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Critique de Lamifranz


- Et si les animaux parlaient, hein, qu'est-ce qu'ils diraient ?
- Et si… et si… Et si ma tante en avait on l'appellerait mon oncle ! Et si mon oncle en était on l'appellerait ma tante ! Allons donc, les animaux ne parlent pas : les chats miaulent, les chiens aboient (comme les ciseaux), les moutons bêlent (comme Isa) et les lions rugissent (sous l'émotion), mais non, les animaux ne parlent pas ! Mon cher vous êtes dans la vraie vie, pas dans les contes de fée !
Pas tout à fait un conte de fée, mais de féerie, sans nul doute, puisque nous sommes chez Marcel Aymé. Il y a mille et une sortes de fantastique, celui de Marcel Aymé est un des plus attachants : c'est la vie de tous les jours, à peine décalée : c'est un type qui un matin s'aperçoit qu'il peut traverser les murs, c'en est un autre qui a une auréole derrière la tête, c'en est un autre, nain de naissance, qui se met à grandir… et ce sont les animaux de la ferme qui se mettent à jacasser comme vous et moi.
Vous connaissez l'histoire, on a dû vous la raconter à l'école, ou vous l'avez lue quand vous étiez plus jeunes, et comme vous aimiez ça, vous l'avez lue à vos enfants : Delphine et Marinette sont deux fillettes, pas nées de la dernière pluie, qui adorent bavarder avec les animaux, qui le leur rendent bien. le chat (c'est lui le chat perché), qui répond au nom d'Alphonse (quand il daigne répondre) est le fil conducteur des histoires, narrateur, témoin ou acteur. Au total dix-sept contes qui mettent en scène toute une ménagerie (chat, chien, loup, vaches, moutons, coqs et poules, canard, oies, cochon et même éléphant), pleine de vie et de fantaisie, solidaire des fillettes devant la rudesse (relative) de leurs parents, et la bêtise des adultes en général.
Dans sa préface, Marcel Aymé déclare : « Ces contes ont été écrits pour les enfants âgés de quatre à soixante-quinze ans ». C'est positivement scandaleux. J'admets qu'à moins de quatre ans on ne peut pas saisir toutes les subtilités du texte, à la rigueur, je veux bien. Mais interdire les « Contes du chat perché » aux plus de soixante-quinze ans est tout à fait abusif, et avoisine la gérontophobie. Déjà que Hergé avait fixé pour Tintin une limite de soixante-dix-sept ans ! Alors maintenant les vieux n'ont plus le droit d'être jeunes ! Mais je ne suis pas inquiet, je suis certain que, le soir, sous leurs draps, ils liront en cachette ces contes ignominieusement interdits.
Et ils feront bien, car c'est un véritable retour à l'enfance, à l'innocence, à l'époque bénie si bien décrite dans sa préface par François Morel : « cette époque si merveilleuse, si surprenante, elle se réinvente chaque fois que des enfants s'enthousiasment en commençant leurs phrases par « on dirait que je serais capitaine, cosmonaute, cheval de cirque… On dirait que je serais la mer, les étoiles, un nuage au loin… »
Et le plus fin de nos humoristes (de très loin), l'un des plus drôles et des plus attachants, de conclure : « Il suffit d'ouvrir un livre de Marcel Aymé pour se retrouver illico plongé dans ce royaume où la fantaisie et l'imagination sont souveraines. Ce continent infini dans lequel tous les rêves sont possibles, toutes les libertés à portée de la main et qui, si je ne me trompe pas, s'appelle la littérature ».
Tout est dit, non ?
Pour vos minots, vos drôles, vos maynats, vos enfants, quoi, usez et abusez des « Contes du chat perché » et enchaînez avec les « Contes de la rue Broca » de Pierre Gripari, l'esprit n'en est pas très différent.


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