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EAN : 978B09PRH9XBR
144 pages
(04/01/2022)
4.6/5   10 notes
Résumé :
En 1978, un couple de médecins français est victime d’un accident de voiture. Leur fille Aurore est persuadée qu’il s’agit d’un meurtre. Qui pouvait bien vouloir leur mort ?... Hantée par ce drame survenu quand elle avait douze ans, elle veut devenir commissaire de police pour tenter de résoudre des énigmes et, ainsi, contribuer à sortir les proches des victimes de la détresse dans laquelle ils s’enfoncent.

En Inde, en août 2001, une religieuse rassem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Le Mirage de la justice, titre donné à son sixième roman par Laure Barachin indique assez clairement le sujet dont il va être question dans ce livre, à savoir l'apparence séduisante et trompeuse que peut revêtir la justice. Si c'est une matière à discussion relativement complexe, l'auteure, par le biais de ce roman, composé de deux parties, a su de manière délicate et sensible et pourtant très pertinente mener à bien ce défi.
Dans la première, nous faisons connaissance avec Aurore, qui, à l'âge de 12 ans, en 1978, a perdu ses parents dans un accident de voiture. Présente, lors de ce terrible événement, elle a entr'aperçu un homme qui n'a pas prêté attention à elle. Malgré son témoignage, certes inconsistant, l'enquête n'a pas résolu ce problème bien qu'il ait été démontré que les freins avaient été trafiqués. le dossier finira par être relégué au rang des affaires non classées faute de pistes. Pour lui faire oublier, son grand-père l'emmènera alors vivre à Rome, au pays de ses ancêtres.
Mais Aurore reste profondément marquée par ces événements et surtout par les failles de la justice. C'est ce qui déterminera sa vocation à entrer dans la police. Si elle choisit ce métier, et devient commissaire, c'est vraiment par idéalisme « pour tenter de résoudre des énigmes et, ainsi, sortir les gens de la détresse dans laquelle ils s'enfoncent ».
Elle partage la même conception de la justice avec le procureur Mattia Bolucini qui, lui aussi, est un idéaliste et un humaniste invétéré. Amenés à se rencontrer sur certaines affaires, ils deviennent de plus en plus proches, souffrant tous deux de la même absence, celle d'un père et d'une mère. La mère de Mattia est décédée et, s'il a toujours son père, ses relations avec lui sont très conflictuelles.
Deux meurtres de commerçants vont peut-être permettre à Aurore, aidée de Mattia dont elle tombe irrémédiablement amoureuse, de trouver des liens avec la mort tragique de ses parents.
La deuxième partie emmène le lecteur bien loin de l'Italie, en Inde, à Bombay, caricature des inégalités sociales, où la moitié de la population vit dans un bidonville et où les enfants sont en danger permanent, physiquement et moralement. En dehors de la ville, près de la congrégation des Soeurs de la Charité, La Maison du Soleil est un édifice construit pour l'accueil des enfants, pour ces enfants de la rue, ces déshérités, pour qu'ils ne terminent pas leur vie allongés sur un trottoir, dans la plus totale indifférence et ainsi leur donner une deuxième chance dans la vie afin de réparer l'inégalité de naissance en leur offrant un hébergement, la possibilité de s'instruire et aussi un peu d'affection. Une seconde chance peut-être pour ceux qui mendient et se prostituent sur les trottoirs de Bombay, qui travaillent comme des forçats afin de gagner misérablement leur vie. Un très beau portrait, fort et marquant d'une de ces enfants est brossé sous les traits d'Yselda.
Ces deux parties sont bien évidemment reliées entre elles et la seconde nous permet d'ailleurs de connaître la suite des péripéties survenues à ce couple si complémentaire.
Ce roman a l'immense mérite de poser de nombreuses questions sur le déterminisme social, sur la responsabilité de la société, sur les codes sociaux, sur le vide affectif et ses conséquences, sur le monde des affaires et bien entendu sur la fragilité de la justice humaine, thème central du roman.
Il montre également comment par nos choix et nos engagements, nous pouvons, non pas éradiquer l'injustice et la misère, mais tendre à améliorer le sort des plus défavorisés.
