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EAN : 978B0082M9MZW
Les Éditions de Londres (15/11/2011)
3.83/5   26 notes
Résumé :
Lors du reportage qu'il effectue en Guyane sur le bagne, Albert Londres rencontre Eugène Dieudonné, un menuisier anarchiste condamné sans preuve lors du procès qui jugea «la bande à Bonnot». Quelques années plus tard, le journaliste apprend que le forçat s'est échappé, il le retrouve au Brésil où il a refait sa vie. L'auteur nous conte les péripéties de l'évasion, nous décrit l'hostilité de l'environnement, la mer, la forêt, la solidarité mais aussi l'égoïsme des ba... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Cayenne, c'est fini pour Dieudonné? Oui, mais pas sans mal!
Sous un format romanesque haletant mais aussi émouvant, on découvre stupéfait le destin d'Eugène Dieudonné, accusé à tort d'avoir participé aux exactions de la bande à Bonnot, qu'il ne faisait pourtant que fréquenter de loin en loin du fait de ses convictions anarchistes.
Arrêté, "reconnu" par une victime dont on a retenu le témoignage bien qu'il ait déjà désigné à tort deux autres coupables, condamné à mort, gracié, envoyé au bagne de Cayenne, Dieudonné y croupit quinze ans pendant lesquels il ne rêve que d'une chose : la Belle, l'évasion, la liberté.
C'est le récit de cette évasion qu'Albert Londres vient cueillir de la bouche de Dieudonné, et quel récit! S'évader de Cayenne dans les années 1920, c'est l'assurance de s'exposer à d'impitoyables risques de noyade, de malnutrition, de trahison, et pour beaucoup d'échec, voire de mort.
Est-ce la chance des innocents? Dieudonné s'en tire, se refait une vie au Brésil mais voilà que le funèbre destin frappe de nouveau à sa porte... jusqu'au rocambolesque retournement qui lui verra obtenir et sa grâce, et ses papiers.
C'est tout à l'honneur du journaliste Albert Londres de s'être effacé dans cette oeuvre pour laisser la parole à Eugène Dieudonné, afin de mettre en lumière et son parcours inouï, et sa personnalité attachante et tenace.
Une lecture à compléter de "Au bagne" pour mieux comprendre l'enfer de Cayenne et la soif d'évasion du brave Eugène.
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Albert Londres le grand journaliste d'investigation toujours a fouiner là où ça dérange se met en rapport au Brésil avec Dieudonné Eugène un bagnard évadé de Cayenne pour se faire conter son histoire.
Pourquoi ce dernier se trouve-t-il incarcéré dans la pire bagne de France dans une cellule d'à peine quelques mètres carrés avec des moustiques?
A cause, Monsieur, d'une énorme erreur judiciaire délibérée de la part de la police, de la justice et de l'appareil politique du moment.
Sa faute : avoir été anarchiste et côtoyé Bonnot et sa bande. Ah on rigolait pas avec les black block de l'époque.
La faute de la police: avoir fortement influencé une victime à reconnaître Dieudonné comme son agresseur alors qu'elle s'était trompée une fois en dénonçant déjà un innocent et avoir fait chou blanc dans la capture de Bonnot et donc il fallait des résultats. Déjà du chiffre !
La faute à la justice: avoir inculpé Dieudonné alors qu'un faisceau de preuves l'innocentait et en ayant de plus écarté la rétractation de la victime. C'est vrai que ce n'est pas un ministère très sérieux surtout quand le ministre, comme certain, commence sa carrière comme fossoyeur et à son apogée se permet de faire un doigt d'honneur à des élus!
La faute des politiques ! eh bien comme d'habitude la lâcheté, la désinformation du contribuable, le bilan de sécurité du mandat pour un vote favorable de l'électeur et visiblement ça n'a pas changé depuis Fouché. N'est-ce pas Gérard? Gérard et Christophe? (Les trois derniers: des as!) C'était déjà l'époque du « mais en même temps... »“et du « Je suis un avocat qui défend les gens qui sont en difficulté. Je ne suis pas un avocat qui défend les gens qui ont des difficultés. » Dupond-Moretti Ah la subtilité ! Oui Monsieur!
