Un recueil rafraichissant et drôle qui, sans rendre les fables de la Fontaine plus accessibles (la présence de la version originale nous rappelle combien cette langue est déjà désuète), en donne une autre lecture, plus rustique, plus verte, plus populaire, avec sa Morale revisitée, souvent grasse ou humoristique. Les fables actualisées, rendues contemporaines grâce à cette langue du peuple, riche et rythmée, se reconnaissent bien, et l'on se plait à comparer la version paillarde et la version d'origine, à déceler les sens cachés derrière certains vers du poète.
Un livre à offrir ou à garder et à ressortir de temps en temps, lorsqu'on aura envie de se réciter les fables de la Fontaine avec la voix, le rythme et les mots de Gabin en tête.
Si le lecteur n'est pas familier de l'argot ou si les termes ne sont pas suffisamment imagés, il sera un peu perdu au départ, mais un coup d'oeil au lexique en fin d'ouvrage lui sera utile pour comprendre de quoi il en retourne.
Les illustrations sont très simples, quelques coups de crayons vites faits, et ce n'est pas ce que l'on retiendra en priorité.
Et je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Zinedi pour leur envoi et cette découverte !
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Un peu difficile de lire les fables de la Fontaine revisitées sous la plume de J.-L. Azencott, en argot. Heureusement chacune est accompagnée de la version originale pour une meilleure compréhension, ainsi que d'un lexique. Une langue populaire qui ajoute une touche d'humour à ces fables et leur donne un nouveau visage.
Les illustrations sont simples et amusantes.
Je remercie la masse critique Babelio et les Éditions Zinedi pour ces fables de la Fontaine en argot illustrées.
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Ce livre met en parallèle les Fables de la Fontaine en version originale et en version argotique, dont certaines m'étaient inconnues.
Elles sont,ici, dépoussiérées et décryptent l'univers de Jean de la Fontaine avec humour, humanité. Elles m'ont permises d'avoir des tranches de rigolades
L'appropriation est pas toujours simple car le vocabulaire est parfois complexe...
C'est drôle, enlevé et patochard...
J'ai beaucoup aimé, ri..
Les dessins sont du même acabit...
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Le chêne et le roseau.
Un jour, le chêne bonit au roseau :
— Eh toi l'rosemuche, j'te kiffe grave, j't'ai à la bonne tu sais, te frappe pas je suis là pour t'protéger si par malheur l'aquilon essayait d'nous amputer d'la défonceuse. N'aie surtout pas les colombins, j'maîtrise ! T'auras qu'à t'coller à l'abri sous ma ramure de tueur où tu pourras pioncer en paix, étaler tes fumigènes, te peler le haricot ou même pêchailler tranquille si tu veux !
— J'sais pas pourquoi, répondit l'végétal étonné, que tu t'es fourré dans l'cigare que j'avais les pinceaux en déficience. Je plie, d'accord, mais ne rompts pas ! Sans qu'on s'crêpe les plumes pour autant, l'chênedu, j'te f'rais balloter dans tes cornets ensablés qu'il est point question qu'un courant d'air de pacotille me pète les fourchettes. J'suis plus balaise que j'en ai l'air, crois-moi !
(Le corbeau et le renard)
Un pignouf de corbaque croassait pépère sur la branche d'un touffu pâlichon, un from'ton bien fumant carré dans la trompe.
Un renard qui musardait dans l'secteur, flatteur et tringlomane notoire, lui bonit à peu près c'te jactance :
- Eh, salut ô superbe blakos, j'avais jamais gaffé que vous étiez aussi choucard et si bien balancé, diantre ! Puis vous êtes trop stylé avec vot' sape noire, un vrai caïd, puis tellement baraqué, vous avez des endosses de catcheur, ma parole... Et le premier qui renaude, j'y cloque le beignet séance tenante !
- Taratata l'canidé ! mâchouilla l'oiseau entre ses ratiches primitives, sans pour autant relâcher sa bectance, pressentant une entourloupe vacharde. Vous me flattez, cher ami, au point de m'filer de l'oxygène dans ma tuyauterie à raisiné...
[La mort et le bûcheron]
Un bûcheron, viocard et pauvre comme Job, mais doté d'un battant gros comme un artichmuche, toujours près à obliger un plus atteint que lui, arquait difficilement sur un chemin, le dos à l'équerre sous le poids d'au moins un stère de bois dur. Sa régulière lui bonissait plus souvent qu'à son tour :
- Ecoute, mon Nanard que j'aime, tu m'fais mal au croupion à t'voir turbiner comme ça, puis en plus avec tes bontés on va s'retrouver raides en moins d'deux, ça va pas faire un pli ! Va donc voir un kiné.
Mais l'viocard avec ses carreaux d'cocker et son tarbouif façon rocher d'Gibraltar, lui avait rétorqué dans l'cornet gauche :
- J'suis comme ça, ma Nénesse, j'suis rien qu'un pôv' bosseur arthrosique et j'pourrai pas y changer grand chose à présent. Esgourde bien mi : on n'a pas d'thunes, c'est acquis, mais au moins on a du palpitant nous autres, c'est d'famille !
...
[Le corbeau et le renard]
...
- Mais non, mais non, cher Maestro, rétorqua l'rouquin au corbaque qui commençait à gonfler sa caisse à mistral et à s'tapouiller l'oignon sur sa branche, esgourdez bien mi, si vous la poussez un peu, j'vous file dix varlopes d'or sonnantes et trébuchantes. Allez, sans façon, videz votre godet et prenez l'micro qu'on perçoive un peu vibrer vos cordes pendant que j'me lessive les cornets à décibels.
- Et comment que j'vais jacter pour une somme pareille, tu parles ! Tiens, ouvrez grand les écoutilles, va y avoir du son !
Et le corbaque boucla sa liquette, releva un peu son col, joignit l'un contre l'autre ses fumigènes et, raide comme une saillie, il se dérouilla si bien l'patochet que l'camembert s'éjecta de son bec pour se planter directement sur les crochets d'la bête à griffes garée sous l'érable.
...
Le lion et le moucheron
[...]
Moralité : Si tu mets d'un côté les fanfarons qui brassent de l'air, et de l'autre ceux qui par suffisance le pompent, t'as la climatisation gratuite !