Beaucoup d’éléments ont conduit à cette journée et à ses conséquences. Un fils négligé, une mère vengeresse, un frère trop imposant, une étrange mutation. Ensemble, ils ont composé une tragédie.
Vous vous croyez les maîtres du monde, mais votre règne touche à sa fin. Tant que vous continuerez à vous prendre pour des dieux, tant que vous ne nous reconnaîtrez pas le statut d'humains, que vous ne ferez pas de nous vos égaux, le danger frappera à votre porte. Pas sur les champs de bataille, non. Dans vos villes. Dans vos rues. Dans vos maisons. Vous ne nous voyez pas. Nous sommes partout.
[...]
Et notre armée se lèvera, aussi rouge que l'aube.
Aussi rouge que l'aube...
- Ce que les miens infligent aux tiens est absolument intolérable et puise dans ce que l'humanité a de plus vil. Vous opprimer, vous condamner à un cycle infini de pauvreté et de mort, au simple prétexte que vous êtes différents ? Voilà qui n'est pas juste.
Idiote. Insensée. Regarde ce que tes faux espoirs ont fait...
- Je comprends, tu sais, insiste-t-il.
Vraiment ? Tu as déjà été arraché à tout ce que tu aimais ? On t'a déjà demandé de devenir quelqu'un d'autre ? De mentir chaque minute de chaque journée pour le restant de tes jours ? Tu sais ce que ça fait de ne pas être normale ?
J'ai beau vouloir me dérober, je m'en sens incapable. Cal est une falaise et je me jette dans le vide avec délectation. Un jour il comprendra que je suis son ennemie et tout ceci ne sera plus qu'un souvenir oublié. Mais pas encore.
N’importe qui peut trahir n’importe qui.
En cours, nous étudions le monde qui a précédé le nôtre, un monde où des anges et des dieux vivaient dans le ciel, régissant la Terre avec bienveillance et amour. Certains prétendent qu'il s'agit de pures fables. Je n'en crois rien.
Les dieux nous gouvernent toujours. Ils sont simplement descendus des étoiles. Et l'heure n'est plus à la bienveillance.
Leur guerre argent se paie en sang rouge.
La chaleur s'intensifie, menace de chasser tout l'air de mes poumons. J'ai survécu à une électrocution aujourd'hui, pas sûr que je puisse m'en tirer face au feu.
La fumée risque de me tuer. Une fumée épaisse, noire et bien trop âcre, qui m'étouffe. Ma vision se trouble et mes paupières deviennent lourdes. J'entends des bruits de pas, des cris, le rugissement des flammes alors que le monde s'assombrit.
- Je suis désolé, me dit Cal.
Il s'agit sans doute d'un rêve...
Page 93