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4,12

sur 638 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ayant déjà lu l'adaptation d'Idiss en BD, dessinée et mise en couleur par Fred Bernard, scénarisée par Richard Malka, j'ai eu moins de surprise à découvrir cette destinée singulière qu'a été la vie de la grand-mère maternelle de Robert Badinter, Idiss Rosenberg, née dans la Bessarabie tsariste, dans ce qu'on appelle le Yiddishland, un monde aujourd'hui disparu, qui fuit l'empire tsariste pour se réfugier à Paris en 1912. En effet, il faut reconnaître que le roman graphique est resté très fidèle à ce magnifique témoignage d'amour tout autant que récit historique écrit par celui qui incarne l'abolition de la peine de mort en France, son petit-fils, Robert Badinter.
C'est avec beaucoup de sensibilité, de tendresse que l'ancien garde des Sceaux livre ce récit touchant qui rend hommage à celle qui n'a pas eu la chance d'apprendre à lire et à écrire, l'éducation étant réservée aux garçons. L'analphabétisme restera d'ailleurs, tout au long de sa vie, son premier problème. Sa revanche, elle l'aura en premier lieu avec sa fille Chifra qui pourra intégrer dès son arrivée l'école primaire gratuite et républicaine, conformément à la loi française puis, avec ses petits-enfants. Robert Badinter rend d'ailleurs un hommage vibrant à ces instituteurs de la République, ces militants de l'école laïque animés par un idéal, celui de « faire reculer l'ignorance et les préjugés, et d'ouvrir ces jeunes esprits au monde de la connaissance et aux beautés de la culture française », de les transformer en citoyens de la République.
Robert Badinter montre bien également que l'appartenance des Juifs à des classes sociales différentes l'emportait sur l'identité religieuse commune. «Ainsi, avant la guerre, les juifs de France constituaient une société de classes, du Yid du Marais à l'aristocrate faisant courir sous ses couleurs des pur-sang à Longchamp. Qu'y avait-il de commun entre l'un et l'autre ? Simplement, tous deux étaient juifs. Les nazis allemands et les fascistes français allaient le leur rappeler brutalement. »
Bientôt, la guerre allait mettre fin à ce bonheur précaire. Ils devront tenter d'échapper à la montée xénophobe et antisémite, connaîtront les restrictions sur le droit des juifs, les lois et décrets du gouvernement de Vichy et les mesures allemandes sont d'ailleurs publiées en annexe, nous rappelant les horreurs de cette période.
Idiss est un récit sobre dans lequel la tendresse et la douleur s'entrelacent pour offrir au lecteur un livre à la fois intime et universel, superbement bouleversant.
À noter qu'au centre du bouquin, quelques photos de la famille et quelques documents personnels permettent de rendre encore plus vivant cette belle et terrible histoire, à la fois romanesque et tragique.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Mon admiration est sans bornes pour Simone Veil et Robert Badinter . J'ai toujours trouvé à ces deux personnages une classe folle et un incroyable charisme , sans parler , bien entendu de leurs rôles respectifs pour ce qui restera des avancées majeures de notre société. Aujourd'hui , Simone Veil repose , et c'est sa place , au Panthéon et Robert Badinter nous montre encore quel homme il est au travers de ce superbe livre consacré à l'arrivée de sa famille en France et , plus particulièrement à Idiss , sa grand - mère, figure tutélaire , aimée et aimante , lien indéfectible entre les générations.
