à un endroit particulier. C'est alors que j'ai lâché prise sur un texte formidablement beau, qui m'a envouté et m'a emporté comme une vague durant ses presque six cents pages.
Le charme et la force de ce roman est de donner une existence au lecteur amoureux que nous sommes. A priori il ne se passe quasiment rien durant ces six cents pages, je veux dire il ne se passe rien sous l'angle du schéma romanesque classique, sous l'angle sensuel, charnel, sexuel, de deux corps qui chavirent, qui s'étreignent, qui brûlent ensemble. Pourtant j'ai trouvé ces pages incandescentes, belles, cruelles, dévastatrices.
Et que c'est beau !
Jean Paulhan, un écrivain, critique et éditeur proche d'Aragon écrivit lors de la publication du roman ces mots grossiers : « Six cents pages pour qu'il n'arrive rien, qu'il la saute et qu'on n'en parle plus ». Ah ! L'élégance des hommes de l'art...
Aurélien est un roman sur les embarras, les pièges et les malheurs de l'amour, sur le désarroi, les folles illusions, la jalousie, les abîmes vertigineux, les bifurcations.
Vertiges de l'amour...
Pour leur malheur à tous les deux, Aurélien et Bérénice visent sans doute dans leur amour quelque chose de plus grand qu'eux, de trop abouti, de trop idéal, de trop absolu, malgré le désir qu'ils ont l'un pour l'autre. La beauté de cette rencontre est qu'ils partagent cette vision du même idéal amoureux, en quelque sorte, c'est bête, mais cela dès lors complique le chemin de l'un vers l'autre...
Ici c'est la confrontation entre l'idéal et le réel. Il la trouve franchement laide, il en tombe cependant amoureux et il n'y peut rien. J'ai trouvé que cet aspect rattachait ce roman au réel de nos vies et le rendait sans doute si attachant.
Les histoires d'amour finissent mal, en général...
Ne vous êtes-vous jamais demandé ce qu'il adviendrait de toutes ces histoires d'amour de la littérature classique si jamais pour notre plus grand malheur de lecteur elles avaient bien fini ? Et d'un point de vue romanesque, ce que l'on pourrait écrire, en tirer, en retenir ? Emma Bovary, Julien Sorel, Anna Karénine... Tant d'autres...
Pour moi, Bérénice est loin d'être laide, je pense qu'elle est même belle, mais cela est un point de vue personnel.
Aurélien, personnage à la dérive, n'est peut-être jamais vraiment sorti de la guerre.
Et nous autres, pauvres et heureux lecteurs, nous avons cette joie inouïe de côtoyer des textes intemporels, qui parlent de la vie, de l'amour, de la mort, comme si ces choses sacrées étaient ce qui nous fait tenir debout absolument.
« Rien n'est jamais acquis à l'homme, ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur, et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux ».
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Mes amis, on peut dire que je me suis pris une sacrée claque littéraire.

Voici donc mon avis confus, bouleversé et bouillonnant à propos du chef-d'oeuvre qu'est Aurélien.
Et si, au sortir de cet article, vous n'avez pas la fulgurante envie de poser les mains sur ce roman, autant fermer ce blog tout de suite.

Aurélien a la trentaine.
Derrière lui, des années passées au front, à combattre.
Un appartement en plein coeur de Paris, sur l'île Saint-Louis.
Une rente confortable qui le laisse libre de disposer de ses journées à sa guise.
Mais Aurélien a surtout le terrible sentiment d'errer sans but.
De ne pas comprendre les figures qui évoluent autour de lui.
De s'abuser.
Peut-être de passer à côté de sa vie.
Et il n'en est sans doute pas vraiment conscient.
Alors il laisse défiler les jours, les semaines, dans ce Paris du début des années 20 encore traumatisé par les souvenirs indicibles d'une guerre meurtrière.

Jusqu'à ce qu'il croise Bérénice.
Bérénice, dont on nous dit dès les tous premiers mots du roman qu'il "la trouva franchement laide", mais pour laquelle il sombre très vite dans la plus profonde, la plus noire, la plus vibrante des passions. Profonde, parce qu'il ne vit plus que pour elle. Noire, parce que Bérénice est mariée, à un obscur pharmacien certes, mais mariée tout de même. Vibrante, parce que c'est peut-être dans cet amour scandaleux, incompréhensible et foudroyant que se trouve la réponse aux égarements du jeune homme.

