"Je cherchais un nom qui pût convenir pour nommer le lieu des rencontres. Pourquoi aller plus loin ? N'est-ce pas ce que nos merveilleux voisins appellent "ciel" ? Celui dont ils parlent n'est pas le séjour des dieux au-dessus de leurs têtes mais l'espace divin qui peut s'ouvrir entre les humains. Eux, les Rimbaud, et les Montaigne-La Boétie, ils ne sont pas dans le ciel, c'est le ciel qui est en eux. Ce mot "ciel" a changé de lieu, de sens et aussi de camp. Il n'appartient plus aux religieux mais aux amoureux.
De même, le verbe "croire" peut-être arraché des credos qui l'ont confisqué pour être rendu aux hommes, car il leur est indispensable : tant qu'on n'a pas dit un certain "Je crois", l'autre n'est pas possible."
quoi de plus solide dans la parole qu'une défaillance reconnue ?
... ma question est celle-ci : quand on enseigne à l'homme avant tout à obéir et servir - servir Dieu, servir les autres -, la question de savoir qui l'homme set devient un jour secondaire. Au nom de bien, le mal est fait : il a pris la position psychique du serviteur. Il obéira à qui le commandera au nom du bien.M La soumission lui est enseignée comme une valeur en elle-même, supérieure à la conscience. Parmi tous ceux qui ont dit "Heil Hitler", combien vivaient déjà l'effacement de leur propre nom dans "Heil Jesus" ?
J'ai cherché un Dieu qui lui-même dirait "nous". Ce n'est pas le plus fréquent parmi les dieux. Or, justement, dans la Genèse, dès que ce dieu a fini de faire la terre, les ciels et les astres, la mer, la terre sèche, les plantes et les animaux, il parle soudain à la première personne du pluriel. On peut traduire littéralement : "Nous ferons l'humain en l'image de nous comme la ressemblance de nous."
... chez un poète dont elle avait oublié le nom : "Dieu ne demande pas l'impossible, il le donne."
Qu'est-ce que le "nous" lorsqu'il est usurpé par un nom unique qui annule toute présence entre sujets ?
- Je ne sais pas si les psychanalystes sont tous scientifiquement sourds à la peine profonde de l'âme humaine, mais je sais assez que, chez les religieux et les pasteurs, il est plus fréquent, part exemple, de reprocher aux hommes les souffrances qu'ils provoquent que de reconnaître avec eux celles qu'ils éprouvent.
Il y a des phrases qui sont vraies parce qu'à la fin de la phrase, il y a quelqu'un.
Il y a des phrases qui sont vraies parce qu'à la fin de la phrase, il y a quelqu'un .
Dans le même dictionnaire des citations, au mot "religion", j'ai la surprise de lire ce paragraphe de Marx : "La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit de conditions sociales dont l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple" [...].
Expliquez-moi comment on n'a gardé généralement de ces deux phrases que la seconde pour l'invoquer contre la religion ; pourquoi on a oublié les expressions très fortes de "soupir de la créature opprimée", "âme d'un mnde sans coeur" et "esprit de conditions sociales dont l'esprit est exclu" - et qu'on n'a retenu que "opium du peuple".