Dear Gene

Malgré sa superbe couverture tendrement rétro, j'étais un peu passée à côté de la sortie de ce titre. Merci à La pomme qui rougit de me l'avoir fait remarqué avec sa belle chronique dessus !

Je ne connaissais pas Kaya Azuma malgré ses deux autres titres publiés chez nous : La reconversion de Sakurada et surtout My Rumspringa qui se déroule dans le même univers que Dear Gene et le précède même. Ils ont d'ailleurs pas mal de point commun sauf qu'il se passe quelques années plus tard, dans l'Amérique des années 80, où après avoir renoncé à son rêve de danser sur les planches de Broadway, Oz s'installe dans une petite ville où il devient barman et gigolo. Quand Théo, un jeune Amish en plein Rumspringa, se présente au bar, Oz le prend pour un de ses clients et l'emmène dans sa chambre...

Dear Gene, lui, se déroule au début des années 1970 et met également en scène un jeune Amish, Gene, qui est recueilli par un avocat plus âgé que lui, Trevor, à qui il a bien rendu service. Devenant son homme à tout faire, Gene et Trevor vont se rapprocher, Trevor le prenant sous son aile pour lui faire découvrir le monde moderne. Mais chacun cache ses faiblesses et ses fêlures car la vie ne les a pas épargnés.

J'ai de suite été charmée par la narration de Kaya Azuma et sa teinte nostalgique et rétro. le récit se fait par le biais de "Gene" le neveu de Trevor qui, un jour, tombe sur le journal intime de cet oncle qui lui semble si froid au premier abord. Il ne peut s'empêcher de le lire et découvre la relation que ce dernier avait avec Gene premier du nom, bien des années plus tôt.

L'ambiance du titre est magnifique, lente et inexorable, pleine de passion très très contenue et de sentiments retenus. C'est une superbe histoire en devenir mais également le triste portrait d'une époque où il était encore très dur de se revendiquer homosexuel pour s'assumer et vivre pleinement en tant que tel aux Etats-Unis, lieu de l'histoire. Trevor porte donc un terrible masque qui est en passe de l'étouffer quand il rencontre Gene.

Au début, c'est surtout une belle amitié qui semble se nouer entre les deux hommes pourtant à des âges bien différents de leur vie, mais les secrets et blessures qu'ils cachent vont les rapprocher. En plus de son homosexualité, Trevor porte un autre poids sur les épaules que seul Gene sera en mesure de l'aider à accepter. Gene, lui, a fui sa famille Amish dont il ne supportait plus les contraintes, lui dont la curiosité était étouffée. Trevor s'emploie donc à lui faire découvrir la vie hors des murs de son peuple. Il nourrit sa curiosité et l'aide à approfondir celle-ci tel un parent prenant son petit sous son aile.

Mais des sentiments plus complexes vont venir s'en mêler et la beauté du titre est d'avoir pris le temps de les faire naître et de les nourrir avant de les voir s'épanouir. L'histoire est donc douce et âpre, douce et amère, avec une pointe de nostalgie certaine ressentie dans les écrits de Trevor sur cette période. le tempo est lent mais sourd et entêtant au fur et à mesure. On sent bien la retenue de chacun, ses interrogations, son envie de surtout ne pas briser la jolie bulle dans laquelle ils vivent. C'est très touchant surtout que ce sont deux très belles personnes, ce qu'on entrapercevoit aussi bien dans les souvenirs de leurs passés respectifs que dans leurs actions présentes, Trevor étant par exemple un avocat qui défend la veuve et l'orphelin.

L'histoire est cependant un huis clos un peu étouffant. Cela peut inquiéter de voir un si jeune garçon passer de l'emprise de sa famille, à celle peut-être non voulue mais existante quand même de cet homme qui le recueille. Gene est comme un jeune faon qui vient de naître, il accorde son amour et sa confiance au premier qui l'aide, comme ça sans réfléchir. Il serait intéressant de se questionner sur le bien fondé de cette relation et la véritable liberté en quelque sorte de Gene, dont les propos finaux sur Trevor me font un peu peur pour ma part, même si le reste avait été bien mené jusque là.

