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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
LES ENFANTS DU MAL - Laure Barachin - Roman 2021 - Lu en février 2021

Petite fille abandonnée à la naissance en 1944, Capucine aura un parcours de vie particulièrement difficile ainsi que ses amis Chris, Samuel, et la petite Lucie, tous enfants en absence de parents pour différentes raisons et placés de foyer en famille d'accueil et famille adoptante.

Capucine est la narratrice de l'histoire. Devenue adulte, elle va découvrir le secret de sa naissance qui va bouleverser encore sa vie déjà bien pleine d'événements loin d'être très gais. Elle décide de mettre ses mots (maux) sur papier dans un cahier destiné à sa fille Aurore.

J'ai suivi le parcours de chacun de ces enfants en mal d'amour, toute la détresse du monde se lit dans les yeux de Lucie qui n'a que 5 ans et Capucine qui fait son possible pour l'aider dans ce foyer Les Lilas dans lequel ils vivent n'arrive pas à la faire parler," Lucie ne parle pas, ne pleure pas et ne rit pas non plus".

Capucine a une maturité qu'une enfant de 10 ans ne devrait pas avoir, pas d'insouciance dans sa vie, dans ses réflexions amères on sent qu'elle n'est pas dupe de l'hypocrisie des adultes qui l'entourent.

Qu'est-il arrivé à Lucie ?
Qu'est-il arrivé à Samuel ?
Qu'est il arrivé à Capucine et Chris ?

Les enfants doivent-ils payer les fautes de leurs parents ?

C'est la question que je me suis posée après la lecture du roman de Laure Barachin et j'ai pensé à cette magnifique chanson de Jacques Brel "Fils de..."
lien : https://www.youtube.com/watch?v=X70pqMQ9kg0

Une lecture pas toujours facile, toutes ces souffrances, mentales ou physiques que certains adultes font aux enfants sont difficilement supportables.

Merci Laure Barachin pour l'envoi de votre roman qui m'a fort touché.

Surtout continuez à prendre soin de vous et de ceux qui vous entourent




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"Amour, hélas, ne prend jamais qu'un seul M.
Faute de frappe, on écrit haine pour aime."
(Gainsbourg)

Faute de frappe, ou faute de naissance...
Qui sont ces "enfants du mal" ? Les chemins de nos vies peuvent être confortablement pavés, ou encore tortueux et sombres, avec leurs deux bouts - le passé et le futur - noyés dans l'obscurité. Même si on trouve assez de volonté et de lumière pour éclairer les tournants à venir, ceux du passé restent souvent tapissés de suie collante à l'odeur désagréable. Or, s'il y a une chose que l'on ne peut pas influencer, c'est bien notre naissance.

Les enfants du foyer des Lilas n'ont pas eu de chance. Tous nés vers la fin de la guerre, Capucine est une enfant abandonnée sur le parvis d'une église, la mère de Christopher a sombré dans une folie violente, les parents de Samuel n'ont pas pu supporter leurs souvenirs de l'holocauste, et la petite Lucie, réfugiée dans le mutisme, est une enfant abusée. Quelle est donc leur faute, qui provoque ce regard méfiant des autres, doublé de l'arrière-pensée que la pomme ne tombe jamais loin du pommier ?
Voici une des questions soulevées par Laure Barachin : quand on reçoit pour tout héritage un passé lourd, à quel point fait-il partie de nous ? le "mal" peut-il être héréditaire ?
Malgré leurs destins divers, tous ces enfants ont une chose en commun. Ballottés entre le foyer et d'une famille d'accueil à l'autre, ils ne demandent qu'à donner un peu d'amour, du moins autant qu'ils en sont encore capables, à celui qui voudrait bien en recevoir. Les candidats ne sont malheureusement pas nombreux, mais d'autant plus fort devient l'attachement entre nos quatre compères. Avant de quitter le foyer, pour le meilleur et pour le pire...

