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EAN : 9782253122593
320 pages
Le Livre de Poche (23/01/2008)
3.9/5   24 notes
Résumé :
A ce moment de mon existence déjà longue, me retournant vers ce qui fut un combat passionné, je mesure le chemin parcouru vers l' abolition universelle. Mais, tant qu' on fusillera, qu' on empoisonnera, qu' on décapitera, qu' on lapidera, qu' on pendra, qu' on suppliciera dans ce monde, il n' y aura pas de répit pour tous ceux qui croient que la vie est, pour l'humanité tout entière, la valeur suprême, et qu' il ne peut y avoir de justice qui tue. Le jour viendra où... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Badinter, avocat & ancien Garde des sceaux, a mené bien des combats : pour l'amélioration des conditions carcérales, pour la réinsertion des condamnés, pour les droits des homosexuels, la mémoire de la Shoah, mais on se souvient surtout de sa victoire contre la peine de mort. Cette peine, ce fils de déporté ne la souhaite pour personne y compris les tortionnaires nazis.

« Tout ce qui peut encore sauver un homme, ce sont des mots ». Et c'est bien de mots qu'il s'agit ici. Car l'avocat, brillant certes, ne disparait jamais tout à fait derrière l'intellectuel engagé. C'est tout l'intérêt et la limite du propos, entre sincérité et effets de manche, la formule rhétorique est quasi pure chimiquement, difficile parfois de faire la part des choses.

Montesquieu l'avait pressenti « toute peine qui ne relève pas de l'absolue nécessité est tyrannique », Beccaria s'y est essayé « si je démontre que la peine de mort n'est ni utile, ni nécessaire, j'aurai gagné la cause de l'humanité » et bien sûr Hugo a grandement popularisé le combat abolitionniste « la peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie ».
Mais en France, c'est finalement Badinter qui a aboli la peine de mort après avoir convaincu François Mitterrand, encore candidat socialiste à l'élection présidentielle, de soutenir cette mesure alors que l'opinion publique y était majoritairement défavorable.

Cet ouvrage revient sur les longues années de combat de Robert Badinter contre la guillotine, à travers une compilation d'entretiens.
Certains donnés à la presse à l'occasion notamment de procès dans lesquels l'auteur défendait des accusés à mort comme Patrick Henry au milieu des années soixante-dix, de débats avec d'autres intellectuels comme Foucault ou des praticiens du droit. On trouve aussi des discours prononcés, notamment à l'Assemblée Nationale en septembre 1981.
Enfin le combat s'internationalise pour Badinter dans les années qui suivent de la Convention européenne des droits de l'Homme à Amnesty International en passant par une critique des années Bush.

Je ne sais pas si le « crime » est un invariant des sociétés humaines, l'ethnologie pourrait peut-être y répondre, mais l'engagement abolitionniste de Badinter lui n'a pas varié. La peine de mort est abolie, son abolition n'a fait ni augmenter ni diminuer le crime, cette décorrélation est la preuve que Badinter avait raison.

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La peine de mort est un sujet de société fondamental. Il y a un peu plus de vingt ans maintenant, on tuait encore en France, des hommes, au nom de la justice. Pourtant le débat sur la peine de mort ne date pas d' hier. Alors que la guillotine tournait à plein régime au XVIIIème et XIXème siècles, des voix s' élevaient déjà contre la cruauté de ce châtiment suprême. Cesare Beccaria, un juriste italien, jeune et inconnu, avec son Traité des délits et des peines (1764) en dénonça l' ignominie. le caractère insupportablement immoral de pareille sanction.
Au nom de qui, de quoi, la justice s' arrogeait- elle le droit de disposer de la vie d' un être humain, aussi crapuleux soit- il? Aussi ignobles soient ses crimes?
le droit à la vie, est le premier de tous les droits de l' Homme. C' est de lui que découle tous les autres.
Comment expliquer dès lors, que la France, patrie des droits de l' homme, celle où a rayonné plus fort l' influence des Lumières, est attendu presque deux siècles pour rayer de son histoire à jamais, cette justice entachée par le sang?