Si ce livre lui est en partie consacré, il dépasse largement le simple portrait d'une femme pour déborder largement sur la société de l'époque avec toutes ses horreurs et ses tourments envers des hommes et des femmes dont le seul tort était d'avoir une religion "différente " , " leur religion" .On découvre l'ascension sociale de familles laborieuses venues d'ailleurs , le danger qui les guette , la spoliation de leurs biens , leur extermination....Tout est rapporté avec pudeur , " discrétion" , sans aucune haine mais avec force et sous le très beau regard de cette grand- mère dont le seul vrai bonheur est de vivre parmi les siens et de leur donner tout son amour.C' est un ouvrage qui n'a rien de "spectaculaire" , plutôt un beau plaidoyer pour la tolérance , le respect de l'autre ,l'amour des siens et de la vie .Il s'en dégage des émotions particulièrement fortes car retenues , sans pathos mais exprimées avec justesse et précision. Certes , le "recul" fait que monsieur Badinter n'a rapporté que des souvenirs idéalisés de cette grand- mére , j'ai cru le lire dans la très belle critique d'un ami babeliote , mais , finalement , ne se forge-t-on pas une personnalité qu'en gardant le meilleur de tous les êtres chers qui nous ont aidés à nous construire ?
J'ai adoré l'indulgence ou la remise au point quant au comportement de la population française vis à vis des juifs. Entendre Badinter déclarer qu'il n'y avait pas plus d'antisémites " qu'avant " , dans les lycées, notamment , aurait été porteur d'espoir et réconfortant , mais....Quant au rôle de la police de l'époque ......
Il est des livres qui , malgré la gravité du sujet qu'ils abordent , font du bien .Qu'ils soient écrits par des hommes ou des femmes d'une telle classe les place en haut de la pyramide de l'intelligence humaine .Idiss restera gravée dans ma mémoire , en tant que grand- mère, certes , mais plus sûrement en tant que symbole d'une époque qu'on aimerait savoir révolue. Respect .
PS: je profite de cette lecture pour vous conseiller celle de " Mayrig " d'Henri Verneuil .C'est aussi , pour moi , un autre chef d'oeuvre .(mais cela , bien sûr n'engage que moi )
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Robert Badinter, abandonne son habit d'homme au destin pas banal pour se pencher sur l'histoire de sa famille mais plus précisément celui d'Idiss, sa grand-mère maternelle.
Née en Bessarabie, au sud de la Russie, elle a quitté sa région, poursuivie sauvagement en tant que juive.
D'abord, ses deux fils sont venus vivre à Paris au début des années 1920. Ensuite, son mari et enfin Idiss avec sa petite Chifra qui sera appelée Charlotte en France.
Charlotte deviendra la maman de Claude et Robert Badinter.
Simon Badinter , le mari de Charlotte, venait lui-même de la même région que la famille d'Idiss.
L'auteur se concentre sur le personnage d'Idiss qui était tellement heureuse de vivre parmi les Parisiens, qui en avait adopté les tenues vestimentaires, qui admirait la France malgré les remarques antisémites qu'elle et sa famille n'ont pas arrêté d'entendre de temps à autre.
Elle se croyait hors de danger. C'était sans compter sans l'arrivée du nazisme et d'un antisémitisme cruel et sauvage.
On voit Idiss, jusque-là très courageuse, complètement éteinte. Elle qui croyait en avoir fini avec la persécution des juifs.
Robert Badinter confie à ses lecteurs : mes 12 ans ont vu arriver la fin de mon enfance avec les souffrances de l'envoi dans les camps des hommes de la famille.
Le côté intéressant du livre se situe dans l'explication des faits mais sans trop nous lasser, de façon très claire et intéressante.
Une bel hommage envers cette grand-mère tellement pourchassée.
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J'ai été très très émue par l'émission La Grande Librairie consacrée à Robert Badinter au moment de la parution de ce livre. On a tendance à voir en cet homme, le combattant, le défenseur des droits dont la bataille et la victoire emblématiques furent bien sûr l'abolition de la peine de mort. Mais là, au cours de ce très beau moment de télévision, c'est le petit-fils d'Idiss qui est apparu avec, parfois, le regard de l'enfant qu'il fut. le petit-fils d'Idiss et, le fils de Simon, arrêté en 1942 par Klaus Barbie, déporté et jamais revenu. Alors j'ai eu envie de me plonger dans le récit de cette période d'avant 1942, qui permet de mieux comprendre les fondations qui ont présidé au parcours de cet homme que l'on ne peut qu'admirer.