Le roman est conçu comme les mémoires de Capucine, destinées à sa fille Aurore : son passé devient ainsi un prologue à l'histoire d'Aurore, qui, elle, aura une chance de connaître le secret de ses origines. Celles de Capucine feront objet d'une ardue quête d'identité, en compagnie de Chris, son chevalier vaillant, tant de fois perdu et retrouvé. Sont-ils vraiment faits l'un pour l'autre ? Auront-ils enfin en peu de répit, dans ce monde féroce qui va avaler Lucie, qui va avaler Samuel, qui apporte tant de questions personnelles sur leur véritable valeur en tant qu'être humain, sur la vengeance et le pardon ?
Des archives violées du foyer des Lilas, en passant par les douloureux souvenirs et les révélations du vieux Mosché, le père adoptif de Sam, de l'Angleterre jusqu'à Ludwigsburg en Allemagne (avec son service spécialisé dans la traque des anciens nazis), Capucine trouvera ses réponses. Sur ses parents, mais aussi sur l'hypothétique "faute" qu'elle porte en elle. Car, pour citer l'humaniste S. Rougier, "la vraie faute, c'est quoi ? C'est de ne pas aimer, c'est de manquer d'amour ! C'est rendre l'autre malheureux, le juger, le condamner, ne pas lui permettre de s'épanouir, de s'accomplir."
C'est donc une faute qui devient tout à fait réparable, si on en trouve encore la force, grâce au soutien d'un autre.

Si j'ai beaucoup aimé le scénario très adroitement ficelé, j'avoue que j'étais un peu moins convaincue par le style. Pourtant, je ne saurais dire pourquoi... peut-être pas assez affirmé, ni assez surprenant, à mon goût ? L'histoire est écrite avec entrain et avec beaucoup de sincérité qui me touchent profondément, mais il se peut qu'elle soit un peu ambitieuse pour ses 180 pages, et de ce fait on a à peine le temps de digérer certains épisodes, ou de s'attacher vraiment aux personnages. Parfois j'ai trouvé que les dialogues manquent de naturel, que certaines situations sont résolues par un étrange deus ex machina, et que l'ironie n'est pas toujours employée à bon escient. Mais malgré ces réserves, c'était une agréable lecture, qui soulève beaucoup de questions importantes. Une lecture utile.
3,5/5, et un grand merci à Laure, conteuse passionnée et pleine de ressources !
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Le titre est assez dérangeant. Associer enfant et mal a quelque chose de contre-nature. Un enfant, fruit d'un acte d'amour, est un miracle. Normalement. Il peut aussi hélas être le fruit d'une union délétère…Les enfants d'assassins, de violeurs, de pédophile, de criminels nazis, de déséquilibrés mentaux violents, bref de ce que « tout le monde peut contenir d'horreurs et de laideurs », voilà à qui donne la parole Laure Barachin et c'est une chose suffisamment rare pour être, avant toute chose, salué. Et ces enfants de personne, ces enfants de rien, ces abandonnés, ces rejetés, ces non aimés, ces mal aimés deviennent aussi des miracles de vie lorsqu'ils sont capables de dépasser leurs origines, de faire taire cette sensation de culpabilité qui très souvent les suit, d'annihiler ce sentiment d'être irrécupérables car héréditaires de gènes monstrueux. Certains y parviennent. D'autres non.

« Des parents détestables ne sont pas eux-mêmes détestables. Ceci dépend de la volonté de chacun. N'écoutez pas ceux qui disent le contraire. Ils condamnent leur prochain avant qu'il ait commis une faute. Rassurez-vous, la naissance n'en est pas une».

Je ne peux m'empêcher de penser à celles et ceux qui en font une force. Voire qui transforment l'origine du mal en source de beauté. L'origine du mal en source d'inspiration artistique. Je ne peux m'empêcher de penser notamment à Barbara et à l'aigle noir…ce père incestueux…J'ai toujours ressenti un respect admiratif pour cette femme sombre qui est fêlure et délicatesse, faille et touchante sincérité. Se transcender, trouver une forme de résilience par le chant, la musique, la danse, la peinture ou par l'écriture.
Capucine, dans le livre qui nous concerne, en fait un beau récit qu'elle dédie à sa fille. Lui offrir toute la vérité, depuis le foyer des Lilas où elle a été recueillie après avoir été abandonnée tout bébé jusqu'à ses origines retrouvées (tout à la fin du livre, très marquante d'ailleurs cette fin, menée avec brio par l'auteure). Ce récit est la preuve que Capucine est un miracle. Malgré tout. Il n'y a aucune fatalité. Pour peu qu'on ait le courage d'affronter ses origines, de les accepter. Barbara, revisitant son enfance, chantait de sa voix unique : « J'ai marché les tempes brulantes / Croyant étouffer sous mes pas / les voies du passé qui nous hantent / Et reviennent sonner le glas ».

