Quand je me tournai vers les filles, mes amies, je m'aperçus que ce n'était pas de l'inquiétude pour moi qui se lisait dans leurs yeux. Je refusais d'abord d'y croire, puis je dus me faire une raison. Leurs regards sombres ne reflétaient qu'une chose :
Des soupçons.
J'étais coincée dans cette vie que je ne me rappelais pas, enfermée dans l'enveloppe de cette fille, de cette Samantha Jo Franco, et plus j'en apprenais à son sujet, plus je la détestais.
L'une d'entre vous a survécu. L'autre est décédée.
J’avais oublié mon nom. Pas ma phobie des hôpitaux. C’étaient des lieux froids et stériles qui empestaient le désinfectant et le désespoir.
Ne regarde pas en arrière.
Tu m'aimeras pas ce que tu trouveras.
Tu as l’occasion de repartir de zéro. De tout redécouvrir avec un regard neuf. Tout le monde aimerait réécrire les choses. Toi, tu peux.
Je ne regardais plus en arrière. Le futur avait bien plus à m’apporter.
Lorsque nos doigts se touchèrent, je sentis une décharge électrique remonter le long de mon bras. Je le regardai de nouveau dans les yeux. Il tenait toujours son stylo, mais son expression s’était faite méfiante.
Son regard perçant effleura une seconde mon visage. Je sentis ma peau me brûler de la plus agréable et enivrante des façons. Il prit ses aises dans une posture arrogante, un bras nonchalamment posé sur le haut de la banquette.
Bon sang. Qui aurait cru qu'avoir raison pouvait être aussi affreux ?