Et puis comment suivre un dossier d'importance nationale et prendre une décision à une époque où, de la condamnation à l'évasion de Dieudonné soit 13 ans il y a eu pas moins de 20 ministres de l'intérieur et 24 ministres de la justice ? Je vous le demande !
On s'étonnera quand même que les présidents mettent, invariablement, à ces deux postes pourtant importants ( non là je plaisante c'est le budget pépettes, le poste important) tous les simplets de France et de Navarre
le quotidien de Dieudonné, le travail, la promiscuité, la délation pour un morceau de pain, la cellule d'isolement, l'humidité équatoriale et les moustiques ( là je suppose c'est pas dit)Il faut reconnaître que l'administration pénitentiaire, du gardien au responsable a eu un attitude plutôt cordiale et courtoise avec le détenu qui ne s‘en est jamais plaint. Mais bon purger une peine dans un lieu aussi atroce pour un crime que l'on n'a pas commis il faut avoir le moral pour supporter.
Son évasion: rocambolesque mais dans des conditions infernales. La même peur au ventre les mêmes hommes prêts à vous dénoncer pour trois fois rien, les mêmes moustiques (là c'est dit) la mort de compagnons.
Sa remise en liberté: grâce aux autorités brésiliennes il a échappé à un retour à la case départ (voir Monopoli) tergiversations des autorités françaises pour lui accorder le passeport et enfin la possibilité de rentrer en France chercher sa réhabilitation
Bref 15 ans de captivité 15 ans de vie perdue et tout ça à cause de quelques glands carriéristes dans des commissariats et palais de justice sans parler de ceux de la plus haute magistrature.
Une infamie!
« Adieu Cayenne » n'est pas un roman mais bien une non-fiction relatée par le condamné lui-même sous la plume d'Albert Londres. C'est très factuel.
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Adieu Cayenne ! raconte la terrible évasion d'un homme ayant échappé à la guillotine mais pas à l'enfer que représente le bagne en Guyane.
Albert Londres nous relate par le détail, dans un récit tout journalistique sa rencontre avec cette victime (vraiment innocente) des circonstances, de l'époque, de la justice aveugle et de la terrible épreuve que représente une vie (une mort !) au bagne de Cayenne.
L'évasion en pirogue par la mer est la seule option possible, nous sommes en 2016 et il n'y a toujours que deux routes principales dans ce département, alors imaginez ça au début du XXème siècle !
Par la mer donc...
Oui mais !
C'est sans compter sur le manque d'expérience du passeur, c'est sans compter sur des marées de ouf deux fois par jours, qui vous ramènent avec force à votre point de départ ou qui vous enlisent pour plusieurs heures, au milieu de nulle part et vous laissent à la merci des moustiques et autres machins pas très sympas.
Pour avoir vu de mes yeux (ébahis et rigolards) mon cher et tendre vouloir absolument se baigner à marée basse et ressortir couvert d'une vase verte et collante, il n'est pas difficile d'imaginer le calvaire des évadés !
Je vous écris ce petit texte ici à Cayenne, bien à l'abri sous ma varangue, il pleut sans discontinuer depuis trois jours maintenant, et j'imagine ces bagnards, innocents ou non, déambuler comme des spectres là, en bas de chez moi, sous une pluie battante, sous une chaleur écrasante.
Ils sont sous-alimentés, ils ont une fièvre tenace,ils sont trempés et désespérés ils ont la tête pleine de rêves d'évasions impossibles et mortelles.
Tant pis...ils ont si peu à perdre..