« Nous sommes des fleurs, surtout moi grâce à mon prénom, judicieusement choisi par le prêtre qui m'a trouvée, des fleurs qui poussent et grandissent coûte que coûte sur une terre hostile et rocailleuse en proie aux vents du nord. Quelle belle image, n'est-ce pas ? », oui une belle image, c'est exactement comme ça que je vois ces enfants, comme ça que Laure Barachin braque ces lumières sur tous les enfants que nous trouvons dans son livre, Capucine, Lucie, Chris, Samuel.

Des fleurs de bitume. Des fleurs de bunker. Des lys dans des vallées de désolation et de violence. Et non des mauvaises herbes. Ce livre leur rend hommage, explique les conséquences possibles des traumatismes subis (la lecture peut être délicate par moment), et détaille le parcours de Capucine et de Chris. Leur combat. Leurs choix. Leurs décisions.

On rencontre dans ce roman de belles et touchantes fleurs de bitume, des citations et des poèmes de grands auteurs, Victor Hugo, Baudelaire, Balzac, Emily Brontë, entre autres, tels des moments de respiration bienvenus, un style sincère, tendre, sans fioriture, quoique, et ce sera mon seul bémol, par moment un peu trop éploré pour moi et dans lequel le message religieux est (trop ?) présent (avis éminemment personnel), un témoignage dont l'intensité monte crescendo et dont la fin, captivante, se termine par un grand message d'amour et d'espoir. L'amour qu'éprouve Laure Barachin pour les enfants, quels qu'ils soient, est une graine ayant enfanté ce livre, livre nous permettant de nous poser de multiples questions, des questions liées à l'hérédité, à notre liberté par rapport à nos origines, à l'éducation, à nos choix.

« Vous auriez sûrement préféré ne pas venir au monde mais vous avez tort car chaque vie est nécessaire. Tout être humain est libre de choisir entre le bien et le mal, vous y compris, loin des déterminations de l'hérédité. Vous êtes vous et non un mélange des caractéristiques de votre père et de votre mère. Votre existence sera ce que vous en ferez, vous serez ce que vous voudrez être. »

Une lecture qui ne peut laisser indifférent ! Un texte pour les bercer sans douces illusions, ces fleurs de bitume libres au vent…pour cueillir en tremblant, des étoiles, des étoiles…






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Le deuxieme Barachin que je lis.
J'ai l'impression que sa plume s'est affermie. Ou plutot que son doigte est devenu plus ferme, face a son clavier.

Elle a beaucoup d'histoires a raconter, qu'elle sait entremeler avec adresse, meme dans un texte relativement court, comme celui-ci. Les enfants du mal, c'est une douloureuse histoire d'abandon; de chaleureuses histoires d'amitie; une belle histoire d'amour; une quete acharnee d'identite. le tout bien brasse, sans devenir embrouille. Autour de ces histoires l‘auteure souleve des questionnements sur la nature du mal, sur la possibilite qu'il soit heredite, atavique, et sur le grand dilemme que vivent ceux qui ont ete victimes du mal: vengeance ou pardon?

Je me suis senti partir sur des montagnes russes, passant d'apprehensions en espoir puis en doutes, de defiance en amour, de rancoeur en indulgence, de querelles en rapprochements. Et il y a de la haine. Et il y a de l'acceptation. de soi, et des autres, et des avatars de la vie. Mais je ne me suis pas senti malmene sur ce parcours, plutot bienmene, grace peut-etre aux nombreux dialogues et apartes, ou tout bonnement a la fluidite du style. Car oui (l'auteure me pardonnera cet epanchement), j'ai trouve ce livre bien mieux ecrit que le premier que j'avais lu. Et j'ai aime la fin, une fin regardant l'avenir sans pleutrerie mais sans crainte, comme je l'esperais pour Capucine, l'heroine au nom de fleur, belle fleur, surtout pas fleur du mal.
Une belle reussite.


