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Voilà un Balzac à la fois familier et surprenant, dans lequel, si l'on retrouve son habituel trait féroce pour croquer la bourgeoisie de province, il étonne son lecteur en introduisant une dimension surnaturelle à l'intrigue.

L'entrée en matière de ce court roman est du pur Balzac, et du pur plaisir : gros plan sur la silhouette rubiconde du maître de poste, premier de ces bourgeois matérialistes et bas de plafond dont Balzac va nous présenter tout un groupe, tous à l'affût comme une meute de chacals devant la maison du vieil oncle dont ils attendent la mort, et derrière bien sûr l'héritage.
Or cet oncle n'est pas fait du même bois : homme éclairé aux idées hautes et au coeur pur, il fuit la société de ces vautours et leur préfère celle du curé, un homme au coeur large, avec lequel il s'acharne à protéger sa pure et ravissante nièce Ursule Mirouet des griffes de ses prétendants héritiers.
A sa mort, la meute se déchaine dans des proportions inimaginables de vilenie et de bassesse, mais voilà que le divin s'en mêle...

Un vrai plaisir que ce court roman à l'intrigue finement troussée dans lequel le grand Balzac fait montre de toutes les facettes de son talent, du notaire de province comptant et escomptant les avoirs de chacun, au chroniqueur de cette société des années 1830 dans laquelle l'aristocratie ploie sous les coups bas d'une bourgeoisie avide, mais surtout de peintre des âmes humaines, des plus noires aux plus lumineuses.
Et ce style, ce style!
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Habituellement, quand je lis un Balzac, surtout si c'est un gros format, j'alterne avec mes autres livres en cours. Eh bien, sachez que j'ai dévoré Ursule Mirouët d'une seule traite tant ce roman est captivant.

Balzac nous raconte une sordide histoire d'héritage : le vieux docteur Minoret, veuf, est venu finir ses jours à Nemours et ses héritiers potentiels, des neveux, passent leur temps à évaluer leur part d'héritage. Seulement voilà : Minoret a recueilli une orpheline, Ursule Mirouët, et l'a élevée comme sa propre fille… Les héritiers craignent d'être désavantagés à la mort du vieillard. Alors, ils manigancent, complotent, s'allient et se trahissent, vont jusqu'à voler les titres de rente au porteur destinés par le défunt à assurer l'avenir de la jeune fille et médire à son sujet…
C'est un roman où l'on compte beaucoup, où l'on parle de revenus à toutes les pages ; il est question de placements, de rentes, de titres, de ce fameux Grand Livre mais aussi de dettes, de traites, de prêts… J'ai beaucoup appris sur les règles en vigueur au XIXème siècle en matière d'héritage, notamment en ce qui concerne le mauvais sort fait aux enfants naturels et à leur descendance ; car, en ce qui concerne Ursule, c'est bien sa qualité de fille du fils naturel du beau-père du médecin qui pourrait rendre les dispositions testamentaires faites en sa faveur sujettes à contestation...
C'est aussi un livre où Balzac fait intervenir le surnaturel à la fois avec doigté et humour : « — Croyez-vous aux revenants ? dit Zélie au curé. — Croyez-vous aux revenus ? répondit le prêtre en souriant ». En effet, il faudra que le défunt revienne d'entre les morts pour aider sa pupille à faire valoir ses droits.