L' histoire judiciaire retiendra ce nom, celui qui marqua de son empreinte, la réforme de la justice qui permit ainsi d' abolir la peine de mort en France, en 1981. Après un travail et une lutte de longue haleine, Robert Badinter nous offre ici à travers des articles de presse, des discours prononcés à l' Assemblée Nationale, des interviews accordées à différents journaux, ses propres tribunes publiées à l' époque, la possiblité d' entrevoir ce que fût le déchaînement des passions sur la question. Avec une perspective de recul, de comparaison avec le reste du monde, il nous délivre ses impressions, ses certitudes, ses convictions.quand à l' avenir de la peine de mort : elle est vouée à disparaître universellement.

Intéressons- nous au débat, car il a été intense, marqué par une passion et une violence inouies. Victor Hugo disait de son temps " La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie ". Ce qui semblait une évidence pour certains était une abérration pour d' autres. Entre partisans de la peine de mort et abolitionnistes, le débat moral et intellectuel a toujours été très intense, chacun croyant avoir raison.

Tout d' abord les partisans de la peine capitale. Quels ont été les principaux arguments soulevés ? Biensûr la nécessité que " se fasse justice " au noms des victimes, pour expier le coupable. La peine de mort servait à la fois à " venger la victime" en quelque sorte, en même temps elle avait une fonction de régulation de l' ordre social perturbé par le crime. Ainsi le fait de rendre publiques les éxécutions et le simple fait de savoir que ce type de châtiment existait rendraient dissuasives la commission de nouveaux crimes. Ceci équivaut à la théorie de l' exemplarité, le fait de dire, que grâce à la peine de mort, la criminalité sanglante diminuait, étant donné la peur des criminels de mourir sur l' échafaud.
Enfin, la peine de mort avait dans sa finalité, le projet de protéger la société elle-même, contre l' individu qui s' est mis hors des normes qu' elle avait établies, et qui pourrait à nouveau enfreindre ses règles. La peine de mort ainsi appliquée permettrait de mettre hors de portée, de se débarrasser d' un être nuisible dont plus personne ne croit à son rachat.

Les abolitionnistes, contrecarraient ces arguments, partagés par une large majorité de la population. Ils se placent avant tout sur le terrain moral. Pour eux la peine de mort était clairement un châtiment et non une sanction qu' on administrait au coupable, par une volonté de vengeance collective. C' est avant tout une réaction passionnelle face au crime odieux. C' est la ressurgeance d' une violence enfouie en chaque individu qui s' exprime par une angoisse collective, une peur surexcitée. Ainsi ils recourent à ce rituel sanguinaire pour exorciser leurs propres démons. Donner la mort au meurtrier permettrait ainsi un certain apaisement social, à défaut de n' avoir pu sauver la victime. Car la victime est importante et même primordiale, c' est toujours à la victime que s' identifie la majorité de l' opinion publique. Dans les faits, personne n' aurait voulu qu' un proche subisse le même sort. Parcontre il ne viendrait à l' idée de personne de se mettre du côté du coupable, ou plutôt de sa famille, on ne s' identifie pas aux parents de l' assassin par exemple, qui eux aussi souffrent de leur côté...

Pour les abolitionnistes, la fascination pour la " veuve ", surnom parmi tant d' autres de la guillotine découlait surtout d' un manque flagrant de connaissances, les gens étaient pour la plus part mal informés, et laissaient libre cours à leurs passions au gré des circonstances. Ainsi aux périodes de grande agitation criminelle, l' opinion publique criait très largement " A mort ! A mort! " sans autre forme de procès. On voulait la tête du criminel et rien d' autre. Au contraire, en périodes plus calmes, la population serait plus sensible à la cause des abolitionnistes. La justice ne devrait pas se confondre avec la vengeance et c' est précisément celà que dénoncent les abolitonnistes...

