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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Trois femmes Tony, Chris et Roz se retrouvent au Toxique un bar branché de Toronto. Elles ont pour point commun d'avoir fait une partie de leurs études à McClung Hall mais surtout d'avoir connu à des périodes différentes, une quatrième femme Zenia. Cette dernière s'était d'abord liée d'amitié, avant de trahir ses trois amies. Depuis, les trois femmes ont appris la mort de Zenia, lors d'un attentat à Beyrouth et ont même assisté à son enterrement. Alors leur surprise est immense lorsqu'elles pensent l'apercevoir, sortant de ce bar. Commence pour les trois femmes une introspection et une plongée dans leur relation passée avec cette femme, qui les a détruites, tour à tour.

La voleuse d'hommes, c'est Zenia, cette femme assez énigmatique, sorte de femme fatale, qui manipule les êtres qu'elle côtoie, mais le récit s'attache surtout au trois portraits des femmes victimes. Leur point commun, au delà de leur école, c'est d'avoir été toutes les trois, maltraitées ou ignorées de leur mère. Des femmes qui étaient fragilisées, qui n'ont pas su se construire ou s'affirmer, notamment vis à vis des hommes. Des failles que Zenia, sûre d'elle, a, de son côté, su exploiter pour s'attirer les confidences de chacune des femmes, les dépossedant de leur mari ou compagnon.
Malgré un sujet intéressant, des rivalités féminines, j'ai trouvé beaucoup de longueurs et de digressions, avec comme conséquence, beaucoup de lenteur et l'envie d'abandonner la lecture. Les portraits de chacune de ces femmes sont intéressants, d'autant plus que Margaret Atwood aborde avec chacune d'elle des périodes de l'évolution féministe, Tony s'intéresse aux guerres, un domaine masculin, Charis mené une vie marginale élevant seule sa fille et Roz est chef d'entreprise. Mais le tout n'est pas toujours crédible avec cette femme fatale Zenia, qui apparaît trop comme une caricature de manipulatrice.
J'ai donc un avis assez mitigé après cette lecture...La voleuse d'hommes révèle de beaux portraits de femmes mais le traitement est trop lent et quelquefois ennuyeux.
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Commençons par la couverture : Nous découvrons, sur fond rose passé, une partie d'un visage de femme ; un nez habituellement jugé séduisant accompagnant des lèvres très pulpeuses. La quatrième de couverture indique que : « Trois amies déjeunent ensemble. Elles n'ont rien en commun, sinon qu'elles nourrissent toutes trois une haine féroce contre Zénia, cette femme énigmatique et envoûtante qui leur a volé leur homme. Elles viennent d'apprendre sa mort, et quel soulagement ! Mais lorsque Zénia fait son entrée dans le restaurant, plus conquérante que jamais, c'est le choc. le cauchemar va-t-il recommencer ? » Et enfin le titre : « La voleuse d'hommes ». Même si l'auteur est Margaret Atwood l'ensemble me plonge un peu dans la même angoisse que l'alpiniste en tongues arrivant au pied du K2. « Cela s'annonce rude ! ».
*
Ici ceux qui ont lu ma critique précédente se disent que je me complais dans le (très) mauvais feel-good avec un masochisme suspect cet été. C'est pas faux (ah Kaamelott !)… et pourtant j'ai appris des choses passionnantes !
- Un homme peut se voler. En étant un moi-même c'est quelque chose qui ne pouvait que me sembler essentiel. La méthode est simple et imparable. La propriétaire légitime du mâle concerné a la grande naïveté de faire confiance à une rivale sans l'identifier comme telle, cette dernière mentant habilement et sachant exploiter sans vergogne, en bonne perverse narcissique, les failles de ces innocentes et touchantes jeunes femmes. Faire entrer le coucou dans le domicile « conjugal »est une erreur fatale ! le reste est anecdotique. L'homme est idiot, sans défense, facile à berner et avide de sexe. Il suffit donc de lui dire quelques bêtises et, surtout, de profiter de l'absence épisodique de sa légitime propriétaire pour le mettre dans un lit (le canapé ou l'évier de cuisine font aussi l'affaire). Ensuite ce dernier suivra la voleuse sans hésiter, sans même que sa maitresse légitime ne reçoive la moindre indemnisation. À ce stade j'hésite à demander à mon épouse de me mettre sous vidéosurveillance constante. Nous autres mâles sommes si vulnérables, corruptibles, illogiques et incapables de voir que l'on nous abuse dès qu'un sein bien galbé se profile !
- Il ne faut pas juger une femme uniquement au premier regard ou à partir de sa façon de s'habiller… Ces intéressantes et si complexes créatures adoptent souvent des comportements pouvant sembler curieux de prime abord mais c'est parce qu'elles ont vécu des fêlures et autres traumatismes dans leurs jeunesses. Les étapes de l'enfance comme de l'adolescence, le rapport à leurs parents (mères surtout) jouent ici un rôle essentiel. En final elles sont bien plus profondes que l'on ne pourrait le croire, et infiniment plus attachantes aussi !
- le fait de vivre un même traumatisme (se faire voler celui qui réchauffe son lit, ce qui n'est pas rien) peut rapprocher et susciter de fortes et belles amitiés entre des femmes que tout semble éloigner par ailleurs.
Je cesse ici ce petit jeu qui pourrait se poursuivre aisément plusieurs pages en ironisant sur les clichés faciles (l'homosexuel), les préoccupations basiques, un scénario très conventionnel au final, 3 caractères assez simplistes (la cérébrale, brillante intellectuellement mais peu adaptée au quotidien ; l'ésotérique illuminée ; la femme d'affaires redoutable, très féminine dont l'apparence est partiellement trompeuse), un regard assez pauvre sur la maternité et, bien entendu, l'inévitable « fin heureuse mais pas mièvre », sans oublier que le principal personnage (la voleuse d'hommes) peine à offrir une certaine cohérence, étant plus « en creux » pour mettre en évidence et en valeur les 3 amies que convainquant en lui-même.

