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Critique de Lamifranz


« Ursule Mirouet » fait partie des « Scènes de la vie de province » aux côtés de quelques-uns des grands chefs-d'oeuvre De Balzac comme « le Lys dans la vallée », « Eugénie Grandet », « La Rabouilleuse » et bien sûr « Les Illusions perdues ».
C'est encore l'histoire d'une pauvre fille que des méchants veulent ruiner et plus encore. Balzac nous a habitué à ce scénario. Mais ne vous fiez pas à ce raccourci : « Ursule Mirouet » est un grand roman, très sous-estimé, mais très riche et très complet. En fait, c'est un modèle de roman « balzacien ». L'auteur nous distille une étude de moeurs à sa façon, à travers l'histoire d'une jeune fille bien sous tous rapports (sauf quelques irrégularités dans son ascendance, mais bon) qui doit hériter de son bon parrain et tuteur, mais que des parents envieux et disons le mot malintentionnés veulent gruger, spolier, même carrément euh exclure du cercle de famille.
Ursule est une jeune fille recueillie par le bon docteur Minoret. A la mort de ce dernier, son parrain et tuteur, elle hérite d'une petite fortune, succession aussitôt contestée par des parents indélicats (c'est un terme gentil pour dire que ce sont de sacrées ordures). Ils vont même jusqu'à lui voler des papiers pour la compromettre, et la pauvre fille dépérit, arrive même aux portes de la mort, mais fait demi-tour grâce à l'amour de son fiancé et de quelques amis du bon docteur. Et tout est bien qui finit bien.
Aussi âpre qu'« Eugénie Grandet », mais avec une fin plus optimiste, « Ursule Mirouet » donne un beau portrait d'une jeune fille honnête, droite et innocente, en butte aux manoeuvres et manigances sordides de vilains jaloux. Prétexte aussi à une description au scalpel de cette petite bourgeoisie de province où l'argent est le moteur principal de la vie, qu'elle soit publique ou privée (c'était déjà le cas avec Eugénie). On notera aussi quelques notes acides sur la noblesse et le clergé, ainsi que cette opposition (éternelle) entre le matérialisme des uns et la hauteur de sentiments des autres.
Une curiosité dans ce roman : l'intrusion d'éléments un peu irrationnels, comme l'occultisme, la transmission de pensée, le pouvoir des rêves. On sait que Balzac n'était pas tout à fait fermé à ces théories (on peut s'en assurer dans ses « Etudes philosophiques »)
Enfin il faut souligner le caractère hautement romantique du roman : Ursule est une jeune fille idéale (un peu trop, peut-être), jeune, jolie, agréable de tempérament, d'une innocence calculée, intelligente et raffinée, qui fait contraste avec l'ignorance, la goujaterie et la bassesse de ses adversaires.
Il est étrange que ce roman n'ait pas rencontré, auprès du public, un engouement comme celui qui a salué « Eugénie Grandet ». Car c'est un beau roman, vivant et attachant, à la fois réaliste et romantique (c'est tout Balzac, ça). Il se lit très bien, avec facilité, sans avoir à sauter des pages entières de descriptions, comme il arrive fréquemment chez notre auteur. Un roman à redécouvrir, sans aucun doute.
Il existe une version TV : une réalisation de Marcel Cravenne en 1982 avec Anne Consigny dans le rôle-titre, Fernand Ledoux (le docteur Minoret), Armand Meffre, André-François Pistorio, Lise Delamare, André Reybaz
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