La peine de mort revêt aussi un caractère politique de premier ordre. Pour les abolitionnistes elle permet en raéalité d' escamoter les véritables questions quand à la genèse du crime : la lutte même contre les causes de la criminalité. Il serait faux de dire que l'abolition entrenerait une croissance de la criminalité sanglante. Des statistiques viendraient conforter cette idée. Car le temps a permis de rendre compte que la peine de mort n' a jamais empêché un criminel d' agir, de tout temps des crimes ont été commis, même en connaissance de cause. le criminel qui passe à l' acte, a parfaitement conscience de ce qu' il risque et pourtant il se risque tout de même. C' est donc que la guillotine ne remplit pas pleinement sa fonction dissuasive, et qu' il n' existe de corrélation entre son utilisation et une baisse de la criminalité. Bien au contraire. La guillotine serait dès lors selon les abolitionnistes une recherche insidieuse de la part de l' Etat d' imposer sa volonté aux individus, leur signifier qu' il dispose de la vie et de la mort d' un citoyen; que l' Etat tout puissant est au dessus de tout et de tous. Mais ce ne serait là qu' un semblant de démocratie, car comment peutt- elle affirmer le respect de la personne humaine en même temps qu' elle pratique une mort légalisée? Même si aujourd' hui encore la peine de mort s' applique dans certains Etats reconnus comme démocratiques, il est évident que les dictatures s' en servent comme d' un appareil de contrôle des individus.

Sans entrer plus dans les détails, Robert Badinter laisse un très fort message quand au futur même de la peine de mort. En 1867, le Portugal fût le premier à abolir la peine capitale. Depuis la vague abolitionniste s' est diffusée dans le monde. A l' heure actuelle une majorité de pays ont aboli en droit ou dans les faits la peine de mort. Mais il en reste encore trop! C' est un message pour les générations futures qu' il nous laisse, un message plein d' espoir. Aujourd' hui l' abolition est considérée comme un acquis en France, la poussière s' est tassée sur le débat de jadis. Pourtant il reste encore beaucoup de progrès à faire pour que l' humanité entière puisse profiter d' une justice qui soit juste.
Car comme le disait Pascal, ce célèbre penseur : " Que la justice soit forte. Que la force soit juste."
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Contre la peine de mort est un recueil de textes et de discours de Robert Badinter des années 70 à 2006.
C'est vraiment passionnant parce que l'on voit l'intensité de son engagement contre la peine de mort avant l'abolition de celle-ci en France, on voit ses arguments humanistes, justes, légitimes et justifiés. On est plongé dans une France qui "coupe encore les hommes en deux" (la peine de mort, en France, a toujours utilisé la guillotine...). On lit le discours d'un avocat engagé et profondément traumatisé d'avoir du accompagner l'un de ses clients sur l'échafaud (TU M'ETONES!) puis celui d'un garde des sceaux qui va faire de la France le 39° pays abolitionniste du monde et presque le dernier de l'UE. Et enfin, le combat jamais achevé pour l'abolition de la peine de mort partout dans le monde, notamment aux USA (qui, avec la Chine, est le pays qui exécute le plus de condamnés, dans des conditions juridiques souvent douteuses, Et donc, risquant l'erreur judiciaire à chaque nouvelle peine prononcée). Les arguments sont limpides, logiques, implacables: une démocratie ne peut pas commettre ce qu'elle défend. La peine de mort n'a jamais eu d'effet dissuasif sur les crimes de sang. C'est un livre vraiment passionnant bien qu'un peu redondant sur la fin (les arguments sont toujours les mêmes donc bon, à un moment ça lasse un peu...) qui fait réfléchir à ce qu'était la France il n'y a pas si longtemps (abolition = 1981) Et à ce que l'on ne voudrait surtout pas qu'elle redevienne!
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"Occulter sa propre humanité est un crime qui méconnaît la vérité humaine"

Paul Martin
Lien : https://www.facebook.com/pau..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Sacrilège contre la vie, la peine de mort est de surcroît inutile. Jamais, nulle part, elle n'a réduit la criminalité sanglante. Réaction, et non dissuasion, elle n'est que l'expression légalisée de l'instinct de mort. Elle nous abaisse pour nous protéger. Elle est vengeance, non justice.
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Et que me soit remis le fardeau toujours présent de celui qui mourut dans la cour de la Santé, coupé vivant en deux par la guillotine, lui qui n'avait jamais versé de sang, parce que je n'avais pas trouvé ce jour-là, aux assises de Troyes, les mots qui sauvent.
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