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Citations sur Pure, tome 2 : Fusion (11)

Il neige un peu. Elle se met lentement debout. Le monde vacille comme s’il s’était soudain alourdi. Elle tombe à genoux, puis entend des voix dans la forêt, deux personnes qui marchent dans sa direction. Même à cette distance, elle distingue les cicatrices rouges sur leurs visages. L’une d’elles est affligée d’un boitement. Elles portent des sacs.
Elle tire l’écharpe sur son nez et sa bouche. Elle est censée être trouvée. « Nous voulons que ce soit une enfant trouvée. » C’était une voix d’homme, chevrotant à travers un haut-parleur. C’était le chef, bien qu’elle ne l’ait jamais vu. Willux, Willux, murmuraient les gens - des gens à la peau lisse et qui n’avaient fusionné avec rien. Ils allaient et venaient tranquillement autour de son lit, entouré de poteaux métalliques auxquels étaient suspendus des poches transparentes, remplies d’un liquide qui s’écoulait goutte à goutte dans des tubes, au milieu de petites machines émettant des bips et de fils électriques. C’était comme d’avoir des pères et des mères, en trop grand nombre pour se les rappeler tous.
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- Arrête, lance-t-elle. C'est suicidaire de tenir à quelqu'un ici.
- Mettons que je suis suicidaire.
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Étendue sur une fine couche de neige, elle voit la terre grise rejoindre le ciel gris, et elle comprend qu’elle est de retour. L’horizon semble marqué de coups de griffe, mais ce ne sont que trois arbres rabougris. On dirait une rangée d’agrafes, accrochant la terre au ciel.
Elle reprend son souffle, subitement, avec un léger retard, comme si quelqu’un essayait de le lui voler et qu’elle le ramenait dans sa gorge.
Elle se redresse en position assise. Elle est encore petite, une fillette de dix ans seulement. Elle a l’impression d’avoir perdu beaucoup de temps, mais ce n’est pas le cas. Pas vraiment. Pas des années. Des jours peut-être, voire des semaines.
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Le hall d’entrée du quartier général de l’ORS est faiblement éclairé par quelques lampes à huile artisanales suspendues aux poutres apparentes du haut plafond. Les survivants dorment sur des tapis et des couvertures, recroquevillés les uns contre les autres pour se tenir chaud. Leurs corps retiennent une chaleur humide collective, bien que les grandes fenêtres n’aient pas été obturées. Leurs châssis vides sont bordés de lambeaux de rideaux de gaze. La neige entre et volette dans la pièce, comme si des centaines de papillons de nuit y étaient attirés par la promesse de tubes de verre lumineux contre lesquels se précipiter.
Il fait sombre au-dehors, mais c’est presque le matin, et certains parmi les lève-tôt commencent à ouvrir les yeux. Pressia a de nouveau veillé toute la nuit. Parfois, elle est si absorbée par son travail qu’elle en perd la notion du temps. Elle tient un bras mécanique qu’elle vient de fabriquer avec des bouts de ferraille qu’El Capitan lui a rapportés - une pince en argent, un coude muni d’un roulement à billes, un vieux fil électrique pour l’attacher et des lanières de cuir qui ont été mesurées pour faire le tour du mince biceps de l’amputé. Un gosse de neuf ans dont les cinq doigts ont fusionné ensemble, presque palmés - inutiles. Elle chuchote son nom d’une voix rauque : « Perlo ! Tu es là ? »
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Le cellier a une odeur de flaque d’eau et de champignons. Des moisissures rouge vif parsèment le sol de terre battue et les murs. Au pied de ceux-ci sont alignés les bocaux des Mères, où d’étranges légumes macèrent dans le vinaigre. Mère Hestra, lourdement armée, marche au- dessus de sa tête. Chacun de ses pas lui rappelle qu’il est enfermé dans une cave. Parfois, il a l’impression que ce sont des battements de cœur qu’il entend, et qu’il est prisonnier dans la cage thoracique d’une énorme Bête.
Il n’a pas vu Lyda depuis six jours. Le temps est difficile à mesurer alors qu’il est seul, penché sur les cartes du Dôme qu’il a tracées, avec seulement une fissure dans une porte pour compter les heures d’une journée irrégulièrement ponctuée par les maigres repas que lui servent les Mères - de pâles bouillons, des racines blanches et, parfois, une bouchée de viande.
