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Xavier Luffin (Traducteur)
EAN : 9791038702028
336 pages
Zulma (01/02/2024)
3.7/5   42 notes
Résumé :
À Zanzibar, à l'angle du marché aux esclaves et de celui des joailliers indiens se tient la belle Uhuru, l'Africaine libre, qui chante et danse au rythme du tambour : « Mon pays est le paradis des colonisateurs et l'enfer de mon peuple... ».

Visionnaire et experte en magie noire, elle a échappé à tous les négriers, et son insolence fascine la fille du sultan, Latifa, princesse arabe qui vit à la croisée de deux mondes : celui de son père - le sultanat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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A la fin du 19ème siècle, l'île de Zanzibar se trouve sous l'autorité du sultanat d'Oman, les Omanais ayant délogé les colons portugais deux siècles plus tôt.

Le sultan régnant y exerce son pouvoir d'une main de fer, maintient la population noire en esclavage, traite avec les négriers, et profite d'un harem de dizaines de concubines, le tout dans une opulence éhontée. Mais la révolte gronde parmi le peuple, attisée discrètement par les Anglais, qui convoitent l'île pour ses ressources et sa position stratégique dans l'Océan indien.

Pendant ce temps, la fille du sultan, princesse oisive habituée au confort et au luxe, et Sundus, son esclave eunuque et fidèle serviteur depuis l'enfance, se découvrent un amour et une passion mutuels. Quand surviennent les premiers soubresauts de la révolte qui aboutiront à la chute du sultanat, les deux amants s'enfuient sur le continent africain. Mais leur rêve d'amour et de liberté se heurtera bientôt à la dure réalité, tant leur relation restera incompréhensible et inacceptable aux yeux de leurs contemporains.

Dans ce conte qui s'inspire, tout en s'en jouant, d'un épisode réel de l'histoire de Zanzibar, l'auteur (censuré dans son pays, le Soudan) entremêle plusieurs luttes de libération menées contre différentes oppressions : contre le colonialisme, l'esclavage et la traite négrière, l'autoritarisme du sultan. Pour les libertés individuelles, religieuses, sexuelles, l'indépendance, l'émancipation des femmes.

Entre grande Histoire, légendes et traditions, ce roman (interdit à Oman et au Koweit) est à la fois caustique, provoquant, tragique, sensuel, plein de verve et d'humour. Instructif et d'une liberté de ton fascinante et salutaire.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Il y a des éditeurs qui soignent particulièrement le graphisme et le papier des livres qu'ils choisissent de diffuser.
Les éditions Zulma sont de ceux-là qui joignent au plaisir de lecture la sensualité d'un objet au toucher incomparable.
C'est donc tout naturellement que, parmi les nouveautés de la rentrée littéraire, j'ai opté pour La princesse de Zanzibar d'Abdelaziz Baraka Sakin.
Le titre à lui seul est une belle promesse de dépaysement, nous projetant en quelques mots dans le passé de cette île presque mythique au nom swahilien de Ungura.

L'auteur, né au Soudan et censuré dans son pays, vit en France.
C'est avec une plume caustique et provoquante qu'il nous relate un épisode mouvementė de l'histoire de l'île : la révolte du peuple, appuyée par les colonisateurs anglais, contre les négriers et l'esclavage et qui verra la chute du Sultan.
Dans toute cette agitation, le tendre sentiment qui unit la fille du potentat à son jeune eunuque Sundus a beaucoup de difficultės à s'affirmer.
Malgré la fuite et l'amour, ils restent tout deux conscients de leurs origines respectives et leur relation est mal vue de toutes parts.

Un conte greffė sur un pan d'histoire tragique et narré avec pétulance et ironie qui, selon moi, reflète bien le côté un peu frondeur de l'Afrique.
Un roman libérateur qui a su me séduire par sa forme et m'instruire par le fond.
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Parée d'une couverture magnifique qui invite au voyage, "La princesse de Zanzibar" a des allures de conte, on se sent propulsé dans l'atmosphère feutrée d'un genre des mille et une nuits.
Mais c'est bien d'un livre interdit à Oman et au Koweït et d'un auteur censuré dans son pays, le Soudan, et exilé en France, dont je vous parle, et si certains se sont sentis offensés, d'autres s'en réjouissent !

Nous sommes bien en terre d'Afrique, côte est, sous sultanat.
A Zanzibar pour être précise, au 19eme siècle, siècle des colonisateurs européens profitant du bon vivre, des croupes félines et surtout des richesses ! (of course)

Les effluves des marchés délivrent leurs parfums exotiques, les couleurs resplendissent jusque dans les harems , le sultan exulte de toute sa puissance mortifère au beau milieu de ses concubines et de son adorable favori, mais en toile de fond, les indigènes colonisés goûtent, eux, à l'amertume de l'esclavage.
Une femme pourtant gardera sa liberté, avec une verve subversive et une réputation de sorcière en magie noire, elle chante et danse frénétiquement, aucun négrier n'ose s'en approcher. Elle s'appelle Uhuru et fascine la princesse du Zanzibar, Latifa, fille du sultan.
Serait-elle annonciatrice d'un vent de liberté et de révolte ?