En ce concerne, les dessins de Kaza Azuma, il faut reconnaitre un talent certain à la mangaka. Il suffisait juste de regarder la couverture pour s'en convaincre mais l'intérieur n'est pas en reste. Elle sait donner des traits très doux à ses personnages, leur conférer une belle profondeur d'émotion. Même si la composition des pages est assez classique, elle a également un vrai souci du détail, et l'époque de l'histoire est parfaitement retranscrite ici aussi bien dans les décors intérieurs qu'extérieurs.

Ainsi comme me l'avait prédit La pomme qui rougit, Dear Gene fut une très belle lecture vraiment émouvante qui démarre lentement mais nous ensorcelle par l'émotion que dégage la relation qui se noue entre ces deux très beaux personnages. J'ai aimé son côté rétro, j'ai aimé l'originalité du personnage Amish, j'ai aimé que l'autrice prenne son temps, et je n'ai hâte que d'une chose, de poursuivre pour voir comment on en est arrivé là dans le futur.
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Est-ce moi ou on ne peut avoir que des coups de coeur avec les mangas de Kaya Azuma ? Déjà, il y a quelques mois, je vibrais pour le si beau et émouvant récit de My Rumspringa, un one-shot qui mettait brillamment en scène la rencontre entre un amish et un jeune danseur dans l'Amérique des années 1980. Mais avec Dear Gene, j'ai été bouleversée. Déjà, rien qu'à voir la couverture du manga, j'étais sûre que j'allais avoir un coup de coeur. Honnêtement, c'est une des plus belles couv' que j'ai dans ma bibliothèque de BL !

Mêlant deux temporalités, le manga est un spin-off de My Rumspringa dans lequel on rencontre Gene (ou Jean, la traduction a changé, le grand-frère de Dany) qui a quitté sa communauté amish pour vivre dans le monde moderne.

Au début des années 1990, le jeune Gene, 15 ans, est envoyé chez son oncle Trevor à New York pour les vacances. En échange de l'hébergement, l'adolescent doit remettre en état le bureau de son oncle qui croule littéralement sous les papiers, les livres et les plantes. Gene n'apprécie pas vraiment Trevor qu'il ne connaît pas, qu'il trouve bizarre et mystérieux. Cependant, alors qu'il range le bureau, il découvre le journal intime de son oncle qui raconte sa rencontre, et sa vie dans les 1970, avec un jeune homme qui s'appelle également Gene…

Un soir d'hiver de 1973, c'est un sans-abri qui aide le jeune avocat Trevor à récupérer des papiers très importants qu'il a bêtement perdu. Trevor l'emmène alors chez lui pour le remercier et lui propose de travailler pour lui en tant qu'homme de ménage en échange d'un salaire, du gîte et du couvert. Mais lorsqu'il se rend compte que Gene est un amish qui ne connaît rien à la vie moderne, il décide de l'aider à s'intégrer et s'occuper de son avenir. de simple cohabitation, la relation qui se tisse entre eux devient de plus en plus profonde… Mais Trevor n'est pas prêt à laisser quiconque rentrer dans sa vie.

Le manga commence avec la citation qui introduit cet article : on est ainsi immédiatement plongés dans l'évolution de la relation entre Trevor et Gene, mais on sait de suite qu'il va y avoir un adieu ou bien une fin. Dès le début de la lecture, avec ce bureau laissé à l'abandon et les premiers mots du journal de Trevor, une sorte de nostalgie mélancolique teinte le récit et rend chaque événement du passé profondément émouvant. le manga est brillamment construit pour permettre à la fois de s'interroger sur l'absence de Gene dans le présent, et sur le déroulement des événements du passé. C'est juste incroyablement puissant !