La première partie, dite d'exposition, intitulée « Les Héritiers alarmés » peint avec justesse la société bourgeoise de Nemours ; certains passages sont savoureux, satiriques et comiques parfois. L'antagonisme entre riche bourgeoisie et noblesse ruinée, les compromissions nécessaires donnent une certaine idée d'une époque charnière marquée par le retour à la royauté. Balzac démontre encore une fois ses grands idéaux sur la famille, la religion et la monarchie.
J'ai beaucoup apprécié le cocon protecteur organisé autour de la petite Ursule, que nous voyons grandir, entourée de son parrain, le docteur Minoret, et de ses meilleurs amis, un militaire, un juge de paix et un curé, formant un quatuor de belles âmes. Tous ces hommes âgés, marqués par la vie et l'expérience, sont profondément attachés à Ursule et recréent pour son bonheur une famille de coeur exemplaire : « cette famille d'esprits choisis eut dans Ursule une enfant adoptée par chacun d'eux selon ses goûts : le curé pensait à l'âme, le juge de paix se faisait le curateur, le militaire se promettait de devenir le précepteur ; et, quant à Minoret, il était à la fois le père, la mère et le médecin ».
La seconde partie, « La Succession Minoret », décrit les manoeuvres malhonnêtes des héritiers opposées à la grandeur d'âme d'Ursule devenue une belle jeune femme sensible et bonne. Sa piété est constante : elle est à la fois digne dans les épreuves, candide et lucide, capable de sacrifices et d'une grande humilité.
Tout le roman est construit sur un mode binaire opposant les personnages supérieurs et les matérialistes ; pour une fois, envers et contre toutes les adversités, cela finit bien pour l'héroïne…

Ursule Mirouët est une réussite sur tous les plans : un beau portrait de femme, une mise en lumière des valeurs balzaciennes, une description minutieuse des moeurs de la bourgeoisie de province, une histoire d'héritage mêlée à une belle histoire d'amour, une résolution à la fois logique et surnaturelle…
Un régal !

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« Ursule Mirouet » fait partie des « Scènes de la vie de province » aux côtés de quelques-uns des grands chefs-d'oeuvre De Balzac comme « le Lys dans la vallée », « Eugénie Grandet », « La Rabouilleuse » et bien sûr « Les Illusions perdues ».
C'est encore l'histoire d'une pauvre fille que des méchants veulent ruiner et plus encore. Balzac nous a habitué à ce scénario. Mais ne vous fiez pas à ce raccourci : « Ursule Mirouet » est un grand roman, très sous-estimé, mais très riche et très complet. En fait, c'est un modèle de roman « balzacien ». L'auteur nous distille une étude de moeurs à sa façon, à travers l'histoire d'une jeune fille bien sous tous rapports (sauf quelques irrégularités dans son ascendance, mais bon) qui doit hériter de son bon parrain et tuteur, mais que des parents envieux et disons le mot malintentionnés veulent gruger, spolier, même carrément euh exclure du cercle de famille.
Ursule est une jeune fille recueillie par le bon docteur Minoret. A la mort de ce dernier, son parrain et tuteur, elle hérite d'une petite fortune, succession aussitôt contestée par des parents indélicats (c'est un terme gentil pour dire que ce sont de sacrées ordures). Ils vont même jusqu'à lui voler des papiers pour la compromettre, et la pauvre fille dépérit, arrive même aux portes de la mort, mais fait demi-tour grâce à l'amour de son fiancé et de quelques amis du bon docteur. Et tout est bien qui finit bien.
Aussi âpre qu'« Eugénie Grandet », mais avec une fin plus optimiste, « Ursule Mirouet » donne un beau portrait d'une jeune fille honnête, droite et innocente, en butte aux manoeuvres et manigances sordides de vilains jaloux. Prétexte aussi à une description au scalpel de cette petite bourgeoisie de province où l'argent est le moteur principal de la vie, qu'elle soit publique ou privée (c'était déjà le cas avec Eugénie). On notera aussi quelques notes acides sur la noblesse et le clergé, ainsi que cette opposition (éternelle) entre le matérialisme des uns et la hauteur de sentiments des autres.
Une curiosité dans ce roman : l'intrusion d'éléments un peu irrationnels, comme l'occultisme, la transmission de pensée, le pouvoir des rêves. On sait que Balzac n'était pas tout à fait fermé à ces théories (on peut s'en assurer dans ses « Etudes philosophiques »)
Enfin il faut souligner le caractère hautement romantique du roman : Ursule est une jeune fille idéale (un peu trop, peut-être), jeune, jolie, agréable de tempérament, d'une innocence calculée, intelligente et raffinée, qui fait contraste avec l'ignorance, la goujaterie et la bassesse de ses adversaires.
Il est étrange que ce roman n'ait pas rencontré, auprès du public, un engouement comme celui qui a salué « Eugénie Grandet ». Car c'est un beau roman, vivant et attachant, à la fois réaliste et romantique (c'est tout Balzac, ça). Il se lit très bien, avec facilité, sans avoir à sauter des pages entières de descriptions, comme il arrive fréquemment chez notre auteur. Un roman à redécouvrir, sans aucun doute.
Il existe une version TV : une réalisation de Marcel Cravenne en 1982 avec Anne Consigny dans le rôle-titre, Fernand Ledoux (le docteur Minoret), Armand Meffre, André-François Pistorio, Lise Delamare, André Reybaz
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Roman en deux parties dont l'une légèrement plus longue est la préparation de la seconde.
Balzac nous présente longuement les personnages, tant au physique qu'au moral, l'un étant le reflet de l'autre. Il met aussi minutieusement en place le contexte. Tandis que la situation se noue et se dénoue dans la seconde partie.
Il s'agit de la spoliation d'une jeune fille adoptée nourrisson par un oncle à héritage dans une ville de province, Nemours.
Je n'ai rien d'essentiel à reprocher à ce roman, mais il ne m'a pas non plus enthousiasmée.
Certaines théories de l'auteur : rapport entre l'âme et le physique, sur la religion, sur la science n'ont pas emporté mon adhésion ni évidemment par leur vérité ni par leur intérêt dans le roman. La découverte de la façon dont le vol a été fait est invraisemblable, et même si cela est volontaire je n'en vois pas l'intérêt.
Ce roman est comparé par Balzac lui-même à Eugénie Grandet. Sur le thème oui, on peut faire une comparaison, mais à mes yeux pas quant à la qualité ni des portraits, ni de l'histoire ni du style bien supérieurs dans Eugénie Grandet. Il reste que je n'ai pas eu envie de m'arrêter en cours de lecture.
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Publication : 1841
Sources : http://fr.wikisource.org
Edition : Feedbooks.com