*
654 pages. Faut-il donc se servir de ce livre pour allumer sa cheminée ou caler un meuble ? Je dirais que non.
Certes, vous l'aurez compris, je ne trouve pas que ce soit un chef d'oeuvre et estime que c'est dispensable pour à peu près tout lecteur. Certes, après quelques autres lectures de cet auteur, je trouve que sa réputation actuelle est quelque peu excessive. Pour autant ce livre a des qualités qui peuvent en faire un assez agréable compagnon de voyage, de trajet en avion ou en train…
- Margaret Atwood écrit bien. Rien que cela la distingue assez radicalement du « feel-good » de base. Elle sait animer les pages sans aller dans les excès, construire des personnages auxquels ses lectrices vont pouvoir au moins pour partie s'identifier dans bien des cas… Ce n'est pas génial, ce n'est pas dénué de facilité mais c'est efficace.
- La structure du livre, partant d'une situation actuelle pour ensuite revenir longuement dans le passé de chacune des 3 amies, amenant ainsi à les connaître progressivement mieux, à découvrir ce qui les a amenées à leurs présents est une idée intéressante et qui fonctionne bien. Certes la psychologie proposée est généralement sommaire voire parfois caricaturale mais, là encore, c'est assez efficace.
- L'ouvrage évite l'écueil consistant à prétendre vous donner un mode d'emploi pour vivre mieux. Cela évite de sombrer dans le ridicule.
- Pour un homme c'est une lecture fort intéressante, du moins pour qui adopte une approche de type sociologique. En effet ce livre semble une assez bonne synthèse de divers clichés féminins réducteurs sur les « mâles ». C'est drôle, pour une fois, de se sentir non pas émetteur de clichés dans un monde misogyne mais réifié à son tour dans une large mesure. Ce peut être au choix l'occasion d'un réel amusement ou de réflexions théoriques et pratiques pouvant avoir une utilité. Beau jeu de miroirs (très déformants) qu'un homme qui lit une femme écrivant au sujet de femmes qui parlent d'une femme ayant « volé » leurs hommes.
*
Sans le conseiller pour partir sur une Ile déserte, si vous deviez croiser « La voleuse d'hommes » au bord d'un quai de gare et avez envie d'un moment facile, d'une pure détente sans prétentions il y a de plus mauvais choix. Il y en a aussi de meilleurs.