Il se dit que ce n’est pas mieux en surface - les restes dévastés de la banlieue, dont il ne subsiste pas grand- chose. Mais, bon Dieu, il se sent pris au piège et, pire que cela, il y a l’ennui ! Les Mères lui ont donné une vieille lampe afin qu’il ait assez de lumière pour travailler, et elles lui ont procuré de grandes feuilles de papier, des crayons et du contreplaqué qu’il a installé sur le sol et utilise comme plateau de bureau. Il dresse des cartes, cherchant à se souvenir de tous les détails des plans qu’il a mémorisés pour sortir du Dôme, essayant de les fixer par le dessin aussi vite que possible. Mais heure après heure, minute après minute, bruit de pas après bruit de pas... l’ennui devient insupportable.
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"-Un Noël, se souvient Lyda, avant que mon père ne disparaisse, il m'a donné une boule à neige avec des enfants sur un traîneau. Il m'a dit de la secouer. Je l'ai fait. Et la neige s'est élevée en tourbillonnant."
Elle s'interrompt.
"-Et alors?
-Tout ce que je savais, à cet instant, c'était que j'étais une fille dans un Dôme, secouant un Dôme avec une fille dedans.
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Les oiseaux de Bradwell bruissent sous sa chemise. Elle soulève celle-ci pour vérifier s'ils vont bien, dévoilant le dos large et musclé de leur hôte. Sa peau reste très rouge. Les oiseaux ont l'air mieux. Ils ont l'air vif. Elle caresse leurs plumes. ils sont beaux, presque majestueux. Qu'est-ce que ça fait d'être uni à quelque chose de vivant, d'avoir ces trois petits cœurs palpitant avec soi, en permanence ?
Elle baisse la chemise, espérant qu'ils vont s'endormir. Elle est fatiguée, elle aussi.
Bradwell se tourne. Elle a envie d'être près de lui et d'avoir chaud. Elle dort sur une paillasse à même le sol, mais c'est froid.
( ... )
Elle se couche à côté de Bradwell, se glisse sous la couverture, lève le bras pesant du garçon, et le pose par dessus son épaule.
Elle sent son souffle chaud sur son oreille.
Des amis loyaux. C'est ce qu'ils sont ( des amis ) et c'est la raison pour laquelle ça va. S'il y avait plus entre eux, elle y mettrait fin d'elle-même. Elle aime la sensation de son souffle dans sa nuque.
Puis elle entend sa voix. " Tu essaies d'abuser de moi ? "
Elle se redresse et sort précipitamment du lit.
" Bradwell ! "
Les yeux de ce dernier sont ouverts. " Je suis affaibli, tu sais. " Il sourit. " Tu ne devrais pas tenter de profiter de quelqu'un en de telles circonstances.
- J'étais frigorifiée ! se défend-elle en croisant frileusement les bras. C'est tout.
- C'est bien vrai ? " Il a les prunelles qui pétillent.
" Tu es éveillé. Tout à fait éveillé."
Il hoche le front. " Plus ou moins.
- Je suis heureuse de te voir de retour. " Et elle l'est.
Son bonheur lui donne une sensation de vertige. " Tu es réellement de retour !
- Je ne suis jamais parti.
- Tu m'as sauvée, là-bas.
- Tu m'as sauvé, ici."
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Une chanson s’élève d’une gorge masculine, une berceuse... Les filles fantômes, les filles blafardes, les filles fantômes. Qui peut les sauver de ce monde ? De ce monde ? Le fleuve est large, le courant tournoie, le courant crie, le courant tournoie... Le bébé se calme. La musique opère toujours, elle apaise les gens. Nous sommes des malheureux, mais nous sommes encore capables de ça - des chansons qui s’élèvent à l’intérieur de nous. Elle aimerait que ceux du Dôme le sachent.
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 Les habitants du Dôme ne méritent-ils pas de connaître la vérité à propos de ce qu’a fait leur dirigeant ? S’il peut leur apporter cette vérité et leur expliquer qu’il existe une autre façon de vivre (dans laquelle ils ne seraient pas de simples moutons suivant les ordres de son père, dans laquelle ils ne tiendraient pas les survivants pour d’infâmes malheureux qui méritent leur sort), ils choisiront celle-là plutôt que l’actuelle. Partridge en est Certain.
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Il se dit que ce n’est pas mieux en surface - les restes dévastés de la banlieue, dont il ne subsiste pas grand- chose. Mais, bon Dieu, il se sent pris au piège et, pire que cela, il y a l’ennui.
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