Tout le monde n'est pas prêt aux sacrifices qu'exige la maternité, si? Ça change tellement notre place dans le monde. C'est une décision irréversible qui bouscule tant de choses, même à l'intérieur de soi…Ce n'est pas facile pour tout le monde, être mère. Même quand on a cru que c'était ce qu'on voulait «
On pourrait parler de relations en vase clos entre voisins. Ceux qui sont les amis. Des couples qui s'apprécient, se soutiennent. Des femmes/mères qui sèment des conseils.
Des mères étouffantes, d'autres absentes, et celles dont l'enfant ne vient pas …
Un microcosme malsain, ou la tension est omniprésente ou l'auteure dès les premières pages commence par la fin. Et notre coeur de maman se fracasse, hurle à en crever.
On sait que le drame se joue, se profile, les couples se fissurent, les amis deviennent ennemis, les mères s'entre-déchirent, les secrets éclatent, le vernis s'écaille.
Il suffira d'une chute.
Il suffira qu'un petit garcon
Et les soins intensifs…
Et les murmures enflent, alimentés par ceux que l'on aimait, la violence des mots, le choc des relations, des relations insoupçonnables, la jalousie qui avaient déjà pris racine avant l'accident.
« le problème de personne devient celui de chacun »
Et nos certitudes volent en éclat. Les questionnements sur notre maternité, le besoin d'être mère nous interpellent. Sommes nous programmées pour être maman ou la société nous impose une pression telle que l'on n'a pas le choix?
Cette envie devient une obsession, la vie de couple est rodé au gré des ovulations, au gré des fausses couches…
A.A touche à nos émotions, notre sensibilité, nos blessures, nos fêlures, elle interroge au plus profond de notre féminité, elle met à nu, à vif, elle balaie tout sur son passage et nous laisse défaites comme après une tornade, vulnérables.
Un roman choral implacable qui nous livre les pensées de Rebecca, Whitney, Blair. Ces femmes intrinsèquement liées jusqu'à l'inévitable.
« Une liberté dans la vérité
Une souffrance dans le mensonge »
Et les secrets rongent…
« Une possibilité, une fêlure dans l'espoir de maternité «
Un drame qui remue les entrailles, nous tord, nous distord pour nous laisser sur le sol avec la peur, avec l'horreur, avec les larmes.
A.A. nous assène les coups avec un martèlement continu, qui renvoie à la souffrance, à la béance du ventre vide, à la violence des cris rageurs.
Faut-il un drame pour s'apercevoir que l'on est mère dans son entièreté, que l'on ne fait qu'un avec l'enfant?
Faut il un drame pour que le couple explose? Que la trahison transparaît et que le pardon ne peut exister?
Faut-il un drame pour s'apercevoir que la vie n'est pas si mal? Que l'enfant si jolie n'est pas di parfaite ?
Il n'y a pas de fumée sans feu
Pas d'amitié sans envie
Et pas de mensonges qui ne dissimulent une vérité dévastatrice «
La psychologie des personnages est développée, maîtrisée, l'auteure nous décrit avec justesse la difficulté d'être mère, de se sentir mère, l'absence de l'enfant à venir. Est on mère naturellement ou le devient-on? Est ce que dans la relation mère/enfant l'amour est il toujours présent ? Avoir un enfant est il une fin en soi? Une expérience positive?
Dans ce microcosme j'ai envisagé le pire, les trahisons, les mensonges, mais je me suis trompée. L'auteure nous surprend par cette fin insoupçonnable. Et j'ai beaucoup apprécié. Même si j'ai détesté les personnages de Blair et Withney, leur relation ambiguë, malsaine , les faux-semblants. J'ai aimé la force, et les faiblesses de Rebecca, son empathie, sa détermination, son choix.
Une bonne lecture de cette rentrée littéraire 2024.
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