AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,7

sur 42 notes
5
6 avis
4
5 avis
3
0 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Parée d'une couverture magnifique qui invite au voyage, "La princesse de Zanzibar" a des allures de conte, on se sent propulsé dans l'atmosphère feutrée d'un genre des mille et une nuits.
Mais c'est bien d'un livre interdit à Oman et au Koweït et d'un auteur censuré dans son pays, le Soudan, et exilé en France, dont je vous parle, et si certains se sont sentis offensés, d'autres s'en réjouissent !

Nous sommes bien en terre d'Afrique, côte est, sous sultanat.
A Zanzibar pour être précise, au 19eme siècle, siècle des colonisateurs européens profitant du bon vivre, des croupes félines et surtout des richesses ! (of course)

Les effluves des marchés délivrent leurs parfums exotiques, les couleurs resplendissent jusque dans les harems , le sultan exulte de toute sa puissance mortifère au beau milieu de ses concubines et de son adorable favori, mais en toile de fond, les indigènes colonisés goûtent, eux, à l'amertume de l'esclavage.
Une femme pourtant gardera sa liberté, avec une verve subversive et une réputation de sorcière en magie noire, elle chante et danse frénétiquement, aucun négrier n'ose s'en approcher. Elle s'appelle Uhuru et fascine la princesse du Zanzibar, Latifa, fille du sultan.
Serait-elle annonciatrice d'un vent de liberté et de révolte ?

Sous fond de légendes ancestrales, de philosophies millénaires, de croyances cosmopolites et de sorcelleries immémoriales, Abdelaziz Baraka Sakin, armé de son ironie corrosive à l'égard des oppresseurs , retrace l'histoire d'un peuple africain avili par un sultanat qui a défait les portugais , qui lui-même sera encerclé par l'arrivée des anglais, ces blancs au coeur noir venus s'emparer d'une ile stratégique déjà bien meurtrie.

Et pourtant, c'est bien l'espoir de délivrance qui prime par le prisme de l'amour entre une princesse orientale qui rêve d'émancipation et son esclave noir, eunuque ,qui a défaut d'être à la recherche du temps perdu, sera en quête de son membre disparu.
C'est avec une bouffée de provocation que Baraka Sakin construit, avec aplomb, ce récit anticonformiste distillant cette absolue soif de liberté, il nous invite à nous interroger sur le prix de celle-ci, quand, des destins brisés, émergent tantôt des esprits vengeurs, tantôt le spectre de la communion. Que deviennent alors les ideaux ?

La sagesse et la combativité pour la liberté, représentées par la voix de deux femmes et d'un subordonné castré est un pied de nez fabuleux à tous les fondamentaux barbares d'aujourd'hui.
Une forte résonance pour toutes celles et ceux qui se battent toujours et encore pour gagner le droit d'exister.

Baraka Sakin nous mène tout du long par le bout du nez en nous ballotant de la poésie tribale au phrasé décapant bourré d'humour.
Irrevencieux à souhait, il nous offre un souffle de vie effervescent et éclatant bien loin des sentiers battus des terres qui refusent l'émancipation et censurent les pensées libératrices.

Redoutable !
Commenter  J’apprécie          140
Un conte caustique et provocateur où l'on imagine un récit « des milles et une nuit » mais où se cache une Vérité brute et crue. L'auteur y aborde des thèmes dérangeants comme le colonialisme, l'esclavagisme, la condition féminine, la sexualité, …
Ce roman est d'ailleurs censuré au Soudan, le pays de l'auteur.
Séduite !
Lien : https://lespatchoulivresdeve..
Commenter  J’apprécie          40
[Zanzibar old-fashioned]
⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️❤️ « La princesse de Zanzibar » de Abdelaziz Baraka Sakin, Zulma Éditions
Traduit de l'arabe (Soudan) par Xavier Luffin

Nous sommes donc à Zanzibar à la fin du XIXème siècle, toute ressemblance avec les plages paradisiaques d'aujourd'hui ne serait que purement fortuite. Car en ce temps là c'est le Sultan récemment béni de Dieu qui règne d'une poigne de fer sur son Archipel. Lui pète dans la soie, fornique, maltraite ses esclaves tandis que son peuple survit tant bien que mal. Rien de nouveau sous le soleil me direz vous. Sauf qu'à force de jouer avec le karma fort est à parier qu'on se le reprenne en pleine poire.

Quelle ne sera pas la surprise du Sultan récemment béni de Dieu, quand Sundus, l'eunuque esclave et serviteur de la Princesse récemment bénie de Dieu deviendra son confesseur intime et son amant. Life is a bitch Sultan. Et l'occasion pour ce couple insolite de fuir vers les côtes africaines à la recherche d'un membre disparu et d'une liberté qu'eux-mêmes mêmes n'espéraient plus.