J'avais beaucoup apprécié Les Enfants du mal, le roman précédent de Laure Barachin. Une fois encore j'ai été conquise par son écriture fluide, précise, toute en sensibilité et la justesse du ton dans la confrontation des idées.
Un seul petit bémol : il me semble que, plutôt que faire des allusions à l'originalité que présentait le couple formé par les parents d'Aurore, sans la préciser, il eut peut-être été plus simple de la dévoiler pour une meilleure compréhension du lecteur. Aurore étant la fille de Capucine et Chris, ces enfants qui m'avaient tellement bouleversée dans Les Enfants du mal. Mais, ça peut être aussi une incitation à le découvrir pour ceux qui n'auraient pas eu la chance de le lire.
Le Mirage de la justice est non seulement un roman sur ce qu'est la notion de justice mais il est également, un roman d'amour, un roman d'aventure et un thriller haletant avec un suspense omniprésent, tout en nous immergeant dans différentes questions sociétales !
Si vous ne connaissez pas encore Laure Barachin, il est temps de remédier à cette carence en vous plongeant dans ce superbe roman qu'est le Mirage de la justice.
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Si j'avais un peu oublié Les Enfants du mal, j'ai vite replongé avec plaisir dans cette suite intitulée, avec beaucoup d'à-propos, le Mirage de la justice.
Rapidement, Laure Barachin fait référence à son précédent livre, en rappelle certains événements essentiels, poursuivant l'aventure avec toujours de très intéressantes réflexions, de passionnantes discussions touchant au sens de la vie, à la religion et à la mort.
L'histoire oscille entre le début des années 2000 et la dernière décennie du XXe siècle. Je passe de Bombay, en Inde, à Rome, en Italie, avec un crochet par Marseille, après le récit du terrible accident qui coûta la vie aux parents d'Aurore, en 1978, dans les Pyrénées. Les freins du véhicule avaient été sabotés et la petite Aurore avait miraculeusement été sauvée.
En août 2001, à Bombay, Soeur Marie est en train de trier les affaires du bienfaiteur de sa congrégation, Mattia Bolucini, qui vient de mourir, à quarante ans, après avoir créé La Maison du Soleil afin de sauver de la rue, de la prostitution, des enfants comme Yselda.
Avec le premier cahier correspondant aux Enfants du mal, la religieuse commence à lire un second cahier dans lequel Aurore raconte et le roman de Laure Barachin est bien lancé.
Obsédée par l'accident qui a coûté la vie à ses parents médecins, Aurore est entrée dans la police italienne, devenant commissaire, ce qui suscite la jalousie de certains collègues aux relations pas très claires. C'est en faisant du bénévolat pour un centre d'hébergement de sans-abri qu'elle fait connaissance avec Mattia Bolucini qui, de procureur est devenu juge des investigations préliminaires. Rapidement, une amitié va naître et c'est là que tout se complique.
En effet, orpheline, Aurore dont le grand-père maternel est Italien, vit dans son pays depuis quatorze ans. Or, ce grand-père, Vincent Lombardi, a travaillé pour le père de Mattia, un homme d'affaires pas net du tout.
À partir de là, l'autrice me plonge dans le monde du trafic de drogue et de ses réseaux internationaux fort lucratifs. La quête d'Aurore pour connaître les responsables de la mort de ses parents commence à déranger fortement.
Si je ne peux guère en dire davantage pour ne rien divulgâcher, je me dois de souligner encore la qualité des débats et des discussions très philosophiques à propos de la vie, de la misère dans le monde et de ceux qui ne reculent devant rien pour accumuler les richesses.
Avec cela, le Mirage de la justice mérite bien son titre car plusieurs exemples jalonnent le récit bien maîtrisé par Laure Barachin et prouvent que cette fameuse justice frappe d'abord les plus faibles et que ceux qui ont le pouvoir et l'argent n'hésitent pas à employer tous les moyens pour y échapper. Une fois de plus, cette fameuse balance censée la symboliser n'est jamais équilibrée.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Le mirage de la justice - Laure Barachin - Roman - Lu en avril 2022.