ISBN : non indiqué

Il était une fois une petite fille, à qui son parrain, le Dr Minoret, originaire de Nemours, donna le prénom d'Ursule, en souvenir de sa chère épouse qu'il venait de perdre, et qu'il éleva tout à fait comme si elle eût été sa fille. Ursule grandit, enfant heureuse, fillette charmante, et un jour belle jeune fille qui pouvait prétendre, tant par sa vertu que par sa beauté et la dot qu'on lui estimait, à un excellent mariage.

Le seul problème demeurait la tache sur les origines de son père qui, bien qu'ayant exercé un rang honorable dans l'armée, était né illégitime. Bien qu'il se fût lui-même marié dans les règles, sa bâtardise n'en demeurait pas moins connue et lui avait causé bien des soucis. le Dr Minoret fit tout pour que, dans la petite ville de Nemours où il éleva sa pupille, l'on évitât soigneusement, et surtout devant elle, d'évoquer la chose mais les gens sont méchants.

Surtout s'ils sont susceptibles d'hériter ...

Or, il se trouve que le Dr Minoret, bon praticien et homme de science, esprit sceptique certes mais qui savait demeurer ouvert, était plutôt doué pour les affaires légales et que, au-delà les différents orages que connurent la fin du XVIIIème siècle où il était né et les trente premières années du XIXème, où il devait mourir, il avait su s'établir, pendant ses années d'exercice à Paris, de fort belles rentes tout en régissant pour le mieux la maigre fortune que ses parents disparus avaient laissée à la petite Ursule. Dès le début du livre, les héritiers Minoret - les "légitimes" puisque Ursule n'est qu'une "pièce rapportée" - parlaient, avec le respect émouvant et idolâtre de ce que leur laisserait leur oncle, pas loin de huit cent mille francs de l'époque en capital, sans compter les terres et autres menues petites gâteries ...

Huit cent mille francs ! Qu'il s'appelassent Minoret-Levrault (les plus acharnés), Minoret-Minoret, Minoret-Crémière (ça ne s'invente pas ), Minoret-Grassin, Minoret-Un-Tel ou encore Minoret-A-La-Va-Comme-J'te-Pousse, tous en rêvaient la nuit avant de sombrer, tous aussi, dans le plus immonde des cauchemars : celui où Ursule, la fille du bâtard qui n'était même pas un Minoret par la bande, raflait la mise intégrale !