Bonnes lectures estivales à tous (et toutes…).
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J'aime beaucoup les livres de Margaret Atwood. Celui-ci n'est pas le meilleur mais il est tout de même plaisant. le sel de la narration vient de la manière dont on pénètre tour à tour dans la psyché des trois personnes féminins. Zenia et ses ravages ne se dévoilent que par cela. Et l'accumulation des griefs contre elle en tend à la rendre presque impossible à exister réellement, une boursouflure de mille fantasmes haineux. le livre pêche un peu, à mon avis, à jouer de cette ambivalence : elucubrations névrotiques ou réalisme pittoresque croquant trois destins d'après guerre ? Ca tangue entre les deux et comme aucune justification rationnelle ne vient éclairer les actes de Zenia, sa trajectoire en devient assez invraisemblable. Pourtant, ses actes semblent assez ancrés dans une stratégie de toute puissance machiavélique pour n'être pas le fruit de l'imagination des autres personnages. Plutôt que d'entretenir un doute fertile, 'incertitude d'interprétation affaiblit le propos. C'est une petite réserve pour un livre toutefois bien mené où j'ai retrouvé avec grand plaisir la finesse du trait de Margaret Atwood et son talent à peindre les portraits de femmes.
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C'est un roman polyphonique, un choeur de femmes à l'Antique, chacune semblant d'abord un type, mais étant bien plus que ça : la femme fatale, la mère-poule, la grand-mère aimante, les adolescentes en crise, la femme trompée, la mystique... On peut se reconnaître, s'identifier facilement. Et comme souvent chez Margaret Atwood, le livre se referme sur un mystère, ici celui de l'identité de Zénia, celle qui a par sa présence soudé les trois autres contre elle, qui a volé leurs hommes, mais qui est à l'origine de leur amitié.
Si ce n'est pas le roman le plus visionnaire de Margaret Atwood, c'est bien un roman d'une grande analyse psychologique, qui met les femmes au centre et en valeur, ce que je ne peux qu'apprécier.
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The Robber Bride
Traduction : Anne Rabinovitch.