Commence alors un chassé-croisé, une suite de manipulations, de quiproquos et de rencontres volées entre Aurélien, Bérénice, et toutes les autres figures qui gravitent autour d'eux, tous plongés dans des troubles étourdissants, et pourtant vivant toujours un même quotidien réglé comme du papier à musique.

Aurélien est ce que l'on appelle un classique de la littérature, certes. Mais pas besoin de connaître la réflexion d'Aragon ou d'avoir une culture monstrueuse pour s'en rendre compte - vous connaissez par ailleurs mon aversion envers ceux qui estiment que les "classiques" sont des lectures "qui se méritent", réservées à une élite. C'est faux. Les livres appartiennent à leur lecteur, vous êtes aptes et légitimes à lire et critiquer toute oeuvre. Vous êtes totalement à même de ne pas aimer des classiques.
Lisez ce bouquin, pitié.

Aurélien est un bijou, un chef-d'oeuvre, un sommet d'écriture. La qualité du style et la justesse des mots sont flagrants, car la moindre phrase est un coup direct au coeur du lecteur. Aragon a compris cette mélancolie, ce désoeuvrement qui sommeillent plus ou moins profondément au fond de chaque être humain, qui se révèlent parfois dans nos coups de génie ou de folie... et cette connaissance de notre nature transparaît dans chaque passage, dans chaque décision des personnages, dans chaque observation douce-amère.

Aragon parvient à mettre le doigt avec une précision hallucinante sur des sensations et des réflexions que l'on partage sans même en avoir conscience, et parvient, avec ce qui peut ne sembler se réduire qu'à une banale histoire d'amour, à révéler dans un même élan ses personnages, ses lecteurs, et à les confronter à leurs fantômes.

Aurélien est sans doute le plus beau roman à Paris, sur Paris, pour Paris que vous aurez l'occasion de lire. La ville y est incarnée comme nulle part ailleurs, elle n'est pas simple décor mais bel et bien personnage à part entière. Elle y est décrite avec une incroyable générosité, qui convaincra aussi bien ceux qui la connaissent bien que ceux qui n'y ont jamais mis les pieds. Aragon a un don pour saisir la note, la vibration précise d'une atmosphère, d'une situation, d'un contexte, et lorsqu'il applique cet art à une ville entière, cela ne peut qu'être un délice.

Aurélien est à la fois délicieusement passé et furieusement moderne, avec sa langue soutenue mais toujours accessible, et surtout universelle. On pourrait, à quelques détails près, oublier le siècle qui nous sépare de Leurtillois et de ses connaissances, tant leurs errements paraissent palpables, compréhensibles. On se laisse contaminer par leur désemparement face à l'absurdité de leurs propres vies, parce qu'on le comprend, on le partage, sans jamais verser dans la déprime. On est en empathie, c'est aussi simple que cela.

Pour simple exemple, ce passage, la plus belle description jamais réalisée de la flemme :

"C'était, dans le premier moment, une flâne qui se prolongeait. Vous connaissez ce sentiment : on devrait être ailleurs, chez soi, par exemple mais pas nécessairement, il y a quelque chose comme un repas qui vous attend, on n'y va pas avec une croissante conscience de sa culpabilité. Encore cinq minutes, deux minutes, une minute. On n'y va pas. C'est cela,le temps volé. Un temps qui n'est pas comme les autres. Gâché aussi, dilapidé. Une habitude profonde du devoir se mêle à un sens étrange de l'économie, d'une économie incompréhensible des minutes. Comme si on ne vivait pas quand on fait autre chose que ce qu'on est censé faire, devoir faire. Tant pis, on n'ira pas. Ce n'est pas que l'on tienne spécialement à traîner ici, qu'on préfère y être. On y est. Voilà tout. Avec une ivresse désobéissante."

Osez me dire que vous ne vous y reconnaissez pas. Oui, toi, qui passes six heures par jour à scroller ton fil d'actualité sur Facebook, parce que tu y es. Voilà tout. Avec une ivresse désobéissante.

Alors lisez Aurélien, savourez-le, chapitre par chapitre, au fil des pensées troublées d'un héros qui n'en est pas vraiment un - ou peut-être ? Abreuvez-vous de la richesse de sa plume, de la profondeur de son propos, de ses réflexions étourdissantes de clarté et de justesse. Vous en apprendrez beaucoup, sur les mots, sur la vie, sur vous.