Fermez les yeux, imaginez-vous sous votre couette douillette, dans votre maison honnête et bourgeoise, en cette année 1829 où l'on ne vous juge qu'à l'argent et à la situation sociale qui sont vôtres (vous me direz, les chose n'ont guère changé ), laissez-vous gagner par le sommeil après une solide journée d'empoignades avec vos employés de la Poste (pour Minoret-Levrault) et vos domestiques (pour Zélie, sa digne et imposante épouse), voyez s'avancer vers vous, toutes étincelantes, ces piles et ces piles d'or avunculaire et puis BOUM ! SPLASH ! PAF ! au son du cor que jouait si bien son père, chef de musique de vous ne savez plus quel régiment perdu, voici que vous apparaît la douce, la tranquille, la jolie, la merveilleuse petite Ursule Mirouët qui, après une gentille révérence, et sous l'oeil bienveillant des hommes de loi ravis, enfourne tout dans un grand sac qu'elle cachait dans ses jupes, la Sainte-Nitouche ! ...

Inutile de vous imaginer les sueurs froides dans lesquelles vous vous réveillez, si ce n'est qu'il nous faut préciser que ce supplice dure pour vous, avec quelques variantes, depuis des années et des années ! Ah ! Il faut que vous ayez bien l'amour de l'arg ... la santé chevillée au corps pour être encore en vie après tant de si sombres nuits !

Cette situation passionnante fait bien sûr jaser la ville de Nemours depuis autant d'années. Au début, bon, Ursule était petite, ça allait encore. Puis, au fur et à mesure qu'elle grandissait, les visions de "la Rente" de son tuteur grandissaient dans les esprits, les scenarii de testaments éventuels se multipliaient. Certains se déclaraient pour les héritiers "légitimes" tandis que d'autres estimaient qu'Ursule ne devait pas être lésée. Parmi les pro-héritiers, nous noterons d'ores et déjà la présence de l'odieux Goupil (une sorte d'Uriah Heep à la sauce de Nemours qui, clerc de notaire et ami de Désiré Minoret-Levrault, le fils de Zélie et de son massif époux, aimerait bien qu'on l'aidât à acquérir une étude de notaire bien en vue.) "On" ? Qui ça ? Ma foi, on ne peut pas dire que Goupil soit difficile sur la question : il est prêt à mentir, voler, rendre service, rendre heureux, rendre malheureux, faire hériter, faire déshériter quiconque lui offrira ladite étude -mais pas à Nemours, trop petite ville à l'époque, plutôt à Sens par exemple, voire, qui sait, à Paris et avec l'hôtel particulier et l'union qui vont avec ...

Viennent se greffer là-dessus deux événements dont le premier inquiète au plus haut point les Minoret-Dans-Leur-Intégralité : la petite Ursule parvient à convaincre son parrain, homme élevé selon les principes déistes des philosophes, de rentrer dans le giron de la Sainte Eglise Apostolique et Romaine. Comme de parfaits paysans du Moyen-Âge, les Minoret-Héritiers voient là un signe qui ne trompe point : leur Bonheur ou leur Disgrâce est proche. Assurément, le bonhomme sent l'Heure Ultime approcher et il se prépare. A-t-il aussi préparé son testament et, si oui, en faveur de qui ? ...

Le second événement, c'est que le Dr Minoret règle les dettes de son jeune voisin, Savinien de Portenduère (dettes qui avaient conduit ce dernier en prison, d'ailleurs), jeune homme qui a retenu la leçon et qui, peu à peu, se dit qu'épouser une femme comme la petite Ursule serait ce qui pourrait lui arriver de mieux. Sa mère hélas, de l'antique noblesse bretonne et qui vit encore toute poudrée comme à l'ancienne, n'est pas d'accord (il faut dire qu'elle est pour beaucoup dans les excès financiers qui ont mené Savinien à Sainte-Pélagie car elle entendait qu'il vécût à la capitale comme ses ancêtres mais sans leurs revenus) s'oppose à ce qu'elle tient pour une mésalliance. Mais une mésalliance reste-t-elle une mésalliance avec huit-cent-mille francs à la clef ? ... Quand la vieille dame comprendra que non, il sera trop tard et elle nous aura fait perdre bien du temps - et gagner bien du plaisir. Aussi lui pardonnons-nous !