Après avoir lu "Les enfants du mal" en 2021, j'ai voulu savoir ce qu'étaient devenus Capucine et Christopher (Chris) et voilà que Laure Barachin (Melpomène125 sur Babelio) m'a envoyé "Le mirage de la justice", roman dans lequel j'ai découvert ce qu'il leur était arrivé.

Ils se sont mariés, ils ont adopté une petite fille Aurore, ils sont morts lors d'un accident de voiture provoqué, laissant Aurore éjectée de la voiture sur le bas-côté de la route, qui ne garde en mémoire que la silhouette d'un homme portant des bottes qui la regarde et la laisse là.

La petite fille sera adoptée par le père de Chris, son grand-père adoptif et ira vivre à Rome. Elle fera des études qui la conduiront au titre de commissaire de police, car depuis l'accident, elle n'a de cesse de savoir pourquoi ses parents sont morts. Elle fera la rencontre de Mattia Bolucini, haut magistrat et l'épousera.

A eux deux, ils conduiront l'enquête qui les mènera à la vérité.

Laure Barachin nous entraîne alors dans les dédales de la justice, dans le milieu de la drogue, dans le milieu de la police avec toutes les interrogations que l'on se pose concernant ces milieux, et ce n'est pas toujours en leur faveur.

Cette enquête pleine de péripéties nous conduira à Bombay, avec Mattia, devenu veuf, qui, las de sa vie de magistrat décide d'aider financièrement et de sa personne les Soeurs de la Charité à créer la Maison du Soleil qui accueillera les enfants déshérités qui peuplent les rues de Bombay. Nous y découvriront la petite Yselda, 7 ans, petite fille destinée à la prostitution qui s'en sort doucement grâce à l'amour et l'humanité des soeurs et de leur bienfaiteur.

Laure Barachin nous décrit parfaitement les arcanes de la Justice, le milieu de la drogue , les petits jeux de pouvoir entre la magistrature, la police , les "indicateurs", et... les victimes, car oui, bien sûr il y a des victimes.

Mais l'autrice nous parle aussi d'amour, de résilience, de pardon, car rien n'est tout à fait noir ni tout à fait blanc dans la vie.

Le tout mené rondement, il y a de la recherche dans ce roman que j'ai lu en deux jours.

Je ne peux que vous conseiller de le lire et découvrir aussi les chroniques de quelques amis-es babélionautes qui l'ont lu.

Merci Laure pour cette belle lecture.



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Vous arrive-t-il de vous sentir triste quand vous terminez un livre ? Vous tournez la dernière page de ce livre qui vous a accompagné depuis plusieurs jours et voilà c'est fini, les personnages auxquels vous vous êtes attachés, auxquels vous avez donné une silhouette, un visage, un regard, un sourire vont désormais vivre dans l'imaginaire d'autres lecteurs. Comme me disait récemment sous une de mes citations mon amie Francine : c'est toujours avec plaisir qu'on retrouve un vieil ami qu'on avait perdu de vue, c'est exactement le sentiment que j'ai eu en ouvrant le roman de Laure Barachin puisque j'avais laissé Capucine et Christopher, les deux personnages principaux de son précédent roman "Les enfants du Mal", suivre le cours de leur vie, une vie pleine d'espoir et de promesses car il n'y a rien de plus beau que d'accueillir un enfant au sein d'une famille.

Je ne qualifierai pas ce roman de "suite" car il peut être aisément lu sans avoir eu vent de l'histoire de Capucine mais si comme moi vous avez eu le plaisir de partager un pan de son existence alors forcément que les personnages de ce récit vous toucheront d'une manière particulière. En ouvrant ce roman je trépignais d'impatience de savoir ce qu'étaient devenus mes vieux amis. La vie leur avait-elle enfin souri ? Avait-elle décidé d'être plus douce avec eux ? Pour ma part j'en étais persuadée...

Douce la vie le fut certainement jusqu'en 1978 puisque j'apprends qu'ils sont devenus tous deux de brillants médecins, deux belles personnes avec des valeurs et surtout ils ont pris la décision d'adopter Aurore. Comment pouvait-il en être autrement après ce qu'ils avaient vécu au foyer des Lilas ? Malheureusement Aurore, à qui s'adressait sa maman dans une longue lettre pleine d'amour dans le précédent titre, n'aura pas eu le temps, ou si peu, de profiter de l'affection de ses parents adoptifs, le sort tragique en ayant décidé autrement en ce jour funeste du mois d'avril 1978 durant lequel ils décèdent tous les deux dans un accident de voiture sur une route des Pyrénées après qu'on a délibérément saboté les freins du véhicule. L'enquête n'aboutira jamais et cela malgré le témoignage d'Aurore qui a aperçu un homme sur les lieux du drame et ne devra d'avoir la vie sauve qu'au sacrifice de ses parents. Une enquête certainement bâclée ou passée sous silence et c'est bien là tout le drame de ce roman : justice n'a pas été faite, celui qui aurait dû payer est resté en liberté, en découleront des évènements irrémédiables qui modifieront le cours de l'existence d'Aurore. Aurore que nous retrouvons quatorze ans plus tard en 1992 à Rome, elle a pansé ses blessures tant bien que mal auprès de son grand-père paternel Ettore Dellamaria et à force de courage et d'amour elle est parvenue à se construire, à 26 ans elle exerce le métier de commissaire, certainement le moyen pour elle de se faire justice, celle qu'on ne lui a pas accordée en 1978 et c'est donc elle qui reprend le flambeau de l'écriture après sa chère maman en consignant à son tour par écrit sa toute jeune existence et en nous racontant sa rencontre avec l'amour en la personne de Mattia Bolucini, jeune magistrat, fils de l'éminent Diego Bolucini, figure notoire de la haute bourgeoisie aussi connu pour ne pas être avare quand il s'agit d'user de ficelles illégales et de magouilles en tous genres pour faire prospérer ses affaires. Un amour naissant mais aussitôt obscurci par une série de meurtres sur fond de trafic de drogue sur lesquels Aurore va devoir enquêter mais n'est-il pas dangereux de chercher à tout prix la vérité quand on est impliqué personnellement sans le savoir dans une affaire ?

