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Citations sur Les Tragiques (63)

Financiers, justiciers, qui opprimez de faim
Celui qui vous fait naître ou qui défend le pain,
Sous qui le laboureur s'abreuve de ses larmes,
Qui souffrez mendier la main qui tient les armes,
Vous, ventre de la France, enflés de ses langueurs,
Faisant orgueil de vent vous montrez vos vigueurs ;
Voyez la tragédie, abaissez vos courages,
Vous n'êtes spectateurs, vous êtes personnages :
Car encor vous pourriez contempler de bien loin
Une nef sans pouvoir lui aider au besoin
Quand la mer l'engloutit, et pourriez de la rive,
En tournant vers le ciel la face demi-vive,
Plaindre sans secourir ce mal oisivement ;
Mais quand, dedans la mer, la mer pareillement
Vous menace de mort, courez à la tempête,
Car avec le vaisseau votre ruine est prête.
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Je veux peindre la France une mère affligée,
Qui est entre ses bras de deux enfants chargée.
Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
Des tétins nourriciers ; puis à force de coups
D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage
Dont nature donnait à son besson l'usage ;
Ce voleur acharné, cet Esau malheureux
Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux,
Si que, pour arracher à son frère la vie,
Il méprise la sienne et n'en a plus envie.
Mais son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui,
Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui,
A la fin se défend, et sa juste colère
Rend à l'autre un combat dont le champ est la mère.
Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris,
Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ;
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,
Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble.
Leur conflit se rallume et fait si furieux
Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux.
Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte,
Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ;
Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants,
Qui, ainsi que du cœur, des mains se vont cherchant.
Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle
Celui qui a le droit et la juste querelle,
Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las
Viole en poursuivant l'asile de ses bras.
Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine ;
Puis, aux derniers abois de sa proche ruine,
Elle dit : "Vous avez, félons, ensanglanté
Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ;
Or vivez de venin, sanglante géniture,
Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture."
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Vous qui avez donné ce sujet à ma plume,
Vous-même qui avez porté sur mon enclume
Ce foudre rougissant acéré de fureur,
Lisez-le: vous aurez horreur de votre horreur!
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O France désolée ! ô terre sanguinaire !
Non pas terre, mais cendre : ô mère ! si c’est mere
Que trahir ses enfants aux douceurs de son sein,
Et, quand on les meurtrit, les serrer de sa main.
Tu leur donnes la vie, et dessous ta mammelle
S’esmeut des obstinez la sanglante querelle ;
Sur ton pis blanchissant ta race se debat,
Et le fruict de ton flanc faict le champ du combat. »
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Les corps par les tyrans autrefois deschirez
Se sont en un moment à leurs corps asserrez,
Bien qu’un bras ait vogué par la mer escumeuse.
De l’Affricque bruslée en Tyle froiduleuse,
Les cendres des bruslez volent de toutes parts ;
Les brins, plus tost unis qu’ils ne furent espars,
Viennent à leur posteau en cette heureuse place,
Riants au ciel riant d’une aggreable audace.
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Mais quoy ! c’est trop chanter, il faut tourner les yeux,
Esblouis de rayons, dans le chemin des cieux :
C’est faict : Dieu vient reigner ; de toute prophetie
Se void la periode à ce poinct accomplie.
La terre ouvre son sein, du ventre des tombeaux
Naissent des enterrez les visages nouveaux :
Du pré, du bois, du champ, presque de toutes places
Sortent les corps nouveaux et les nouvelles faces.
Icy, les fondements des chasteaux rehaussez
Par les ressuscitans promptement sont percez ;
Icy, un arbre soit des bras de sa racine
Grouiller un chef vivant, sortir une poictrine ;
Là, l’eau trouble bouillonne, et puis, s’esparpillant,
Sent en soy des cheveux et un chef s’esveillant.
Comme un nageur venant du profond de son plonge,
Tous sortent de la mort comme l’on sort d’un songe.
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Satan fut son conseil, l'enfer son espérance.
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Va Livre, tu n’es que trop beau
Pour être né dans le tombeau
Duquel mon exil te délivre;
Seul pour nous deux je veux périr :
Commence, mon enfant, à vivre,
Quand ton père s’en va mourir.

Encore vivrai-je par toi,
Mon fils, comme tu vis par moi,

1795 - [p. 35, L'auteur à son livre]
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Mes sens n'ont plus de sens, l'esprit de moi s'envole,
Le cœur ravi se tait, ma bouche est sans parole.
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Mais avec les coulis dans sa gorge coula
Un gros amas de vers qui à coup l'étrangla.
Le céleste courroux lui parut au visage.
Nul pour le délier n'eut assez de courage ;
Chacun trembla d'horreur, et chacun étonné
Quitta ce bâillonneur et mort et bâillonné.
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