Sous fond de légendes ancestrales, de philosophies millénaires, de croyances cosmopolites et de sorcelleries immémoriales, Abdelaziz Baraka Sakin, armé de son ironie corrosive à l'égard des oppresseurs , retrace l'histoire d'un peuple africain avili par un sultanat qui a défait les portugais , qui lui-même sera encerclé par l'arrivée des anglais, ces blancs au coeur noir venus s'emparer d'une ile stratégique déjà bien meurtrie.

Et pourtant, c'est bien l'espoir de délivrance qui prime par le prisme de l'amour entre une princesse orientale qui rêve d'émancipation et son esclave noir, eunuque ,qui a défaut d'être à la recherche du temps perdu, sera en quête de son membre disparu.
C'est avec une bouffée de provocation que Baraka Sakin construit, avec aplomb, ce récit anticonformiste distillant cette absolue soif de liberté, il nous invite à nous interroger sur le prix de celle-ci, quand, des destins brisés, émergent tantôt des esprits vengeurs, tantôt le spectre de la communion. Que deviennent alors les ideaux ?

La sagesse et la combativité pour la liberté, représentées par la voix de deux femmes et d'un subordonné castré est un pied de nez fabuleux à tous les fondamentaux barbares d'aujourd'hui.
Une forte résonance pour toutes celles et ceux qui se battent toujours et encore pour gagner le droit d'exister.

Baraka Sakin nous mène tout du long par le bout du nez en nous ballotant de la poésie tribale au phrasé décapant bourré d'humour.
Irrevencieux à souhait, il nous offre un souffle de vie effervescent et éclatant bien loin des sentiers battus des terres qui refusent l'émancipation et censurent les pensées libératrices.

Redoutable !
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[Zanzibar old-fashioned]
⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️❤️ « La princesse de Zanzibar » de Abdelaziz Baraka Sakin, Zulma Éditions
Traduit de l'arabe (Soudan) par Xavier Luffin

Nous sommes donc à Zanzibar à la fin du XIXème siècle, toute ressemblance avec les plages paradisiaques d'aujourd'hui ne serait que purement fortuite. Car en ce temps là c'est le Sultan récemment béni de Dieu qui règne d'une poigne de fer sur son Archipel. Lui pète dans la soie, fornique, maltraite ses esclaves tandis que son peuple survit tant bien que mal. Rien de nouveau sous le soleil me direz vous. Sauf qu'à force de jouer avec le karma fort est à parier qu'on se le reprenne en pleine poire.

Quelle ne sera pas la surprise du Sultan récemment béni de Dieu, quand Sundus, l'eunuque esclave et serviteur de la Princesse récemment bénie de Dieu deviendra son confesseur intime et son amant. Life is a bitch Sultan. Et l'occasion pour ce couple insolite de fuir vers les côtes africaines à la recherche d'un membre disparu et d'une liberté qu'eux-mêmes mêmes n'espéraient plus.

Comme un conte parsemé des mythes et légendes africaines qu'on aurait calqué sur ce pan réel de l'histoire de Zanzibar, Abdelaziz Baraka Sakin se joue de nous, joue avec les codes du roman d'aventures historique et philosophique sur un ton grivois qui lui a valu d'être censuré dans son pays et de vivre en exil, rien que ça !
Tenu sous le joug de la condition esclave, la plèbe se révoltera une première fois avant de voir le Sultanat tomber aux mains des Anglais en moins de 38 minutes, créant un élan de liberté et une restructuration complète de la société.

Ce roman tantôt provoquant face à l'inanité de l'esclavage, tantôt acerbe dans sa critique du colonialisme, tantôt libérateur dans son évocation de la condition de la femme et d'une sensualité sensorielle, évoque aussi bien l'indépendance de l'Afrique que les croyances ancestrales, la sagesse d'un combat que l'on sait devoir être violent pour accéder à la liberté, la vengeance que l'on garde au creux son coeur pour ne pas oublier l'injustice que l'on a vécu. Épique, facétieux et mordant, un joyau de la littérature contemporaine !
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Abdelaziz Baraka Sakin quitte son Soudan natal pour nous proposer un conte sur les rivages de l'Océan Indien à Zanzibar, fin du XIXe siècle, où l'actuel Sultan a chaud aux fesses : la révolte gronde parmi son peuple et ses multiples esclaves, et les perfides Anglais multiplient tractations et sournoiseries pour obtenir une totale liberté de commerce sur ses côtes.

Tout à ses tentatives pour éviter que tout n'aille à vau-l'eau, le Sultan ne s'aperçoit pas des sentiments de sa fille chérie pour son esclave favori, et de leur projet pour prendre la poudre d'escampette…

Comme à son habitude, l'auteur entremêle les genres et n'épargne aucun de ses personnages, tantôt naïfs à outrance, tantôt bien sournois ; à travers la fuite d'un couple pas banal, il brosse une critique de l'esclavage et du racisme, questionne l'exil et le retour (quel est le délai de prescription pour accepter ou refuser un exilé de retour parmi sa communauté ?), s'amuse des limites corporelles que les hommes imposent à leur sexualité, fait souffler un vent de sensualité qui ne sera pas suffisant face aux désirs de vengeance d'une population trop longtemps opprimée.