Aussi, sans aucune surprise, j'ai été profondément touchée par Gene, l'amish, qui a fait le choix de partir de sa communauté. Ça n'est pas traité de façon positive ou négative, mais juste comme un choix qui a des conséquences, quelles qu'elles soient. Gene est entier, fort et intelligent, il sait ce qu'il a dû laisser derrière lui et, malgré ce traumatisme, il ne regrette pas un instant d'être parti. À l'opposé, Trevor est incroyablement généreux, mais il se méprise et est lâche. Lui fait le choix conscient de cacher ce qu'il est pour sa tranquillité et une vie confortable, quitte à en souffrir. Vivre au quotidien avec Gene va tout bouleverser chez lui, malgré l'épaisse muraille qu'il semble avoir érigée entre lui et les autres.

L'histoire prend vraiment son temps et leur relation s'approfondit au fil des années pour voir s'installer entre eux une très forte connexion émotionnelle. Vraiment, voir à quel point les personnages tiennent à l'autre, les voir se découvrir dans l'intimité de l'appartement, les voir évoluer jusqu'à l'explosion finale, c'était bouleversant.

Le présent n'est pas oublié car c'est à travers la lecture du journal par le neveu de Trevor, qui s'appelle également Gene, que l'on peut suivre les événements. Je me suis vite attachée à cet adolescent qui, bien qu'on ne le voie pas beaucoup dans ce tome, semble quelque peu perdu. Honnêtement, je me doute de ce qui lui arrive, aussi j'espère qu'il appréciera Trevor dans la suite. Enfermé dans ce bureau qu'il est sensé ranger, il passe plutôt son temps à se plonger dans le passé de cet oncle, qu'il ne connaît finalement pas du tout, pour découvrir ses secrets…
À propos du dessin, on retrouve le joli et impeccable trait graphique de Kaya Azuma qui met magnifiquement en scène ses personnages et les fait vibrer d'émotions à travers tout le manga. C'est beau, ça fourmille de détails, la reconstitution des deux époques est impressionnante et on en veut tellement plus !

Ainsi, et ça ne pouvait en être autrement, j'ai eu un immense et vibrant coup de coeur pour ce premier tome de Dear Gene. La fin est particulièrement émouvante, aussi il me tarde énormément de lire la suite, même si j'appréhende de savoir ce qui est arrivé à Gene. Il y a tellement de questions qui restent sans réponses ! le tome 2 n'ayant toujours pas été publié au Japon, autant dire qu'il va falloir attendre malheureusement longtemps avant de l'avoir chez nous… C'est tellement frustrant !

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L'histoire

Encore une très belle découverte chez Hana Collection avec Dear Gene de Kaya Azuma, mangaka que j'avais déjà pu découvrir avec le magnifique My Rumspringa dont cette série est le spin-off. Loin des clichés habituels, nous avons ici une très belle histoire d'amour qui se noue sur fond de sincérité et de maladresse. J'ai trouvé excellente l'idée que l'entrée en matière se fasse par le biais du neveu de l'un des deux héros, Trevor, qui par un concours de circonstances porte le même nom que l'homme dont s'était épris son oncle à l'époque. J'aime cette idée de découverte d'une histoire intime via l'écriture, il y a quelque chose de très profond je trouve dans la correspondance où l'on met forcément beaucoup de soi. Tout ça pour dire qu'on rentre vite dans le feu de l'action avec la touchante rencontre entre nos deux héros avec Gene qui rend un dossier oublié à Trevor par pur altruisme et ce dernier qui lui propose un toit et le couvert s'il accepte de ranger pour lui son bureau dans un désordre monumental. A partir de là, on apprend peu à peu à les connaître au même titre qu'eux.