Et puis, comme dira Dieudonné notre évadé, à Albert Londres depuis sa petite chambre au Brésil:
"On en voit des choses en évasion ! "
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Après avoir lu Au bagne, le reportage terrifiant d'Albert Londres sur le bagne de Guyane, et La vie des forçats, le livre écrit par l'ancien bagnard Eugène Dieudonné après son amnistie et son retour en France (sur le conseil d'Albert Londres et préfacé par ce dernier), je me devais de lire le troisième ouvrage témoignant du lien entre ces deux hommes hors du commun : Adieu Cayenne, également parfois publié sous le titre "L'homme qui s'évada" (il s'agit bien du même livre !)
Il s'agit du compte-rendu probablement extrêmement fidèle du long entretien qu'Albert Londres a eu avec Dieudonné dans une chambre d'hôtel de Rio de Janeiro, après la dernière évasion couronnée de succès du forçat. Ladite évasion, encore fraîche dans l'esprit du fuyard, y est relatée en détail, de même que les tergiversations politiques entre les pouvoirs publics français et brésiliens, entre demande d'extradition, pression de l'opinion publique, etc. Tout cela est passionnant et d'une grande modernité (cf l'affaire Julian Assange par exemple).
L'horreur du bagne n'est pas directement au programme de cet ouvrage, mais son ombre menaçante et omniprésente plane sur le récit de cette évasion, de bout en bout. En creux, on la devine, à voir l'acharnement surhumain de Dieudonné et de ses compagnons de débine à s'évader à n'importe quel prix et à préférer sans hésiter la mort à une nouvelle capture.
La scène de "l'Autre", qui continue, bien qu'agonisant, à marcher des jours et des jours en serrant les dents pour ne pas être lâché par ceux qui n'ont pas encore été repris, en dit long, très long.
Véritable leçon de résilience et de détermination d'un innocent à se soustraire à une condamnation injuste, ce récit est un monument historique à lui tout seul.
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C'est un roman plein de péripéties incroyables et de grands sentiments : amitié, trahison, violences, espoir et désespoir...; non, c'est un film dans des décors sauvages, avec des aventures et des cascades spectaculaires, des fusillades, des bagarres, un naufrage... ; non, c'est un scénario de série américaine en plusieurs saisons à suspense, avec des épisodes se passant dans le Paris interlope de la Belle Epoque, d'autres au bagne de Cayenne, d'autres dans les salles d'audience des tribunaux, ou d'autres dans la jungle amazonienne ...
Finalement non, rien de tout cela, c'est un reportage journalistique d'après une histoire vraie. Autant dire qu'on peut avoir du mal à croire à tout, Albert Londres lui-même doute du récit que Dieudonné lui rapporte. Mais la preuve ultime que celui-ci a réussi son évasion, a survécu à la jungle, à la faim, aux mouchards, à la fièvre, à l'administration française..., c'est qu'il est là, en face d'Albert Londres, pour lui parler et lui raconter, et donc nous le raconter.
Ce n'est pas un plaidoyer contre les horreurs de Cayenne comme dans Au Bagne, mais la réhabilitation d'un innocent qui s'accroche à la vie et à l'espoir, en quête de la "Belle", c'est-à-dire la liberté. Ce qui m'a intéressée, plus que les péripéties de l'évasion elle-même, c'est l'acharnement de l'administration française qui mobilise tout ses réseaux au Brésil pour le retrouver, et l'importance d'un début de médiatisation auprès de l'opinion publique : l'affaire est publique, connue par les journaux, qui jouent sur l'émotion et permettent ainsi de réhabiliter Dieudonné.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
– Je n’ai connu la « bande à Bonnot » que par les rumeurs, alors que j’étais déjà incarcéré à la Santé. Ceux que j’ai connus, moi, s’appelaient Callemin, Garnier, Bonnot, mais ils n’étaient pas en bande quand je les voyais. Des centaines les connaissaient comme moi ; c’étaient, à cette époque, de simples mortels qui fréquentaient les milieux anarchistes où l’on me trouvait parfois. Ils étaient comme tous les autres. On ne pouvait rien lire sur leur front…
– Et que faisiez-vous dans les milieux anarchistes ?