Une intrigue menée tambour battant, une première partie relative à l'enquête policière et une deuxième partie plus spirituelle : le temps venu de la rédemption, de l'acception et du pardon, qui m'a particulièrement touchée tout comme les passages qui se déroulent en Inde à Bombay, j'ai également été très sensible à l'histoire de la petite Yselda. Avec ce récit Laure Barachin nous offre une belle histoire, que l'on soit à Rome, Marseille ou Bombay il sera toujours question de justice, la justice que chacun se doit de faire, pour les autres ou pour soi car sans ça la vie ne saurait continuer, faire justice pour pouvoir accepter et pardonner. Mais comment lutter pour que justice soit faite quand cette même justice est corrompue, gangrénée jusqu'à l'os ? Que ceux qui en sont les plus dignes représentants nourrissent en toute impunité les trafics de drogue, le blanchiment d'argent sale ?

Pauvre Aurore... La vérité peut s'avérer être un poison qui vous tue à petit feu ou qui se retourne contre vous sans prévenir pour vous asséner le coup fatal sans que vous n'ayez rien vu venir. Dans ce roman la vérité n'est pas celle que l'on croit, de 1943 à 1992 cette vérité n'aura eu de cesse de hanter les femmes de la famille Chesterfield-Dellamaria, si courageuses, si combattives mais toutes marquées par le sceau de la malédiction, celle de s'être trouvées au mauvais endroit au mauvais moment et d'avoir cherché à déterrer des secrets enfouis depuis bien trop longtemps. Alors peut-être bien que l'on porte le poids de son histoire familiale jusqu'à la fin de sa vie ; peut-être bien que quand on a été un "Enfant du Mal" on le reste aussi toute sa vie et que nos enfants en portent les marques invisibles tout comme les Harijans, les Fils de Dieu, les intouchables en Inde qui à leur manière portent le sceau de leur malédiction.

Cinq étoiles pour un roman qui le mérite amplement, la plume de Laure Barachin est sensible, profondément humaine avec des valeurs qui sont aussi les miennes. de beaux personnages, certains nous quitteront trop tôt, d'autres resteront pour que l'histoire puisse continuer comme ces deux vieillards dont les jours sont comptés et qui désormais devront vivre avec le poids des regrets et le coeur rongé par l'absence.

"Ici commence une autre histoire,
celle de la lente rénovation d'un homme,
de sa régénération progressive,
de son passage graduel d'un monde à un autre,
de sa connaissance progressive
d'une réalité totalement ignorée jusque-là."
(Crime et châtiment, Dostoïevski) p 113.



* Un grand merci Laure pour ta confiance.
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Recevoir un livre de notre amie Laure Barachin - Melpomene125 sur Babelio - est un évènement à marquer d'une pierre blanche.
Je me souviens parfaitement du premier roman que j'ai lu d'elle "Le chemin des étoiles", en juin 2017 lorsque je venais à peine de débarquer sur notre site de lecteurs.
Entretemps, notre Laure en est à son sixième livre qui, comme les cinq précédents, séduit par sa belle couverture et un titre évocateur qui suscite la curiosité. Quoique le titre ne soulèvera probablement pas l'enthousiasme du garde des Sceaux à Paris.

Le roman pose la question des valeurs fondamentales de l'être humain, tant qu'en individu que membre de l'humanité globale. Il aborde la notion de justice, comme le titre le laisse imaginer bien sûr, mais également les choix vitaux et engagements personnels envers ses concitoyens.

