Si Eliott est le soleil voilé, je suis les larmes et les rêves brisés.
Je n’ai jamais aimé avec passion, c’est probablement pour ça que je pleure raisonnablement.
- Marche avec moi, tout le monde devrait avoir une épaule à frôler, les soirs où il fait sombre là-haut, chuchote-t-il. Seul un être qui a trop aimé peut être torturé.
— Je… je désire m’y prendre correctement. J’ai peur de te faire du mal, je ne connais que ça. Je suis vierge de sentiments, avoué-je. Je n’ai jamais fait… l’amour.
Il sait pertinemment que j’ai eu des relations avant lui, mais la tendresse et l’affection me sont étrangères. Il me regarde, sans jugement, dépose un baiser sur mes lèvres avant de parler.
— C’est comme le piano, Sari. Ça va lentement et doucement, puis tout s’intensifie. Je suis une partition et tu pourras apprendre sur moi. Il y aura probablement de fausses notes, je te guiderai.
C’est une belle journée pour en finir, un dernier saut dans le vide de mon existence pour conclure une vie douloureuse. Un repos bien mérité pour un soldat qui a perdu toute son armée.
Nous faisons du bruit et parlons fort. Certains pensent que c’est un affront pour les morts de sourire dans un cimetière, ils ne comprennent pas à quel point ils ont tort. Ce sont les souvenirs qui les rendent inoubliables, ça les réveille l’espace d’un temps éphémère. Alors j’éclate de rire parce que mon Louis ne peut plus le faire, je savoure la vision de la neige tomber, car ma mère adorait la regarder. C’est à ce moment précis que je me rends compte que je reste pour eux, également. Que ce n’est pas une tragédie d’exister, mais un honneur. Vivre, c’est prolonger leur présence, qui s’est éteinte trop brusquement.
La drogue m’a fait faire des choses innommables ; pour elle, j’ai menti, j’ai volé et… je me suis perdu dans un tas de poudre, le monde sous MDMA est si coloré. On se sent léger et on plane carrément. Les morts sont de nouveau parmi nous et les larmes n’existent plus. Pleurer sous ecstasy, c’est comme rire sous la pluie.
C’est affreusement douloureux,le bonheur ne s’apprend pas,il se vit,et moi,je suis mort en suspens.
Il y a deux catégories de musiciens. Ceux qui jouent parfaitement ; ce sont les académiciens, et ceux qui sont habités par la musique. Ces derniers peuvent vous faire pleurer en interprétant n’importe quoi. Vous, Sariel, vous êtes un ménestrel, les notes coulent de votre cœur jusqu’à vos doigts.
- Ne me pousse pas à devenir comme ça. Ce soir, je n'illumine plus rien. Sourire est douloureux, t'avoir près de moi me rend nerveux, mais, lorsque tu t'éloignes, c'est pire encore.