Dans le buraku, par contre, la sueur du récitant fait partie de la beauté même de sa prestation. Il crie, chante, pleure, se lamente, jouant tour à tour les jeunes et les vieillards, les pères malheureux et les femmes abandonnées... N'étant pas assimilable à un seul personnage, sa sueur ne pénétrera jamais dans la fiction, pour rester seulement de ce côté-ci, du côté du travail du conteur. Si elle est extérieure à la situation jouée, elle n'est nullement extérieure au spectacle. Elle en accroît la puissance...
la reconnaissance de soi dans l'autre.... Le butô apparaît telle une expression jaillie du présent. Il ne s'appuie pas sur une grammaire gestuelle rigoureuse, communicable, il accorde le droit au cri originel, à la confession de groupe, à l'anéantissement de la norme, bref à tous les interdits du pays de la tradition..... affirme un désordre, une saleté, un labeur... le déchet humain et matériel
Tanaka Min danse le corps couvert d'une fine couche de terre qui l'apparente à des êtres obscurs, nocturnes, auxquels souvent le bûto assimile l'espèce humaine... Il bouge lentement, avec de longs moments de concentration presque immobiles et, assez vite, la rosée de la sueur surgit... Le corps dégouline, mais la sueur en même temps le lave de la strate de terre, le nettoie, le purifie. A la fin l'eau des muscles à tout emporté... « Le signe qui saigne » dirait Danièle Sallenave
Le grand danseur de butô, Tanaka Min, reçoit des fleurs, immobile, le dos voûté, mais il ne sort pas. On reconnaît ainsi le final, mais sans admettre pour autant la circulation entre le plateau et les coulisses, entre la vérité et le néant.
Il y a là une forte dépense corporelle, mais le visage peint dissimule la sueur dont les gouttes perlées s'estompent dans le blanc du maquillage. On peut les apercevoir seulement si on est tout près. Le visage qui camoufle les traces de l'effort s'apparente alors à l'oeuvre d'ar
Rencontre avec Wajdi Mouawad et Marcel BozonnetÀ l'heure où le rôle et l'avenir de l'Europe font l'objet de nombreuses controverses et où le spectacle vivant subit de plein fouet la crise sanitaire, un nouveau cycle de conférences donne la parole à des figures emblématiques de la scène contemporaine.Georges Banu, professeur émérite à l'université Sorbonne Nouvelle Paris 3 et Joël Huthwohl, directeur du département des Arts du spectacle de la BnF, reçoivent les metteurs en scène Wajdi Mouawad et Marcel Bozonnet.Rencontre enregistrée le 16 février 2022 à la BnF I François-Mitterrand