Une option évidemment très ambitieuse pour tout écrivain-e et qui, à mon avis, présuppose des personnages réels soutenus par une histoire logique et captivante.

Laure Barachin a relevé ce défi haut la main, car ses personnages sont des gens comme vous et moi qui évoluent dans un récit qui force la lectrice et le lecteur à tourner les pages jusqu'à la dernière, la 205ème dans cette première édition.

Aurore, 12 ans, est sortie vivante d'un accident de voiture terrible qui, dans les Pyrénées en 1978, a coûté la vie à ses parents adoptifs. Si la police a réussi à établir que la cause de la chute de la voiture dans un ravin est due à un acte criminel, la manipulation du système de freinage, elle a échoué cependant à trouver le meurtrier.

Ce sera cette injustice qui incitera Aurore à suivre des cours à l'école nationale supérieure de la police et à devenir inspectrice 14 ans plus tard : arrêter le responsable de la mort de ses parents médecins et le traduire devant une cour de justice.

Assistée de Mattia Bolucini, juge d'instruction, elle va mener son enquête et tomber amoureuse de ce magistrat.

Est-ce que notre jeune commissaire réussira-t-elle un double coup : professionnel et affectif ?

Il m'est impossible de présenter la deuxième partie du livre sans risque de dévoiler des éléments cruciaux sur le dénouement de la première partie, ce qui, bien entendu, serait impardonnable.

Sachez pourtant que l'auteure nous emmène quelques années plus tard à l'autre bout du monde, en Inde, et plus précisément à Bombay, l'actuelle Mumbai avec ses presque 13 millions d'habitants où la pauvreté et la misère humaine défient notre imagination d'Occidentaux gâtés.

Laure a sans doute été inspirée par la vie exemplaire de Mère Teresa, née en 1910 dans l'Empire ottoman et morte en 1997 comme missionnaire en Inde, à Calcutta, prix Nobel de la paix en 1979, béatifiée en 2003 et canonisée par le pape en 2016.

Même si les protagonistes du roman ne sont pas exactement des saints leur engagement à secourir les plus démunis du globe relève de la même nobilité humaine.

La description du sort de la petite Yselda de Bombay, prostituée à l'âge de 7 ans, est extraordinairement émouvante.

Comme diplômée en Lettres, notre amie connaît ses classiques et manie une langue riche et pure dans un style clair et littéraire.

Je ne peux que répéter la conclusion de mon billet de son ouvrage "Les enfants du mal" d'il y a tout juste un an, en janvier 2021, qu'il est vraiment grand temps qu'un des grands éditeurs de France s'occupe activement de l'oeuvre de Laure Barachin !
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Mattia sembla touché par mon ton péremptoire. Il me prit la main et essaya de me rassurer.
"Aurore, ma chérie, tu as tort. L'amour, c'est la plus grande force qui soit au monde. Mais je te comprends. Moi aussi, il m'arrive d'avoir peur. J'ai surtout peur de te perdre.
- Je ne vais pas mourir ! m'exclamai-je.
- Moi non plus. Tu vois que c'est idiot d'avoir peur d'aimer à cause de ça."
Comme il avait raison ! Pourtant, j'étais toujours un peu inquiète. Il me serra fort et tous mes soucis s'envolèrent l'espace d'un moment.
"Je peux rester avec toi ce soir... cette nuit ?...", m'interrogea-t-il timidement.
Avec ma voix la plus tendre et la plus douce, je lui répondis délicatement que non puis j'ajoutai en plaisantant que nous n'étions pas encore mariés. Il était dépité mais il se ressaisit vite.
"Et si je te demandais en mariage, tu accepterais ?"
Sa question me laissa pantoise.
"Tu le ferais ?"
Cette folie et cette spontanéité ne me déplaisaient pas.
"Oui, bien sûr."
Il joignit le geste à la parole en se mettant à genoux et en me prenant la main :
"Tu veux m'épouser ?"
Je lui souris, émue, et le relevai :
"Un jour prochain, oui. Pour l'instant, c'est encore trop tôt. Je ne suis pas prête. Cependant, quand je me marierai, je veux que ce soit avec toi.
- Alors, je t'attendrai puisque tu ne me laisses pas d'autre choix."
Il sortit et je restai seule et triste à me demander si la relation que nous avions serait à la hauteur de celle qu'avaient eue mes parents, si elle serait aussi forte et indestructible que celle de mon modèle.
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Dans la réalité, les préjugés demeurent et lutter contre eux n’a rien d’évident surtout lorsqu’ils reposent sur certaines croyances solidement ancrées dans les mentalités depuis des siècles.
Soudain, tandis que nous déambulions au milieu de la foule, de la circulation et de l’agitation citadine, l’attention de Mattia fut attirée par un groupe d’hommes allongés sur un trottoir, à l’écart de l’artère principale.