Et l'histoire commence en Bessarabie, une région dont les contours et les rattachements ont beaucoup varié avec l'histoire (fait actuellement partie de la Roumanie) entre Russie et Moldavie. C'est là qu'est née Idiss, là encore qu'elle tombe amoureuse de Schulim et qu'ils auront trois enfants, Avroum, Naftoul et la petite dernière, Chiffra qui deviendra Charlotte lorsque la famille décidera de s'installer à Paris en 1912. Histoire représentative de celles de nombreuses familles juives d'Europe centrale, chassées par la violence de l'expression de l'antisémitisme à travers les pogroms, et qui voyaient en la France une terre de libertés et de tolérance. C'est à Paris que Charlotte rencontre Simon ; ils auront deux fils, Robert et Claude. Simon se révèle un excellent entrepreneur, faisant fructifier une entreprise de négoce international dans le domaine de la fourrure. Et la famille grimpe les échelons, s'installe dans un quartier bourgeois tandis que bruissent déjà les prémices du conflit à venir...

La figure d'Idiss est bien sûr omniprésente, elle qui ne parle pas français, ne sait ni lire ni écrire, habite avec Simon et Charlotte et constitue donc une chaleureuse présence pour ses petits-enfants. Dans les mots de Robert Badinter, on sent tout l'amour pour cette grand-mère que la famille a dû quitter pour fuir en zone libre, Idiss étant trop faible pour être transportée. Toute la douleur aussi, sous-jacente, au moment d'aborder le destin de son père. Dans les souvenirs de ce que lui ont transmis son père et sa grand-mère, on découvre ce qui a servi de "tuteur" au jeune Robert, et l'on mesure peut-être mieux comment se forge une telle personnalité. Car ce récit, pour intime qu'il soit, ne manque jamais d'apporter une contribution à notre connaissance de l'Histoire de France et plus particulièrement de cette période précédant la seconde guerre mondiale.

Il y a beaucoup de choses dans ce livre, beaucoup d'émotions. Je suis sortie de ma lecture le coeur serré, à la fois reconnaissante pour ces confidences jamais impudiques et émue par la blessure encore si présente. Et d'ailleurs impossible à effacer. Et surtout, encore plus impressionnée par la posture de cet homme. Un grand homme.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Idiss était la grand-mère maternelle de Robert Badinter. Elle est née dans un village de Bessarabie, province russe, devenue en grande partie, aujourd'hui, la Moldavie, mais surtout connue comme appartenant au Yiddishland (le pays des juifs) d'Europe centrale.
Au début du XXième siècle, la violence des pogroms pousse la famille à fuir vers la France. Un couple et trois enfants, deux adolescents et une petite fille, Chifra, prénom francisé en Charlotte, la maman du célèbre avocat.
La famille s'intègre bien à Paris, dans l'artisanat et le commerce. le père, à cinquante ans, cherche même à entrer dans l'armée française en 1914 : sa nouvelle patrie était en danger !
Mais Hitler viendra, et une partie de la France se soumettra. le petit garçon qu'était alors Robert Badinter s'en souvient.

À l'éloquence de l'avocat, Badinter ajoute le talent du conteur. Je l'avais découvert dans sa biographie de "Condorcet" (écrite à quatre mains avec son épouse, éditions Fayard) puis dans "L'Abolition" (de la peine de mort, éditions Fayard également). Ce petit livre de mémoire le confirme encore, s'il en est besoin.
Cette évocation de la grand-mère, qui a accompagné l'enfance de l'avocat, est particulièrement émouvante. On y retrouve toutes les épreuves subies par les juifs, en Europe centrale puis en France. Elles sont évoquées avec beaucoup de pudeur. On comprend comment le personnage de l'avocat s'est construit, dans la bienveillance de sa grand-mère, de ses parents, de son oncle.
Si l'auteur ne s'attarde pas sur les atrocités commises entre 1939 et 1945, la liste, et le destin, des trois noms qui concluent le livre est édifiante. Il n'y manque qu'une mention : "Morts pour une certaine idée de la France".
Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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Robert Badinter retrouve son coeur et son âme d'enfance pour livrer, avec beaucoup d'amour, de tendresse, d'émotion , de pudeur , les souvenirs qui l'attachent à sa grand-mère maternelle, Idiss Rosenberg, venue de son lointain pays natal , la Bessarabie ( Au sud de l'Empire tsariste, à la frontière de la Roumanie). Il retrace sa destinée, sa fuite pour échapper à la misère et aux pogroms , son exil, son Installation à Paris avec son époux Schulim, et ses trois enfants Avroum, Naftoul, Chifra qui sera rebaptisée Charlotte, la future mère De Robert . Idiss vivra quelques années de bonheur quand sa famille s'intégrera , connaitra une certaine aisance , puis , à nouveau vivra avec la peur et le désespoir. Un livre poignant par sa sincérité, son authenticité, ses vérités.
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A la fois témoignage poignant afin de lutter contre l'oubli, ultime ode à cette terre d'asile que fut la France avant l'occupation, ce récit bouleversant rend hommage, témoigne simplement de l'amour d'un petit fils à sa chère grand - mère, Idriss, née en 1863, illettrée , ( elle en souffrira beaucoup même si elle le cachait ) venue du Yiddishland, qui quitta son shetel , en Bessarabie, alors province de l'Empire Russe, elle qui avait connu les pogroms !!