Un dernier mot d'Aragon avant d'en finir, parce qu'il parle décidément très bien du temps. Il parle très bien tout court, cela dit.

"Le temps à certains jours de notre vie cesse d'être une trame, d'être le mode inconscient de notre vie. D'abord il commence d'apparaître, de transparaître dans nous comme un filigrane, une marque profonde, une obsession bientôt. Il cesse de fuir quand il devient sensible. L'homme qui cherche à détourner sa pensée d'une douleur la retrouve dans la hantise du temps, détachée de son objet primitif, et c'est le temps qui est douloureux, le temps même. Il ne passe plus. On ne songerait pas même à l'occuper, toute occupation paraît dérisoire. Un désespoir vous prend à l'idée de cette étendue devant vous : non pas la vie, inimaginable, mais le temps, le temps immédiat, les deux heures à venir par exemple. Cette douleur ressemble plus à celle des rages dentaires, qu'on ne peut pas croire qui cesse, qu'à n'importe quoi. On est là, à se retourner, à ne plus savoir que faire, comment disposer d'un corps, d'un délire, d'une mémoire implacable, desquels on éprouve vainement être la proie."

Ceci, mes amis, est un monsieur qui sait écrire.
Maintenant, vous savez quoi faire.
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Avec l'analyse de la Princesse de Clèves, il est proposé aux lycéens (Bac de français à la fin de l'année) , en lecture cursive, des extraits d'Aurélien pour compléter l'étude des thématiques : la passion amoureuse, la quête de l'absolu, la société des apparences…
J'ai donc voulu découvrir dans son intégralité ce livre – 78 chapitres, 735 pages- qui constitue le quatrième tome du cycle du Monde réel, après avoir lu, il y a longtemps, « Les beaux quartiers ».
Dans son commentaire introductif, Aragon précise que l'écriture de cette oeuvre est concomitante à celle du « Cheval blanc » d'Elsa Triolet, toutes deux écrites pendant l'occupation et il est vrai qu'Aurélien Leurtillois et Michel Vigaud ont des similitudes dans leur comportement, et ces deux personnage évoluent dans le Paris des années 20-40.
Aurélien, trentenaire, au début du récit , reste marqué par la Première guerre mondiale et les atrocités qu'il a connues.
Il a tout de l'anti héros et mène une vie embourbée dans l'oisiveté, faite de conquêtes faciles , éphémères, illusoires, jusqu'au jour où il rencontre la cousine de son ami Edmond Barbentane, devenu riche par son mariage avec l'héritière Quesnel. C'est Bérénice Morel, éprise d'absolu.
Aurélien, le demi-solde de l'amour tombe dans le piège amoureux.
Tentative de séduction, hésitation, échec, lassitude, séparation. L'Idylle ne se concrétisera pas. "Il n'y a pas d'amour heureux."
Bérénice retournera auprès de son mari, un pharmacien de province.
Dix-huit ans après, sur les routes de l'exode, Aurélien retrouvera Bérénice pour la perdre à jamais.
J'ai aimé le rythme poétique de l'écriture, les descriptions lyriques d'un Paris mythique, suranné, le portrait de cette société bourgeoise, mondaine, artistique qui entend jouir de ces années folles , la rencontre des artistes Tristan Tzara, Jean Cocteau, Serge de Diaghilev , Mistinguett, Picasso, Francis Picabia incarné dans le roman par Zamora, le couturier Jacques Doucet * sous les traits de Roussel…
*Il faut visiter à Avignon le musée Angladon situé dans l'hôtel de Massilian qui accueille la collection de Jacques Doucet (1853-1929) .
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Ce roman est une très belle histoire d'amour. Mais pas que … Car dans cette optique son abord serait rendu difficile par bien des moments qui sembleraient des digressions. C'est aussi, et peut-être avant tout, le roman d'une époque, des Années folles et d'une génération qui a survécu à la guerre de 14. Et à ce titre c'est un roman tout particulièrement réussi.
Aurélien est un jeune bourgeois qui a fait les quatre ans de guerre juste après son service militaire. Il se retrouve désoeuvré, sans aucun engagement d'aucune sorte : il vit de ses rentes et collectionne les conquêtes éphémères sans jamais s'attacher. Et voilà qu'il rencontre Bérénice, qu'il trouve d'abord laide, mais dont le son de la voix le frappe, il finit par être totalement fasciné par elle. de son côté elle est mariée, quoi que pas très heureuse en ménage. Aragon décortique à merveille la naissance du sentiment amoureux. La description des émotions ressenties par Aurélien est d'une précision et d'une justesse rares. Les sentiments évoqués sont intemporels, contrairement aux circonstances historiques et au contexte social. Plus qu'un roman d'amour, c'est un roman sur l'amour, sur deux personnes qui s'aimaient ou croyaient s'aimer et se sont ratées. Aurélien finit par être amoureux d'un souvenir, quant à Bérénice, c'est une sorte de Madame Bovary avec son rêve d'amour absolu. Sauf qu'elle choisit de retourner auprès de son pharmacien de mari, peut-être parce qu'elle sent qu'elle court à la déception, que l'amour absolu est illusoire. Vingt ans plus tard, ils se retrouvent par hasard, mais et ils n'auront le temps de rien, le destin va s'acharner sur eux.
L'histoire progresse, pour l'essentiel, par tableaux, par scènes, avec assez peu de transitions entre elles. Et certaines de ces scènes sont mémorables : la rencontre de Riquet à la piscine, un vernissage, ... L'ambiance des années 20 est bien rendue, palpable, avec le goût de plaisirs et de dépenses extravagantes, les milieux d'affaires, les milieux artistiques, les anciens camarades de guerre, … Les personnages, y compris Aurélien au début, sont assez agaçants, en particulier Edmond, le plus hypocrite de tous !
Et quelle plume ! Aragon est largement aussi bon romancier que poète. Et ça tombe très bien : j'ai encore trois ou quatre romans de lui qui m'attendent dans ma bibliothèque !
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Premier roman de Louis Aragon pour moi et finalement premier roman d'amour avec pour nom celui d'un homme : Aurélien.
Je retrouve dans ce livre la justesse des mots de Louis Aragon et sa mélodie de l'amour et de la vie qu'il décrit comme il l'a si bien fait dans ses oeuvres poétiques et amoureuses à travers son amour pour Elsa, sa femme.