" Que font-ils ? Ils se reposent ? Ils ont eu un malaise, me demanda-t-il, inquiet.
- C’est un coin reculé, lui répondis-je. Ils l’ont probablement choisi pour dormir quelques heures avant de reprendre le service. Ils ont des sacs à côté d’eux qui doivent contenir leurs affaires. Ils sont à deux pas d’un restaurant très fréquenté. Regardez, ils portent des vêtements kaki, ils doivent appartenir à une caste inférieure. Les serveurs qui apportent les plats sont vêtus de blanc, ils appartiennent aux castes supérieures car la nourriture mangée ne doit pas être touchée ou préparée par des impurs. Ceux qui débarrassent la table sont vêtus de kaki, ce sont le plus souvent des Intouchables car ils sont parfois obligés de toucher les restes que des impurs ont mangés. Il est interdit aux membres des castes élevées d’être confrontés à cette pollution. C’est inconcevable. Quand je vous disais que les préjugés ont la vie tenace."
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Il me parlait souvent de l’horreur que représentait l’inégalité de naissance, de cette forme de fatalité qui nous enferme dans un milieu qui peut parfois nous tuer après nous avoir fait subir maintes douleurs. Pourquoi naît-on pauvre en Afrique, dans un pays en proie à la guerre et à la famine, et non riche, au même endroit, dans la famille d’un dirigeant corrompu – ou honnête, si cela existe –, dans un environnement qui permet de vivre aisément, d’aller étudier à l’étranger et ainsi de se libérer d’un contexte négatif ? Mattia me posait souvent ce genre de questions mais je ne savais que lui répondre. Le hasard détermine cette distribution aléatoire. Les Hindous se rassurent et résolvent le problème en disant que les impurs, les Intouchables sont la réincarnation de gens qui ont fait le mal dans des vies antérieures et qui expient leurs fautes dans celle-ci. Les chrétiens se contentent de proposer une solution de rechange pour plus tard : le paradis.
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Un juge ou un procureur n’est pas Dieu, il ne peut pas remonter le temps et observer le déroulement exact et parfait de la scène du crime. Par contre, lorsque vous connaissez la vérité et que vous êtes obligé de vous taire, quelle qu’en soit la raison, ce silence forcé, à la longue, devient intolérable. Je ne suis pas blasé et indifférent. J’espère ne jamais l’être au point d’accepter la corruption. Quand la justice est corrompue, elle n’existe plus, et, croyez-moi, ce n’est pas parce qu’il y a un ministère de la justice dans toutes nos grandes et prospères démocraties, qu’elle existe dans tous les tribunaux. Elle dépend des hommes qui la font, elle peut donc être objective et juste ou fragile, arbitraire, aléatoire voire carrément illusoire. Malheur à celui qui aura affaire à son deuxième visage… Entre la perfection et la décadence, il y a des degrés divers mais, dans tous les cas, l’unicité, l’uniformité de la notion de justice ainsi que l’égalité de tous devant la balance ne sont que des mirages.
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Le commerce n’est pas le domaine de l’idéalisme et des questions philosophiques sur le sens de toute chose. Tu n’as pas le temps de t’arrêter et de réfléchir, tu dois agir et être productif, dans quel but ? Gagner davantage de pognon, le reste on s’en fiche. Il faut se maintenir face à la concurrence, être compétitif. Il n’y a que des luttes de pouvoir, c’est vrai aussi au niveau mondial. Nous avons construit une Europe économique pour ne pas être écrasés par les Américains, les Chinois, les Brésiliens etc. On y a collé quelques valeurs : la paix, la dignité, l’égalité, les droits de l’homme, de l’enfant, le dialogue social, afin d’avoir l’air ultra généreux et humaniste parce que cela fait bien, c’est à la mode, c’est de bon ton, comme il y a un siècle il était de bon ton d’être catholique, d’aller à la messe et de mimer la charité tout en laissant les gueux crever dans leur cahute et être enterrés à la fosse commune, car il est clair que, de toute façon, cela faisait longtemps que Dieu les avait abandonnés. 
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