P.S. A la grande question que pose l'auteure sur l'heredite du mal, je choisis (comme elle, en fait, si je juge d'apres la fin qu'elle a donnee a son roman) la reponse du prophete Ezechiel : Qu'avez-vous a colporter le dicton suivant, sur la terre d'Israël: "Les peres ont mange du verjus et les dents des enfants en sont agacees"? Par ma vie, dit le Seigneur Dieu, vous ne devrez plus citer ce dicton en Israël! Oui, toutes les ames sont a moi; l'ame du pere comme l'ame du fils, elles sont a moi: l'ame pecheresse seule mourra.
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En 1980, le psychiatre et psychanalyste Hartmut Radebold a découvert que les enfants d'après guerre, qui donc ne l'ont pas connue, étaient affectés par différents maux : dépressions, peurs diverses, sentiment de culpabilité , troubles de l'identité, comme si ces enfants avaient hérité des crimes commis ou des sévices subis par leurs parents ou qu'ils étaient inconsciemment coupables de n'avoir pas souffert.


Dans Totem et TabouFreud émettait déjà l'hypothèse : « Nous postulons l'existence d'une âme collective et la possibilité qu'un sentiment se transmettrait de génération en génération se rattachant à une faute dont les hommes n'ont plus conscience ni le moindre souvenir. »

C'est le thème que Laure Barachin développe (selon moi) dans « Les enfants du mal »: sommes nous responsables des parents que nous n'avons pas connus, portons nous pour certains le poids d'un passé qui, bien qu'ignoré, nous empêche d'avoir confiance en nous, et puis vaut il mieux connaître ces secrets que de les apprendre, ne pas connaître son père ni sa mère est il pire que de savoir qu'ils nous ont haï, allant même jusqu'à vouloir nous tuer? Et lorsque l'on sait, comment ne pas se sentir sali, comment ne pas s'identifier à son ou sa géniteur/trice criminel, ou psychopathe, et dans le livre à un nazi ?
Nait on méchante comme le pense l'héroine, ou le devient on à cause de circonstances malheureuses ?
Comment ne pas s'estimer « enfant du mal », radicalement mauvaise lorsqu'on a été, comme Capucine, abandonnée à la naissance?

Réponse : Capucine appelle sa fille Aurore, et lui confie les difficultés qu'elle a eus à s'aimer elle -même. L'aurore, le commencement d'un autre jour et qui sait d'une autre vie, l'espoir, l'amour.

Merci, Laure Barachin / Melpomène125 d'avoir eu la gentillesse et la bonne idée de m'avoir envoyé ce livre.
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Ma chère Aurore,
Tu es née dans notre coeur à papa et à moi en 1971.
Si je t'écris dans ce carnet, c'est pour qu'à ton tour tu sois dépositaire d'un secret universel, sache ma lueur, mon éternelle, que l'amour est un don précieux et ne retire jamais rien de ton âme. Elle est belle d'où qu'elle vienne.
- ta maman qui t'aime -

🎍
1944 - une petite fille est abandonnée au pied d'une église, elle sera prénommée Capucine

Aux Lilas, quelques années plus tard, Capucine rencontrera Lucie, petit bout de 5 ans à l'enfance volée, au regard perdu, à la parole envolée - Lucie qui deviendra sa petite soeur avant d'être rattrapée par ses cauchemars les plus noirs, ceux d'avant, ceux de ses parents monstrueux. Funeste destin.

Aux Lilas, quelques années plus tard, Capucine s'appuiera sur Chris plus âgé, roc solide dans la tempête, rescapé de la folie meurtrière d'une mère abusée, détruite par le mensonge d'un amour déguisé, masqué, hideux dans sa réalité et qu'un beau-père dépassé a déposé comme un ballot de linge sale.

Aux Lilas, quelques années plus tard, Samuel, petit frère de coeur de Chris fera bientôt partie de cette famille de choix. le Fils de Dieu, seul sain et sauf d'un massacre tuant des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants (1939 - 1944)
🎍 🎍 🎍 🎍

Bien des années passent, Capucine s'est construite, elle a décidé de sa vocation: elle sera pédiatre et s'occupera d'enfants. Mais ses origines la perturbent toujours. D'où vient-elle ? Qui étaient ses parents. Sans cette réponse, elle n'arrive pas à être complète.

Coup malheureux ou heureux du destin, elle finira par découvrir la vérité.
Pourra-t-elle pardonner, oublier, être heureuse ?
Porte-t-elle en elle des gènes qui la rendent monstrueuse ?