J'ai aimé, que dis-je, j'ai adoré son style et sa façon de jouer avec les mots, avec les phrases, tout en perçant le secret de la naissance de l'amour et de ses effets. Ses envolées lyriques m'ont amené à relire ses phrases si bien agencées et pensées, et prendre un instant pour les absorber et les digérer.

L'auteur nous parle d'Amour, mais finalement sans relation amoureuse intense. À mon sens, les personnages sont davantage en quête de quelque chose, de quelqu'un, pour (re)trouver un sens à leur vie. Car ils sont très autocentrés sur leur propre condition et leur histoire. À peu de moments, ils vont se mettre à la place de l'autre et se projeter avec cette personne pour diverses raisons (oisiveté, vie de famille, affaires, célébrité...). Et lorsque c'est moments semblent arrivent, les circonstances font qu'ils n'arrivent pas.

Le contexte sur fond de guerre et ses conséquences sur le soldat revenu dans le civil, m'a profondément rappelé celui de Ferdinand Bardamu dans Voyage au bout de la nuit et le style d'écriture 'parlé' de Louis Aragon m'a souvent rappelé celui de Louis Ferdinand Céline. Ah cela s'arrête les comparaisons. Oui, la guerre est en arrière-plan sur des dizaines pages, nécessaires certes, mais que je ne cherchais pas en commençant ce livre. J'ai donc trouvé des longueurs, mais nécessaires pourtant pour apprécier la beauté de ce (grand/gros) livre. L'oisiveté du personnage principal ne lui permet guère de se projeter dans l'avenir et d'arrêter de penser à tout et à rien. Il n'assume pas non plus les conséquences qu'a eues la guerre pour lui, et qui sont pourtant au coeur de son histoire. Cela se ressent.

J'ai trouvé quelque chose de nouveau aussi sur l'Amour, car on le sait, et ce dès le début, qu'Aurélien n'a pas de coup de foudre pour Bérénice, qu'il ne la trouve même pas belle, et pourtant. Et pourtant. de là n'est toute cette romance. Aragon aborde l'ambiguïté du sentiment amoureux, l'idéalisation de l'autre et la recherche d'un absolu pour celui qui semble perdu.

