On peut avoir deux approches différents avec ce livre. Selon la vôtre, celui-ci vous semblera soit dispensable, soit génial.
Si vous recherchez un véritable traité de poésie française, passez votre chemin. Les règles sont certes abordées, mais moins bien et moins clairement qu'ailleurs (
Maurice GRAMMONT).
Si vous recherchez une trace de la théorie poétique au XIXe, cet ouvrage est lumineux. Banville est drôle, écrit très bien et porte les marques caractéristiques de son époque.
Pour résumer cet esprit, on a une critique violente du vers du XVIIe, dont les attaches permettent à l'écrivain médiocre de faire un bon vers. Au contraire, Banville encense son XIXe siècle et, à tout seigneur tout honneur,
Victor Hugo. C'est déjà un monstre sacré, à tel point qu'on se demande s'il n'aurait pas participé d'une manière ou d'une autre à la conception de cet ouvrage (Banville est servile à l'égard d'Hugo).
Cette dernière réflexion en suscite une autre. Banville a le verbe haut pour critiquer des écrivains qu'il estime médiocres. Mais fait taire sa plume lorsqu'il parle du Maître (
Victor Hugo toujours). C'est assez amusant de se dire que le poète, dont on se dit que son mode de vie est la liberté, se retrouve enchaîné comme aux galères quand il parle de son Maître ("Monsieur HUGO est le plus grand, le plus beau, le plus fort ; le soleil de notre temps qui sut illuminer ce monde qui n'était qu'ombre").
Ça en deviendrait presque énervant. Mais on lui pardonnera, car le livre est quand même bon.