"La Voleuse d'Hommes" est un roman toujours aussi épais mais d'une optique un peu plus humoristique que celle observée dans "Le Tueur ..." et dans "Captive." C'est aussi une réflexion sur la nature de la Vérité (car en fait, on ne saura jamais qui était la vraie Zenia qui recrée sans cesse la Vérité, souvent dans son propre intérêt, parfois gratuitement, pour le seul plaisir de faire le mal) et sur les conséquences qu'implique sa révélation. Voilà pourquoi c'est un détail de la lithographie "La Vérité" de Verlinde qui a été utilisé par le Livre de Poche pour la jaquette de ce roman.
Ainsi que le mentionne la quatrième de couverture citée par Julie, tout commence par un déjeuner pris au "Toxique" - c'est un restaurant qui, la nuit, voit se réunir pas mal de toxicomanes - par trois quinquagénaires dont l'amitié remonte au temps de l'université.
La première à entrer en scène, c'est Tony (diminutif d'Antonia) Freemont, une femme si menue qu'elle peut encore s'habiller en 36 et qui donne des cours d'histoire militaire à l'université. Son intérêt, que dis-je, sa passion pour les grands stratèges et toutes les sortes de batailles possibles et imaginables a constitué très tôt pour elle une façon de se replier sur elle-même, de s'isoler, de se protéger. Tony n'a pas eu d'enfants de son mariage avec Stewart que cette gauchère contrariée devenue ambidextre et adepte de l'écritutre-miroir, appelle "West" (= presque Stew, mais inversé et avec un petit jeu entre le "t" et le "s") depuis des lustres.
Pour la seconde de nos héroïnes, l'isolement a d'abord revêtu l'abandon de son premier prénom, Karen, pour devenir Charis. Somnambule et victime dès l'enfance, possédant sans doute un sixième sens très aigu qui, en dépit des apparences, l'a bel et bien sauvée de la folie ou du suicide, Charis ne parle et n'agit qu'en fonction de méditations, de zen, d'auras, d'ondes, etc ... En dépit de sa fragilité, en dépit de la terreur-panique du rejet et du manque d'amour qui la minent, Charis, à sa propre stupeur, trouvera cependant en elle la force d'affronter la "renaissance" de Zenia. D'un objecteur de conscience américain désireux d'échapper à la guerre du Viêt-nam et réfugié au Canada, elle a eu une fille, qu'elle a choisi de prénommer August mais qui, avec l'âge, a décidé de se réapproprier son prénom en lui ajoutant un "a."
Quant à la troisième, Roz, je l'ai trouvée tout simplement épatante. Un personnage jovial et teigneux, une "femme forte" - dans tous les sens du mot - et dotée d'un optimisme salvateur. Son point faible à elle - son jardin secret où elle s'isole volontiers et dont Zenia jouera sans scrupules, c'est l'image du Père. Elle a épousé un avocat arriviste, Mitch, qui a multiplié les aventures avant de tomber dans les bras de Zenia et de ...
Or donc, comme elles le font depuis une éternité une fois par semaine, ces dames déjeunent ensemble. Et qui voient-elles passer devant elles dans la salle du "Toxique" ? Zenia ! Zenia à l'enterrement de laquelle elles ont pourtant assisté il y a quelque temps. Zenia qui avait été victime d'un attentat à Beyrouth. Zenia qui, à chacune de ces trois femmes qui furent, chacune à son tour ou simultanément, ses amies, a volé l'homme qu'elles aimaient - ou croyaient aimer - pour mieux le rejeter ou l'abandonner par la suite.
Zenia, fille d'une Russe blanche qui prostituait sa fille dès ses cinq ans. Ou alors Zenia, fille d'une tzigane lapidée en Roumanie. Zenia, fille de Grecs orthodoxes particulièrement pieux qui, en raison de la piété de ses parents, ne put jamais dénoncer le prêtre qui l'avait violée. Zenia, miraculée d'un cancer - dont elle n'a en fait jamais souffert sauf ...
Zenia, dont on ne saura en fait jamais la vraie nature : ni Tony, prête pourtant à la tuer avec le Luger de son père ; ni Charis, qui parvient à lui pardonner avant de l'abandonner à son tour ; ni Roz, qui était prête à céder à son dernier chantage ... ni le lecteur.
Un bon roman, à ne réserver cependant qu'aux inconditionnels de la romancière canadienne car - à mon sens en tous cas - il n'a pas ni la perfection glacée du "Tueur ..." ni la maîtrise absolue de "Captive." ;o)
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Découverte de la littérature canadienne via le challenge du tour du monde de Mladoria.

La voleuse d'hommes retrace le parcours de 3 femmes qui sont reliées à Zenia parce qu'elle a été leur pire cauchemar.
Elles croyaient s'être débarrassées d'elle mais finalement si ce n'était que le début de leur mésaventure?

J'ai trouvé le début du roman un peu compliqué pour se lancer dans l'intrigue mais finalement dès que Zenia se présente on sent que le rythme se lance enfin. Et puis on comprend davantage chaque personnage avec des retours en arrières, des sourires quand les situations ne concordent pas... On prendrait presque en pitié Zenia "la redoutable".
Et puis le côté noir de ce roman c'est la description un peu trop présente pour certaines choses qui finalement n'ont pas d'importance, une suite logique des choses puisque l'auteur a organisé son livre sur un même rythme et donc laisse peu de place au suspense et aussi le dénouement qui finalement aurait pu ne pas exister... A certains moments j'avais envie de sauter des pages.
Je suis triste que la vie canadienne et la ville de Toronto ne soient pas mises plus en avant.

Découverte sympa malgré tout.
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Je me suis emmerdee pendant les 200 premières pages... la vie quotidienne et actuelle de 3 femmes d'âge mûr dont une passionnée de guerre et de palindromes j'ai cru que j'allais pas y arriver ! Puis on plonge dans le passé et leur rencontre avec Zénia, à chacune et séparément : ça commence à être intéressant car elle rigole pas la Zenia...bref 2,5/5 mais ce qui est indéniable c'est que c'est bien écrit et ça mérite d'être lu dans son intégralité.
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