Je déteste le Premier Vendredi. La foule se presse toujours au village et en ce moment, avec la chaleur estivale, nous n’avons pas besoin de ça.
"Je considérais les Argents comme des dieux intouchables que rien ne pouvait menacer ni effrayer. Je sais à présent que l'inverse est vrai. Ils ont vécu si longtemps au sommet, protégés et isolés, qu'ils ont oublié que la chute était possible. Leur force est devenue leur faiblesse.
À une époque j'avais peur de ces murs, de leur beauté inquiétante. À présent, je vois les fissures qui les parcourent."
C'est dans notre nature, me dirait Julian. Nous détruisons. Notre espèce l'a toujours fait. Peu importe la couleur du sang, l'homme finit par tomber, inexorablement.
N'importe qui peut trahir n'importe qui.
Leur guerre argent se paie en sang rouge.
- Donc si je suis victime de, euh, d'une crise...
Lucas me comprend à demi-mots.
- Elle s'en sortira indemne. Je n'en dirais pas autant des rideaux...
- ça explique pourquoi ils me l'ont assignée comme professeur. Parce que je suis dangereuse.
Lucas secoue la tête.
- Lady Titanos, ils vous l'ont assignée parce que vous ne savez pas vous tenir droite et que vous mangez comme un cochon. Bess Blonos va vous apprendre à vous conduire en vraie dame et, si vous l'électrocutez un ou deux fois au passage, personne ne vous le reprochera.
— Tu vas vraiment partir avec la Légion ?
Le simple fait de prononcer ces mots me terrorise. Son hochement de tête est presque imperceptible.
— La place d’un général est au côté de ses hommes.
— La place d’un prince est au côté de sa princesse. D’Evangeline, m’empressè-je d’ajouter.
Bien joué, Mare !
La chaleur épaissit soudain l’atmosphère de la pièce, alors que Cal n’a pas esquissé le moindre mouvement.
— Elle s’en sortira sans moi. On ne peut pas dire qu’elle me soit très attachée. Et elle ne me manquera pas non plus.
Incapable de croiser son regard, je garde le mien rivé droit devant moi. Par malheur, il tombe sur le torse de Cal, et sur sa chemise beaucoup trop fine. Je l’entends inspirer brusquement. Puis ses doigts se glissent sous mon menton et font basculer ma tête en arrière. Des flammes dorées vacillent dans ses yeux, reflet de la chaleur qui monte en lui.
— Toi, tu me manqueras, Mare.
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Enfin j'ai saisi la leçon. N'importe qui peut trahir n'importe qui.
Tu ferais mieux d'enfouir un peu mieux ton cœur, Lady Titanos. Il ne t'emmènera pas là où tu veux aller.
Les DIeux nous gouvernent toujours. Ils sont simplement descendus des étoiles. Et l'heure n'est plus à la bienveillance