Reçu le 27 septembre 2023 par la poste...
Déjà plus d'un mois que j'ai reçu en cadeau d'anniversaire d'un ami jurassien le dernier roman de
Pierric Bailly, que le même ami m'a fait découvrir, en 2019, avec le très émouvant " Homme des bois"..
Cette deuxième lecture de l' écrivain jurassien a été un vrai coup de coeur, lu quasiment d'une traite: suspens, style poétique , rythme soutenu, thématiques attractives entre Dame Nature, Amour de la montagne, petites et grandes histoires d' Amitié et d'amour, un assassinat, .....
Revenons à la trame de l'histoire...:
Berger dans le Haut-Jura, John, trentenaire et en couple avec Héloïse, passe cinq mois par an dans les alpages.
Lorsqu'il apprend qu'Alexandre Perrin, un ami de lycée, vétérinaire et militant écologiste, a tué son voisin, un chasseur de 20 ans, il reprend contact avec Nadia, l'épouse d'Alexandre et ancienne camarade.
Une histoire amoureuse s'installe entre John et Nadia. On apprend que cette amitié avec Alexandre fut loin d'être de tout repos pour nore barrateur, John, fasciné, admiratif de cet ami trop brillant qui l'empêche d'exister ou du moins de trouver sa place , dans leur groupe de jeunes lycéens... Il se sépare assez brusquement de son ami Alexandre, pour pouvoir " respurer " et exister...jusqu'à ce moment, des années plus tard, où il tombe sur un fait divers de meurtre où il voit le nom de son ami de lycée...
Il n'en croit pas ses yeux...Alexandre était tellement parfait !....Rapprochement avec Nadia, l'épouse de l'assassin....du suspens entre le procès, l'histoire amoureuse entre Nadia et John, la libération du mari... des rebondissements...et heureusement le noyau central qui permet à notre anti- héros, John de garder l'équilibre : sa montagne, son métier de
" Berger" qu'il adore et tout l'essentiel que son grand-père vénéré lui a appris !
"Ce n'est pas la première fois que je vis ça
Au début de mon histoire avec Héloïse, justement, chaque lieu me renvoyait aux histoires de mon grand-père, aux souvenirs de sa jeunesse à lui avec son père éleveur, au travail qui à cette époque était d'une dureté inimaginable et à mes ancêtres dont je me suis toujours figuré le profil sec et rugueux taillé à la hachette dans une bille non pas d'épicéa ou de sapin mais de chêne ou de hêtre, un bois coriace.
Et puis le présent s'est imposé, ce qu'on partageait avec Héloïse a recouvert les images sépia et les grognements du vieux John.Et le phénomène se reproduit aujourd'hui avec Nadia. Après quelques sorties, d'autres repères et d'autres habitudes s'installent, une autre relation avec la montagne se développe. Comme quoi il n'est peut-être pas nécessaire de faire le tour du monde, puisque c'est à chaque fois une nouvelle histoire qui s'invente."
On s'attache à John , fort , libre dans sa montagne et avec ses brebis; par contre sa vie amoureuse est quelque peu " aléatoire ", incertaine...aime t-il trop sa solitude avec ses bêtes, son indépendance, son rapport très intense à la Nature ? de magnifiques passages sur son goût de la solitude, de la montagne et de ce métier de berger...lui apportant sans doute l' équilibre et une sorte de quiétude...irremplaçable !
" Ces derniers instants sont particuliers, et j'ai toujours peur qu'
Anne-Marie m'appelle pour avancer la date de la descente.Je sais que tout va bientôt s'arrêter, du jour au lendemain, tous les rituels, toutes les saveurs qui sont mon quotidien depuis quatre mois.Je sais que je vais devoir abandonner mes gros édredons en plume et la cuisinière à bois, que je vais devoir faire sans la fraîcheur et la brume du matin (...)
Sans ces bon dieu d'orages que j'aime tant, ces orages tonitruants du Haut- Jura qui finiront par avoir ma peau à en croire certains.Sans le calme, sans la solitude, la tranquillité, la douceur de l'air, évidemment, sans ces moments de relâche à rêvasser face à la forêt (...)
Sans le silence à la tombée de la nuit quand je me pose devant le chalet avec ma soupe chaude au son des cris des rapaces nocturnes (...)
J'essaie d'en profiter jusqu'au bout, je passe plus de temps que d'habitude au milieu des bêtes, je leur cause, je les tapote, je les caresse (...)
Je sais qu'elles vont me manquer, beaucoup, et peut-être que moi aussi je leur manquerai. Peut-être qu'elles auront du mal elles aussi les premiers temps à faire sans ma voix, sans mes cris, sans mes grognements hérités du vieux John (...) (** son grand-père)"
Un roman très prenant, qui nous tient en haleine jusqu'où bout !