– Nous reconstruisions la société, pardi ! Je l’ai dit et écrit : il y a quinze ans, je croyais à l’anarchie, c’était ma religion. Entre anarchistes, on s’entraidait. L’un était-il traqué ? Il avait droit à l’asile de notre maison, à l’argent de notre bourse.
– Alors, vous avez caché Bonnot ?
– Moi ? j’ai caché Bonnot ?
– Je vous demande.
– Mais non ! Je veux dire qu’en serrant la main à Callemin, à Garnier ou à Bonnot, je ne savais pas plus que vous ce qu’ils feraient ou ce qu’ils avaient fait déjà. On n’exige ni papiers ni confidences de quelqu’un à qui l’on tend une chaise ou un morceau de pain. Voilà mon crime. Il m’a conduit devant la guillotine.
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Un sourire est une fleur rare aux îles du Salut !
– Il s’est évadé de Royale, reprit le commandant, c’est là l’un des plus beaux exploits du bagne. Quatre-vingt-quinze chances de laisser ses membres aux requins. Comment vous a-t-on repris sur la grande terre ?
– Épuisé, commandant.
– Il a même repêché un gardien, une fois ! N’est-ce pas ?
Dieudonné esquissa un geste du bras.
– Voyons, dis-je au commandant, le cas Dieudonné est troublant. Beaucoup de gens croient à son innocence.
– Du fond de ma conscience, je suis innocent, fit Dieudonné.
Là-dessus, l’on referma l’enterré vivant dans son tombeau.
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Imaginez-vous un Caïn qui n’aurait pas tué Abel et qui, toute sa vie, entendrait derrière lui : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » Il se défendra, il se démènera, il s’expliquera. On l’écoutera un moment d’une oreille sceptique, puis l’on s’en ira, alors qu’il continuera de se défendre dans le vide, tout seul.
Et l’homme qui lui jette un regard de mépris ? Et les timides qui détournent la tête ? Et ceux qui, dès qu’ils vous aperçoivent, passent sur le trottoir opposé ? Et tous les autres qui vous croisent sans vous voir ?
Et les meilleurs ? Les meilleurs qui restent indécis. Oh ! cette prudence des meilleurs ! Cette hésitation ! Cette main qui se tend mollement et comme dans l’ombre ! Ce regard qu’ils promènent autour d’eux, comme si ce regard avait la puissance de vous faire disparaître, cette peur qu’on ne les voit avec le bagnard !
Quinze ans que cela dure, monsieur !
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C’est drôle de regarder vivre les singes ! Ainsi, ils craignent l’eau. Savez-vous comment ils passent les criques ? Le plus fort s’attache à une branche haute ; un autre se pend après le premier, et tous se pendent à la suite, de manière à faire juste la longueur de la crique, dix mètres, vingt mètres, cela dépend. Jamais ils ne se trompent.
Quand ils sont le nombre qu’il faut, ils se mettent à se balancer, le singe de queue attrape une branche de l’autre côté de la crique. Le pont suspendu est établi. Toute la tribu le traverse, dos en bas. Quand elle a passé, le singe de tête, celui qui soutenait la guirlande, lâche tout. Et le « pont » ainsi détaché franchit l’eau redoutée.
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Le gardien fit jouer le judas. Une tête s’encadra dans l’ouverture. C’était celle de Camille-Eugène-Marie Dieudonné.
– Je viens voir ce qui se passe par ici, lui dis-je ; désirez-vous me parler ?
– Oui, oui, je voudrais vous dire des choses. Oh ! je n’ai pas à me plaindre, mais des choses en général sur la vie cruelle du bagne.
Sa voix était haletante, comme s’il venait de faire une longue course ; cependant, sa cellule n’avait que un mètre cinquante de large sur deux mètres de long. Il y était enfermé depuis huit mois.
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Animatrices : - Sarah-Lou Lepers, journaliste et réalisatrice de podcasts - Yasmine Benhachoum, ambassadrice du pass Culture
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