Roman époustouflant, que j'ai lu au départ parce qu'on m'avait affirmé qu'il avait un rapport avec "Une Ténébreuse Affaire", "Ursule Mirouët" n'a ni le lyrisme, ni la flamboyance désespérée des "Chouans" Mais quel rythme ! Quelle ironie, quels éclats de rire même dans les descriptions successives que nous donne Balzac de la Troupe Minoret au grand complet ! Affirmer qu'il n'y en a pas un pour relever l'autre n'est rien : c'est auquel s'enfoncera le plus dans la boue pour se montre le plus digne d'"hériter", du moins dans la conception que possèdent ces gens du verbe. La boue, d'ailleurs, ils ne la voient ni ne la sentent : elle est faite d'or, d'argent et de papier-monnaie, comprenez-vous ? A ce niveau-là, ce n'est plus de la boue, c'est ... c'est la Fontaine de Jouvance, ou presque. Les Minoret s'aveuglent eux-mêmes et on devrait les plaindre : cependant, on ne peut que les railler et applaudir au sort qui les attend - surtout les Minoret-Levrault. Ce dernier couple, si bourgeois, si pédantesque, si fier de son nom et de sa fortune personnelle, dont les parties évoquent, chacun à sa manière, la grenouille voulant à tout prix se faire plus grosse que le boeuf, ne vaut guère mieux, somme toute, que celui, bien plus sanglant pourtant, de la sinistre Auberge de Peyrebeilles (affaire, je crois, à laquelle Bazac et Dumas s'intéressèrent l'un et l'autre, chacun dans son style.) Encore Zélie ne sait-elle rien au départ des manoeuvres de son époux qui entend les lui cacher pour se réserver un peu d'argent personnel tant sa femme est avare et stricte. Les eût-elle connues, qu'elle eût, on peut le parier, agi avec plus d'intelligence mais, lorsqu'elle est mise au courant, il ne lui reste plus qu'à sauver les meubles - et encore ...

Etude de moeurs provinciales particulièrement fine et sans pitié, "Ursule Mirouët" ne tombe jamais dans l'incohérence et Balzac se laisse si bien emporter par son sujet qu'il en oublie de frôler le mélo comme cela lui arrive parfois un peu trop souvent. A lire et à relire : c'est aussi délicat qu'"Eugénie Grandet" mais la fin est plus optimiste. ;o)
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Lire l'intégralité de la Comédie humaine me paraît impossible (il me faudrait deux ou trois vies supplémentaires si je l'intègre dans mes projets littéraires) mais j'aime de temps en temps piocher un Balzac.
L'histoire commence de manière banale : le Dr. Joseph Minoret adopte une orpheline, parente éloignée. Cet acte généreux passerait inaperçu si ce n'est que ce vieil homme est doté d'une fortune colossale, qui suscite la convoitise de tous ces proches parents.
Ce livre décrit avec une ironie incisive toutes les manigances, les espoirs et les calculs suscités par cette fortune. Les potentiels héritiers en deviennent presque fous à l'idée de perdre cet héritage au profit d'Ursule, la pupille pour laquelle s'est entiché le médecin dans ces vieux jours. L'auteur a le don de se moquer de ces bourgeois de province. Il sait pertinemment souligner leurs mesquineries et leurs bassesses, leurs suffisances et leurs cruautés. C'est un tableau de la nature humaine dans toute sa splendeur et ce n'est pas beau à voir !
Tout en restant sur le modèle d'un gentil conte, cette histoire a des accents fantastiques et ésotériques, chose que je n'aurai pas crue, venant de cet auteur. le style d'écriture est riche et dense, tout en restant un livre relativement court.
Pour conclure, un court classique qui mérite amplement le détour !
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Sans être une grande fervente De Balzac, et ayant conçu des a-priori sur le style et l'épaisseur de son oeuvre, j'ai dévoré Ursule Mirouët.
L'intrigue est captivante, comme peut l'être une bonne pièce de théâtre. D'ailleurs, c'est la métaphore que l'auteur file au long de son texte, le séparant presque en actes, afin de mieux apprivoiser son lectorat; et cela fonctionne à merveille !
Les personnages sont singuliers, mais accessibles et attachants. Il est bon de se laisser porter dans cette "tragicomédie", où l'héroïne, qui ne maîtrise pas son destin, est recueillie par un vieil homme, dont la fortune est miroitée par ses héritiers depuis trop longtemps.
Ce conte balzacien, en n'attachant pas trop de noirceur aux personnages, m'a permis de me concentrer sur l'écriture, et m'a réconciliée avec un maître de l'art.
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Moins connu que Eugénie Grandet, ce roman porte lui aussi le nom de son héroïne. Jeune fille pure et dévote, Ursule subit les infâmes machinations des co-héritiers de son défunt parent. Ce roman relève du réalisme par la peinture sans concession des meurs provinciales qui le caractérise. Il procède aussi du fantastique, dimension trop souvent occultée lorsqu'il est question De Balzac. Les analyses psychologiques sont d'une incroyable justesse et brillamment servies par une plume ferme et précise.
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Rien de tel qu'un texte d'un auteur classique pour se "laver la tête" des bêtises et des styles passe-partout qu'on a pu lire dans une année de lectrice boulimique et curieuse!