Elle rejoignait avec son mari Schulim et sa fille ( la future mère de Robert ) ses deux fils en France : Naftoul et Avroum.
Très bel hommage de cet homme réservé et pudique, belle manière de lutter contre une ignorance qui reste un des écueils les plus puissants—- ravageurs—- de la mémoire de ces tragédies du vingtième siècle .

Ce texte sensible et émouvant accessible et précis, instructif et sobre, témoigne aussi du bonheur doux, misères et joies, souhaits et ambitions mêlées ——du progressif embourgeoisement d'une famille grâce à son travail——-une incarnation de la diaspora juive, entre 1860 et le milieu du vingtième siècle jusqu'à l'anéantissement futur de la deuxième guerre mondiale .....

Que d'émotions et d'humanité , de tendresse et de sincérité ——sans fioriture ——-au sein de ce beau récit rappelant avec force cette terre d'accueil et de culture ,( éducation, instruction etc..) que fût la France avant l'idéologie mortifère du régime de Vichy !
Extrait :
«  Je regrette de ne pas lui avoir dit assez souvent combien je l'aimais. »
A lire ..
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Idiss est un livre intense, émouvant, un de ses livres qu'il faut lire pour ne jamais oublier.

Robert Badinter raconte une vie particulière, celle de sa grand-mère qui a fui son shtetl bessarabien pour gagner Paris. Sa famille croyait y trouver un refuge contre les massacres. La France n'est-elle pas le pays des droits de l'homme ?

L'histoire est poignante, Robert Badinter expliquant comment cette foi inébranlable a été trahie de la pire des manières. C'est ce qui m'a bouleversée dans ce livre.

Idiss et son mari sont arrivés en France avant la Grande Guerre, en 1912. À cette époque, la France accordait les mêmes droits aux Français de confession israélite qu'aux autres.

De quoi faire rêver les juifs de l'Europe de l'Est. Pourtant entre les principes d'égalité et ce que pensent les Français, il y a un fossé : des manifestants défilent sur les boulevards en criant « Mort aux juifs ».

Idiss traverse en France les deux Guerres mondiales.
Le livre est dense, l'auteur aborde de nombreux sujets, tels que la pyramide sociale juive, le manque d'éducation des filles, le sionisme et bien d'autres.

Lien : https://dequoilire.com/idiss..
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Deux titres de presse me paraissent d'excellents résumés de cette brillante biographie : « Robert Badinter et les mondes disparus » (France Culture) et «Robert Badinter, l'histoire de sa grand-mère Idiss est notre histoire » (La Croix).

« J'avais envie de raconter l'histoire de ma grand-mère maternelle parce que, tout simplement, je l'aimais. C'est une histoire d'amour » (interview).
Ce récit témoigne de l'amour de l'auteur pour sa grand-mère totalement dévouée à sa famille (« un destin juif, européen et cruel »), mais aussi pour toute sa famille : un frère dont il était très proche, un père brillant et admiré disparu dans un camp de concentration ainsi qu'un oncle (dénoncé par une voisine qui voulait récupérer ses meubles), une mère-femme forte (illustration de l'intégration et de la réussite grâce à l'école de la république et à ses instituteurs, « ces militants de l'école laïque »),…
Tout cela sur fond de grande histoire : les communautés juives d'Europe de l'Est disparues, l'exode vers la France (« la France de la Révolution française restait un exemple lumineux ; elle était le seul pays d'Europe où un juif pouvait être titulaire de tous les droits civils et civiques »), la France de l'entre-deux guerre, la guerre de 1940-1945 et le sort des juifs français et/ou réfugiés en France.


« J'ai l'impression d'emporter avec moi un monde mort, aux synagogues détruites et aux tombes éventrées. Et je me dois d'en témoigner, pour que l'oubli ne l'emporte pas tout à fait. » (interview). Un témoignage pudique et rempli d'amour.

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Très beau destin de cette émigrée juive débrouillarde malgré un mari absent 5 ans sous les drapeaux du Tsar et dilapidant au jeu les quelques roubles durement gagnées.

Quelle belle arrivée à Paris, dans un pays établissant les Juifs comme 'citoyens français de confession israélite'.

Un personnage magnifique, l'instituteur de Charlotte (future mère de Badinter), Monsieur Martin, passionné par l'enseignement du français à ces Yids chez qui la culture plus que l'argent établissait le rang.

Aux Années folles succèdera la guerre et le nazisme et son père Simon sera arrêté et déporté en 1943 d'où il ne reviendra pas.
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