– Bon, arrête ! Tu ne sais même pas qui c'est ce type. Je te l'ai déjà dit, moi, vos histoires… »
VOS histoires ?! Paolo n'en croyait pas ses oreilles, qu'arrivait-il à Tallulah ? On sonna à la porte. Elle regarda machinalement par la fenêtre.
« Paolo ! Où t'as mis ton vélo ? demanda-t-elle brusquement.
– Pourquoi ? Sur le côté, comme d'habitude…
– Homme en noir à six heures ! S'il venait pour toi ? Tu dois partir tout de suite par l'arrière ! »
Tiens ! Elle ne trouvait plus toutes « leurs histoires » aussi inintéressantes tout à coup… Malgré l'inquiétude qui le rongeait, Paolo trouvait ça plutôt sympa de finalement pouvoir encore vivre l'aventure avec Tallulah, comme avant, sauf que là, « le méchant » était bien réel !
« Ah, la vache !.. et s'il venait pour toi ?! » dit-il en la prenant par les épaules.
En se dégageant doucement, Tallulah repoussa les boucles de sa coupe afro – elle avait décidé d'adopter le style de son héro, Jimmy Hendrix, depuis l’âge de onze ans – Paolo trouvait que ça lui allait très bien. La réponse de Tallulah le tira de ses pensées.
« T'inquiète, avant qu'il arrive à en placer une, maman lui aura fait l'intégrale de l'hospitalité du sud !.. »
Sa mère ne manquait jamais en effet de déployer ses talents de maîtresse de maison née et éduquée en Caroline du sud. Une bénédiction !
« OK ! Fais gaffe quand même, il pourrait se lasser ! » répondit Paolo.
Ils rirent tous les deux. C'était chouette tout de même, l'aventure ! Il enjamba le rebord de la fenêtre qui donnait sur le toit de la véranda comme il l'avait fait des dizaines de fois avant mais dans le feu de l'action, c'était autre chose !
« Rendez-vous habituel ! Je préviens les autres ! » lui lança-t-il à mi-voix.
Il sauta sur la pelouse impeccable du jardin des Coleman, enfourcha son vélo et s'élança à toute vitesse en direction des autres membres du Gang.