Les enfants sont-ils de simples répliques d'ADN ?
Sont-ils à la fois des victimes et de futurs coupables de par leur naissance. Des chiens de race comme le mentionne l'auteur ?

C'est en lisant le récit de Laure Barachin, paru le 03/01/2021 en autoédition, que vous découvrirez la vérité sur ces enfants: Capucine, Lucie, Chris, Samuel et leur destinée. Les enfants du mal.

Merci Laure pour cette terrible et émouvante histoire.
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Un grand merci à l'auteure qui m'a permis de découvrir son roman, sur un sujet difficile.
Juste après guerre. 4 orphelins : Christopher, Capucine, Lucie et Samuel, 3 ont été abandonnés, 1 a été retirée de sa famille. 4 histoires familiales lourdes. Quelles conséquences pour eux ?
"Les Enfants du mal" : le sont-ils quand ils/elles ont un père assassin, violeur, une mère folle ou des parents suffisamment désespérés pour préférer la mort à la vie ? C'est la question transversale de ce roman.
La réponse n'est pas manichéenne. Avec ses 4 personnages, l'auteure brosse 4 schémas, 4 formes de conséquences. Sans ignorer que malheureusement parfois..... c'est trop lourd.... La résilience, ça existe mais sans forme de systématicité.
C'est ce que j'ai le plus apprécié dans ce texte : cette nuance, cette capacité à entrevoir que la couleur de la vie (comme les êtres humains d'ailleurs) est entre gris clair ou gris foncé, jamais ou toute blanche ou toute noire.

C'est une évidence : ce livre est émouvant, touchant. Il fait réfléchir, s'interroger. Je ne peux que vous encourager à le découvrir et à le lire.
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Le foyer des Lilas, c'est là que sont recueillis tous les oisillons tombés du nid ou ceux rejetés par leurs parents. Capucine, la narratrice est née en 1944, elle ne connaît pas ses parents, elle se demande s'ils ont une pensée pour elle, le bébé qu'ils ont abandonné.
Elle partage sa chambre avec Lucie qui ne parle plus, son père avait tendance à confondre les caresses qu'il imposait à sa petite fille avec celles qu'il aurait dû partager avec son épouse.
Capucine et Lucie vont être envoyées dans une famille d'accueil, où elles vont retrouver Chris et Samuel, à eux quatre ils vont former un semblant de famille. Il est bien connu que les enfants abandonnés ne doivent jamais rester longtemps dans la même famille. Ils pourraient s'attacher et ça, c'est vraiment nuisible.
Voilà donc les quatre frères et soeurs d'adoption séparés. Capucine n'aura de cesse de découvrir qui elle est vraiment, car être la fille de personne ce n'est pas facile à supporter.
À travers le personnage de Capucine, Laure Barachin aborde le thème douloureux des enfants abandonnés. La quête de cette jeune femme est l'occasion pour l'auteur de traiter d'une façon romanesque cette question de comment se construire dans la vie lorsqu'on ne sait pas d'où on vient. Un récit sous fond d'histoire de la Seconde Guerre mondiale avec les exactions des troupes allemandes contre les juifs et l'impunité des criminels nazis après la fin de la guerre.
Si l'histoire est très romancée avec un amour impossible, l'écriture fluide de Laure Barachin nous entraîne à la suite de ces garçons et filles que l'on traite comme des enfants du mal.
L'auteur arrive avec toute sa sensibilité et sa pudeur à nous faire comprendre ce que peuvent ressentir ces enfants rejetés face au regard méprisant des autres et face au poids parfois trop lourd de leur véritable origine.

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Il est toujours délicat de chroniquer un livre écrit par un membre de Babelio, qui plus est contact proche. Je me lance...en vers.

Capucine narratrice de destins noirs
le sien celui d'autres enfants abandonnés
le foyer des Lilas ne fleurit pas l'espoir
Pourtant Chris, Lucie, Samuel elle va aimer
Les hasards de la vie vont tant la bouleverser
Mais peut-on se construire comme enfant du mal
Peut-on se libérer des ruines du passé?