Je ne connaissais pas ce roman De Balzac et me suis dit qu'il serait excellent pour ma cure de "saine lecture".
J'ai beaucoup aimé me replonger dans cette langue du 19ème siècle, dans ces mentalités bourgeoises provinciales si mesquines et cupides que Balzac met si bien en lumière.

J'avais peur d'avoir du mal avec ses descriptions à rallonge mais étonnamment, elles ne m'ont absolument pas gênée ici, car elles étaient pleines de justesse pour dresser le tableau géographique et humain du théâtre de cette "comédie humaine" que Balzac allait relater.
Cela donne du réalisme à son récit et se marie très bien, paradoxalement, avec l'élément fantastique, surnaturel qui survient dans l'intrigue.

De plus, le destin d'Ursule est un conte de fées et c'est plutôt peu commun en littérature classique, et je l'ai vraiment apprécié à sa juste valeur.
Son personnage d'innocente, bonne et pure, qui confie sa destinée à Dieu m'aurait fait lever les yeux au ciel dans un texte contemporain mais là, évidemment, j'ai lu cela comme on suit un roman-feuilleton, en me demandant comment elle allait en sortir et comment le "méchant" allait être puni.

Bref, j'ai joué le jeu à fond.
Cela m'a fait du bien avant de repartir vers d'autres horizons littéraires.
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Un roman qui me réconcilie avec Balzac, après une ou deux mauvaises expériences. Ursule Mirouët est loin d'être son roman le plus connu mais vaut très nettement le détour.
Un vieux médecin au grand coeur et très sûr de ce qu'il veut recueille la fille du bâtard de son beau-père et l'élève comme sa propre enfant. Seulement voilà, il a des neveux et nièces, prêts à tout, y compris le pire, pour que l'enfant devenue jeune femme n'hérite de rien, niet, pas la moindre piécette. Et sûrs de leur bon droit encore, d'une telle façon que le moindre geste d'Ursule est réinterprété, à la sauce de leurs propres avarice et paranoïa.
Et quand le médecin quitte ce monde, ayant bien moins intelligemment préparé la suite qu'il veut bien le croire, le ressort du drame est tendu!
Amoureux séparés,vieux parents bornés, spoliateurs de la veuve et de l'orphelin, vieil abbé plein de bonté et servante ronchonne et fidèle, toutes les ficelles classiques sont là, et si bien ordonnées que c'en est un plaisir.
A redécouvrir!
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