Le tout avec une irrévérence et une moquerie permanentes, une liberté de ton et une altérité toujours placée au centre du récit. Je ne me lasse pas de cet auteur, obstinément censuré par son pays natal, et pour cet ouvrage, par le Koweït et Oman (gênante histoire esclavagiste !), qui contribuent donc à faire sa notoriété et à le faire connaître de la population arabophone.

Un délice.
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critiques presse (2)
LePoint
02 décembre 2022
Une liberté magnifique pour signer avec cette insolence, un conte, roman d'aventures, mais aussi parabole sur le colonialisme, l'esclavage, le statut de la femme, l'indépendance de l'Afrique, les langues, la nature, la religion, la sexualité… Ceux qui rêvent de happy end feraient mieux de jouir de l'écriture tout du long plutôt que d'attendre les dernières pages.
Lire la critique sur le site : LePoint
Marianne_
21 novembre 2022
Ce roman est donc un petit bijou qui déconstruit les codes qu’il propose. Tantôt roman historique, tantôt psychologique, tantôt conte philosophique, tantôt grivois : chaque page illustre la maestria de l’auteur que l’on résumerait à tort à « une voix de l’Afrique ».
Lire la critique sur le site : Marianne_
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L'importance du mariage réside dans la préservation de la lignée grâce à l'enfantement de descendants légitimes censés s'occuper de leurs parents une fois devenus vieux, qui hériterons de leurs biens après leur mort et prieront pour qu'il entrent au paradis, car le Seigneur exauce les prières des fils vertueux, et puis le mariage peut aussi satisfaire les désirs physiques de manière légitime juridiquement parlant et les rendre socialement acceptables. C'est une "fornication bénie", comme le disait si bien le Sultan récemment béni de Dieu.
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L'État se gère tout seul, chacun travaille dans son propre intérêt, conscient que s'il contrevient à la coutume, qui fait l'unanimité, cela portera atteinte à ses intérêts. La vie est d'une grande simplicité : le commerce et l'agriculture se gèrent grâce aux esclaves, tandis que les femmes s'occupent des enfants et de la vie domestique, les femmes procurent jouissance physique et descendance, et le travail des esclaves assez d'argent pour pouvoir profiter de la vie. Le concept même de la vie n'est basé que sur la nourriture, la boisson, une demeure confortable et la possession d'esclaves, car ce sont eux qui travaillent à la place de leurs maîtres, ces derniers ne s'occupant que de la gestion. Si le maître est en colère, il bat ses esclaves, ses enfants ou ses femmes: s'agissant des esclaves il les fait battre par leurs semblables, mais s'il s'agit de corriger les femmes ou les enfants il s'en charge lui-même, alors de quoi l'État a-t-il besoin?
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C'est l'une des révélations que l'on trouvera dans ce récit, où est abordée la biographie du Sultan Suleiman bin Salim récemment béni de Dieu, le seul et éternel souverain de Zanzibar - des îles d'Unguja et de Pemba, de toutes celles sises entre elles et dans les environs, ainsi que de la côte qui s'étire sur le continent. Selon ses propres dires il règne sur les cieux et tout ce qui s'y trouve à l'exception de Dieu, et sur la Terre dans son entièreté à l'exception de la Chine, en raison de sa situation géo- graphique.
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Il l'interrompit avant même la fin de sa phrase: - Écoute ! Je vais te dire une chose, les femmes blanches n'ont guère une croupe attirante, parce que le froid glacial les pousse à consommer toute la graisse de leurs corps, c'est là une sagesse de la nature, et à ce niveau en tout cas elles ressemblent donc aux hommes.
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Puis il péta, ce qui signifiait que Mutii devait apporter sa pelle à merde et l'eau de rose pour nettoyer le cul de son maître dès que l'étron apparaîtrait tandis qu'il se tenait assis sur une chaise percée métallique, comme un grand fauteuil conçu tout exprès pour le Sultan, assez large pour supporter son gros postérieur, car les chaises percées ordinaires étaient trop petites, les artisans les ayant conçues ne pouvant imaginer qu'un postérieur de la taille de celui du Sultan existât. Comme à son habitude, tandis que l'esclave ef- fectuait son devoir merdique quotidien, il aimait lui poser des devinettes, telles qu'elles lui venaient à l'esprit, c'était l'un de ses passe-temps favoris qui lui rappelaient son enfance et sa grand-mère qui aimait le taquiner.

30/263
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Videos de Abdelaziz Baraka Sakin (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Abdelaziz Baraka Sakin
Zulma a 30 ans / Entretien improbable avec… Abdelaziz Baraka Sakin / Éditions Zulma
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