Cette quête personnelle de Capucine est fort émouvante et prenante: celle des origines, et les interrogations sur l'hérédité : le mal se transmet-il aux générations suivantes? Comment supporter les atrocités commises par des parents? Laure décrit bien aussi le sort si poignant des enfants solitaires et meurtris, qui n'ont plus de famille, maltraitante, défaillante, ou décédée. C'est un roman noir, même si une petite lueur éclaire la fin. Ma seule réticence vient du lien, peu vraisemblable, je trouve, établi entre Chris et Capucine. Mais , après tout, la vraie vie peut également nous réserver des surprises bien troublantes... Bravo à toi, Laure, pour ce livre et tous ceux que tu as écrits. Je te souhaite le meilleur.

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Au foyer des Lilas, tous les enfants ont besoin d'une famille, demandez à Capucine. Elle est là, en transit entre deux familles qu'elle a du mal à faire siennes. Alors dans sa tête, elle peut bien considérer la petite Lucie comme une petite soeur, non ? Ne serait-ce que pour essayer de calmer la haine qui couve en elle vis-à-vis de ses parents qui l'ont abandonnée tout bébé. A neuf ans, le mal qu'elle ressent est de ne pas savoir d'où elle vient, un trou abyssal qui laisse la place à une colère qui ne cesse de gronder.
Née en 1944, le raccourci est vite fait par Monsieur l'instituteur pour la qualifier d'enfant gênante, d'enfant du mal et de la honte dont on s'est débarrassé comme d'une vieille serpillère. Des propos qui interrogent et qui rongent Capucine.
Chez les Legrand, Capucine et Lucie vont partager leurs souffrances avec Chris et Samuel, triste partage pour des enfants marqués par la cruauté, l'inaptitude, la perversité et même la culpabilité de vivre de parents parfois excusables mais bien souvent condamnables. Les raisons qui font que les enfants sont là sont terriblement multiples.
Capucine avait pourtant été adoptée par un couple mais le décès de la femme avait plongé le père dans une dépression et les assistantes sociales avaient jugé bon de couper les relations pour la préserver. Difficile de juger le bénéfice d'une telle décision ; en ce qui concerne Capucine, c'est encore la colère de cette absence qui a été ressentie.

Capucine écrit pour Aurore, sa fille, parce qu'elle a longtemps ressenti l'importance de savoir, savoir d'où l'on vient mais aussi et surtout savoir qui l'on est. Capucine, pendant de trop nombreuses années, a cherché à ne plus être considérée ni se voir comme « la fille de personne ». Et ne pas se sentir mauvaise.
Par ce roman, Laure Barachin nous dit que le bien et le mal cohabitent parfois, à différents degrés, arborant bien des visages, prenant pour chacun d'eux plus ou moins de place chez les individus. le mal ne peut être une question d'hérédité, Laure en parle bien, très bien même.
Chez Capucine, j'ai aimé le tumulte livré par le mélange de ses sentiments : la pitié qu'elle rejette farouchement, les colères si justifiables qui s'emparent d'elle, ses tristesses, sa capacité à s'apercevoir qu'il faut relativiser sa propre souffrance. Sa force et sa fragilité se combinent. Sa franchise a toujours été présente et elle est encore là dans toutes ces révélations faites à Aurore, les bonnes comme les mauvaises.

J'ai lu la douleur renfermée dans le mutisme de Lucie, le passé qui gangrène l'avenir de Samuel. Que des paroles de réconfort paraissent tellement dérisoires face à la monstruosité de certains actes. Comment cicatriser ou même soulager de tels maux incrustés et invisibles en façade ?
J'ai lu des enfants qui ne peuvent que retourner les torts sur eux, vu le caractère inexplicable de ces manques d'amour. Les besoins d'affection sont pourtant si forts !
Pour ces enfants, le chemin du bonheur est jonché d'obstacles. Certains peinent à les enjamber, d'autres les trouvent infranchissables. Les mains tendues ne sont pas toujours assez puissantes.

Et puis, l'après-guerre garde les cruelles séquelles d'actes innommables.


Laure nous parle de sujets durs mais aussi d'amour et de foi et on devine son regard sur l'absurdité, ou pire, la cruauté de nos semblables. Elle nous démontre l'importance d'attachements sincères face à la dure réalité qui nous entoure. Les relations d'amitié et d'amour qui ne cessent de défiler dans cette histoire sont d'une importance cruciale pour combattre les préjugés et continuer à vivre malgré la confrontation avec de terribles révélations.
Le dernier chapitre titré L'espoir clôture cette histoire poignante en nous emplissant le coeur d'un des beaux côtés de l'humanité. Tellement nécessaire.
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