J'ai aussi pris un plaisir à découvrir la bourgeoisie (mais aussi quelques lignes sur la classe ouvrière) parisienne et artistique du début du XXe siècle avec les autres personnages du roman : Edmond Barbentane et sa femme, Zamora, Paul Denis, l'oncle Blaise, Adrien Arnaud à Decoeur et Rose Melrose en passant par les personnages plus secondaires, mais importants.
J'ai aussi repensé au très beau livre de David Lelait-Helo, Sur l'épaule de la nuit, concernant ces brefs instants volés à l'amour, sur fond de guerre, et qui resteront dans la mémoire et feront travailler l'imaginaire des personnages.

À travers cette histoire entre les deux personnages, se jouent d'autres histoires secondaires et tout aussi intéressantes, et l'on peut observer ainsi une dichotomie intéressante dans la pensée des personnages entre la bourgeoisie parisienne et la campagne ou encore à l'intérieur même de Paris, entre la bourgeoisie et la classe ouvrière.

Finalement, je vous le conseille vivement. Ne vous arrêter pas à son épaisseur, il reste accessible et si bien écrit. Ce livre est un chef d'oeuvre.

Cependant j'espère qu'il pourra être réédité, car le format de l'écriture, qui ne correspond aux nouvelles normes, fait très mal aux yeux, car il est écrit trop petit !!

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Aurélien pure chef-d'oeuvre à découvrir ; une lecture qu'il m'a été obligé de faire pour mes études de lettres, mais que je ne regrette absolument pas. J'ai adoré découvrir ce livre.

Bien qu'écrit dans les années 1940, Aragon place le roman dans les années 1920, en pleines années folles, avoir jouissance et plaisirs de la vie, après la terrible premier guerre mondiale. On voit transparaître de nombreuses boîtes de nuit, notamment le Lulli's, fréquemment cité (et ayant existé dans la réalité sous le nom de Zelli's), lieu où se rend régulièrement le protagoniste éponyme du roman, avec sa musique jazz, ses musiciens et ses nombreuses jeunes femmes. C'est une époque où les fêtes abondent, où le whisky se déverse en flots. Plusieurs chapitres se réfèrent à la fête donnée par le duc de Valmondois sur le thème de l'or, avec des femmes luxieusement vêtues, portant bon nombres de bijoux, prouvent que le roman se place dans un milieu mondain et bourgeois.

Et c'est bien là où veut en venir Aragon. Ce poète surréaliste et romancier réaliste vient d'un milieu bourgeois de part son père, mais ce dernier ne l'a pas reconnu en tant que fils, car Aragon a été conçu hors mariage - ce qui aurait nuit au travail professionnel de son père. Révolté par ce non-dit, en quête d'identité, il est envoyé au front, et fait la guerre. C'est à partir de là qu'il commence à écrire Aurélien, pour échapper au quotidien cruel dans lequel il est embourbé.
Tout au long du roman, on peut remarquer beaucoup de similitudes entre le personnage d'Aurélien et l'auteur. Les deux hommes ont fait la guerre, ils sont tous les deux placés dans un milieu bourgeois, ils fréquentent des artistes mondains (comme Picasso, qui est illustré par Zamora).

Le protagoniste éponyme est déconcertant. Personnage solitaire, abattu par la guerre, il n'arrive pas à se remettre des scènes horribles qu'il a vécu, plongé constamment dans le noir, dans ses souvenirs de guerre, parmi les morts au combat et les gueules cassées du front. Jeune rentier, il n'a rien à faire de ses journées et erre donc dans les rues de Paris, sans but. Il est clairement expliqué qu'Aurélien s'est fait volé son enfance à cause de ses parents, qu'il a perdu son adolescence car envoyé à la guerre, et qu'arrivé à l'âge de trente ans, il n'a pas encore vécu sa vie. Mais une rencontre improptue va bouleverser à jamais la vie entière du personnage.

Dès l'incipit du livre, Aurélien se retrouve face à une Bérénice qu'il trouve tout de suite laide, sans intérêt et mal vêtue.
Mais grâce à sa rencontre lors d'une virée à la piscine avec un ouvrier, Aurélien se rend compte des différences sociales qui contrastent entre lui, le rentier qui ne travaille pas, et l'ouvrier. Dans l'eau, les deux hommes sont égaux, mais habillés, ils n'appartiennent pas au même monde. C'est cette révélation qui va pousser Aurélien à se rapprocher de Bérénice, et à apprendre à l'aimer.
On peut penser que l'amour d'Aurélien est en fait cristallisé par l'image de la Bérénice antique de Racine, jeune femme d'Orient, aux bijoux somptueux, à la peau hâlée. Il transpose son amour pour cette Bérénice sur la Bérénice contemporaine qu'il a en face de lui.

