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Citations sur Notre théâtre, la Cerisaie (7)

Les cerisiers n’apportent plus aucun bénéfice économique, car même la vieille recette pour en faire de l’alcool, dit Firs, a été perdue… ainsi ils ne sont plus que source de beauté passagère et de projection mentale. Tchekhov les rend entièrement « inutiles » sur le plan financier, sans que leur portée symbolique soit pour autant affectée. Disons même qu’elle en sort agrandie, car libérée de toute légitimité autre. La cerisaie se constitue en figure de cet inutile que le capitalisme se chargera d’exclure tout comme le communisme, deux versions d’une même pensée « économique ».

(p. 27)
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Lucian Pintilie, le premier, a reconnu chez Lioubov la parenté avec Winnie de « Oh les beaux jours » qui lui succédera, mais si l’héroïne beckettienne s’enfonce dans le sable, chez lui, la maîtresse russe se laisse engloutir dans un champ de blé. C’est de là qu’elle lève les yeux vers le ciel et égrène, de même que chez Beckett, la somme d’insignifiances que peut constituer une vie. Le blé, sable doré…
Pintilie raconte l’origine de cette métaphore : un jour, conducteur débutant, il rate un virage pour atterrir par miracle dans un champ de blé où il s’enfonça comme dans un matelas béni. Dans l’abri protecteur du blé, il déclina fugitivement sa vie. L’accident fut converti et intégré, comme chez les poètes, dans la mise en scène qui ainsi, à l’insu du spectateur, préservait une trace autobiographie. De ce spectacle, ceux qui l’ont vu n’ont pas oublié le champ de blé où Lioubov, telle une poupée de porcelaine, avouait ses fautes et invoquait le pardon. « Beaucoup de péchés lui sont remis parce qu’elle a beaucoup aimé. » (Luc,VII.)

(p. 87)
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La beauté éphémère
Le verger légitime sa raison d’être par la splendeur éphémère des cerisiers en fleurs. Elle envahit le regard et comble l’âme pour quelques jours seulement : cette beauté-là fascine parce qu’elle est fugitive. Il faut la saisir et en garder le souvenir.
Et le théâtre aujourd’hui ne fonde-t-il pas son identité sur cet éphémère qui en explique l’attrait qu’il exerce encore, éphémère par ailleurs assimilé à une faiblesse à l’heure où se développe le goût pour la mémoire mécanique, enregistreuse ? Celle-ci préserve, archive, sans jamais pouvoir obtenir l’éblouissement de l’expérience théâtrale qui se trouvera toujours à la source de l’autre mémoire, la mémoire vivante. Voir un beau spectacle est synonyme de voir la cerisaie en fleurs. Le temps d’un souffle. Mais le souvenir peut marquer une vie.
Voilà les arguments qui nous permettent d’assimiler le théâtre à la cerisaie. Cette parabole ne peut qu’intéresser ces inquiets que nous sommes. Quoi faire ?

(p. 163)
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Vivre une heure à l’ombre des cerisiers en fleur qui, par milliers, envahissent Kyôto… l’expérience à faire pour comprendre les raisons du refus du désastre. Motif biographique qui accompagne l’intimité avec l’œuvre et ses variantes scéniques.

(p. 40)
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La stabilité traverse comme un leitmotiv cette œuvre ayant au cœur le changement. C’est la phrase qui résonne comme s’il s’agissait de la pensée fondatrice de cette communauté, phrase reprise par des personnages aux positions entièrement opposées.
Lopakhine conseille à Douniacha : « Reste à ta place ».
Lioubov prodigue le même conseil à Gaev : « Reste donc à ta place ».
Firs, lui aussi, affirme que l’on doit « rester à sa place ».
L’idée d’un équilibré hérité, d’un ordre institué, garant de la bonne marche et de la bonne conduite, semble être consensuelle et pourtant, malgré l’avis unanime, celui-ci s’écoulera. Comme si les convictions des êtres ne pouvaient en rien affecter le cours de l’histoire qui, lui, les ignore et balaie la stabilité tant propagée. Si les professions de foi se confondent, les agissements diffèrent. Là où tout le monde s’accorde pour que « chacun reste à sa place », personne ne le restera.

(p. 26)
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Après les recherches sur les temps tchékhoviens de ces dernières années, le tempo juste de La Cerisaie semble être allegro ma no troppo.

(p. 152)
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L'exil est une révolte autant qu'un délit de fuite.

(p. 53)
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