Je n'avais pas lâché prise sur le passé, et je n'aurais pas d'avenir tant que je n'y arriverai pas. Durant tout ce temps, je n'avais fait que faire semblant - faire semblant d'aller bien, d'être parfaitement heureuse, d'être une survivante. Je n'en étais pourtantpas une . Depuis bien trop d'années, je 'nétais qu'une victime en fuite.
- On n'est jamais certain de connaître les gens, rétorquai-je.
Une forme d'énergie angoissante vrombissait en moi tel un colibri. Il y avait longtemps que je n' ai reçu personne. Avant, seuls des gens de ma famille venaient me rendre visite, et nul autre que la femme de ménage n'avait le droit de pénétrer dans ma chambre. J'étais non seulement traitée comme une paria à l'école et en ville, mais également à la maison. Pourtant, avant cette fête d'Halloween, tout le monde venait traîner chez moi, surtout les filles du studio. Personne ne m'évitait alors, et je n'avais pas arrêté la danse. Avant cette soirée, tout était encore normal.
- La loi de l'amitié impose que tu nous dises ce que tu ne veux pas nous dire.
« Voir une mère et sa fille s’affairer ensemble et rire de conserve me fit un drôle d’effet. Je les percevais presque comme deux créatures étranges, composantes d’une famille n’existant que dans les sitcoms de fin d’après-midi. Je leur enviais cette relation, tout en étant parfaitement consciente que je ne vivrais jamais la même chose avec ma mère… »