AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,17

sur 29 notes
5
13 avis
4
12 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorsque Laure Barachin m'a gentiment proposé de lire son dernier roman, ce sont les thèmes des enfants abandonnés et de la question du secret de leur origine en lien avec la seconde guerre mondiale qui ont retenu mon attention.
A travers le destin de quatre enfants, Laure Barachin évoque toutes les violences physiques et psychologiques que font subir certains parents à leurs enfants. Mais alors que l'Allemagne apprend à vivre avec son passé nazi, le roman se penche également sur ces familles qui ont dû vivre avec le poids de leur héritage familial.
*
L'auteure a eu la très bonne idée de ponctuer son récit d'extraits de romans et de magnifiques poèmes dont celui de Victor Hugo intitulé « Il fait froid ».

L'hiver blanchit le dur chemin.
Tes jours aux méchants sont en proie.
La bise mord ta douce main ;
La haine souffle sur ta joie.

Ces vers, tous revêtus de beauté et de délicatesse explorent toute une palette d'émotions, évoquant la dureté et la douleur de la vie, la violence des sentiments.
Sous la froidure de l'hiver se déploie le monde d'hier et d'aujourd'hui, avec ses fêlures et ses blessures.

Aime et ne désespère pas.
Dans ton âme où parfois je passe,
Où mes vers chuchotent tout bas,
Laisse chaque chose à sa place.

Dans un journal intime adressé à sa fille, Capucine retrace les moments importants de sa vie. Née de père et de mère inconnus, elle évoque son abandon en 1944, son adoption, son placement au Foyer des Lilas, puis dans une famille d'accueil.
Impulsive et fière, Capucine a besoin de connaître la vérité et comprendre qui elle est, d'où elle vient, pourquoi elle a été abandonnée à sa naissance. le récit, raconté à hauteur d'enfant au début du récit, gagne en maturité dans la deuxième partie où Capucine est une jeune adulte.

Au-delà de ces questions, l'auteure pose des questions plus générales :
Les liens du sang déterminent-ils ce que l'on est ?
Le passé peut-il aider à dessiner la suite de notre vie ou l'ignorance est-elle préférable à la vérité ?
Les enfants doivent-ils endurer les défaillances de leurs parents ?
Comment se construire quand on a si mal commencé sa vie ?

La fidélité sans ennui,
La paix des vertus élevées,
Et l'indulgence pour autrui,
Éponge des fautes lavées.

Avec Capucine, d'autres enfants au parcours très différent, mais qui, comme elle, subissent des parents absents, toxiques, destructeurs, maltraitants, incapables d'aimer, de protéger leur enfant. Un poids bien trop lourd à porter pour un enfant.
Capucine se liera avec la douce et fragile Lucie, le sensible et altruiste Christopher, et le gentil et discret Samuel.

Dans ta pensée où tout est beau,
Que rien ne tombe ou ne recule.
Fais de ton amour ton flambeau.
On s'éclaire de ce qui brûle.

Au travers l'histoire de ces quatre enfants fragilisés par la vie, ce roman, par petites touches, nous révèle le futur de chacun. Des destins qui se suivent, se croisent, s'entremêlent ou s'éloignent.

À ces démons d'inimitié,
Oppose ta douceur sereine,
Et reverse-leur en pitié
Tout ce qu'ils t'ont vomi de haine.

Toutes leurs blessures psychologiques et morales sont « aussi nuisibles que du poison ». Façonnés par leur histoire personnelle, tous cachent de profonds traumatismes.
Les émotions de Capucine, à fleur de peau, son hypersensibilité émotionnelle, son impulsivité, sa sincérité touchante sont autant de réactions qui nous la rendent attachante.
Le profond désir de vérité, le besoin de s'inscrire dans un passé vont guider Capucine dans sa quête.
Le besoin de comprendre, le besoin d'aimer et d'être aimé.

La haine, c'est l'hiver du coeur.
Plains-les ! mais garde ton courage.
Garde ton sourire vainqueur ;
Bel arc-en-ciel, sors de l'orage !

Emprunt d'amour, d'amitiés fortes et sincères, mais aussi de drames, « Les enfants du mal » nous entraînent dans un tourbillon d'émotions vives et violentes. A la désarmante innocence et à la sincérité de ces enfants se heurtent les réactions des adultes.
L'auteure rend compte de l'instabilité émotionnelle de ces enfants privés d'amour, d'attachement et de protection. J'ai été très sensible aux émotions qui se dégagent de ce roman. La colère, la haine, leur peur, la honte, la culpabilité sont autant d'émotions qui touchent à leur identité et les empêchent de s'accepter eux-mêmes, de se libérer de leur passé et de vivre leur vie.

Garde ton amour éternel.
L'hiver, l'astre éteint-il sa flamme ?
Dieu ne retire rien du ciel ;
Ne retire rien de ton âme !

Mais que fera Capucine de ses découvertes ? L'aideront-elles à cicatriser des blessures du passé et à tisser des liens moins conflictuels avec les autres ? Seront-elles un nouveau tremplin dans sa vie ? Ou au contraire la vérité qu'elle recherche tant sera-t-elle une souffrance supplémentaire ?
*
« Les enfants du mal » est une histoire touchante, écrite avec beaucoup de sincérité et de tendresse dans laquelle Laure Barachin aborde l'absence de cellule familiale et les difficultés de se construire ou de se reconstruire après un traumatisme. Mais il se dégage aussi une belle lumière, aussi rare que précieuse, l'amour et l'amitié.
J'ai beaucoup aimé le parti pris de l'auteure de ne pas nous offrir une histoire convenue. Même si le récit est fictif, il se lit d'autant plus agréablement qu'on sent bien que l'auteure s'est beaucoup documentée pour rendre ses personnages authentiques et attachants.
Merci à Laure Barachin pour cette agréable lecture.
Commenter  J’apprécie          3112
Portons-nous éternellement les conséquences des méfaits, des cruautés ou simplement des malheurs de nos géniteurs ?
C'est la question que pose l'auteure à travers les destins de Capucine et Chris, abandonnés ou maltraités. Malgré leur propre détresse, ils vont aussi tenter de soutenir leurs compagnons d'infortune Lucie et Samuel qui luttent pour ne pas se laisser abattre.
Je n'ai pas cerné toutes les imbrications de ces histoires toutes plus tragiques les unes que les autres, mais j'ai aimé suivre les combats de ces enfants pour trouver leur place dans une société qui n'a pas su les protéger. Capucine en particulier est touchante dans ses élans et ses hésitations.
Avec ces destinées terribles mêlées aux exactions propres à la seconde guerre mondiale, l'auteure s'interroge sur notre capacité à vivre malgré nos racines quand il s'avère qu'elles ne nous feront pas grandir.
Un roman poignant.
Lien : https://partagerlecture.blog..
Commenter  J’apprécie          230




Lecteurs (86) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3699 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}