Comme un conte parsemé des mythes et légendes africaines qu'on aurait calqué sur ce pan réel de l'histoire de Zanzibar, Abdelaziz Baraka Sakin se joue de nous, joue avec les codes du roman d'aventures historique et philosophique sur un ton grivois qui lui a valu d'être censuré dans son pays et de vivre en exil, rien que ça !
Tenu sous le joug de la condition esclave, la plèbe se révoltera une première fois avant de voir le Sultanat tomber aux mains des Anglais en moins de 38 minutes, créant un élan de liberté et une restructuration complète de la société.

Ce roman tantôt provoquant face à l'inanité de l'esclavage, tantôt acerbe dans sa critique du colonialisme, tantôt libérateur dans son évocation de la condition de la femme et d'une sensualité sensorielle, évoque aussi bien l'indépendance de l'Afrique que les croyances ancestrales, la sagesse d'un combat que l'on sait devoir être violent pour accéder à la liberté, la vengeance que l'on garde au creux son coeur pour ne pas oublier l'injustice que l'on a vécu. Épique, facétieux et mordant, un joyau de la littérature contemporaine !
Commenter  J’apprécie          30
Abdelaziz Baraka Sakin quitte son Soudan natal pour nous proposer un conte sur les rivages de l'Océan Indien à Zanzibar, fin du XIXe siècle, où l'actuel Sultan a chaud aux fesses : la révolte gronde parmi son peuple et ses multiples esclaves, et les perfides Anglais multiplient tractations et sournoiseries pour obtenir une totale liberté de commerce sur ses côtes.

Tout à ses tentatives pour éviter que tout n'aille à vau-l'eau, le Sultan ne s'aperçoit pas des sentiments de sa fille chérie pour son esclave favori, et de leur projet pour prendre la poudre d'escampette…

Comme à son habitude, l'auteur entremêle les genres et n'épargne aucun de ses personnages, tantôt naïfs à outrance, tantôt bien sournois ; à travers la fuite d'un couple pas banal, il brosse une critique de l'esclavage et du racisme, questionne l'exil et le retour (quel est le délai de prescription pour accepter ou refuser un exilé de retour parmi sa communauté ?), s'amuse des limites corporelles que les hommes imposent à leur sexualité, fait souffler un vent de sensualité qui ne sera pas suffisant face aux désirs de vengeance d'une population trop longtemps opprimée.

Le tout avec une irrévérence et une moquerie permanentes, une liberté de ton et une altérité toujours placée au centre du récit. Je ne me lasse pas de cet auteur, obstinément censuré par son pays natal, et pour cet ouvrage, par le Koweït et Oman (gênante histoire esclavagiste !), qui contribuent donc à faire sa notoriété et à le faire connaître de la population arabophone.

Un délice.
Commenter  J’apprécie          20
Au départ, j'avais quelques appréhensions quant à ce livre, mais dès que j'ai plongé dans ses pages, la magie a opéré. Ce livre s'est avéré être bien plus qu'un simple coup de coeur ; il est intense et profond, demandant une lecture attentive et une réflexion sérieuse.

l'auteur nous transporte dans un monde où Sundus, esclave eunuque, et la princesse, fille d'un sultan, se retrouvent liés par un amour impossible. À travers cette histoire, l'auteur explore des thèmes aussi complexes que la sexualité, l'esclavage, le racisme, le colonialisme, la révolte des opprimés, et le rapport à la religion.

Cette oeuvre se révèle être une toile dense et riche, tissée de sensualité, de sarcasme et de violence. Sa fin tragique m'a laissé bouche bée pendant un long moment.
Commenter  J’apprécie          10
Dans une verve chatoyante, caustique et frondeuse, le récit rapporte un grand moment historique du pays : la révolte d'un peuple réduit à l'esclavage contre le Sultan. Une révolte facilitée par les Anglais qui, à l'instar des autres Européens, convoitent ce pays aux mille richesses. Dans ce fascinant retour dans l'Histoire de l'Afrique de l'Est, le récit suit les pérégrinations de la fille du Sultan et de son eunuque qui malgré le lien étroit qui les unit, incarnent les dissonances que vit le pays.
L'occasion pour l'auteur (censuré à Oman et Koweit) de pointer avec beaucoup de maestria (et un brin d'insolence pour notre plus grand plaisir) les conséquences et dérives du colonialisme, l'hypocrisie et l'ethnocentrisme du colon, l'esclavage et la traite des Noirs, la sexualité dans toutes ses spécificités, la détérioration de la faune et de la flore, les croyances populaires et les religions monothéistes…

Un roman d'une grande liberté qui fascine tant par la forme qui mêle le conte, l'épopée et l'historique, que par le fond tellement instructif pour en faire un véritable joyau brut.
C'est drôle, c'est beau, c'est instructif, c'est mordant, c'est grivois, c'est tragique, Quel talent !

A lire absolument !

Lien : https://www.instagram.com/ne..
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (185) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3206 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}