Les personnages

Trevor est un personnage qui m'a beaucoup touchée. Il cherche à mener tranquillement sa vie sans faire de vagues quitte à endosser comme la plupart d'entre nous un masque en société pour qu'on lui fiche la paix. C'est une personne sérieuse, fiable, attentionnée et maladroite dans ses rapports aux autres. Il fait passer le bonheur des autres avant le sien quitte à se blesser lui-même. J'ai adoré toutes ses interactions avec Gene où il laisse enfin entrevoir la personne qu'il est réellement. le passage où il le surprend dans une position disons « compromettante » me fait encore bien rire rien que d'y penser. J'apprécie aussi le fait qu'il ne soit pas parfait et qu'il soit par exemple incapable de tenir l'alcool alors que Gene boit ça comme du petit lait. le passage où il évoque sa famille et son ressenti vis-à-vis d'elle était très touchant également en plus d'être réaliste. Gene est aussi un petit trésor en soi. Débarqué fraîchement de sa campagne, il est complètement largué niveau technologies même s'il a la capacité de rapidement apprendre et retenir les choses, intelligence qui lui vaut autant la louange que le mépris de certains vu que les Amish la prohibent. Son innocence teintée de courage quand il décide de quitter les siens au profit de la civilisation force l'admiration. J'aime aussi le fait qu'il réfléchisse profondément aux choses, qu'il ne se laisse pas marcher sur les pieds quitte à défendre ses opinions quand la situation l'exige et son côté franc quand il confronte directement Trevor au sujet des véritables sentiments qu'il éprouve à son égard. Il a aussi un côté fragile quand la nostalgie revient frapper à sa porte et que le doute l'envahit. Un très beau personnage dont j'ai hâte de connaître le devenir. Karen, l'ex-fiancée de Trevor, c'est là encore un personnage que j'ai beaucoup apprécié. Pourtant simple romancière sans le sou à l'époque, Trevor n'hésite pas à la défendre quand on vient à contester ses droits pour un livre qu'elle a écrit. Touchée, elle décide de sortir avec lui puis de l'épouser avant de se rendre petit à petit compte qu'il aime en réalité les hommes. Loin d'être dégoûtée, elle se montre très compréhensive, décide de rester son amie et lui souhaite tout le bonheur du monde. C'est un vrai vent de fraîcheur dans ce manga et j'aime beaucoup la relation amicale qu'elle finit aussi par nouer avec Gene qui est devenu entre-temps un de ses grands admirateurs suite à la lecture d'un de ses livres qui avait provoqué chez lui un grand émoi.


J'ai tout aimé dans Dear Gene, la manière dont l'histoire est contée, les décors de l'époque, le réalisme avec lequel sont dépeints les émotions des personnages, la douceur mêlée de douleur qui se dégage quand la nature reprend ses droits au sein des souvenirs de Gene, la maladresse toute enfantine de ce dernier, les réflexions autour de l'éducation, de l'homosexualité, de la sexualité (pas de tabou sur la masturbation) et de la culture en général. Une très belle découverte dont j'attends la suite avec beaucoup d'impatience.
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Un scénario qui prend son temps pour construire les liens (amoureux) entre les deux hommes dont les personnalités sont bien caractérisés. le joli graphisme est bien détaillé. Une histoire touchante, toute en douceur, avec des personnages attachants. (Ce manga contient quelques scènes explicites. Les relations sexuelles sont consenties)

Kaya Azuma nous propose une nouvelle fois, une histoire douce, reposante et très mature. À travers cette oeuvre où nous suivons Trevor et Gene, nous apprenons d'avantages d'informations quant à la culture des Amish, et les conséquences de ne plus vouloir faire partie de ces anabaptistes.

Une histoire lourde en émotions où nous retrouvons différents sujets intéressants comme la sexualité, l'évolution, le respect et la compréhension qu'on les personnages entre eux, des thématiques traitées avec beaucoup de sérieux.

On y découvre, comme dans sa précédente oeuvre, une époque différente de celle d'aujourd'hui. Un style de vie vintage où musique, cinéma, littérature animent ces rues américaines, et où nos héros devront faire face à certains problèmes universels de cette époque.

J'attends le deuxième tome avec impatience !! ^^