On peut aisément se douter que cet amour est quasiment impossible. Et c'est bien la trame de ce roman. Les deux personnages n'appartiennent pas au même milieu social, ils sont différents, et s'idéalisent l'un l'autre.
Dans Aurélien, on dénote bon nombre de couples qui n'arrivent pas à fonctionner. Edmond Barbentane trompe sa femme Blanchette avec toutes les femmes qui passent, notamment avec Rose Melrose. Rose Melrose trompe son mari le docteur Decoeur avec Edmond de Barbentane. Blanchette va tromper Edmond de Barbentane avec son secrétaire Arnaud, Bérénice trompe son mari Lucien avec Paul Denis... L'amour véritable est quasiment inexistant - ou si une petite percée du sentiment amoureux se montre, il est aussitôt anéanti par l'impossibilité des sentiments.

Mais ce roman est aussi bourré de références culturelles de l'époque de l'auteur. Entre les artiste, très présents dans le livre - on dénote l'apparition fréquente de Picasso, qui se cache sous les traits de Zamora, ou le poète Cocteau, représenté tel quel dans le livre -, Aragon incorpore également quelques-uns de ses amis surréalistes. En effet, lors d'une exposition de nuit, on découvre Tristan Tzara, l'inventeur du mouvement dada en personne. Il fait également implicitement référence à des personnes réelles, avec son ancien ami, devenu presque ennemi depuis qu'il a viré à l'extrême-droite : Drieu la Rochelle, qui peut apparaître sous les traits d'Aurélien lors de l'épilogue, quand le protagoniste commence à avoir des idées politiques de droite. Il met aussi en scène des couturiers célèbres, comme Paul Poiret, qui habille Bérénice de sa magnifique robe Lotus ; et fait référence à plusieurs reprises à Chanel, avec sa création de bijoux fantaisies.

Une chose est sûre, ce livre, qui appartient à la série du Monde réel écrit par Aragon a tout à fait sa place dans la série. Les traits des personnages sont parfaitement décrits, presque réels, l'espace spatio-temporel se réfère à des histoires passées - comme la guerre - ou à des lieux qui ont vraiment existés - le Zelli's -, à des atmosphères de l'époque - les années folles. le réalisme est à son apogée.

Un magnifique roman "d'amour", sur fond de guerres, de joies et de plaisirs. Lisez le impérativement, ne serait-ce que pour découvrir le somptueux dénouement qu'Aragon nous offre. A déguster à toutes les sauces.
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Roman de Louis Aragon.

Aurélien est un jeune rentier oisif qui enchaîne les aventures amoureuses dans le Paris mondain des années 1920. Revenu de la guerre, il déborde d'une énergie dont il ne sait que faire, et il traîne son ennui sur les quais de la seine, entre réceptions, affaires et ateliers d'artistes. Chez son ami Barbentane, il rencontre un jour Bérénice Morel, épouse d'un pharmacien de province, venue prendre du repos et du bon temps dans la capitale. D'abord insensible à la jeune femme, Aurélien va en tomber fou amoureux. Les deux jeunes gens vont partager un amour passionnée qui ne sera jamais consommé: les malentendus, les disputes, le goût d'absolu et les distances vont les éloigner. Après un projet de fuite amoureuse avortée, Bérénice revient à son mari et Aurélien retourne à son ennui. Les deux amants se retrouvent des années plus tard, quand les Allemands envahissent le pays. Entre eux, l'amour refleurit, mais le destin s'acharne.

D'Aragon, j'aime surtout la poésie surréaliste. Néanmoins, le livre est beau, l'écriture soignée, parfois exubérante. Certaines descriptions feraient pâlir d'envie Balzac et consorts, par leur longueur et leur précision. J'avais beaucoup aimé le téléfilm où Romane Bohringer incarne Bérénice. Après lecture de l'oeuvre, il me semble que le rôle lui convient parfaitement.
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Aurélien", c'est une histoire d'amour, c'est Aurélien, c'est Bérénice... c'est l'impossible.
Je me suis pris une claque littéraire avec ce chef d'oeuvre bouleversant.
La qualité du style, de l'écriture, de la narration.
L'auteur pointe avec justesse la nature humaine grâce aux nombreux personnages secondaires.
Et puis ces descriptions d'un Paris mythique qui, pour moi, est un personnage à part entière.
Un roman entre mélancolie et désarroi, mais surtout poésie.
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